jeudi 1 avril 2021

Mensuel Avril 2021 / N°340

 

Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,

les conteurs et les raconteurs.

avril  2021 – N°340

 

P 912122 Bureau de dépôt LIEGE 1–4000  

Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224  4053 Embourg

  

Au sommaire, ce mois-ci:

- In memoriam

- Un mois, des contes

- Nouvelles du monde du conte, ….

- Spectacles – Formations - Emissions

- 3 articles  – 8 contes

- citation – graine de conte

 

 

Maison du Conte et de la Parole de Liège-Verviers asbl 

                                                     

Contes en liberté balade contée par les conteurs de la Maison et leurs ami-e-s

 

quand ? le 17 avril 2021 à 18h                          où ? dans un jardin, au cœur historique de Liège

combien ? à préciser                                          animation : à préciser                                      

réservation obligatoire pour obtenir le lieu: reservationmaisonconteliege@gmail.com

infos : Laure Cech: 0497/61.51.05; Cécile Didelot: 0476/65.37.83

04/367.27.06 ;  0476 65 37 83 ;  www.maisonduconteliege.be ; Facebook

En avril 2021, la liberté, c’est à l’extérieur, 10 participants et les normes sanitaires.  Avec leurs histoires, les conteurs vous ouvriront les portes de leur liberté, du  printemps, du renouveau, de la verte espérance

 

Un accident d’ordinateur a embrouillé la liste des abonnés.  Si vous avez reçu le Mensuel d’avril alors que vous n’êtes plus abonné.e, ce serait gentil d’envoyer un message (voir coordonnées en page 1.  A moins que ce soit une bonne occasion de vus ré-abonner.  MCD

in memoriam Jean De Tender

Jean a terminé son conte !

 

Les conteuses, les conteurs et les amis de la Maison du Conte Liège-Verviers tiennent à saluer « Jean De Tender » qui vient de les quitter.

Nous conservons de Jean le souvenir d’un homme amoureux de Culture, d’Histoire, de livres, de roses et de tartes.

Un conteur plein de verve et d’enthousiasme qui nous emmenait, loin des impératifs horaires, dans son univers au héros chat botté, Sanapator, traversant les époques et les récits authentiques.

Le mari attentif aux multiples talents de son épouse. L’homme aimable et discret qui nous accueillait dans son foyer pour nos multiples réunions. L’homme qui, proche et éloigné, faisait partie intégrante de la Maison du Conte et de son univers. Pendant des lustres, il fut le correcteur attitré du Mensuel de la Maison du Conte. L’homme généreux et attentif aux autres, même au-delà de la mort.

Jean, tu resteras dans nos Mots car le conteur est porteur de mémoire et gardien de traces.

Nous présentons à Marie-Claire, son épouse, et à toute sa famille nos plus sincères et amicales condoléances.

                                  Michelle Troupin et Roger Janssen pour la Maison du Conte Liège-Verviers

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Le conte, covidorésistant

édito

 En préparant l’Assemblée Générale de la Maison, j’ai recherché les activités contes qui ont eu lieu en 2020, malgré le covid.  Je vous fait part de ce que j’ai trouvé dans les Mensuel, … et qui m’a été communiqué.  Sans doute, il y en a encore plus.

A la radio : 14 ; à la télé : 5.  Je ne sais évidemment pas combien de fois ces sites ont été consultés.

Par téléphone : 1 organisation mais combien de communications, je l’ignore. 

Par Zoom, des réunions, 3 veillées. 

Jeu : 1. 

     Et voici le gros morceau, des activités extérieures : 73. La Maison du Conte de Liège a organisé 3 veillées en extérieur et 3 Veillées sur Zoom.  D’autres organisateurs ont présenté des balades contées et que sais-je encore.

     Je conclus que le conte s’est bien défendu malgré toutes les annulations, tous les obstacles. 

Vous en avez encore des exemples dans l’agenda du mois de mars, sous une forme ou une autre.

Vive la vitalité du conte.

     Pour appuyer mes dires, le 20 mars, Journée Internationale du Conte et premier jour de printemps, étaient organisées des activités conte dans  le monde entier.  Pour ce qui concerne la Belgique, les conteurs ont proposé« Contes au Balcon ».  pour qui voulait.  Les propositions ont été nombreuses et les réservations aussi.  La Maison du Conte de Liège et ses amis ont bien joué leur part.  Le temps était de la partie, pas de pluie, pas de vent intempestif et la température était aussi de notre côté Vous en aurez des échos dans le Mensuel de mai.

                                             Marie-Claire

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La Journée internationale du Conte

         Le 20 mars, c’est la Journée internationale du Conte.  Faisons fête à tous les conteurs, raconteurs, diseurs, …. de tous les pays.

     Ceux qui se lèvent pour transmettre les histoires de toujours, ceux qui se servent des mots pour jeter des ponts entre passé t présent.

     Faisons fête également à tous ceux qui sourient, rient, s’émeuvent, réfléchissent et rêvent en les écoutant.

     Continuons encore pour les années et les siècles à venir.                                                                                                                                   Gaëtane Windels

 

UN MOIS, DES CONTES A LA BIBLIOTHEQUE DE FLORENVILLE

Le saviez-vous ?

La bibliothèque de Florenville, en partenariat avec l’Asbl Chiny Cité des contes, abrite un Fonds spécialisé « contes » très étoffé. Des albums, recueils, anthologies, théories du conte, quelques revues, des CD,… destinés aux adultes comme aux enfants. Une collection riche de près de 1900 ouvrages, l’une des plus importantes en

Communauté française. La diversité des ouvrages permettra par exemple d’alimenter la hotte d’un conteur, d’animer un après-midi récréatif, de servir le travail d’un étudiant, d’animer une journée auprès des aînés, de nourrir l’imaginaire avant d’aller dormir.

Chaque mois de cette année 2021, nous vous proposerons une sélection de 4 ouvrages.

AVRIL :  CONTES CLASSIQUES REVISITÉS

RECUEILS :

ü  Contes détournés, Michelle Van Hooland, Paris, L’Harmattan, 2014.

Le titre l’annonce clairement ! Ici, nous rencontrons le petit pou sait, les belles au bois dormant, cent grillons, les bottes de Seth Lieu, Blanche-Neige et le chiffre sept, la suite du chat botté, le petit chat peut ronron rouge. Pour comparer et s’amuser, et pourquoi pas, s’y essayer, à partir de 6 ans.

ALBUMS : 

ü  La Princesse au petit pois (extra-fin), Sylvie Chausse, Capucine Mazille. Les Editions du Ricochet, 2009. Une revisite du conte d’Andersen tout en finesse et humour. Un album remarquable par ses illustrations, soignées jusque dans les détails. Un album plein de charme, de malice et de fantaisie.

ü  Un tour de cochon, Françoise Rogier. Bruxelles, A pas de loups, 2015. Les 3 petits cochons revisités avec espièglerie et un clin d’œil à d’autres personnages de contes. Un album tout en verticalité, avec une histoire qui empiète sur les pages de garde (tout est dit sur la 1ère et la dernière !).

ü  Et les albums délicieux de Mario Ramos, Françoise Rogier ou Geoffroy de Pennart…

 CD :

ü  Petit Chaperon dans le rouge, Pierre Jourde. Bruxelles, L’archange Minotaure, 2006. A partir de la méthode développée par Queneau dans ses Exercices de style, avec quelques variantes, des étudiants de l’université Stendhal, « chaperonnés » par Pierre Jourde, ont joué avec Le Petit Chaperon Rouge : version réduite, allongée, vulgarisée, érotisée, psychanalysée…

 Infos :

Bibliothèque : rue de l’Eglise, 13 – 6820 Florenville

061/ 32 03 40 – www.bibliotheque-florenville.be bibliotheque.locale.florenville@province.luxembourg.be

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 Nouvelles du monde du conte, des arts vivants, de la politique, des projets…

Spectacles. Décidé au Comité de Concertation du 5 mars, sont autorisés les spectacles en plein air, avec 50 spectateurs et observation des prescriptions de sécurité, masque, distanciation, …Supprimé

Prévisions pour le mois de mai : élargissement du plein air.  Elargissement des activités en intérieur avec recours aux tests rapides.

Difficile de suivre l’actualité.  Que nous réserve l’avenir ?

 

Vaccination Voici une année d’écoulée, depuis le début de la pandémie, et nous voyons que ce covid-19 est un malfaisant personnage qui n’offre aucun répit, toujours décidé à nous empêcher de retrouver notre insouciance, notre liberté d’autrefois.

Nous voilà dans la situation de cette princesse de conte enfermée dans la plus haute tourelle du château, retenue par le plus féroce et tenace des gardiens.

Il n’est point de salut hors le vaccin !  Or, voici que, loin de couler à flots dans nos seringues, il se diffuse, gouttes à gouttes. Un peu comme si le chevalier censé venir nous sauver se mettait à faire trottiner son fier destroyer plutôt que de le laisser galoper.

Il ne manquerait plus qu’une sorcière fasse apparaître des centaines de ronciers sur son chemin.

Mais au fond de nous, nous savons qu’à la fin de l’histoire, la princesse désespérée est libérée, malgré l’étendue des épreuves. Ce qui nous permet, en somme, de garder notre regard vers l’horizon en dépit de la plus interminable des attentes et de nous rappeler que la patience est une terre fertile même pour ceux qui n’ont jamais appris à jardiner.  Dominique Brynaert

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.Message important à nos amis conteurs et organisateurs de spectacle

 

·      Envoyez-nous vos informations avant le 14 du mois précédant la publication,

·      un mois plus tôt pour les formations,

·      complètes et lisibles,

·      par poste à Marie-Claire Desmette, av. Eugène Ysaÿe, 32/224  4053 Embourg.  Tel : 04/367.27.06.

·      ou par courriel à maisonconteparole.liege@gmail.com                                         

·    Ne comptez pas sur les organisateurs de spectacle. Envoyez-nous vous-mêmes vos infos.

 

Idéalement, vos informations comportent:

organisateur,                           titre,                        genre d'activité,                       artiste(s),

date et heure,                          lieu,                        prix,                                       public cible,                       coordonnées pour infos et réservations,                         max. deux lignes de commentaire

N.B. Aucune mention tout en majuscules, svp.

C'est vous qui nous envoyez vos informations.

Veuillez ne pas les noyer dans une mise en page compliquée Epargnez-nous les recherches, l'exploration.

         Merci d'épargner notre travail bénévole_

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Spectacles – Balades – Emissions

 

 

Radio qui chifèl

Emission « Canal Historique » Thème le conte et les conteurs

avec la participation de Marie-Claire Desmette, Pierre de Landes, Marie-Claude Destraint,

Mélancolie Motte, Véronique Bienfaisant

 

quand ? le 27 mars de 11h à 13h, sur 95 MhZ 

à partir du 28 mars quand vous voulez sur www.vge.be

 

Maison du Conte de Charleroi

 

- les 7 et 14 avril, de 15 à 16h30, Balades contées au Bois du Cazier. Enfants de 6 à 13 ans. 8€

      réservation 0472/59.14.09 ; https://www.contecharleroi.be/reservations/

 

- Raconte & Nous le lundi 26 avril (rediffusion le dimanche 2 mai), avec pour thème "Le 1er mai, fête du travail"

ou ? Buzz Radio via votre ordinateur sur www.buzzradio.be ou sur 94.3 & 97.8 FM
Envie de (ré)écouter nos émissions précédentes ?  C'est possible en podcast sur 
http://www.buzzradio.be/podcasts/

infos : nicole.maisonducontecharleroi@gmail.com     www.contecharleroi.be Aussi sur Facebook !

 

 

Maison du Conte de Namur

Contes du dixième jour

 

quand ? le 10 avril à 20h30                                   où ? rue des Brasseurs, 170/2  à 5000 Namur

combien ? 3€                                                           pour qui ? adultes et ados

inscriptions, infos : 0489/933.548 ; maisonduconte.namur@gmail.com; www. maisonducontenamur.be

Une soirée de contes pour le plaisir d'écouter ou pour s'essayer à conter, que l'on soit conteur amateur ou confirmé.
Pour raconter, s’inscrire au 0489 933 548. info@maisonducontenamur.be  

 

Maison du Conte et de la Parole de Liège-Verviers asbl 

                                                     

Contes en liberté balade contée par les conteurs de la Maison et leurs amis

 

quand ? le 17 avril 2021 à 18h                          où ? chez vous, où vous voulez

combien ? à préciser                                          animation : à préciser                                      

réservation obligatoire pour obtenir le lien: reservationmaisonconteliege@gmail.com

infos : Laure Cech: 0497/61.51.05; Cécile Didelot: 0476/65.37.83

04/367.27.06 ;  0476 65 37 83 ;  www.maisonduconteliege.be ; Facebook

Avec leurs histoires, les conteurs vous ouvriront les portes de leur liberté, du printemps, du renouveau, de la verte espérance

 

Conte en Balade                                                                                                                   Mots et merveilles

De sous la colline froide

 

quand ? le 28 avril à 14 et 16h                              où ? Place Royale, 10, 1000 Bruxelles

combien ? 9€ entrée musée comprise                   réservation indispensable : 0497/78.20.75 ;info@conteenbalade.be

Dans le labyrinthe souterrain du Coudenberg, trois voix vous emmènent dans les profondeurs des récits anciens et fondateurs.

 

Tous contes fées

 

Notre cave à histoires est muette depuis quelques lunes, mais même le plus dur hiver laisse place au printemps.

Petit bouquet de contes à écouter par la troupe des Tous Contes Fées :

https://www.touscontesfees.com/galerie

 

Formation – Atelier

 

La mécanique contée du fantastique par Daniel L’homond

 

quand ? du 26 juillet au 31 juillet                         où ? Prieuré de Ségriès, Moustiers Ste Marie (France)

combien ? 530€ + 60€ par repas                            pour qui ? tout conteur amateur

infos : De bouche à oreille – Manosque http://www.boucheaoreillesmanosque.org

Rechercher dans les profondeurs de l’âme.  Bousculer les règles. Que ceux qui pensent que le conte n’est qu’une amusette, une jolie histoire à raconter, se préparent au chaos …

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Graine de conte

Les ambulances agacent la mafia

 


Difficile de distinguer la sirène d’une voiture de police de celle d’une ambulance.  De nombreux vendeurs de drogue et leurs clients confondent facilement les deux véhicules et pensent à une descente de police.  Ce qui agace la mafia napolitaine qui menace les véhicules de secours.  La Camora multiplie les menaces.  Deux hommes à moto ont intimidé le conducteur d’une ambulance qui circulait sirène hurlante.

- « N’avez-vous pas compris que vous ne pouvez pas utiliser votre sirène ici ,  Eteignez-la ou nous vous tirons dessus. »


Résultat, dans certains quartiers, des ambulances ont décidé de ne plus activer leur sirène. 

D’après Le Soir 17.03.2021.

 

Cette histoire me scandalise et me met mal à l’aise.  Quelqu’un pour inventer une autre fin ?




 

Dans notre série « Collecteur de contes, voici Jean-Claude Carrière qui nous a quitté dernièrement. 

 

Hommage à un conteur d’aujourd’hui : Jean-Claude Carrière

 


Ecrivain, scénariste, parolier, auteur de théâtre, essayiste…Jean-Claude Carrière qui vient de s’éteindre paisiblement à l’âge de 89 ans, s’est illustré dans toutes les disciplines de l’écriture, comme le rappellent aujourd’hui les médias.

Mais s’il est vrai que le cinéma lui doit plusieurs de ses plus belles histoires ( « Journal d’une femme de chambre », « Cet obscur objet du désir » «  Le tambour » «  le retour de Martin Guerre »…) n’oublions pas que le monde du conte, lui,  grâce à son travail, s’est enrichi d’un outil considérable : un  livre en deux tomes : « Le Cercle des menteurs ». 

Résultat de 25 ans de lecture de plus de 3000 livres, d’écoutes attentives d’histoires qu’on lui rapportait, l’ouvrage réunit une somme incroyablement précieuse de contes philosophiques venus du monde entier. S’effaçant le plus possible et rapportant ses histoires avec un minimum de littérature, Jean-Claude Carrière écrivait alors, dans sa préface : « J’espère que la simplicité de ma livraison permettra à d’autres conteurs – de vive voix – des broderies, des divagations, un jeu, une séduction personnelle. »

De scènes ouvertes en spectacles divers, l’appel a été entendu. Car conteuses et conteurs ne cessent, depuis, d’y piocher avec bonheur des contes, souvent courts, qui touchent à toutes les questions qui, un jour, nous agitent ; argent, pouvoir, désir, justice, apparence, Dieu…

S’il ne se produisait pas comme conteur sur scène, Jean-Claude Carrière ne manquait cependant jamais, lorsqu’on l’interrogeait sur la multiplicité de ses expressions créatrices, de se définir, d’abord et avant tout comme un conteur d’aujourd’hui.

En juin 2011, lors d’une interview dans l’Express, il disait ceci sur le travail du conteur:

« Le conteur vient toujours d'ailleurs. Pour apporter la parole à d'autres. C'est quelqu'un qui plonge dans l'imaginaire, pas dans le réel. Dans des temps reculés, le conteur était menacé, car il ne disait pas la vérité. Mais il est aussi le créateur des mythes. Il est indispensable. Il porte ce que la collectivité ne connaît pas et rêve secrètement de connaître. Nous sommes tous construits par le réel et par l'imaginaire. Le conteur s'intéresse à cette partie obscure, menaçante, difficile à dire.

Un jour, je discutais avec Alain Robbe-Grillet et le cinéaste Raul Ruiz, et j'évoquais les rapports entre le conteur et son public... Il y en a trois. Un : "Je raconte à un public des histoires qu'il connaît" ; ce qui compte, ici, c'est la manière de les transmettre. Deux : "Je raconte à un public des histoires qu'il ne connaît pas" ; je l'amène dans un autre monde. Trois : "Je raconte des histoires à un public qui ne les connaît pas et que je ne connais pas non plus" ; j'improvise. Raul me dit alors que j'oublie un quatrième exemple : "Tu racontes des histoires que tu ne connais pas à un public qui les connaît." Et là, tout devient mystérieux... ».

Comment résister au plaisir de conclure ce bref hommage par cette histoire qui se trouve à la fin du premier volume du Cercle des Menteurs. " Il s’agit d’une anecdote persane très ancienne qui présente le conteur comme un homme isolé debout sur un rocher face à l’océan. Il raconte sans cesse histoire après histoire, en prenant à peine une pause pour boire de temps en temps, un verre d’eau.  L’océan l’écoute calmement fasciné. Et l’auteur anonyme ajoute : - Si un jour le conteur se tait, ou si on le fait taire, personne ne peut dire ce que va faire l’océan.

 

Heureusement nous savons qu’il y aura toujours un conteur pour reprendre les récits de celui l'a précédé. C’est ainsi depuis la Nuit des temps. Bonne route Jean-Claude Carrière. Et surtout merci ! 

                                        Dominique Brynaert. Conteur et coordinateur de l’Asbl Racontance.


 

 

Nous avons lancé un appel parmi nos lecteurs : quel est votre conte préféré dans « Le Cercle des Menteurs ».  Voici leurs choix, par ordre d’arrivée.

Le règlement de la Poste nous interdit de copier textuellement un texte.  Nous vous présenterons donc des « d’après ».

 

 

Choix de Dominique Brynaert                          La patience


 


Un petit conte taoïste.  

Un jeune homme, lettré, vient d'être reçu au concours de mandarin ce qui lui permettrait désormais d’exercer un travail de fonctionnaire respecté dans un ministère.

Avant de rejoindre sa première affectation officielle, il organise une fête pour célébrer l'événement.

Au cours de la soirée, un parent d’un de ses compagnons d’études, un homme déjà âgé qui exerce lui-même comme mandarin, lui offre ce conseil :

- Surtout, n'oublie pas : la plus grande vertu du mandarin, c'est la patience.

Le jeune homme salue respectueusement son aîné et le remercie chaleureusement pour cette précieuse recommandation.

Deux semaines plus tard, au cours d'un banquet offert en l’honneur de tous les nouveaux mandarins en poste, il arrive que, celui qui lui avait prodigué ce conseil soit à nouveau présent. Une fois de plus il recommande au jeune homme de bien s'appliquer à la patience. Notre jeune lettré le remercie à nouveau, affichant le sourire poli et amusé de ceux qui savent.

Un mois plus tard, les deux hommes se croisent dans les couloirs feutrés d'un ministère. En le voyant, l'aîné attrape la manche du cadet, le tire vers lui et lui souffle dans l'oreille son sempiternel conseil sur la patience.

Contrairement à l'étiquette ouatée qui est absolument de rigueur dans les bâtiments officiels, le jeune homme agacé retire brusquement sa manche de soie et s'écrie sur le ton le plus haut :

- Me prenez-vous pour un idiot ? Cela fait trois fois que vous me répétez la même chose !

Pendant qu'un cortège de dignitaires outrés se retourne sur celui qui venait de troubler l'ordre, le mentor déclare alors :

- N’ai-je pas raison de le répéter ?  Mon conseil ne semble pas si facile à mettre en pratique !


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Choix de Michelle Troupin           La princesse et l'esclave

 


La vie est un songe :

Au cours d'une promenade, une princesse de haut rang aperçoit un esclave d'une beauté extraordinaire. A cet instant son cœur lui échappe et le désir lui fait tout oublier.

Une habile servante, qui l'accompagne en toutes places, remarque ce trouble soudain et en demande la raison.

-L'amour me domine, dit la princesse. Je suis sans volonté, sans résistance. Tu me vois prête à renoncer à mon honneur, à ma vie.

-L'amour d'un esclave ? Demande la servante.

-Je sais. Tout m'interdit de me mettre en rapport avec lui. Mais la vue de cet homme m'a brûlée. Si je ne lui parle pas, je mourrai dans les gémissements.

-Que voudrais-tu exactement ?

La princesse réfléchit un instant et répond :

-Je voudrais jouir de sa présence mais sans qu'il en ait connaissance.

-Nous te l'amènerons cette nuit en cachette, dit la servante et lui-même n'en saura rien.

La nuit venue, la servante s'habille convenablement, se parfume et se rend auprès de l'esclave comme pour se divertir avec lui. La voyant jeune et désirable, l'esclave la fait asseoir auprès de lui.

Elle lui demande deux coupes de vin, qu'il lui sert. Elle verse dans la coupe de l'esclave une poudre narcotique qu'il avale sans y prendre garde.

Il perd bientôt le sentiment. Des hommes surgissent et le transportent secrètement devant la princesse. On le baigne, on le vêt de soie, on lui met des perles sur la tête, on l'assied sur un trône d'or.

A minuit il ouvre les yeux. Regardant avec étonnement autour de lui, tandis que s'élevait une invisible musique de nuit, il demande :

-Où suis-je ? Quel est ce palais ? D'où viennent ces tapis ? Ces bougies parfumées d'ambre ? Cette musique ?

La princesse entre à ce moment-là. Elle s'approche de lui, le prend dans ses bras.

-Je suis stupéfait, dit l'esclave. Je n'ai plus ni raison, ni vie. Je ne suis plus dans ce monde et cependant je ne suis plus dans l'autre.

La princesse ouvre ses lèvres délicates, montre ses dents parfaites et demande :

-As-tu soif ?

-Une soif ardente.

-Voici du vin.

Elle lui offre une coupe de vin frais, qui a le parfum des fleurs nocturnes. Toute la nuit, le soleil du vin circule à la lumière des bougies. Toute la nuit, l'oeil égaré de l'esclave, reste attaché au visage de la princesse. Toute la nuit, elle lui fait l'amour avec ardeur et en pleurant.

L'esclave reste dans cette sorte de vision physique jusqu'à l'aurore. Alors, dans une dernière coupe de vin, une nouvelle drogue l'endort, on lui enlève ses vêtements d'amour, on le ramène dans le logement des esclaves où il était auparavant.

-Où sommes-nous, s'écrie -t-il.

-Comment cela, où sommes-nous ?

-Que s'est-il passé ? Aidez-moi !

-La nuit est finie. A quoi bon crier ? De quoi as-tu peur ?

-Ce que j'ai vu, personne ne le verra, personne !

-Qu'est-ce que tu as vu ? Raconte-nous !

L'esclave, qui sent encore sur ses bras quelques souvenirs des parfums de la nuit, essaye de raconter son aventure exceptionnelle. Mais les mots précis, déjà, lui manquent. Il ne sait que balbutier :

-Je ne peux rien vous dire. . . Je suis déconcerté. . . Ce que j'ai vu, je l'ai vu dans un autre corps.

Je n'ai rien entendu, quoique j'aie tout entendu. . . Je n'ai rien vu, quoique j'aie tout vu.

-Tu as rêvé ! dit un autre esclave.

-Je ne sais pas si j'ai rêvé. Je ne sais pas si j'étais ivre.

En disant ces mots, l'esclave se lève et se dirige vers la porte. Ses compagnons lui demandent :

-Où vas-tu ?

-Je ne sais pas où je vais. Mais je dois partir. Je dois partir.

Il n'a pas le droit de quitter le palais et le service du prince. Néanmoins personne ne l'arrête quand il traverse la cour et franchit la porte principale.  Peut-être la princesse a-t-elle donné, aux gardes du matin, quelques ordres secrets.

Il disparait dans la campagne. Il marche longtemps, il passe le reste de sa vie à marcher de pays en pays. Les voyageurs qui le rencontrent le décrivent comme « un homme stupéfait ».

Il parle du temps « où il était vivant » ajoutant qu'il avait passé une  nuit près d'une princesse dont rien n'égalait la perfection.

-Je l'ai vue, et je ne l'ai pas vue, disait-il. Je l'ai touchée, et je ne l'ai pas touchée. Je l'ai aimée, et je ne l'ai pas aimée. Rien dans le monde n'est plus étonnant qu'une chose qui n'est ni claire, ni obscure.

C'était tout ce qu'on pouvait entendre de sa bouche. Il allait, fidèle au même délire. Il ne savait même plus ce qu'il cherchait.

 

Je trouve ce conte très actuel, un peu comme un dessin de caricaturiste car il suscite maintes réflexions dans diverses réflexions. Le pouvoir est à la femme et elle n'en est pas punie. C'est ma première idée. C'est elle qui abuse de sa position sociale....Michelle Troupin


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Choix de Marie-Claire                                Le peintre sauvé

 


Coupable d’arrogance envers l’empereur de Chine, un grand peintre est condamné à être pendu par les deux gros orteils.  Comme ultime faveur, le peintre demande à n’être pendu que par un seul gros orteil, ce qui lui est accordé.

L’empereur et sa suite se retirent, assurés que la mort serait longue à venir et par conséquence atroce.

Resté seul, pendu, la tête en bas et les mains attachées, le peintre réussi à atteindre le sol avec son gros orteil libre.  Il dessine des souris dans le sable, au-dessous de lui, en utilisant le bout d’un ongle.  Ces souris sont si parfaitement représentées qu’elles montent le long de la corde et la rongent jusqu’à la rompre.

Le peintre savait que l’empereur ne reviendrait pas de sitôt.  Il s’éloigne sans se presser, en emmenant les souris avec lui.

 

Laissons pousser l’ongle d’un gros orteil, exerçons à dessiner des souris avec lui, on ne sait jamais


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Choix de Roger Janssen                            La harpe sans cordes

 


Dans la tradition soufi, souvent subtile et même secrète, on raconte l’histoire d’un ermite à la réputation immense et aux pouvoirs incomparables qui vivait dans un désert.

Un jour, alors qu’il reste immobile comme tous les jours à la même place, il voit une sorte de boule de poussières apparaître à l’horizon.  Cette boule grossit, grossit encore, et l’ermite reconnaît bientôt qu’un homme s’approche de lui en courant et qu’il soulève cette poussière.

L’homme, qui est jeune, parvient près de l’ermite et se prosterne devant lui.  Il halète.  L’ermite lui laisse reprendre son souffle et lui demande :

- Que veux-tu ?

- Maître, je suis venu t’écouter jouer de la harpe sans cordes.

- A ta guise.

Le saint homme ne change nullement de position.  Il ne prend aucun instrument, il ne fait rien.  L’ermite et le fervent disciple restent immobiles l’un en face de l’autre pendant un certain temps, et ce certain temps, selon l’humeur ou la formation des conteurs dure quelques heures, quelques jours ou quelques années.  Cela n’a d’ailleurs aucune importance.

Après ce certain temps, le jeune homme laisse percevoir, par un geste peut-être, par un fléchissement, par un toussotement, un début de fatigue.

- Qu’as-tu, demande l’ermite. Le jeune homme bredouille.  On ne comprend pas ce qu’il veut dire.  Pour lui venir en aide, l’ermite lui demande :

- Tu n’as rien entendu ?

- Non, répond le jeune homme avec une voix de coupable.

- Alors, pourquoi ne m’as-tu pas demandé de jouer plus fort ?


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Choix de Philippe Noël                                Le goût du miel

 


Un texte indien classique qui figure dans le Mahâbhârata.

Un homme seul s’avance dans une forêt obscure et peuplée d’animaux féroces.  Un immense filet enveloppe la forêt mais l’homme ne le sait pas car le filet reste invisible aux yeux humains.

Une femme aux yeux rouges surveille toutes chose qui vont à des rythmes différents vers une fin inévitable.

L’homme ne peut pas faire autrement que de passer par la forêt.

A l’écoute des hurlement des fauves, il est touché par la peur.  Il court et tombe dans un puits noir.  Par un prodige, il reste accroché à des herbes, des racines enchevêtrées au bord du trou, agrippé par les deux mains.

Il sent au-dessus de lui le souffle chaud d’un énorme serpent qui ouvre sa gueule au fond du puits.  Il sent qu’il va tomber et s’engloutir dans cette gueule hideuse.  Au-dessus de lui, écrasant des arbres, il voit s’approcher un éléphant gigantesque qui lève la patte pour l’écraser.  Des souris blanches et noires surgissent  et se mettent à grignoter les racines auxquelles l’homme est suspendu.  Des abeilles volent autour de lui en laissant tomber des gouttes de miel.

L’homme lâche une ses mains et tend le doigt doucement, avec précaution pour recueillir les gouttes de miel.

Menacé par tant de dangers, au bord de tant de morts, il ne connaît pas l’indifférence et le goût du miel l’anime encore.


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Deux choix de Jacky Druaux                        Les casseurs de pierres

 


Charles Péguy a raconté l’histoire d’un homme qui se rend à pied à Chartres au Moyen Age et qui rencontre sur son chemin un homme exerçant le plus dur des métiers : le casseur de pierres.

- Je vis comme un chien, lui dit l’homme, Exposé à la pluie, au vent, à la grêle, au soleil, je fais un travail pénible et pour quelques sous.  Ma vie est nulle, elle ne mérite pas le nom de vie.

Un peu plus loin, le même homme rencontre un autre casseur de pierres, qui a une attitude différente.

- C’est un travail dur, c’est vrai mais au moins c’est un travail.  Il me permet de nourrir ma femme et mes enfants.  Je suis au grand air, je vois passer du monde, je ne me plains pas.  Il y a des vies pires que la mienne.

Enfin, un peu plus loin, l’homme rencontre un troisième casseur de pierres qui lui dit en le regardant dans les yeux :

- Moi, je bâtis une cathédrale.

 

Jacky aime le message qui nous dit que nous construisons une grande partie de notre destin et donc de notre vie.


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Pères et fils

 


Parmi les plus belles histoires qu’il m’a été donné d’entendre, il en est une qui m’a été raconté par un jeune journaliste belge à Bruxelles.  Il n’en connaissait pas l’origine qu’il situait quelque part en Orient ».

Dans un certain pays vivent un homme très riche et un homme très pauvre.  Ils ont chacun un fils.

L’homme très riche monte avec son fils sur le sommet d’une colline, lui montre d’un geste le paysage tout autour de lui :

- Regarde, un jour tout cela sera à toi.

L’homme très pauvre monte avec son fils au sommet de  la même colline, lui montre le paysage tout autour et lui dit simplement :

- Regarde.

 

Jacky a adapté cette histoire pour les balades que l'on fait en haut des terrils carolos. Quand  on est au sommet, on découvre de beaux paysages qui magnifient le retour de la nature sur des friches industrielles. Il raconte alors cette histoire courte et aime le silence des spectateurs ne sachant pas toujours quoi penser après la chute de l'histoire. Puis, les mots voyagent dans leur tête et le sourire se lit sur leur visage .


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Un dernier pour la route de Marie-Claire     Le lever du jour

 


Un rabbin demande à ses étudiants :

- « Comment sait-on que la nuit s’achève et que le jour se lève ? »

- « Au fait qu’on peut reconnaître un mouton d’un chien. » dit un étudiant.

- « Non , ce n’est pas ça ! »

- « Alors, comment le sait-on ? »

- « Quand nous regardons un visage inconnu, et que nous voyons qu’il est notre frère, à ce moment-là, le jour s’est levé.


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Le Cercle des Menteurs, contes philosophiques du monde entier par Jean-Claude Carrière, Plon 1998, réédition Pocket 9,25€. 435 p.

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? La formule « non essentiel » serait donc elle-même parfaitement non essentielle puisque, quand on y pense, à part respirer, boire, manger et dormir, l’essentiel des uns n’est pas celui des autres. …Chacun son truc donc et personne n’aime à entendre que son essentiel ne l’est pas. Gilles Dal

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