mercredi 1 décembre 2021

Mensuel décembre 2021 - N° 348

 

Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,

les conteurs et les raconteurs.

décembre 2021 – N°348

  

P 912122 Bureau de dépôt LIEGE 1–4000  

Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224  4053 Embourg

 

 

Au sommaire, ce mois-ci:

- Nouvelles du monde du conte, ….

- Spectacles – Balades – Emission

- Ateliers - Formations

- 6 articles – 4 histoires

 


La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

Scène ouverte

 

quand ? le 7 janvier 2022                                      où ? Théâtre à Denis, 302, rue Ste Marguerite, 4000 Liège

combien ?                                                                 pour qui ? tout public

infos, inscription obligatoire pour assister et pour conter: 0497/61.51.05, 0476/65.37.83 reservationmaisonconteliege@gmail.com

Des contes, la galette des rois et des bulles.  Pour bien commencer l’année 2022.

Qu'est ce qu'un conte?


Un avis, le mien aujourd'hui .

C'est un récit intemporel qui interpelle.

 

            Cet été, j'ai proposé, à Verviers, des balades contées pour un même groupe d'enfants sinistrés. Il était donc temps de réviser tout mon répertoire pour enfants.

Je prépare, je conte, je prépare à nouveau...mes Contes m'interpellent.

Du mythe de la création qui explique les saisons à notre vilain virus de chauve-souris chinoise, il n'y a  qu'un pas de nutons. De la grenouille  s'appropriant toute l'eau à l'interrogation des habitants sur le relâchement de nos barrages,  il n'y a qu'un bâillement de tritons.

            Je me souviens alors des  découvertes de scientifiques allemands. Les arbres communiquent entre eux, ils émettent des ondes, ils se protègent, ils stressent, ils prennent soin d'une multitude d'insectes, de larves, d'oiseaux. Ils servent d'abri pour d'autres espèces. Nos Contes ne disent pas autre chose, ils le présentent autrement, de façon plus poétique, plus symbolique.

            L'étude des comportements animaliers met en évidence leur intelligence, l'utilisation d'outil par les corbeaux, l'adaptabilité à une situation donnée par le poulpe, le codage du langage des dauphins.  Nos récits rencontrent donc la parole des  scientifiques. Les femmes et les hommes, conteuses et conteurs parlent de  ces merveilles depuis la nuit des temps, peut- être parce qu'elles et ils ont conservé un regard d'enfants.

            Certes, les rues, parcs et chemins forestiers étaient boueux, les enfants trempés, mais le constat que nos contes se synchronisent à notre  brûlante actualité  m'a laissé pantoise

Et vous, qu'en pensez- vous?  

                                                                           Michelle Troupin.


Le Conte et moi

 

            Pour moi, conter c’est partager avec d’autres une histoire que j’aime.

Avec d’autres, petits-enfants, enfants, ados, adultes, personnes âgées ou tous ensemble. Faire attention à qui on raconte, ce sont les premiers acteurs de la partie. Il est donc important que les personnes qui composent le public soient confortablement installées.

Le conteur doit se faire écouter, se faire entendre, partager, vivre son histoire.

Il y a donc au milieu de tout cela, si j’ai bien compris, une histoire. Une histoire qu’une personne aime et désire faire  aimer à d’autres. C’est une histoire d’amour.

            Et cette histoire, comment arrive-t-elle au milieu de la scène ? Le bureau du conteur est entouré d’étagères de livres de contes. Des grands, des petits, des reliures magiques, des illustrations  surprenantes, des monstres, des trolls, des animaux, des fées, des  sorcières et j’en oublie. Parfois sur les étagères de petits personnages, appelés marionnettes, font le ménage.

Enfin nous arrivons au conteur, un peu débraillé, cheveux au vent, il se gratte la tête tout en feuilletant plusieurs livres en même temps. Soudain : « Oufti, ce conte est merveilleux. »     Je le mets sur la pile de droite, la plus haute. Un jour il sera partagé et applaudi. Pour en arriver là, il faudra  le lire et le relire, le réécrire, l’adapter, le faire sien.

            Un jour je vous le partagerai. Bonne fin de journée.                                                                            Joyeux Noël, meilleurs vœux pour 2022.  

                                                                  Roger

 

                                                  Pour Marino,

le Conte c’est :

 

Une affaire de : Croyances et Chimères,

 

                         Onirisme,

 

                         Navigation,

 

                         Tempo,

 

                         Evasion.

 

Quelques notes prises à la volée : entendre conter le personnage

 

C’est un dimanche de ce mois d’avril, le vent souffle froid sous le ciel clair, il ne faut pas se découvrir. Nous sommes une vingtaine à Bruxelles, que les Dimanches du Conte ont invité en pros à voir Jeanne Ferron. Celle-ci présente l’histoire de Juliette et de son Roméo.

Seule. Elle lance d’abord une déclaration d’amour à Shakespeare. Elle la dit en anglais, vocabulaire pointu et accent populaire. Ensuite, elle déroule l’intrigue en incarnant la nourrice de Juliette, personnage doué d’une éloquence rurale et d’un pied léger de danseuse. Durant la scène dans une rue de Mantoue, on surprend Jeanne à se glisser dans les mots d’un colporteur, messager des nouvelles de Vérone1.

Je l’entends dire je suis la nourrice, la servante, la confidente, la messagère. Une nouvelle fois, je me pose en spectateur la question de la frontière floue qui joint le métier de conteur à celui d’acteur.

Les Dimanches du Conte organisent après chaque spectacle une séance d’échange entre les artistes et le public. Jeanne nous explique le choix d’incarner cette nourrice : Shakespeare pouvait certes écrire une langue distinguée, mais il n’ignorait pas celle du peuple. Il mettait les deux au contact.

Elle nous dit qu’elle a été femme de ménage. Elle parle aussi de la Beauce où elle vit :

— J’habite un village à majorité ouvrière. C’est mon monde, que j’aime bien. Je suis dans mon village avec Shakespeare… Il est venu jusqu’à moi, Shakespeare… Je me suis dit, je suis la nourrice. C’était une proximité avec moi-même.

Chez cet auteur, le personnage populaire devient coryphée, explique Jeanne : il se place à distance du conflit pour le décrire. Ensuite, elle dit :

— J’ai entendu une conteuse dans la personne de cette nourrice.

Jeanne parle de la longueur du travail : la mise en scène a commencé après son Macbeth. Elle souhaitait changer de registre, se purifier du mal absolu qu’incarne Macbeth… Mais la première version de Juliette et son Roméo ne lui a pas convenu. Il s’est passé quinze ans avant que Jeanne ne reprenne la trame de ce spectacle.

Et encore, dit-elle, un spectacle, il faut le jouer des dizaines de fois avant qu’il ne soit mûr :

— Quand j’ai joué Macbeth, les soixante premières fois, je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer. Jusqu’au jour où une autre actrice m’a crié Arrête de chialer. À partir de ce jour-là, ça a été !

Le texte a de la force — autant que les contes, dit Jeanne. Il demande travail. L’artiste doit y trouver sa place : 

— Je reste fidèle à Shakespeare. Mais dans la liberté. Il ne faut pas de dévotion.

Par exemple, Jeanne cite la tirade où Roméo interpelle la fiole contenant le poison qu’il s’apprête à boire : pilote de mon désespoir.

— J’ai dû drôlement réfléchir avant de la jouer… Le vocabulaire de Shakespeare interroge !

Quand on lui demande ce que cela suppose de travail sur le corps, elle répond qu’elle a pris le temps de laisser descendre les mots dans son corps. Elle ajoute :

 Juliette et Roméo, je l’ai nourri de mon souffle, de mon lait, de ma chair…

Le trait commun que Jeanne donne à ce travail et à celui des contes, c’est la volonté de communiquer le spectacle au public.

— Dans le travail, j’essaye de parler aux gens. Je veille à ça constamment… Il faut parler au public et l’écouter, transmettre quelque chose… Il y a un jeu, un échange avec le public… Je suis à votre écoute quand je fais un spectacle. En tout cas, j’essaye.

Et Jeanne prend un temps pour nous remercier, nous ses spectateurs.

 

1. Par courriel, Jeanne m’a gratifié du commentaire suivant : le personnage — la nourrice — se met elle-même à jouer un personnage : le colporteur. C'est drôle quand on y pense.             

                                        Yves Jeunehomme

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Dire le vrai


En schématisant, le conte traditionnel dit le faux pour dire le vrai.  Je ne suis pas d’accord ! voir p. 8

Sans ôter aucune qualité aux contes traditionnels, je mets le projecteur sur dire le vrai, sans détour, en suivant quatre pistes :

           

            - les sorcières

            - la famille,

            - les guerres

            - l’actualité.

 

 

Les sorcières

            Les sorcières auront eu la vedette lors des célébrations d’Halloween.  Beaucoup d’histoires de sorcières, leur représentation carnavalesque, me mettent mal à l’aise, quand je pense aux centaines de milliers de femmes victimes de la chasse aux sorcières et à leur mort horrible, des coupables peut-être mais surtout des innocentes.

            Cette chasse a été lancée par  Le marteau des sorcières, Malleus Maleficarum, de Henry Institoris et  Jacques Sprenger.  Je possède la réédition de 2009, traduit du latin et précédé de L'Inquisiteur et ses sorcières par Amand Danet, éditions Jérôme Million, Grenoble,. 539 pages.  27,40€.

Le Marteau des sorcières a été publié pour la première fois en 1586.  C'est d'abord un succès de librairie, 30 rééditions jusqu'en 1650, plus de nombreuses traductions en allemand, français, anglais.

            Le livre comprend trois parties.  La première est théorique et théologique.  Par de longs raisonnements, Institoris prouve que lutter contre les sorcières est dans la ligne de la doctrine chrétienne.

            La deuxième partie est une enquête de terrain.  Ce que font les sorcières et comment elles le font.  Censé témoigner de la vérité, on y trouve un grand nombre d’actions des sorcières, de quoi varier nos histoires.

            La troisième partie est un code de procédure pour les procès de sorcellerie.  Beaucoup de comptes-rendus de procès de sorcellerie se ressemblent.  Les juges ont suivi ce code de procédure.  (Voir par exemple « La pauvre Catherine » p. 9)

            L’exposition « Witches » organisée par  l’ULB à l’Espace Vanderborght jusqu’au 16janvier corrobore ce qui précède et ouvre une place au conte. www.witches-expo.ulb.be

 

La famille

            Dans toutes les familles, il y a des personnages pittoresques, étonnants, dont on raconte l’histoire au cours des réunions familiales.  A moins qu’ils se racontent eux-mêmes.

(voir p. 12) Ecouter.  Piocher dans les archives familiales.  Dans nos archives familiales, il y a des lettres, les faire-part de naissance, de mariage, les souvenirs de communion, qui font exister nos ancêtres par-delà le temps. A ce propos, Caroline Lamarche insiste sur l’importance des lettres.  De ne pas les détruire mais les garder précieusement.  On y trouve souvent les éléments de récits et d’histoires qui côtoient l’Histoire.

Je pense aux souvenirs de l’immigration italienne, source de bien des récits et de spectacles.  Une autre source d’histoires me parait être les récits d’évacuation en 1940.  Pour certains c’était l’aventure de leur vie et les péripéties se sont multipliées.

            Dans bien des familles, il y a des secrets.  Leur révélation est bonne source d’histoire.  (Voir Les deux branches, p.10 )

            Nos parents, nos ancêtres ont écrit.  Nous n’écrivons plus de lettres, nous communiquons par e-mails, réseaux sociaux, téléphone.  Restera-t-il un trace de ce que nous vivons ?  Parmi le fatras, il y a des choses importantes qui valent la peine d’être conservées.  Qu’en pensez-vous ?

            Un site https://projet-histoire.com aide les historiens diplômé et tout autant les amateurs férus d’histoire familiale ou locale.  Il leur propose une série de guides et de tutoriels pour mener plus avant leurs travaux.

 

Les guerres

Les guerres sont présentes dans les sagas familiales.  Vous trouverez peut-être dans votre famille de quoi raconter une histoire originale.

            Le Volontaire de guerre, dernier Bulletin des Volontaires de guerre, section de Herstal de Herstal publie des photos de nombreuses commémorations.  Des deux guerres mondiales et aussi par de jeunes étudiants, du souvenir de Charlier Jambe de Bois. (Voir p.11 )

            Pendant la guerre de 14-18, les soldats ont beaucoup écrit.  Comme leurs marraines de guerre.  On trouve également sur Internet de nombreuses lettres du front et même des lettres arrêtées par la censure.  Les romanciers qui ont écrit sur la Grande Guerre se sont surtout basés sur les histoires plutôt que sur l’Histoire.

 

L’actualité

            Dire la mémoire de notre temps par les histoires des hommes qui l’ont vécue.  Pandémie, inondations, attentats, dérèglement climatique, il n’y a vraiment que l’embarras du choix.


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A force de me battre comme une lavandière de la mémoire, aliénée, à vouloir les délaver, les essorer, en diluer le jus à l'eau de javel, les souvenirs se sont soulevés et ce sont eux qui m'ont laissé là sur le bord. Quand quiconque nous lâche la main, même des fantômes, on redevient toujours un enfant délaissé sans défense.

            Et je les regarde maintenant jouer entre eux et s'entre-culbuter gentiment en vagues et en écume, roulant à l'inverse de la mer, de la plage vers l'horizon, je les entends rire au loin avec leurs poumons de mouettes. Les pieds dans le sable, et une dent de lait dans la main, je me demande qui a gagné la bataille.        Régis Fabro

 

 

 

UN MOIS, DES CONTES A LA BIBLIOTHEQUE DE FLORENVILLE

Chaque mois de cette année 2021, nous vous proposerons une sélection de 4 ouvrages.

DECEMBRE : HANS CHRISTIAN ANDERSEN A L’HONNEUR

 RECUEILS :

ü  Andersen , Le livre des oiseaux, Actes Sud, Arles, 2000. Edition préparée par Marc de Gouvenain. De tous les animaux qui apparaissent dans l’imaginaire du célèbre conteur danois, les oiseaux sont incontestablement ses préférés. Ce recueil propose ainsi un univers chatoyant, poétique et foisonnant, où les oiseaux illustrent tour à tour, au gré de l’inspiration de l’auteur, les légendes et les mythes occidentaux, mais aussi les différentes figures sociales ou psychologiques du genre humain. Moralistes, philosophiques ou fantastiques, toujours empreints de poésie, ces textes, parce qu’ils sont intemporels, donnent au lecteur, sous couvert d’un voyage du côté de l’enfance, l’occasion de revisiter l’œuvre d’un auteur majeur du XIXe siècle.

 

BD :

ü  Nathalie Ferlut, Andersen, les ombres d’un conteur, Casterman, 2016. Une bande dessinée, richement illustrée, pour connaître mieux l’homme et l’auteur qui se cache derrière les contes connus.. Pour appréhender différemment la Petite Sirène ou le Vilain Petit canard. A découvrir absolument !

 

ALBUM :

ü  Andersen et Gonaz Mahmoodi. Le dernier rêve du vieux chêne. Lirabelle, Nîmes, 2008. Une version iranienne d’un conte peu connu d’Andersen, avec des illustrations pleine page.

 

Infos :

Bibliothèque : rue de l’Eglise, 13 – 6820 Florenville

061/ 32 03 40 - www.bibliotheque-florenville.be bibliotheque.locale.florenville@province.luxembourg.be

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Nouvelles du monde du conte, des arts vivants, de la politique, des projets…

 

Alain Lallemand, journaliste au Soir, suit de près les péripéties Culture et Politique.  Plusieurs organismes culturels se demandent si le pass sanitaire est compatible avec la culture pour tous ?  Une alternative : organiser des évènements groupant moins de 50 personnes ? Ce qui pose le problème de rentabilité et le grand nombre de reports de l’année dernière.

Revoir le pacte culturel ?  Se questionner sur la place du politique parmi les opérateurs culturels ?  Pour un Pacte culturel garant du pluralisme artistique ?

On approche du cadastre de l’emploi culturel en Wallonie mais on n’y est pas encore.  De nombreuses questions subsistent.  Qui y inclure ?

 

 

Inclusion des genres Qu’en pense l’Académie de Langue et de Littérature ? Yves Namur, son secrétaire perpétuel préconise de conserver le masculin générique.  Le masculin est le genre indifférencié.  Le féminin est le genre exclusif.  Donc quand on dit « homme », on ne sait pas ce qu’on dit.  Quand on dit « femme », on le sait ! A noter que les latins disaient « vir » et on savait de quoi il s’agissait.  A noter aussi que dans plusieurs (beaucoup ?) de langues, il y a un mot pour dire l’être humain et un autre pour dire le mâle de l’espèce humaine. 

 

Iel, iels, Pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel, employé pour évoquer une personne quel que soit son genre, suivant la version en ligne du Robert. 

 

Journée professionnelle à Chiny le 14 janvier 2022.  En espérant que …..

 

Pas et et mais ou ou. Pour les réunion à l’intérieur de plus de 50 personnes et à l’extérieur de plus de 100 personnes, le Codéco du 17 novembre a décidé que le covid safe ticket était obligatoire et le port du masque et autres gestes barrière, surtout la ventilation. A partir de 10 ans.

 

Le nouveau document d'aide pour les annulations covid est sorti ! gain espéré  5000 euros minimum. Conditions : 

1. Une asbl, subsidiée d'une façon ou d'une autre,  au moins une fois,  ( FWB, WBI,...) depuis 2016

2. Fournir les comptes de résultat 2018, 19 ( chiffre d'affaires, cad spectacles, formations,...)

3. Donner 5 dates annulées en 2021 ( Facile ! )

Vous trouverez le formulaire, et plus d'informations via le lien ci-dessous.

http://www.culture.be/index.php?id=18780&L=title3DOpens%22%20and%20%22x%22%3D%22x&fbclid=IwAR0D4zxwp1auRUczeFUOVwK9hb-OgsKhYrZMXT5Qco6ZrdJDo3NNxN535EE

NB: Malgré toutes nos recommandations, ces aides sont à nouveau pour les asbl et non les conteurs en personne ! Fédération de conteurs professionnels de Belgique

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Message important à nos amis conteurs et organisateurs de spectacle

 

·      Envoyez-nous vos informations avant le 14 du mois précédant la publication,

·      un mois plus tôt pour les formations,

·      complètes et lisibles,

·      par poste à Marie-Claire Desmette, av. Eugène Ysaÿe, 32/224  4053 Embourg.  Tel : 04/367.27.06.

·      ou par courriel à maisonconteparole.liege@gmail.com                                         

·    Ne comptez pas sur les organisateurs de spectacle. Envoyez-nous vous-mêmes vos infos.

 

Idéalement, vos informations comportent:

organisateur,                           titre,                        genre d'activité,                       artiste(s),

date et heure,                          lieu,                                       prix,                             public cible,        coordonnées pour infos et réservations,                         max. deux lignes de commentaire

N.B. Aucune mention tout en majuscules, svp.

C'est vous qui nous envoyez vos informations.

Veuillez ne pas les noyer dans une mise en page compliquée Epargnez-nous les recherches, l'exploration.

         Merci d'épargner notre travail bénévole

 

N.B. Soyez assez aimable de nous envoyer des infos complètes pour nous épargner des rappels ou des recherches sur votre site.  Merci de la rédaction.

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Spectacles – Balades –Emission

 

Njord, Histoire de péniche et de galère de et par Benoit Morren/Robin des Pommes

 

quand ? le 3 décembre à 20h                                             où ? Aquilone, 25, boulevard Saucy, 4020 Liège

combien ? 8€                                                                       infos, réservation: 0496 21 50 46  aquiloneinfo@gmail.com

Un récit qui tape les images dans vos têtes pour y construire un film à l'ambiance fluviale,

précédé d' une scène "Slam & Poésies"  par Nunzia, Christophe and guest.(30 min)

 

Maison du Conte de Charleroi

 

- le 4 décembre à 14h (3-5 ans) et 16h (6-11 ans), Contes de St Nicolas. 6€ enfant/4€ parent.  Public familial.

      par Pascale Baeyens, Raphaëlle Bouillon... et St Nicolas.

               Rés. : https://www.contecharleroi.be/reservations/ ou 0475/64.95.38. 

 

- le 14 décembre à 15h, la légende du King, Elvis Presley par Franz Goovaert et Jacky Druaux.

      18€/14€ (seniors). Réservations : via www.theatremarignan.be 0495/10.20.14. 

      Infos : billetterie@theatremarignan.be

Succès mondiaux et intemporels du King, anecdotes et récits de la vie d'Elvis qui ont forgé  sa légende.

Une coproduction de la Ville de Charleroi et de la Maison du conte de Charleroi.

 

- le 18 décembre à 14h00 (3-5 ans) et 16h00  (6 ans et +), Noël des mômes.  Public familial.  Gratuit.

      avec Pascale Baeyens, Raphaëlle Bouillon... Rés. : https://www.contecharleroi.be/reservations/ ou 0475/64.95.38

Contes et histoires de Noël.                                                                       suite p. 6.

 

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- les 22 et 29 décembre à 14h00 (3-5 ans) et 16h00  (6 ans et +), Contes de Noël. 6 € /enfant –1 parent 4 €

      avec Pascale Baeyens, Raphaëlle Bouillon... et Père Noël !  Public familial.

      Réservation : https://www.contecharleroi.be/reservations/ ou 0475/64.95.38

Contes et histoires de Noël

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où ? La Maison du Conte de Charleroi Asbl, 53, Boulevard Joseph Tirou,  6000 Charleroi

 

Racontance

 

- le 10 décembre à 20h, Les Zapéro-contes Charleroi , scène ouverte. Participation au chapeau.

      au Livre ou Verre, 6, passage de la Bourse - 6000 Charleroi.  Infos, réservations : 0470/23.67.01 - 0495/65.95.89

      Inscriptions pour conter : racontancecarolo@gmail.com

Animation par France Decooman, Pascale Pezzotti et Ahmed Hafiz.

Covid-19 :  Respect des directives en vigueur.

 

- le 17 décembre  à 20h, Les Zapéro-contes Bruxelles, scène ouverte. Participation au chapeau

      à la Fleur en Papier doré 55 rue des Alexiens, 1000 Bruxelles.  Infos, 0477/91.04.30

      réservations obligatoires via le site : www.racontance.be        Inscriptions pour conter : racontance@hotmail.com

Animation par Dominique Brynaert..  Un covid safe ticket valide doit être présenté à l'entrée de la Fleur en Papier doré.

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- C’est pas Noël 3  par Dominique Brynaert, Guy Kotovitch, Guillaume François, François- David Freschi, Ahmed Hafiz, Marie-Noëlle Herbiet et Cindy Sneessens.

      le 18 décembre à 20h30, 8/14€                                                                     - le 19 décembre à 16h, au chapeau.

      3, Place Gilson– 1170 Bruxelles

      réservations obligatoire :  www.lavenerie.be           Infos : www.racontance.be    0477/91.04.30

À quelques jours du 24 décembre, le Père Noël est devenu amnésique.   Qui va distribuer les cadeaux ? Dans son cabinet, un psy cherche vainement à lui faire revenir la mémoire. Il fait appel à SOS conteurs.

 

Entre le bœuf et l’âne gris par les conteurs de Tous contes Fées et leurs invités

 

quand ?  le 17 décembre à 20h30                                    où ? Eglise Sainte Foy , rue Saint Léonard 4000 Liège

combien ? 4€

infos, réservation souhaitée : 0476 68 00 73 ; www.touscontesfees.com 

Bientôt Noël les z’amis ! Entre le bœuf et l’âne gris nos contes seront  dits avant minuit.

 

La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

Scène ouverte

 

quand ? le 11 décembre à 20h                                           où ? Théâtre à Denis, 302, rue Ste Marguerite à Liège

combien ? 5€                                                                       pour qui ? tout public

infos, inscription obligatoire pour assister et pour conter: 0497/61.51.05, 0476/65.37.83 reservationmaisonconteliege@gmail.com

Pass sanitaire indispensable

Tout en observant les règlementations, nous renouons avec nos bonnes habitudes d’avant.  Nous célébrerons nos retrouvailles avec des bulles et des spéculoos.  Et vos contes, naturellement.

 

Contes de femmes et d’hommes par Jeanne la Contesse

 

quand ? le 18 décembre à 14h                               où ? Bibliothèque des Chiroux, rue des Croisiers, 15, 4000 Liège

combien ? gratuit                                                    pour qui ? pour tous

infos, inscription fortement recommandée : 04/279.52.73

Henri Pourrat a récolté des centaines de contes en Auvergne entre 1908 et 1956, et il les a réécrits avec talent, autant pour faire rire que pour effrayer ou émouvoir.

 

Conte en Balade

 Citron-Pépin L’Entre-ville  podcasts de Christine Horman et Marie Thys

                                                                        

quand ? le  19 décembre                   durée : 40’ environ                         disponible sur www.conteenbalade.be/medias

infos :  info@conteenbalade.be

Sur les murs en béton de Bruxelles, portraits des Personnes Aux Corps inappropriés.  Flâner les yeux fermés l’oreille ouverte (ou le contraire).

 

? La longue traîne de notre passé flottera dans notre dos.  Laurent Gaudé

Ateliers – Formation

 

 

Théâtre de la Parole

 

Formation au Houelekon par Mahuna Fidèle Anato alias Le Baobab

 

quand ?  les 9 et 10 décembre de 10 à 17h                 où ? Théâtre de la Parole, 7d, rue du Rouge-Cloître 1160 Bxl

combien ? 120€                                                            pour qui ? artistes professionnels

infos, inscription :  ecoleduconte@theatredelaparole.be ou au 0479 28 33 32

Houelekon (une toute petite percussion portative et malléable du Bénin). Tant en tant que percussion, qu'en tant qu'accessoire de jeu ou même d'élément de costumes (collier ou autres).

 

T.A.S                                                                                                                                       Maison du Conte de Namur

Le suspense dans les histoires par Philippe Sizaire

 

quand ? les 11 et 12 décembre de 9 à 17h30        où ? Maison du Conte de Namur, 170/2, rue des Brasseurs, Namur

combien ? 60€                                                         pour qui ? toute personne ayant une expérience de conteur

infos, inscription : 081/77.51.04 ; marcelle.cogniat@province.numur.be

Suspense, suspension dans la langue et le corps, retenir l’information, à distiller le secret, à laisser volontairement des zones d'ombre propices à l'imaginaire...montage du récit, de feuille tonnage

 

Laboratoire de l’oralité-Vertellaboratorium par Don Fabulist

 

quand ? du 26 au 3 janvier 2022                           où ? Le chameau qui tousse à Oignies-en-Thiérache

combien ? 475€ formation et logement                pour qui ? conteurs et conteuses chevronnés

infos, inscription : 060/39.91.99 ; info@donfabulist.be

Vivre la poésie dans le conte.  En continuation des labos de 2017, 2018, 2019, 2020, le feu sera l’élément central.  Travailler la langue, le silence, l’expression du corps, l’imagination.  Bilingue français-néerlandais

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Je vais vous dire quelque chose au sujet des histoires. Elles ne sont pas un amusement, ne vous y trompez pas. Elles sont tout ce que nous avons, voyez-vous, tout ce que nous savons pour combattre l’oubli, la maladie et la mort. Vous n’avez rien, si vous n’avez pas les histoires.

(Leslie Silko, « Cérémonie »)

Contes et vérités

  En quête d'une définition du conte,  je consulte le Larousse.  Je suis tout de suite arrêtée.  Parmi plusieurs définitions, voici ce qu'il dit du conte: récit court d'aventures imaginaires, récit fantaisiste et invraisemblable, naïveté sans fondement.  Tout cela est assez communément admis mais, pour moi, réducteur et à l'opposé de mon expérience.  Je me risque donc d'en prendre le contre-pied, de parler des vérités des contes et de l'aborder d'un point de vue de conteuse, d'un point de apparemment paradoxal: celui des vérités (au pluriel).

            Plus je connais de contes, plus je les creuse, plus je les présente à un public, plus je suis frappée par les vérités qu'ils renferment, que ce soient personnages, sentiments, actions, désirs, façons de faire.

            Examinons les contes merveilleux où la part imaginaire est grande.  Tout d'abord, il faut prendre le mot "merveilleux" suivant son étymologie, son sens ancien: qui provoque l'étonnement.  Ils mettent en scène des personnages avec des pouvoirs dépassant l'humain.   Fées, nutons ou sottèts ou quelque noms qu'on leur donne, sorcières et sorciers, dragons, ogres, …  Ces contes sont-ils si loin de notre vérité ?  Qui n'a jamais rêvé d'être tiré d'ennuis par une baguette magique ?  Qui n'a rêvé d'être une bonne fée pour ceux qu'on aime et regretté de ne pas être plus puissant ?  Les fées répondent à un désir profond, qui est vrai.

            Les nutons et tous les autres, viennent la nuit dans les maisons et font toute la besogne comme dit la chanson. A noter qu'il existe des personnages de ce genre partout dans le monde, ce qui pose des questions sur lesquelles je reviendrai.  Qui n'a jamais rêvé d'être délivré de ces travaux répétitifs, fatigants, qui n'ont aucun prestige ?  Je pense à nos ancêtres qui étaient coincés dans des destins auxquels ils ne pouvaient échapper.  Que quelqu'un fasse le boulot à leur place, ce rêve, ce désir, est bien compréhensible.  D'ailleurs dès que l'on s'enrichit, on confie ces tâches à d'autres.  Nourriture et considération, nous pouvons partager ce désir-là aussi.  Ces rêves et désirs exprimés dans les contes ont été ressentis par des hommes qui ont amené le progrès.

            Les contes nous donnent des détails précis sur la vie de nos ancêtres, sur la vie d'autrefois, qui était rurale pour la majorité des gens. Les gens du peuple voyageaient à pied.  Ils ont souvent eu faim.  Le Petit Poucet témoigne d'une famine qui a sévit suite à des mauvaises récoltes.  Importance du pain. La présence des mouches dans les maisons.  Une vieille femme, qui n'a pas de pré à elle,  fait paître sa vache au bord du chemin.  En Normandie encore actuellement, les haies des prés font des redents où les pauvres pouvaient faire paître leurs bêtes.  La présence des loups était réelle. 

            Les mêmes thèmes ont-ils été traités à des endroits éloignés, sans influence réciproque ?  Ce n'est certainement pas impossible mais nous n'aurons jamais aucune réponse péremptoire.  L'important n'est pas dans l'érudition.  L'important est que les contes rassemblent les hommes autour des grands thèmes qui habitent leur vie et les font agir, vérité explicite ou sous-jacente,  vérité des uns et vérité des autres, au-delà des différences. 

 

Marie-Claire Desmette

 

Pauvre Catherine


Une histoire vraie, un procès de sorcellerie à La Roche-en-Ardenne en 1645, d’après un compte-rendu de Léon Marquet, professeur de français et spécialiste de l’histoire rochoise. 

            L’accusée: Catherine, plus de 80 ans, femme à Henri de Villiers.  Elle avait été bannie autrefois pour une raison que nous ignorons et avait été graciée. Le 28 juillet 1645, des plaintes sont déposées contre elle pour faits de sorcellerie.       

Enquête le 8 août. Le premier acte de le justice est de dresser un inventaire de ses biens.  Catherine a du mobilier, des ustensiles ménagers, des vêtements, une maison, un journal de terre, de l’argent liquide. Elle peut supporter les frais du procès. 

            Le 12 août, Catherine est amenée devant ses juges. 

- “Je jure, par les doigts du crucifix, de répondre la vérité.”          

Vingt-quatre préventions.  Le premier article l’accuse d’avoir soigné des enfants malades avec de la bétoine (En cataplasmes de feuilles fraîches elle est très efficace pour soigner les ulcères).  Catherine ne nie pas, pourquoi le ferait-elle ?

- “Un jour, Mademoiselle Xevery, grand-mère des enfants de Ferry Grulart est venue à ma maison.  Elle m’a demandé d’aller chercher une herbe nommé bétoine pour soigner ses petits-fils.  J’ai été cherché les herbes, je les ai pilées, je les ai mis sur la tête des enfants pendant que leur grand-mère les tenait.  Elle m’a donné un morceau de pain d’épices pour salaire.”      

            De nombreux articles suivants l’accusent d’avoir nui aux humains, aux animaux.  Une jeune fille l’aide.  Trois jours après, elle a un rhume !  Catherine a touché, regardé des enfants, des femmes  qui sont devenus malades et sont morts.  Idem pour le bétail.

            D’autres articles parlent de faits inexplicables: des papillons se rassemblent autour de son feu, un chien noir est apparu sur son armoire. Une femme a vu le diable dans son grenier et sa cave.

- “On me découperait plutôt en mille pièces plutôt que de tirer cette confession hors de ma bouche.  Je suis une femme de bien et d’honneur.  Sur la damnation de mon âme, je ne suis point sorcière, je suis aussi nette que sortante du ventre de ma mère.  Mes enfants n’auront jamais de scandale de cela.”

            Nous ne disposons malheureusement pas de la déposition des 26 témoins.  Pour ne pas les exposer à une quelconque vengeance, les témoins ne témoignent pas en présence des accusés de sorcellerie, Ils sont cependant avertis par le tribunal qui remonstre aux tesmoings en présence de la prisonnière le péril auquel ils engageroient leurs ames et leur conscience si, en recelant la vérité de ce qu’ils scavent ils venoient à estre causes qu’une meschante personne ne seroit pas punie de ses délits, ou bien si en disant plus qu’ils ne scavent, ils venoient à faire en sorte que la prisonnière succomberoit à une condamnation injuste, et aultres raisons et admonitions propres à ce que rien ne soit passé qu’avec toutte équité.          Les témoins prêtent serment d’avoir dit la vérité.            Catherine nie farouchement.

- “Des témoins, il y en aurait autant que de sable dans la mer, il n’y en aurait pas un de véritable.

Monsieur Saint-Nicolas et Sainte Vierge, aidez-moi.  Je suis bonne chrétienne.  Un jour même, j’étais dans mon lit.  J’ai eu vision de la Vierge Marie en rêve.  Je ne l’ai pas vue autrement qu’en rêve, je ne méritais pas de la voir autrement.  Je prie Dieu de la pouvoir voir en l’autre monde.  Sur mon buffet, il y a des images des Saints, il n’y a jamais eu de chien noir.”

            Le procureur du plaignant (son avocat) requiert que la torture lui soit appliquée.  Le procureur de Catherine parle de son grand âge et du mois et demi déjà passé en prison.  Il demande qu’elle soit absoute. Le tribunal est perplexe.  Il demande l’avis de l’instance supérieure, la Cour de Luxembourg.      

            Nous n’avons pas la réponse de la Cour de Luxembourg, nous pouvons en voir les conséquences. Le tribunal de La Roche, qui n’arrivait pas à se faire une conviction, parle maintenant d’indices très apparents qui rendent Catherine suspecte de sorcellerie. 

- “Dites la vérité, voyez la grandeur de la miséricorde de Dieu, elle vous est plus nécessaire que la vie propre.  Le salut de votre âme est plus préférable et plus considérable que tous les honneurs de la terre.”  Ces pieuses paroles se trouvent dans la bouche des juges, il n’y a aucune trace d’une présence ecclésiastique.  “En outre, par une sincère confession, vous éviterez les tourments de la torture.”  Les juges paraissent vouloir la sauver mais ne lui laissent comme issue que les aveux.  Ce dernier appel des juges ne fait pas changer Catherine.

            Imaginez cette femme de plus de 80 ans pendue par les bras en arrière, les membres serrés avec des cordes.  En présence du médecin de Durbuy !      Catherine demande à être dépendue, se met à avouer certaines choses, tout en en niant d’autres.  Torture de nouveau.  Elle est interrogée articles par articles.  On peut dire que l’acte d’accusation lui fournit la matière de ses aveux. 

- “Je déclare volontairement que je suis sorcière. Oui, j’ai empoisonné.  J’ai ensorcelé.  J’ai vu sur mon armoire un chien noir au long museau, j’ai eu des relations coupables avec le diable, j’ai été aux assemblées, j’ai chanté des chansons obscènes, j’ai jeté des mauvais sorts aux gens et aux bêtes, j’ai renié mon baptême, ...”

Et ainsi, suivant article par article.

            Le 7 octobre, “Messieurs les Mayeurs et Eschevins de la Justice de la Roche en Ardenne, jusges des causes criminelles de ceste ville et comté déclarent la prisonnière pleinement coupable:

 - “convaincue tant par ses propres confessions volontaires que par les preuves du procès du crime de sortilège et d’avoir renié Dieu, son baptême et ses saincts pour adhérer au Diable avecq lequel elle a ehu maintes fois accointance abominable, ....(suivent plusieurs autres préventions)   pour punition de quoi, ... la condamnent à être conduicte au lieu du supplice ordinaire et illecq estre attachée à ung posteau, estranglée, bruslée et son corps réduict en cendres ...”

            Ses biens sont confisqués.  Les biens de Catherine iront aux membres du tribunal et aux auxiliaires de la justice, le restant au Comte de la Roche.   On brûle le corps de la sorcière pour que rien ne reste d’elle. 

            Elle est exécutée le jour même.  Plainte déposée le 8 juillet, premier interrogatoire le 12 août, exécution le 7 octobre.  Pas d’arriéré judiciaire, une bonne raison à cela, le prisonnier paie sa nourriture sur les biens qui ont été confisqués.  Il vaut donc mieux pour toux ceux à qui ces biens reviendront, que cela ne dure pas trop longtemps.


Arbre à deux branches


            Le conte se passe au temps des contes. Au pays des contes, il y avait un village. Au milieu de la place du village, un arbre chargé de fruits.  Du tronc de l’arbre s’élancent deux branches principales.  Sur chacune de ces branches, les fruits mûrs, appétissants.  Aucun habitant du village n’en mange.  Pourquoi ?  Il y a les bons fruits sur la bonne branche.  Les fruits de l’autre branche, la mauvaise, ne sont pas comestibles.  Personne ne sait quelle est la bonne branche, quelle est la mauvaise branche.  Principe de précaution : personne ne mange des fruits de l’arbre.

            Sécheresse. Sécheresse qui dure et perdure.  Famine.

Couché sur son lit, un garçon.  Il n’a que la peau sur les os.  Il se parle.  Il se dit « tu ».

- « Suppose que tu décides de manger un fruit de l’arbre.  Tu dois choisir une branche où cueillir le fruit.  Tu manges un fruit de la mauvaise branche.  Peut-être que tu meurs.  Mourir de faim ou mourir empoisonné, quelle différence ?  Tu manges un fruit de la bonne branche.  Le jus sucré te donne la vie. »

Le garçon se lève, vacille, sa tête tourne, son estomac crampe.  Il part à quatre pattes, se redresse, va lentement.  Il arrive près de l’arbre.  Quelle branche choisir ? 

Le garçon respire un bon coup, choisit.  Il met sa ceinture autour de la branche.  Cueille un fruit.  Mange.  S’assied sous la branche.

            Des villageois l’ont vu faire.  Ils regardent le garçon.  Le garçon va bien.  Le temps passe, le garçon va bien.

-« Cette fois, nous savons quelle est la bonne branche. »

Les villageois mangent les fruits de la branche à la ceinture.  Au loin l’orage et la promesse de pluie.

La prospérité est revenue au village. 

            Saison du repos de l’arbre.  Un homme réfléchit en terme de productivité, de rentabilité.  Il s’adresse au Conseil.

- « Mes amis, la mauvaise branche de l’arbre ne produit pas de fruits mangeables.  Elle est inutile.  De plus, elle est nuisible.  Elle consomme de l’énergie de l’arbre en pure perte.  Coupons-là.

- « Pas question ! « C’est une bonne idée ! »  « Je n’ai pas d’idée. »

L’homme est éloquent, la bonne idée l’emporte.  Il coupe la mauvaise branche. 

            A la saison des feuilles, pas de feuilles sur l’arbre.  A la saison des fruits, pas de fruits sur l’arbre.  L’arbre est mort.

D’après un conte traditionnel.

Conte du temps des contes. 

Destin de la vraie vie de maintenant.

Marie Lemeland raconte sa vie dans un livre « Le Syndrome du bâtard » et une interview.

Marie vit avec son père, sa mère, frères et sœurs.  Famille aisée.  Une bonne vie.  Marie est mal dans sa vie, elle ne comprend pas pourquoi.

Un jour sa mère lui dévoile : - « Tu n’es pas la fille de celui que tu crois ton père.  J’ai eu un amant.  Tu es la fille de mon amant. »

Le père élevant lui assure que cela ne changera rien pour lui.

Marie rencontre son père biologique. –« J’ai des similitudes avec cet homme.  Mon physique vient de son physique. »

A la journaliste, elle confie : - « Je dois à mon père élevant une éducation, un confort, ce qui fait en partie la femme que je suis aujourd’hui.  Mais je dois à mon vrai géniteur ma biologie .

Mes racines sont à la fois celles que j’ai héritées de mon père élevant et de mon père biologique.  Les deux me constituent.  Occulter l’un de ces branches, c’est comme si je tuais une partie de ma personnalité. »

Comme l’arbre du conte, Marie a besoin de ses deux branches pour vivre.

 

D’après Le Soir du 11 octobre 2021.

 

Charlier Jambe-de-Bois

      

En avril 1794, un petit Jean-Joseph naît au foyer des Charlier, une modeste famille d’Outre-Meuse.  Le père meurt.  J-J est incorporé très jeune dans les armées napoléoniennes. Bataille de Waterloo. Il est blessé. On doit l’amputer. Infirme à 20 ans !  Son pilon de bois n’écarte pas une jeune femme.  Mariage, 3 enfants.  Petite pension d’invalide, il travaille dur pour élever sa famille. Il sait lire.  Il habite rue Pierreuse à Liège.

- “Hé ! Charlier, tu nous lis la gazette ?  Qu’est-ce qu’ils ont encore fait ces, måssis hollandais ?” 

- “Cela se terminera mal tout ça.  On ne va pas toujours se laisser faire.”

            1830.  A Bruxelles, représentation à la Monnaie de la Muette de Portici

 “Amour sacré de la Patrie,”

“ Rends-nous l’honneur et la fierté ...”

“ A nous tu as donné la vie”

“ Tu nous devras la liberté.”   

Emeute.  A Liège, on arrache les armoiries du roi de Hollande, on les remplace par des cocardes aux couleurs de la ville.  On dévalise les armureries.

- “Il faudrait faire sauter le pont des Jésuitesses anglaises.”  Ce pont mène à la Citadelle tenue par les troupes hollandaises.  Pendant 3 jours, Charlier-J-de-B observe rondes, patrouilles et sentinelles. 

- “Impossible, le pont est trop bien gardé.”

- “Le pont près de la chapelle de Ste-Balbine, ?”

- “Démolir la chapelle en même temps ! Sacrilège ! Il fait sauter la porte de Pierreuse, un autre des accès à la citadelle.

            Le 2 septembre, dans la cour du Palais des Princes-Evêques, rassemblement des patriotes à l’appel de Charles Rogier. Charlier-J-de-B en est.

- “Il nous faut de l’artillerie, allons prendre des canons aux hollandais.”  Ils s’emparent du Marie-Louise et du Willem.  Oui, les canons ont des petits noms.  Charlier Jambe-de-Bois s’adjuge le willem: “Un willem pour battre un Willem.”  Guillaume d’Orange, pour nous, est Willem pour les hollandais.  Pour les flamands aussi.  Ils taguaient 4 W.  Cela voulait dire: We willen Willem weg.  A l’huche Guillaume, traduction libre.

            La colonne s’ébranle, direction Bruxelles.  Les manuels scolaires ont popularisé l’image: Charlier J-de-B, tirant son canon, son willem, à la tête des volontaires liégeois.  Cinq jours de marche.  Avec un pilon de bois. 

            Accueil chaleureux à Bruxelles, les volontaires liégeois, Charlier et son Willem, canon, Charlier et sa précieuse expérience de la bataille.  Les autres sont des civils.  Charlier se dépense sans compter, il est partout.  Du parc, dans le haut de la ville, au bas de la ville, à la barricade de la rue de Flandre, il fait sonner les pavés de  Bruxelles.

- “Mon pilon !”  Cassé.  “Apportez-moi un manche de brosse.”

            Vous connaissez l’histoire.  Une nuit, les hollandais s’esquivent à la faveur de l’obscurité.  La Belgique se réveille indépendante.

            La toute jeune Belgique traite bien ses héros.  Charlier est nommé au quartier-général du palais. Sabre d’honneur, capote bleue de fantaisie, une nouvelle jambe de bois, une pension de capitaine.  Poèmes, chansons, médailles, portraits.  Pilon tantôt à gauche, tantôt à droite.  Quelle est la vérité ?  On ne le saura jamais;

            Il est la coqueluche de la haute société bruxelloise.

            Le temps passe, la gloire aussi. La pension n’est pas souvent versée.  L’état, les Grands l’oublient.  Pas le petit peuple.

- “Hé, Jambe-de-Bois, raconte-nous comment tu as battu les hollandais.”

- “Je vous l’ai déjà raconté cent fois.”

- “Ça ne fait rien, dis-le encore une fois.  Pour le gamin.  Ecoute bien, hein valet.  Un pècket pour not’Jambe-de-Bois.”

            Il meurt à 92 ans.  Les journaux ne font pas état de son décès.  Pas nécessaire.

- “Tu viens à l’enterrement de Charlier J-de-B ?”

- “Naturellement.” 

- “Où enterre-t-on Jambe-de-Bois ?”

- “A Ste-Walburge.”  Beaucoup de Liégeois, les habitants du quartier, des anciens combattants de 1830, des invalides de guerre, quelques officiers, la garde-civique.

            Pèlerinage sur sa tombe. Un jour, le cimetière de Ste-Walburge est désaffecté, sa tombe disparaît.  On oublie de lui élever un monument. 

            Que reste-t-il ?  Une rue Jambe-de-Bois, son pilon au Musée de la Vie Wallonne, une plaque, une commémoration annuelle par les officiels.  Discours, je ne sais pas, pècket, certainement.  Chez la voisine Angela. Cette réunion a-t-elle encore lieu ? Est-elle remplacée par une manifestation de jeunes ?

 

D’après Portraits de Petits  et Grands personnages du Pays de Liège, Ninette Godefroid et Philippe Raxhon  Noir Dessin, 1999.

Saint-Nicolas


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& Premier sang par Amélie Nothomb, roman.  Albin Michel. 2021. 174 pages.  Prix Renaudot 2021. Bien que qualifié de roman, ce livre raconte en « j » des épisodes de la vie de Patrick Nothomb, père de l’autrice. Patrick Nothomb, 1936 - 2020, était Consul général et otage à Kisangani (4 août - 24 novembre 1964). Jeune diplomate, il a été très actif et créatif pour négocier la protection des membres de la communauté internationale otages des révolutionnaires Simbas. Lui et d'autres furent sauvés par les parachutistes belges lors de l'opération aéroportée Dragon Rouge du 24 novembre 1964.  Le titre est justifié par le fait que Patrick Nothomb, sans qu’il puisse lutter, perdait connaissance à la vue du sang. Jusqu’au jour où il a été responsable des otages et ne s’est plus évanoui. 

Dans Stanleyville, journal d’une prise d’otages par Patrick Nothomb, Duculot, 1983. Epuisée.

Patrick Nothomb raconte ses souvenirs.

Intolérance Zéro 42 ans de diplomatie par Jean-Marie Mersch et Patrick Nothomb.  Editions Racines, 2004. 350 pages.  Longue conversation entre deux amis de longue date, suivant un ordre plus ou moins chronologique, passant en revue la carrière de Patrick Nothomb.

 

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dernière minute : les Dimanches du Conte. Le 12 décembre à 14h,  Brume par Anne Borlée et Gilles Kremer  au Centre Culturel Bruegel, rue des Renards, 1 F, 1000 Bruxelles.   infos : +32 496 779 880 ; www.renardnoire.be

Adultes et enfants à partir de 5 ans.  Il était une fois... dans Les Temps Lointains... Une vaste forêt, des enfants aux pouvoirs étonnants, une guérisseuse, une renarde, une vieille aux traces étranges... " 

 

? Les histoires, c’est ça qui fait tourner le monde, ça permet de tout intégrer. Alexander McCall Smith.