vendredi 1 août 2025

Mensuel Août 2025 - N°392

 Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,

les conteurs et les raconteurs.

Août 2025 – N°392

 

P 912122 Bureau de dépôt CHAUDFONTAINE 4050  

Editeur responsable : Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224 4053 Embourg

 

Au sommaire, ce mois-ci:

- 2 Articles

- Spectacles – Veillées – Balades

- Formations

- 6 histoires    

 


 

La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

392ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

quand ? le vendredi 8 août à 19h         où ? Parc de Colonster, avenue des Érables, 4000 Liège

combien ? 4€                                         pour qui ? tout public

inscription pour conter : réservationmaisonconteliege@gmail.com;     pas d’inscription pour assister.

infos : 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

Parmi les géants du parc de Colonster.  Le thème proposé : la mer, l’Océan.  Sans vous obliger.  Dans la belle nature, autour de votre inspiration à vous.

 

La Maison du Conte de Liège sera présente à

Retrouvailles à Liège

 

quand et où ? les 6 et 7 septembre de 11h à 17h à notre tonnelle, section culture

A notre tonnelle, nous vous parlerons du conte en général et de toutes les activités de la Maison ainsi que celles de ses membres. Les conteurs de la Maison du Conte de Liège conteront près de leur tonnelle et à un lieu encore à fixer.

 

La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

393ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

quand ? le vendredi 12 septembre à 19h         où ? Parc de Colonster, avenue des Érables, 4000 Liège

combien ? 4€                                                   pour qui ? tout public

inscription pour conter : réservationmaisonconteliege@gmail.com;     pas d’inscription pour assister.

infos : 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

Notre dernière dans le parc de Colonster.  Le thème proposé : artisans et artistes.  Sans vous obliger.   Le mois prochain, nous réintégrerons le Théâtre à Denis.

 

Nouvelles du monde du conte, de la politique de la culture


- Communication de la Fédération de conteurs professionnels de Belgique.
(extraits) Le 11 avril dernier, une délégation composée de conteurs a rencontré le cabinet de la ministre Degryse. Pour rappel, nous avions rencontré le cabinet de la précédente législature et souhaitions poursuivre la prise de contact avec le nouveau cabinet. Nous avons présenté les enjeux de notre secteur et appuyé la demande d’une enveloppe plus fournie pour les prochaines années. Malheureusement, cette réunion ne nous permet pas d’être optimiste. Il est très peu probable que notre enveloppe soit revalorisée, nous craignons même qu’elle soit diminuée.

Par suite de cette réunion, nous avons décidé de clôturer le mémorandum du secteur conte, dont la rédaction a été entamée en 2024. Ce mémorandum rédigé par la Fédération avec Cont’Acte – Fédération des opérateurs professionnels de l’art du conte et de l’oralité est en train d’être finalisé. Ce projet est un projet de longue haleine, il s’agit d’une feuille de route qui peut, doit et sera repensée en fonction des évolutions de notre secteur.

Nous avons également appris le 13 mai dernier – officiellement, après des semaines de rumeurs - que Cont’Acte ne serait pas renouvelée en Chambre de concertation des arts vivants. Au nombre de 20 sous la précédente législature, elles sont désormais 14 à siéger pour 5 ans à partir de septembre. Il s’agit d’un coup dur pour la structure et qui nous pousse d’autant plus à poursuivre la logique entamée il y a déjà plusieurs mois : solidifier les liens des deux fédérations et réfléchir en logique sectorielle.

Dans la continuité de cette fin d’année, la FCP et Cont’Acte veulent organiser pour la rentrée 2025 des groupes de travail mixtes aux deux fédérations pour réfléchir collectivement aux enjeux du secteur et à notre futur en regard des prévisions politiques et budgétaires futures

Aides ponctuelles et structurelles FWB – Attention, beaucoup de changements !

Nouveau calendrier de dépôt

À la suite de la récente révision du calendrier, il n’y aura plus qu’un seul dépôt par an pour les aides au projet création : 1er novembre 2025. Concernant les Bourses et les aides au projet de reprise, de programmation, d'encadrement/formation/promotion, la date limite de dépôt est fixée au 1er octobre 2025. Initialement prévue durant le dernier trimestre 2025, la date limite du dépôt des demandes de Contrats (création/services/diffusion) est quant à elle reportée au 1er mars 2026.

Modifications des documents justificatifs des Contrats et Contrats-programmes en cours

Les nouveaux documents justificatifs des Contrats et Contrats-programmes en cours sont à présent disponibles sur le site de la FWB. Si vous connaissiez les anciens documents de justification des CP, mais également ceux pour justifier les aides pluriannuelles, vous verrez notamment que le rapport moral est remplacé par une note de 4 pages max. Nous vous rappelons par ailleurs qu’en tant que structure de création (Contrats ou CP), vous n’êtes pas soumise à l’auto-évaluation !

Si vous avez perçu automatiquement les allocations selon la nouvelle législation du statut de travailleur.euse des arts le 1er octobre 2022, il est désormais temps de demander le renouvellement ! L’ouverture des dossiers débute le 1eraoût auprès de votre organisme de paiement. Suite à la prochaine entrée en application du Décret Diffusion, la nouvelle plateforme d’encodage des spectacles (qui remplace Art & Vie) est ouverte. Il s’agit de TARA.

Dès début septembre 2025, le catalogue des productions labélisées pour la saison 2025-2026 sera mis en ligne. Le label étant nécessaire pour obtenir une aide à la diffusion tout public (ou jeune public pour les spectacles sélectionnés aux Rencontres Théâtre jeune Public de Huy). Il est donc impératif que vos spectacles s’y trouvent ! Obligation de facturation électronique à partir du 1er janvier 2026.

Pour de plus amples renseignements, contactez le site de la Fédération de Conteurs professionnels de Belgique.

Voir dernière minute Pour la pension, la carrière d’artiste plafonnée à … neuf ans ? page 12.

 - Le prototype gratuit de l'application Oraconte est maintenant en cours de validation pour arriver sur le Play Store. Un ultime test est demandé par Google en conditions réelles pour vérifier certains détails. Si vous avez un smartphone Android, je vous invite à participer à ce test final pour découvrir ainsi l’application : vous recevrez très bientôt par email toutes les informations nécessaires pour installer et utiliser ce prototype. Pour les personnes qui possèdent un iPhone, il faudra encore un peu de patience car les démarches auprès d'Apple sont plus longues, mais la version iOS est en préparation.

Vous pouvez consulter via https://www.oraconte.com/artiste la Convention de Licence proposée actuellement aux artistes pour la gestion de chaque œuvre sonore diffusée sur Oraconte, ainsi que les Conditions Générales d'Utilisation de l'application mobile. Ces deux documents seront aussi accessibles directement dans l'application mobile.

Si vous avez des questions, remarques, suggestions, n'hésitez pas à m'en faire part.

En vous souhaitant le meilleur,

Christian Chibambo ;  0032+(0)487/39.20.10. chibambo@hotmail.com   mastodon.social/@oraconte

 

Spectacles – Veillées – Balades


Conte en balade                                          Balades contées dans les parcs de Bruxelles

 

 - Le 3 août à 15h, Parc Josaphat, par Jacky Druaux et Sylvianne Piefort,

      Kiosque de musique via avenue des Azalées, 1030 Schaerbeek

 

- Le 10 août à 15h, Moeraske avec Italia Gaeta et Marie-Rose Meysman

      RV croisement Houtweg et rue Laurent Vandenhoven, 1140 Evere

 

- Le 17 août à 15h, Parc Tournay Solvay avec Régine Galle et Carole Lawazo

      RV Chaussée de la Hulpe, 199, 1170 Watermael-Boitsfort.

 

- le 24 août à 15h, Grand Hospice avec Christine Horman et Julien Staudt

      RV rue du Grand Hospice, 7, 1000 Bruxelles.

 

- Le 31 août à 15h, Parc Roi Baudouin à 15h, avec Maria Estalayo-Véga et Françoise Van Innis

      RV avenue du Sacré-Cœur, 2, 1090 Jette

 

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Combien ?  Prix libre              Réservation indispensable : 0497/78.20.75 ; info@conteenbalade.be

Accessibles aux PMR accompagnés.  Venir avec son propre matériel, tabourets, parapluies, coussins et autres

 

Volubilis

 

- le dimanche 3 août à 4h. Visite contée de La Maison Magritte, avec Julie Renson

      Rue des Gravelles 95, Chatelet 6200. Tous publics dès 5 ans.

      Infos et réservations : Service de la Culture – 071/244.926 – culture@chatelet.be.

 

Maison du Conte de Charleroi


- le dimanche 3 août à 15h00, Contes d’été au Parc Josaphat avec Jacky Druaux et Sylvianne Piéfort

      En partenariat avec Conte en Balade.  Voir ci-dessus. Prix libre. A partir de 10 ans.

Ce parc est une poésie, il faut s’y arrêter pour entendre ses secrets, les légendes anciennes et contes oubliés

 

 - le vendredi 22 août à 20h00, Scène ouverte au Poche Théâtre de Charleroi, 70, rue du Fort - 6000 Charleroi

      Événement organisé dans le cadre de Divertiscènes-Eté Divert’Festival.

      Inscriptions pour conter : https://www.contecharleroi.be/scene-ouverte-2025-inscriptions/

      Spectateurs : 10€ et une boisson offerte. Réservations : https://www.billetweb.fr/scene-ouverte17

Raconter une histoire en conte, en spam ou en impro contée ? Humour, émotion, découverte de nouveaux univers au programme !

 

 - le samedi 23 août à 10h00 à 10h45 et 11h00 à 11h45, Les samedis lectures (0-5 ans) Avec Pascalouuu !

        Bibliothèque communale de Pont-à-Celles. Gratuit, mais inscription indispensable

       Infos & inscriptions : 071/84.78.84 ou bibliotheque@pontacelles.be

Au programme : des histoires qui font rire, des chansons qui font danser et des petits qui repartent avec des étoiles plein les yeux.

 

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Siège social : 53, Boulevard Joseph Tirou, 6000 Charleroi. nicole.maisonducontecharleroi@gmail.com
www.contecharleroi.be     Aussi sur Facebook !

 

La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

392ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

quand ? le vendredi 8 août à 19h         où ? Parc de Colonster, avenue des Érables, 4000 Liège

combien ? 4€                                        pour qui ? tout public

inscription pour conter : réservationmaisonconteliege@gmail.com;     pas d’inscription pour assister.

infos : 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

Parmi les géants du parc de Colonster.  Le thème proposé : la mer, l’Océan.  Sans vous obliger.  Dans la belle nature, autour de votre inspiration à vous.

 

- Le 10 août à 14h30, Scène Ouverte, avec l’équipe de la Scène Ouverte de Mons Tournai et Cie.

        Au Jardin Suspendu, à Mons.   Au chapeau.

        Inscription pour les intervenants et info pour tous:
      - Paule : 
paulema@scarlet.be (0477-225647) - Chantal : kabochantal@yahoo.fr
      - Marie-Jeanne : 
huberland.m@skynet.be (0476-237231)  

      -  Christian : christian.verheyde@gmail.com (0472/041527)

Nous vous invitons avec vos contes, vos chansons, vos textes slamés, ou simplement vos oreilles.

 

- le 13 août à 11h dans le parc de Vielsalm (autre spectacle : Ah quelle soupe les amis)

- le 17 août à Bêche (autre spectacle : Ah quelle soupe les amis)

- le 22 août à 14-15h à la maison de la culture à Arlon

Au fil des histoires par Aurélie Beco.

     Infos, réservation :   0471/76.16.54

Les temps sont durs, de plus en plus durs. Alors, les gens, ils cherchent, ils vont de porte en porte, ils cherchent les portes du paradis. Est-ce qu'ils les trouvent ?  Je ne sais pas.  Conte poético-clownesque qui a remporté le premier prix ex aequo au festival du conte de Chiny

 

- le dimanche 31 août à 9h45, Histoires exotiques par Gaëlle Commas.

      RDV église d’Awan. Public familial, chiens acceptés tenus en laisse. Paf libre.

      Réservations obligatoires au 0497323282 ou contes@1001nuits-aywaille.be.

     Chaussures de marche nécessaires

Une balade de 5 km et 5 contes à travers le monde : du Nord au Sud, d'Est en Ouest, d'ici et d'ailleurs. 

 

Formations – Ateliers


- les dimanches 28/09 - 19/10 - 23/11 - 14/12/2025 - 18/01 - 22/02/2026   de 9h30 à 17h30, Oser le conte, formation par Dominique Brynaert. 

      A 1030 Bruxelles. Près de la Place Dailly. PAF : 245 euros ( prix pour particulier).

      Aucun requis préalable nécessaire sinon l’évidente connaissance de la langue française.  A partir de 18 ans.

Infos et Inscription par mail à : racontance@hotmail.com ou via notre site :   https://www.racontance.be/formation_conte.html

Conter avec talent et efficacité.  Apprendre à dire sans faire appel à une mémorisation classique en privilégiant plutôt la maîtrise de la structure d'une histoire et le travail puissant des images.

 

 - Du 22 au 26 septembre de 10h à 17h, Chanter au-delà de la musique, par le Roy Hart

      au Théâtre de la parole Inscription : ecoleduconte@theatredelaparole.be   02/736 69 50 - 0479 28 33 32

     300 euros TTC pour les 5 jours de formation. Pour qui ? Stage ouvert à tous

LA VOIX est le premier moyen d’expression de l’être humain. Roy Hart existe depuis plus d’un demi-siècle. Travail sur la recherche et le développement des possibilités vocales de chacun,


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La vague en vogue


Viviane vaque à faire valdinguer les volants de poussière loin des vasques de pierre et des vases en verre du Val St-Lambert.

La télé s'est emmenée au Goulag et l'ordinateur s'identifie à l'Atlantide.

Le vague à l'âme se propage comme une vague triste sur une âme vagissante.

Il pleut des cordes, en vagues lasses, pour souiller les ordures délaissées du voisin terrain vague.

La Fête Nationale s'invite, comme tous les ans, vague de temps, flot perpétuel, « va et vient entre nos reins ».

Viviane, dans une conscience rétrécie, se souvient vaguement :

« Une vague de dunes pour arrêter les . . . »

« Une vague qui part à la nage, qui rêvait de vagues d'îles », chanson de Jean Vallée.

Certes, une vague peut se balader en mer, vent et vague s'affrontent, c'est une vague de mer.

Certes, une vague peut s'enraciner dans le désert, vent et vague s'amourachent, c'est une vague de sable. Elle tourbillonne, grandit, rapetisse, se « méta-morphose ».

Mais, mais, si une vague de froid passe par là, comme au Canada, tout se fige. Plus de vague, nul surf, même pas une vague scélérate à se mettre sous la patte. Juste glisser, patiner sur l'eau captive sous la voûte de glace. Défuntes, détruites, disparues sont les vagues lames, les vagues déferlantes, les vagues tsunami.

Astiquer la table du salon ramène Viviane à émerger à la réalité. Elle se prend une envie de faire des vagues dans la cité-jardin, de lancer des propos insensés, comme la liberté des femmes ou le droit des poètes à exister. Elle se fascine pour la nouvelle vague, elle qui surnage du côté du ressac.

Sur le mur, la copie de l'estampe japonaise, « la Vague « de Hokusai, avale une houle neuve d'un souffle de chiffonnière à poussière. Tant pis, l'art doit être actif.

Elle comprend, elle n'est plus au creux de la vague, elle remonte la vague.

C'est décidé, elle refusera désormais les vagues propos notifiés sur écrans rageurs. Il faut rester vague pour satisfaire les cousins, les râlants, les barbants, les perturbants.

Il est l'heure de passer aux choses sérieuses, aux vagues respirantes, souffle méditatif des chants védiques.

Alors, cet été, faites donc des vagues, propres et belles, profitez !

 

Michelle Troupin, Déambulation de mots à syntaxe affranchie sur le terme « vague »  


? Dans une voiture, le pare-brise est grand et le rétroviseur tout petit.  Bref, il faut surtout regarder devant soi et juste un petit peu derrière.  Marc Van Ranst


La mer ….

La mer… pour certains d’entre nous, elle est synonyme de vacances, de farniente, pour d’autres de survie alimentaire et/ou de travail ; pour d’autres encore d’inquiétudes mais aussi d’exploitation, de rendement, de business…

Elle est loin « la mer qu’on voit danser le long des golfes clairs » comme les chantaient si bien Charles Trenet et Alain Baschung qui, quelques décennies plus tard, s’inquiétait en chantant « le long, le long, le long des golfes pas très clairs ».

Elle a ses défenseurs, ses protecteurs et elle en a bien besoin !

 

Il y a Charles J. Moore, océanographe et capitaine de bateau connu pour ses articles qui ont attiré l'attention sur le « vortex de déchets du Pacifique nord », une zone de l'océan Pacifique parsemée de débris de plastique flottants pris dans un vortex. Les scientifiques parlent aussi de « gyre ».

De son côté, pour évaluer la pollution plastique du gyre, Ch. J. Moore a mis au point différents chaluts qui récoltent les débris en surface mais aussi en profondeur et ce jusqu’à cent mètres de fond.

 

N'oublions pas de parler de Boyan Slat, né le 27 juillet 1994 à Delft, militant écologiste néerlandais d'origine croate, qui a abandonné ses études en ingénierie aéronautique pour lancer son projet et entreprise The Ocean Cleanup. Il a mis au point le placement de barrières flottantes en forme de "V" d'une profondeur de 3 m. Ces barrières retiendront les plastiques et autres objets à la dérive et les conduiront vers une plateforme d'extraction. Ce système a ses limites : il faudrait 10 ans pour nettoyer le grand patch de déchets du Pacifique ! (Il flotte entre la Californie et Hawaï et en plus, il est en extension continue…).

 

Ces gyres, monstrueuses zones d’accumulation massive de plastique, dues aux courants de surface des océans, sont au nombre de cinq et se situent dans le Pacifique nord, le sud, l'Atlantique nord, le sud et l'océan Indien.

Malheureusement de nombreux animaux marins ainsi que des oiseaux meurent en raison de l’absorption de gros morceaux de plastique ; en revanche la petite taille d’autres déchets (la majorité des morceaux (94% mesure entre 1 et 5 mm) sert littéralement de radeau à de nombreuses espèces animales, d’algues ou de micro-organismes pour conquérir de nouveaux écosystèmes.

Les poissons ou mollusques qui vivent normalement près des côtes dans les récifs coralliens se trouvent en plein océan. Les débris de plastique leur fournissent de la nourriture et un habitat. Même le corail se développe. Le firefish par exemple vit normalement en eaux peu profondes (20 à 25 m), mais on le trouve maintenant à 3.000 m de fond. Le plastique remplace les récifs coralliens !

 

La nature finit toujours par s’adapter mais le plastique n’est pas inerte. Il contient de nombreux composés toxiques pas suffisamment toxiques pour tuer les animaux de manière brutale mais bien les contraindre à vivre moins longtemps…

 

Il faudrait diminuer drastiquement la production de plastique et conscientiser le plus possible de monde et éduquer, recycler, consommer moins…

 

Prenons soin de notre terre, notre belle planète bleue, naviguant telle un « petit radeau frêle sur l’océan », comme le chantait Julien Clerc, forte et fragile et tellement, tellement petite dans l’immensité de l’univers.

 

Marie-Noëlle HERBIET, d’après des recherches sur Internet et Wikipédia


 La Terre qui attend

 En ces temps que nous connaissons par nos rêves, au cœur du Grand Océan, loin de tout, il y avait une île, la Terre qui attend.  Sur la Terre qui attend, il y a des arbres, des buissons, des fruits, des fleurs, partout de bonnes plantes à manger.  Tous les matins, la Femme Soleil monte au ciel. Sur la Terre qui attend, personne ne cueille les fruits, les baies, personnes ne mange les bonnes herbes.  Sur la Terre qui attend, il n’y a personne, ni bêtes ni gens.  Personne ne vénère la femme Soleil. Personne ne connaît la Terre qui attend.  Sauf les oiseaux.  Lors de leur grand voyage de chaque année, les oiseaux y font escale, n’y reposent, profitent de ses délices. Personne ne les entend.

 

Loin, très loin de là, il y a le Pays de la Faim.  La terre y est sèche, dure, peu fertile.  Au Pays de la faim, il fait gris, il fait froid.  Les habitants sont pâles, maigres, ils ont faim. 

Lors de leur grand voyage de chaque année, les oiseaux y font escale, ils se reposent.

Les oiseaux chantent leur voyage.  Ils chantent l’immensité de l’Océan, les beaux jours, les mauvais jours.  Ils chantent les vagues énormes, l’écume soufflée par le vent.  Ils chantent les tempêtes.  Ils chantent les délices de la Terre qui Attend.  Les habitants du Pays de la Faim les écoutent.

Les hommes, les femmes, les enfants, tous se réunissent. 

 - Nous en avons assez d’avoir faim.  Nous en avons assez d’avoir froid.  Il faut faire quelque chose.

Quelques Yakas.

 - Nous pourrions aller à la Terre qui Attend.

 - Bonne idée.  Mais comment ?  Nos canots sont petits, fragiles.  Nous n’aurons pas assez de place pour nous tous.  Ils se briseront sur les vagues énormes, pendant les tempêtes.  Comment faire ?

Quelques Yakas

 - Nous pourrions demande à prêter le canot de la Baleine.  Il est très solide.  Il est grand, nous pourrions tous y trouver place.

Le chef se lève :

 - Bonne idée.  J’y vais de ce pas.

 

- Bonjour Baleine, comment vas-tu ?  Bien, j’espère.  Nous avons un grand projet.  Nous voudrions aller sur la Terre qui attend.  Pour cela, nous te prions de bien vouloir nous prêter ton canot.

 - Non.  Je ne prête mon canot à personne.

 - Baleine, c’est très important pour nous.  Sans ton canot ….

 - Non c’est non. 

Le pauvre chef retourne à la réunion.

 - Que faire ?

Quelques Yakas.

 - Nous pourrions demande l’aide de l’Etoile de Mer, elle est l’amie de la Baleine.

Le chef se lève.

 - Bonne idée.  J’y vais de ce pas.

 

 - Bonjour Etoile de Mer.  Nous avons un grand projet, ….  Le chef explique la situation. 

 - Vous avec un bon projet, un projet vital.  Je vous aiderai.  Voilà ce que vous allez faire.

 

L’Etoile de Mer invite la Baleine.  Elle lui raconte des histoires.  Depuis les derniers ragots, jusqu’au légendes et les contes.  Baleine écoute avec plaisir. Etoile de Mer est bavarde et intéressante.  Ce n’est pas incompatible.

 - Baleine, approche ta tête.  Mais, mais, mais, elle est pleine de poux.  Couche toi, je vais t’épouiller.

Etoile de Mer épouille Baleine.  Elle chante des berceuses.  Baleine, s’alanguit.  Ne dort pas tout à fait.  Elle voit son canot.  Son canot qui s’éloigne plein des habitants du Pays de la Faim.

 - Etoile de Mer, tu es leur complice.

Elle donne un grand coup à Etoile de Mer.  Qui riposte.  Elles se battent.   Etoile de Mer, frappe la tête de Baleine, y creuse un trou.  De l’eau, de la vapeur s’en échappe.  Baleine s’assied sur Etoile de Mer.  Voilà Etoile de Mer tout plate.

 

Dans le canot, tous rament de toutes leurs forces.  Ils bravent l’immensité, les vagues, les tempêtes.  Les jours et les jours.  Le chef de nage est le petit koala.  Jamais la Baleine ne les rattrapera.

 

Ils arrivent à la Terre qui Attend.  Ils chantent, crient, dansent, sautent.  Ils font un trou dans le canot.  Le canot s’enfonce dans la mer.  Vite, hommes, femmes, enfants, nagent, mettent pied sur la Terre qui Attend.  Ils découvrent ses délices.

La Baleine nage et nage autour de l’île.  Elle cherche son canot.

 

La Terre qui Attend, n’est plus la Terre qui Attend.  Elle est la Terre qui n’attend plus. 

 

Voilà comment, au temps que nous connaissons par nos rêves, les Anangu se sont établis dans la Terre qui n’attend plus.

 

Marie-Claire Desmette, d’après la Terre qui attend in Contes d’Australie et d’Océanie, par Vladimir Reis.  Très belles illustrations de Karel Teissig.  Editions Grûnd.  Paris 1976.

Nous avons ici le récit mythique de l’établissement des Aborigène sur la Terre que les Européens, des milliers et des milliers et des milliers d’années plus tard, appelèrent l’Australie.

J’ai aussi été inspirée par « Le chant des pistes » par Bruce Chatwin et les peintures des aborigènes.


Il faut mille voix pour raconter une seule histoire, dicton selon les Peaux-Rouges d’Amérique,

Erri De Luca

 

                                                            Le petit sous-marin

 


Dans l’océan, il y des baleines à bosse, des requins marteaux, requin pèlerin, torpille marbrée, la grande roussette, la grande vive, des bateaux pirates, des trésors engloutis et des sous- marins perdus en chemin. Tatou est l’un d’eux. Il a sombré par un clair matin d’été, en 2020, au fin fond de la Baltique, avec, à l’arrière- train, une imposante charge nucléaire. Il souque de mer en mer, le nez en avant. Il se sent seul.

Il avait entrepris une relation à distance, par sonar, avec une méduse qui s’est échouée, aplatie comme une crêpe bretonne, un soir d’hiver sur une plage d’Ostende.

Depuis, silence radio.

Un jour de balade au clair de lune, il perçoit un appel au secours. Il s’est toujours rêvé un destin héroïque, chevalier à l’épée.

Il met les gaz, s’approche du danger. Une immense pieuvre à l’œil terroriste enserre dans une de ses tentacules, un petit homme poisson bleu. Tatou se propulse sur la pieuvre avec toute son énergie, la puissance de ses chevaux vapeur. Une lutte dantesque s’engage.  Peu à peu, la bête desserre son emprise sur sa victime. Tatou vacille de droite, de gauche, tête en bas, arrière devant, au bord d’une plongée fatale par bâbord. Il arrive à se libérer mais perd à l’huile. L’homme poisson s’échappe et joue au caméléon au milieu des coraux azurés. 

Le poulpe s’enfuit, les bras ballants, vexée, comme une équipe de football qui perd en finale de coupe.

-Bonjour, merci, tu m’as sauvé la vie !

-Avec plaisir, je m’appelle Tatou.

-Et moi Urbain. Demande-moi tout ce que tu voudras. J’ai une dette envers toi. Je suis le secrétaire particulier de Plongée Ultime.

-Tu es…. tu es…c’est vrai ! Il existe. Le tout premier sous- marin. Ce n’est pas une légende maritime. Celui qui a créé le village des sous- marins. Pourrai-je le rencontrer ?

-Oui, suis- moi ! Je te dois bien cela.

Les voilà en avant toute en route vers le légendaire submersible.

Plongée Ultime fait la sieste entre deux eaux en bullant d’aise.

-Patron, je te présente mon sauveur, Tatou.

- Je peux savoir où tu traînais. Les dauphins messagers t’ont SMS une flopée d'appels.

- Patron, il se passe des choses graves. L’océan devient de moins en moins salé. Je veux résoudre ce problème sur le champ.

-Que se passe-t-il, je peux vous aider !

-L’eau n’est plus assez salée et les poissons en deviennent malades.

- Pourquoi l’eau est-elle salée ?

 

-Il y a plus que longtemps, Père Neptune a inventé un moulin magique.

Il disait : « mouds les grains de poivre » et le moulin s’exécutait.

Il disait : « mouds les grains de café » et le moulin s’exécutait.

Un jour, un capitaine pirate vole une précieuse cargaison. Le bateau appartenait à Neptune en personne. Le moulin magique fait partie du butin. Le pirate partait très loin acheter du sel.

« Pourquoi naviguer dans des zones dangereuses puisque je détiens le moulin magique »

Il prononce la formule : « mouds du sel ». Le moulin se met en route. Le capitaine pirate ne connaît pas la formule pour stopper le moulin qui moud sans fin. Les cales, la salle des machines, les cabines, le pont se remplissent de sel. Le bateau coule. Le moulin a continué à tourner au fond de la mer qui est devenue salée. Les poissons se sont habitués à cet environnement. Si l'eau n’est plus salée c’est que le moulin s’est arrêté.

Quelqu’un doit aller voir, c’est dangereux, le bateau s’est posé dans une excavation au cœur d’une crevasse profonde qui suit la faille californienne. 

- On y va ! Urbain et moi, on va sauver l’océan. Tatou et Urbain vont jusqu'à l'épave.

Ils l’examinent, pas de moulin. Ils visitent tous les alentours, pas de moulin mais ressentent une énorme aspiration, tellement énorme qu’elle les aspire tous les deux.

Ils se retrouvent dans un trou noir.  C’est Irène la baleine qui, par distraction les a avalés.

Elle a aussi englouti le moulin qui tourne à plein régime dans ses entrailles.

-Je suis malade, j’ai mal à l’estomac.

-C’est normal, tu as englouti le moulin magique. Ton estomac est trop salé.

-Je vais mourir !

-Non, ouvre la bouche bien grande et retiens ta respiration, comme en yoga.

-Je n’ai jamais fait de yoga.

-Qu’importe, fais-le !

Elle ouvre la bouche comme chez le dentiste, ils sortent au plus vite et jettent le moulin magique au fond de l’océan. L’eau redevient salée, les poissons redeviennent vifs et colorés.

Un autre jour, on les appelle en urgence, une montagne de roche vient de s’effondrer. Pourquoi ?

L’eau est noire, plus noire que noire. Ils montent à la surface, l’eau est noire, plus noire que noire. Un pétrolier battant pavillon de complaisance s’est échoué et son infâme liquide épais se répand sur l’eau. Les poissons, les oiseaux, les mammifères s’engluent.

-Vite, nous devons intervenir.

Au fond de l’abîme, vit Glou Glou, le poisson serpent géant. Il dort à poings fermés en ronflant à plein poumons, tel un orchestre de percussion africain.

-Réveille-toi, on a trouvé ton dessert préféré.

-Je vous suis.

Glou Glou avale tout le pétrole.

 -Un délice, j’en aurais bien repris une louchette.

La mer est propre et nos deux héros s’attellent à nettoyer tous les animaux englués.

Tatou n’est plus seul. Il a des amis. Il a une mission, protéger l’environnement. Il est heureux, enfin.

 

Michelle Troupin, D'après le conte “ UK, le sous- marin “ tiré « des Contes et Récits, les musiciens de Brème et autres Contes et Récits », édition Christophe Colomb.

 Conte moderne qui reprend un motif traditionnel, le moulin à sel..  Voir ci-dessous.



Le moulin magique

 

Une plage, au bord de la mer. Sur la plage, une petite barque. Un sentier qui monte jusqu’à un petit village. Un village de lutins.

Bonnet rouge, barbe blanche. Ils vivent très vieux. Jeff, le chef, a 253 ans et demi !

Les lutins détestent les hommes. Les hommes, tout ce qu’ils savent faire : la guerre, polluer, détruire, voler… Et les lutins, ils sont là pour réparer toutes les bêtises des hommes.

Hubert, le vétérinaire, il s’occupe des animaux malades ou blessés.

Arnaud, le lutin chargé de l’eau. Il la rend propre, potable.

Gaston, le bûcheron, s’occupe des arbres malades, de la forêt.

Didier, le jardinier, lui s’occupe des fleurs, de l’herbe.

Tous les lutins sont prêts à partir travailler, comme tous les matins.

Ça alors, là, tout au bout du chemin, un homme !!!

Jeff, le chef, s’approche et lui demande : mais qui es-tu et comment es-tu arrivé ici ??

Je suis Massimo, le marin. Mon bateau a fait naufrage. Je me suis accroché à une planche et le courant m’a déposé sur la plage. En voyant une petite barque et j’ai pensé être près d’un village.  Hum, hum fait Jeff. Ce marin ne lui inspire pas beaucoup confiance.

Peut-être pourrais-je avoir une barque ?

Gaston bondit : quoi !!! Encore couper un arbre pour faire une autre barque !!!

Oh, on se calme, dit Jeff. Ne vous tracassez pas, je m’occupe de tout, allez travailler.

En fin d’après-midi, Hubert revient tout tracassé : dis, tout à l’heure, j’ai soigné une mouette à l’aile abîmée et elle m’a raconté une toute autre histoire. Massimo, le marin, c’est un menteur et un voleur !! Il a été jeté par dessus bord par l’équipage ; il volait tout le monde !! Nous ne pouvons pas l’aider pour son bateau !

Je m’en doutais mais je sais quoi faire pour nous débarrasser de ce marin !

Jeff est le gardien des objets magiques. Un coffre rempli. De la poussière d’étoiles. Une cape d’invisibilité. Des potions magiques. Des crayons de couleur pour dessiner les arcs en ciel.

Il sort du coffre un petit moulin. Un joli petit moulin en bois avec une manivelle et sur le côté, un petit tiroir.

Il va s’asseoir sur son banc et il attend. Massimo arrive. Jeff marmonne très bas quelque chose au moulin et commence à tourner la manivelle du moulin. Riguidi, riguidi, riguidi.

Le petit tiroir s’ouvre et pouf, une pièce d’or tombe juste devant Massimo. Et puis une autre et encore une autre ! C’est de l’or !! ? Oui. Les pièces sont pour toi. C’est quoi la formule ? Quelle formule ?

Y a pas de formule : tu tournes, tu demandes, l’or arrive !

Massimo n’arrive plus à détacher les yeux du petit moulin. Une seule envie : le prendre !

Tout le monde dort. Sauf Massimo. Il arrive chez Jeff. La fenêtre est grande ouverte et sur la table, le moulin, éclairé par un rayon de lune. Massimo le prend. Court jusqu’à la plage, vole la barque des lutins. Et rame, rame, rame, rame.

Je suis riche !!!  Je vais l’essayer.

Massimo prend le moulin : « moulin, je veux de l’or. Beaucoup ! ».

Riguidi, riguidi, riguidi : le tiroir s’ouvre et… ben… du sable ??? !

Oh, moulin, pas de sable, de l’OR !

Riguidi, riguidi, riguidi : pas de changement. Il mouille son doigt, le trempe et le met en bouche : beeeerk, c’est mauvais, c’est du sel !!!

Mais arrête, arrête tout de suite !! Je veux de l’or !!

La manivelle ne s’arrête plus, elle, tourne et tourne et tourne. Riguidi, riguidi, riguidi.

Massimo ne voit plus ses pieds. Complètement enterrés sous un tas de sel.

Sous le poids, la barque penche dangereusement.

Au secours, je ne sais pas nager !!

Arrête !! Riguidi, riguidi, riguidi.

Je t’ordonne de t’arrêter ! Riguidi, riguidi, riguidi.

Veux-tu bien t’arrêter immédiatement ! Riguidi, riguidi, riguidi.

Ça suffit ! Riguidi, riguidi, riguidi.

Riguidi, riguidi, riguidi. Riguidi, riguidi, riguidi. Riguidi, riguidi, riguidi.

Que faire ? Une seule solution : se débarrasser de ce maudit moulin. 

Il l’attrape par la petite manivelle, le fait tourner au-dessus de sa tête et…….. plouf, le moulin magique s’enfonce dans les profondeurs de la mer.

Evidemment, il y avait une formule magique. Il y a toujours une formule magique.

Et moi, je la connais et vous aussi vous la connaissez !!

Parce que, ce moulin, depuis des années et des années, il fait bliguidi, bliguidi, bliguidi sans s’arrêter. Parce que jamais personne ne lui a demandé de s’arrêter.

Et la formule, c’était si facile…

Il fallait juste lui dire : s’il te plait et merci…

Voilà pourquoi l’eau de tous les océans et de toutes les mers est si salée.

 

Conte traditionnel librement adapté par Marie-Noëlle Herbiet


 Le petit poisson noir

 

Je te plante, mon conte.  Devient grand et fort.  Aide-moi à rendre justice à des héros.

 

Il était une fois une maman poisson qui avait pondu 10.000 œufs. Seul un petit poisson noir avait survécu. Il vivait dans un ruisseau avec sa mère.  Sa mère était un poisson blanc.

Dans le ruisseau vivent aussi un grand nombre de poissons blancs.

 - Qu’est-ce que tu viens faire ici ?  Tu n’es pas comme nous. Va-t’en.

Les poissons blancs bousculent le petit poisson noir.  Le plus costaud lui donne un grand coup de queue.

Jour après jour.

  - Maman, pourquoi ils sont méchants ?

Maman Poisson prend son petit poisson noir contre elle. 

 - Maman, je veux partir. 

 - Où veux-tu aller ? Notre vie est ici, dans le ruisseau.

 - Moi, je veux aller voir le bout du ruisseau, je veux aller voir la mer.

  - Mon pauvre petit, la mer est loin.  Le chemin pour y arriver est plein de périls que je ne connais pas.

  - Tant pis, je risque.

 

Le petit poisson noir profite de la nuit.  Il descend le ruisseau.

Un bruit énorme.  Des rochers, des rapides.  Le petit poisson noir a peur.  Peur, mais la mer !  Tant pis pour la peur, il se faufile entre les rochers.  Les rapides sont franchis. 

Un héron le pique.  Tant pis pour le mal, il continue.  Tant pis pour la fatigue, il continue.

Le ruisseau est devenu une rivière, un fleuve.

- Bienvenue dans la mer, camarade !

 

Marie-Claire Desmette d’après les écrits de Samad Behrangui et de Farzad Kamangar. 

Le Petit Poisson Noir est le titre d’une nouvelle pour enfants. L’histoire a été écrite en 1967 par l’instituteur dissident Samad Behrangui. Le livre a été interdit sous le régime du Shah. Il raconte l’histoire et les aventures d’un petit poisson noir qui n’observe pas les lois de sa communauté et part pour découvrir la mer. En chemin, il se bat courageusement contre des ennemis. Ce conte est un classique de la littérature iranienne de la résistance.

 

Salut, compagnons de cellule. Salut compagnons de souffrance !

C’est moi, votre camarade du couloir de la mort.

Est-il possible de vivre cette année sans justice ni équité et de s’abstenir d’enseigner le E de l’Espoir, le E de l’Egalité, même si ces enseignements vous font atterrir à la prison d’Evine ou vous conduisent à la mort ?

Un enseignant du couloir de la mort, prison d’Evine. Farzad Kamangar. Exécuté le 9 mai 2010.

Farzad Kamangar est un des enseignants qui a lu à ses élèves, l’histoire du petit poisson noir malgré l’interdiction.


Braf


L’histoire se passe en 1874, à Domburg, un bourg de l’île de Walcheren.

Josephus Herman y habite avec sa fille Anna et leur chien Braf.

Josephus est trapu, très fort.  Bon et même débonnaire.  Le tout est de ne pas le mettre en colère.

Anna a quinze ans.  Elle est jolie, « cheveux blonds, et les plus belles formes de jeune fille que puisse rêver l’imagination d’un sculpteur avide de beauté ; son jeune sang colorait si délicatement le fin tissu de ses chairs qu’elles semblaient toujours éclairées par le soleil levant ».

Le compagnon habituel d’Anna est Braf, un grand Terre-Neuve blanc.  Il lui est farouchement dévoué, aucun galant n’oserait braver ses crocs.

 

Le médecin, le notaire et Isaac de Wildensteen, jeune et séduisant jeune homme, sont partis tirer quelques mouettes dans la baie et ne font pas fait attention au temps.  Enfin, ils décident de rentrer mais c’est trop tard.  La mer est mauvaise, la nuit noire.  Ils sont perdus.   Quasi désespérés, ils tirent des coups de fusil. 

 

Père et fille se couchent tôt.  Il fait mauvais, l’orage gronde. Vers le milieu de la nuit, Braf vient se jeter contre la porte de la chambre de Josephus, contre la porte de la chambre d’Anna.  Aucun des deux ne s’inquiète, sans doute Braf est-il agité par l’orage.  Le chien insiste, tant et si bien que père et fille et se lèvent, s’habillent sommairement, descendent dans la cuisine. 

Là, le chien va vers la porte d’entrée, tire Anna, son père, par leurs vêtements. 

 - Braf, calme-toi.

Rien à faire.  Père et fille finissent par ouvrir la porte sur la nuit de tempête.  Il fait totalement sombre entre les éclairs.  Les lampadaires de l’éclairage public sont brisés.  Seul un pinceau de lumière, celle de la cuisine.  Bras court le long du quai, il aboie.  Des coups de fusil dans le lointain.  Des coups de fusil venant de la mer.  Des gens en péril.

Josephus va chercher son fanal.  Il l’agite haut au-dessus de sa tête, crie aussi fort qu’il peut :

 - Ici, par ici.

Un canot s’approche, malmené par les vagues. 

 - Un homme à la mer.  Cent florins à qui le sauve !

Josephus plante son fanal sur un piquet, entre dans l’eau.  Une flèche blanche le bouscule.  Bras revient, traînant un homme, le dépose sur le quai, s’assied à côté.

Le canot accoste enfin.  Médecin et notaire débarquent.

 - Peut-être pourrions-nous le sauver.  Isaac sait nager, il n’a pas dû rester longtemps dans l’eau.  Portons-le à l’auberge.

L’aubergiste a été réveillé par le bruit.  Il ouvre la porte, allume les quinquets.

 - Entrez.

Le médecin prend la direction des opérations.

 - Allongez-le sur une table. Ôtez ses vêtements mouillés.  Frictionnez-le aussi fort que vous pouvez.

Le médecin donne l’exemple.

Après bien des efforts, Isaac est rubicond.   Il s’agite, éternue.

- Il est sauvé.

Le médecin donne un billet de cent florins à Josephus.

- C’est bon à prendre et mauvais à garder.

- Vous préférez une médaille ?

- Je la mettrai au cou de Braf.

 

Josephus rentre chez lui.  Anna l’attend, assise à côté du poêle, Braf couché à ses pieds.

 - Braf a sauvé Isaac de Wildensteen.

Anna rougit.  Elle se penche, caresse Braf.

 

D’après Bra le Prophète in Contes Brabançons, de Charles De Coster, Editions Labor. 1997.  Œuvre originale publiée en 1861 à Bruxelles et Leipzig.

Je rappelle que le règlement de la Poste pour obtenir un tarif préférentiel culture, interdit la copie littérale.  Un extrait est toujours permis.  MCD



Graine de conte                                            Gratitude

Jean-Paul quitte le Cameroun, en quête d’une vie meilleure.  Il marche, arrive au Sénégal.  Il finit par embarquer sur une embarcation précaire.  Des jours en mer.  Ils sont en péril et pas de terre en vue.  Un vaisseau de la Gardia Civil les a secourus.

« ils m’ont secouru.  A mon tour, je veux en faire autant pour les autres. » Il obtient la nationalité espagnole.   Il s’inscrit à l’école pour devenir Gardia Civil et vient d’obtenir son diplôme.  Il commence un stage dans la région de Murcie.

 

Marie-Claire Desmette. D’après « Jean-Paul, arrivé en Espagne sur une embarcation de fortune, est aujourd’hui garde civil » in El Païs, repris par Léna des 5 et 6 juillet 2025.

Il y en a à dire pour boucher les trous.  Argent, voyage sur la terre ferme et en mer.  Apprentissage de l’espagnol. Démarches pour obtenir la nationalité espagnole. Démarches pour s’inscrire à l’école.  Comment a-t-il été accueilli par ses condisciples.  Les cours ?  Difficiles ? Et une foule de choses en plus.  Il y a de quoi écrire un roman.


  

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Dernière minute : Pour la pension, la carrière d’artiste plafonne à … neuf ans ?  Pour le ministre des Pensions, Jan Jambon, le statut d’artiste est assimilable au chômage : pour le calcul de pension, les années en tant qu’artiste ne pourraient compter que pour 20 ans de carrière.  D’après l’accord de l’Arizona. 

Le raccourci du ministre est probablement abusif.  Le régime de travailleurs des arts dépend bien du chômage mais il faut noter que « les travailleurs et travailleuses des arts exercent une démarche professionnelle continue, alternant périodes sous contrat et périodes de travail invisibilisé (création, recherche, développement de projets)  ….  L’exposé des motifs de la loi confirme que l’intermittence est structurelle et inhérente au métier, nécessitant une protection spéciale adaptée ….

Pas sûr que l’interprétation de Jan Jambon passe le vote de l’Arizona.  La ligne de la Ministre de la Culture Degryse et des Engagés a toujours été de défendre la spécificité de l’allocation de travail destinée aux seuls travailleurs des arts

D’après l’article d’Alain Lallemand in Le Soir des 19, 20 et 21 juillet 2025.