lundi 1 septembre 2025

Mensuel Septembre 2025 - N°393

 

Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,

les conteurs et les raconteurs.

Septembre 2025 – N°393

 

P 912122 Bureau de dépôt CHAUDFONTAINE 4050  

Editeur responsable : Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224 4053 Embourg

 

Au sommaire, ce mois-ci:

- 2 Articles

- Spectacles – Veillées – Balades

- Formations

- 5 histoires    

  


La Maison du Conte de Liège sera présente à

 

Retrouvailles à Liège

 

quand et où ? les 6 et 7 septembre de 11h à 17h, section culture, parc de la Boverie à Liège.

A notre tonnelle, nous vous parlerons du conte en général et de toutes les activités de la Maison ainsi que celles de ses membres. Les conteurs de la Maison du Conte de Liège conteront près de leur tonnelle et le dimanche de 14h à 14h30 dans une salle du musée.

 

La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

393ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

quand ? le vendredi 12 septembre à 19h         où ? Parc de Colonster, avenue des Érables, 4000 Liège

combien ? 4€                                                   pour qui ? tout public

inscription pour conter : réservationmaisonconteliege@gmail.com;     pas d’inscription pour assister.

infos : 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

Notre dernière dans le parc de Colonster.  Le thème proposé : les artisans et les artisanes.  Sans vous obliger.   Le mois prochain, nous réintégrerons le Théâtre à Denis.

 

 

La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

394ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

quand ? le vendredi 10 octobre à 20h                       où ? Théâtre à Denis, 302, rue Ste Marguerite, 4000 Liège

combien ? 4€                                                             pour qui ? tout public

infos, inscription pour conter : réservation maisonconteliege@gmail.com; 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

           pas d’inscription pour assister.

Pour les mois qui suivent, nous serons au Théâtre à Denis.  Venez y nombreux, Denis et les membres de la Maison du Conte de Liège serons heureux de vous accueillir et … d’écouter vos contes, en compagnie du public sympathique.  Inspiration proposée : les artistes.

  

Artisans, artisanes et …..

Edito

Artisans et artisanes sont la source d’inspiration du Mensuel de ce mois. 

Les artisans et les artisanes sont parmi nous.  Depuis longtemps.  Dans les mythes grecs.  Dans les découvertes archéologiques partout dans le monde.  Dans un grand nombre de contes traditionnels.  Ils sont part importante de notre économie, de notre vie sociale. De nos fiertés et nous visitons leurs ateliers avec intérêt et plaisir.

Parfois, la frontière entre artisan et artiste est difficile à tracer.  Stradivarius fut un luthier de génie.  En sont témoins les violons qui lui ont survécu.  On dit qu’il était aussi bon violoniste.  Les enregistrements n’existaient pas, nous n’entendrons jamais l’artiste.  Il fait la transition entre ce mois et l’inspiration d’octobre : les artistes.


 Nouvelles du monde du conte, de la politique de la culture

Et si notre voix, votre visage, votre apparence n’appartenaient qu’à vous ?

Afin de protéger chacun face aux dérives de l’intelligence artificielle, faut-il accorder des droits sur sa voix, son corps et les traits de son visage ?

 Dans plusieurs pays, des deepfakes ont circulé, empruntant les traits et la voix de femmes et d’hommes politiques, leur ont fait tenir des propos qu’ils ne tiendraient certainement pas et qu’il s’échignent à démentir.

Au Danemark, le ministre de la culture se propose de modifier la loi sur le droit d’auteur : « Nous voulons garantir à tout le monde les droits sur leur propre corps, voix et visage. »  La Fédération des Artistes danois a réagi, y voyant une garantie pour le futur de l’art. « Si nous sommes inondés d’imitations générées par la machine sans qu’il y ait création humaine derrière, le problème de l’artiste devient rapidement un problème démocratique. »  Le projet danois veut un amendement sur la loi du copyright. …  Il couvre, entre autres les imitations pirates des prestations d’artistes, générées par l’intelligence artificielle.  Le Danemark occupe la présidence de l’Europe pendant ce mois d’août, le délai est court.  Mais il convoque pour le 18 septembre à Copenhague, une conférence européenne sur le droit d’auteur et l’intelligence artificielle.

Extrait de l’article d’Alain Lallemand in Le Soir du 28 juillet 2025.

Pour les artistes des arts vivants particulièrement, la voix, les expressions du visage, du corps, font partie des moyens d’expression.  Chanteurs, acteurs, danseurs et nous, les conteurs, sommes donc intéressés par cette mise au point.

Message important à nos amis conteurs et organisateurs de spectacle

·      Envoyez-nous vos informations avant le 15 du mois précédant la publication,

·      un mois plus tôt pour les formations,

·      complètes et lisibles,

·      par poste à Marie-Claire Desmette, av. Eugène Ysaÿe, 32/224 4053 Embourg.  Tel : 04/367.27.06.

·      ou par courriel à maisonconteparole.liege@gmail.com                                         

·      Ne comptez pas sur les organisateurs de spectacle. Envoyez-nous vous-mêmes vos infos.

Idéalement, vos informations comportent :

organisateur,                 titre,                 genre d'activité,                        artiste(s),

date et heure,                lieu,                             prix,                             public cible,

coordonnées pour infos et réservations,                        max. deux lignes de commentaire

N.B. Aucune mention tout en majuscules, svp. Ni en PDF.  L’idéal : word prêt à copier-coller. Merci.

Veuillez ne pas les noyer dans une mise en page compliquée.  Epargnez-nous les recherches, l'exploration.

        

Spectacles – Veillées – Balades


Volubilis

 - le mercredi 3 septembre, 14h00, Tant que la terre te portera (spectacle) et présentation de l’ouvrage en lien « Toutes les routes sont en toi », Editions Academia, Collection Ethnopoétik.  Avec Caroline Etienne     (univers sonore), Jacinthe Mazzocchetti (récits), Julie Renson (conte).  Gratuit.

      Salle Sauvian, Grand Place 7, 6850 Paliseul.  Tous publics dès 7 ans.  

      Réservation obligatoire : bibliothèque@paliseul.be

 

-  le samedi 6 et dimanche 7 septembre, 14h30, Vivaces avec Anne Quintin (chant) et Julie Renson (conte)

      à La lisière des mondes, Rue Bois d’Ohey, 319, 5350 Ohey. Tout public dès 8 ans.

      Infos : festivallisieres@gmail.com

Spectacle en duo.  A la rencontre du lieu, du cycle de la nature et du public…, offrir une performance inédite et sacrément vivace ! 

 

- le mardi 23 septembre, 13h30-15h le Cercle conteur, lancement d’un cycle animé par Julie Renson                     (rdv hebdomadaires sept-dec). 

      à La Célestine, 3A, Rue du Premier Lancier, 5000 Namur. Public d’adultes.  Gratuit.

      Infos : Stéphanie Joris/Article 27 Namur ; 081 23 44 16 - 0476 722. ; stephanie.joris@article27.be

        

- le dimanche 28 septembre, entre 13 et 17h, Séances de contes avec Julie Renson.

      tous publics dans le cadre de la Fête anniversaire CRIE Villers-la-Ville. Gratuit

     au CRIE Villers-la-Ville, 22b, avenue Speeckaert, 1495 Villers-la-Ville. Infos : info@crievillers.be

? Et puis, il y a ceux que l'on croise, que l'on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie. Victor Hugo 

 

Maison du Conte de Charleroi

 

- le mercredi 03/09/25 à 16h00, Les p'tits 4 heures.  Bibliothèque de Gembloux, pour les 4/10 ans

 

- le vendredi 12/09/25 à 18h30, Balade contée au Parc de Courcelles. Public familial à partir de 4 ans

 

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- le vendredi 26/09/25 à15h et 20h Les Gueules Noires. Le Poche Théâtre, 70, rue du Fort, Charleroi.
      1ère partie :
Semi d'italia avec T. Gentile, L. Dolcimascolo, S. Grandchamps

80 ans d’immigration italienne.


      2ème partie : Le Pays Noir, avec T. Marzola, G. Dehout, P. Baeyens, J. Druaux

Contes, récits de vie et légendes autour de la mine au Pays Noir

Deux anniversaires symboliques auront lieu en 2026 : les 80 ans de l'accord charbon entre l'Italie et la Belgique et les 70 ans de la catastrophe du Bois du Cazier


Une production soutenue par Le Bois du Cazier asbl, le CPAS de Charleroi et la Maison du Conte de Charleroi.

+ Infos : www.contecharleroi.be

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- le samedi 27/09/25, Journées du Matrimoine. Le Vecteur, 30, rue de Marcinelle à Charleroi
      + Infos : www.contecharleroi.be

Destinées, héroïnes carolos. Dans le cadre de la Journée du Matrimoine

 

Racontance

 

- le vendredi 5 septembre à 19h30, Les Zapéro-contes Charleroi.  Participation au chapeau.

      au Livre ou Verre, Au 6 passage de la Bourse - 6000 Charleroi.  Réservations non obligatoires.

      Infos au 0470/23.67.01. Inscriptions pour conter : racontancecarolo@gmail.com

Cette soirée scène ouverte aux conteurs est animée par Pascale Pezzotti et Ahmed Hafiz.

 

- le vendredi 19 septembre à 20h, Les Zapéro-contes Bruxelles. Participation au chapeau.

      à l' Ultieme Hallucinatie Au 316 Rue Royale – 1210 Bruxelles.

      Inscriptions pour conter : racontance@hotmail.com

      Infos et réservations vivement conseillées : www.racontance.be

Cette soirée scène ouverte aux conteurs est animée par Dominique Brynaert.

 

Maison du Conte de Namur

 

- le mercredi 10 septembre à 20h, Contes du 10ème jour, soirée portes ouvertes 4€.

      à la Maison du Conte de Namur, 170, Rue des Brasseurs - 5000 NAMUR 

Venez (re)découvrir le plaisir d'écouter ou vous essayer à conter, que vous soyez conteur amateur ou confirmé.

Ambiance conviviale assurée. Le verre de l'amitié est offert à la fin de la soirée. Si vous souhaitez un retour sur votre prestation, n'hésitez pas à le demander à un membre de l'équipe.

Pour raconter, une seule façon : s'inscrire au 0489 933 548

 

Jeanne la Contesse

 

- les 13 et 14 septembre à 11h30, 13h00, 14h30 et 16h00, (ou selon l'affluence, à la demande)

Contes de gourmandise, pour adultes et enfants au Palais des Princes-Evêques de Liège.

Parmi les artisans, découvrez des contes d'astuce, ou de tradition orale, des contes facétieux, des contes d'amour, des menteries, dans l'esprit des veillées d'autrefois, lorsqu'ils étaient destinés principalement à un public tant d'adultes que d'enfants.

Entrée libre, nombreux artisans sur place, visite du Palais des Princes Evêques

 

- le 20 septembre à 14h précises. Contes de toutes les faims. Contes pour adultes.

Salle « La Scène », au rez-de-chaussée. B3 Centre de ressources. Place des Arts, 1 – 4020 Liège. 04 / 279.54.00
Le système de réservation depuis novembre est informatisé, via le site du B3. Pas de stress, si ce système ne vous convient pas, venez tout simplement : en fin de séance, je compterai les personnes non inscrites et voilà tout 

        Renseignements : jeanne.godenne@provincedeliege.be    04/279.52.73

De tous temps, la nourriture a été un sujet d’importance vitale. La nourriture n’est pas le seul moteur, et d’autres faims peuvent aussi motiver les héros et les héroïnes. 

 ? Ce qu’on appelle les vies ordinaires, quand on les approfondit, ne sont jamais ordinaires. Sylvie Germain

Au fil des histoires par Aurélie Beco

 

- les 13-14 septembre à Stavelot (à confirmer).  Infos, réservation :   0471/76.16.54

 

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 - le 20 septembre à 17h, à la forêt de Luhan, Pavillonchamps 17c, 4920 Aywaille

 D’autres activités sont proposées.

 

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Les temps sont durs, de plus en plus durs. Alors, les gens, ils cherchent, ils vont de porte en porte, ils cherchent les portes du paradis. Est-ce qu'ils les trouvent ?  Je ne sais pas.  Conte poético-clownesque qui a remporté le premier prix ex aequo au festival du conte de Chiny

 

- le 14 septembre à 14h30, Scène Ouverte, avec l’équipe de la Scène Ouverte de Mons Tournai et Cie.

        Au Jardin Suspendu, à Mons.   Au chapeau.

        Inscription pour les intervenants et info pour tous:
      - Paule : 
paulema@scarlet.be (0477-225647) - Chantal : kabochantal@yahoo.fr
      - Marie-Jeanne : 
huberland.m@skynet.be (0476-237231)      

       - Christian : christian.verheyde@gmail.com (0472/041527)

Nous vous invitons avec vos contes, vos chansons, vos textes slamés, ou simplement vos oreilles.

Et pour l’année prochaine : la Saint Valentin à Nimy et le 1er mai à la Mer de Sable à Stambruges ; et d’autres projets en cours dont nous vous parlerons.

 

- le 17 septembre, de 8h30 à 12h30, Expédition en Chartreuse par Zia Marsiat.  Au chapeau.

      RV en face de la maison, 87, rue Thier de la Chartreuse, 4020 Liège.

      Infos et réservation : ziamarsiat@gmail.com   sms : 0484.781.274.

Partager un moment inhabituel et questionner notre lien au vivant par des activités variées, accessibles à tous.

 

- le 27 septembre à 13h30 et 16h, Les méchants dans les contes, par les conteurs de Paradis

      RV Salle de la Renaissance, rue de l’Ecole à Nonceveux.  3€adulte, 2€enfants.  A partir de 4 ans.

      Réservation obligatoire au 04/384.78.82 ; bibliotheque@aywsaille.be.

Un parcours conté, des conteurs accompagnés de musiciens pour faire revivre la tradition ancestrale

 

Formations – Ateliers


- les dimanches 28/09 - 19/10 - 23/11 - 14/12/2025 - 18/01 - 22/02/2026   de 9h30 à 17h30, Oser le conte, formation par Dominique Brynaert. 

      A 1030 Bruxelles. Près de la Place Dailly. PAF : 245 euros ( prix pour particulier).

      Aucun requis préalable nécessaire sinon l’évidente connaissance de la langue française.  A partir de 18 ans.

Infos et Inscription par mail à : racontance@hotmail.com ou via notre site :   https://www.racontance.be/formation_conte.html

Conter avec talent et efficacité.  Apprendre à dire sans faire appel à une mémorisation classique en privilégiant plutôt la maîtrise de la structure d'une histoire et le travail puissant des images.

 

Maison du Conte de Charleroi

 

- les samedis 06/09 et 20/09/25, de 14h à 16h, Ateliers Conte - 1er module
      Le Poche Théâtre, 70, rue du Fort, Charleroi.
Niveau débutant et initiation : découvrir l'univers du conte, ses codes, son répertoire, son univers, en compagnie de conteurs chevronnés de la Maison du Conte de Charleroi : Pascale Baeyens, Jacky Druaux, Sylvianne Piéfort, Yann Lejeune, Christophe Maison.

 

- Niveau avancé et projet Halloween : pour les conteurs ayant déjà participé à un module complet, découverte de l'univers d'Halloween et préparation de la séance publique du 31 octobre en compagnie de Sylvianne Piéfort

 

- Le vendredi 19/09/25 à 19h00, Apéro-Philo, au Livre ou Verre, 6 Passage de la Bourse, à Charleroi

Thème : « S’ils n’ont rien à se reprocher, ils n’ont rien à craindre » – Croire en la neutralité de la police ?

+ Infos : www.contecharleroi.be

  

- le samedi 13 septembre, Quand le chêne parle l’olivier chante.  Atelier d’expression orale pour tous et toutes.  Avec Jacinthe Mazzocchetti, Julie Renson, Colienne van Craen et Caroline Etienne.  

     Bibliothèque, Rue du prieuré, 5530 Godinne. Tous publics dès 14 ans.

      Gratuit (soutien de la FWB/PCI).  En partenariat avec Article 27 et la Commune d’Yvoir.

      Infos : 0474/434152 ou bonjour@volubilisasbl.be 

A la croisée de nos chemins, faire naître de nouvelles histoires par la magie de la parole. 

                                         

  Quand artistes et artisans se confondent.

Quelques métiers aux fabuleux savoir-faire :

-Le fontainier d'art qui veille sur les fontaines des parcs et châteaux.

-Le plumassier qui prépare les plus jolies plumes pour la haute couture.

-Le lapidaire qui donne beauté et éclat aux pierres précieuses et semi-précieuses.

-L'étameur qui recouvre les ustensiles de cuivre d'étain pour les rendre fonctionnels en cuisine.

-Le rémouleur qui aiguise couteau et objet tranchant

-Le cirier qui fabrique les bougies

-Le vitrailliste, maître-verrier qui crée ou restaure les vitraux d'église

-Le tanneur qui transforme les peaux brutes en cuir pour la haute couture

-Le taxidermiste qui empaille les animaux pour donner une apparence plus vraie que nature

-L'enlumineur qui orne les manuscrits d'enluminures au pinceau ou à la plume

-Le luthier, fabrique et répare les instruments à corde, violon, violoncelle . . .

 

A ce propos, je conseille la lecture de l'excellent livre de Cyril Gely « La forêt aux violons »

C'est un récit simple, dynamique empruntant au conte son rythme et ses répétitions.

Il y explore la vie d’Antonio Stradivario dont le nom se confond avec son art.

Le Stradivarius, 300 ans de succès et autant de questions. De quoi nourrir l'imaginaire.

Antonio Stradivario naît vers 1644 à Crémone, haut lieu de lutherie. Il fut l'élève de Nicolo Amati, le plus réputé des luthiers de Crémone. Il signe son premier violon de son nom en 1666.

Il a vécu jusqu'à plus de 90 ans et a eu 11 enfants. Une vie bien remplie.

Il fournira toutes les cours d'Europe et les meilleurs musiciens.

Il a créé plus de 1000 instruments. On en connaît encore environ 600 aujourd'hui détenus par des musées ou des interprètes de talent.

La fabrication d'un violon n'a guère changé depuis. Elle nécessite les mêmes outils, les mêmes colles, les mêmes techniques.

C'est un homme de légende et de mystères.

On invoque, pour expliquer son incroyable succès, la qualité du bois qu'il sélectionne, l'excellence de sa perception musicale, la perfection de ses calculs mathématiques, la qualité de ses pigments et le refroidissement climatique qui a régné de 1530 à 1730. Le livre explique ses choix d'une belle façon.

C'est une belle histoire, presque un conte.

 

Michelle Troupin. D’après Article Culture du 18/12/2017 d'Anna Breteau du journal Le Point.

« La forêt des violons » de Cyril Gely

Artisans à Liège

Liège, au XIIe siècle, est le centre roman du travail des métaux, qui, à cette époque, est la forme d'art la plus prestigieuse.

 Les 12ème et 13ème siècle montrent l’essor inouï des arts du métal dans le diocèse de Liège et ses environs directs. Ce sont des pièces extraordinaires, rehaussées de pierreries, d'or et d'émaux colorés nous rappelant la splendeur des arts décoratifs de l'époque romane dans nos régions.

Les fèbvres, travailleurs et négociants de métaux sauf l'or et l'argent, comprenaient les forgerons ou les travailleurs des métaux comme, par exemple, les potstainiers (potiers d'étain), les couteliers, les chaudronniers et les épingliers.

Les 32 bons métiers de Liège, dont faisaient partie les fèbvres, regroupaient les ouvriers manuels comme les drapiers, les tonneliers, les boulangers, les cordonniers, les ardoisiers, les charpentiers, etc… selon leur spécialité. A l’origine, c’était des groupes d'inspiration religieuse basés sur la solidarité et l'honnêteté professionnelle. Chaque groupe a son saint patron, son local, des règles très strictes, un chef, des traditions et des apprentis. Ces groupes vont disparaître au nom de la liberté à la révolution liégeoise, à la fin du 18ème siècle. Aujourd'hui on peut encore voir les blasons de ces métiers sur un vitrail de l'église Saint-Jacques et sur la façade ouest du Palais provincial.

De magnifiques sculptures sur bois ont traversé les siècles et ornent encore certaines églises liégeoises. N’oublions pas nos célèbres marionnettes Tchantchès et Nanesse, œuvres certes mineures, mais qui font partie intégrante de notre folklore pour le bonheur des petits et des grands. D’ailleurs, la Maison du Conte de Liège a la chance d’installer ses quartiers d’hiver au « Théâtre à Denis », célèbre montreur et créateur de marionnettes liégeoises !

La gravure sur armes, un art reconnu mondialement, a connu son âge d'or à Liège et s'est développée à une époque où l'armurerie était l'activité par excellence des Liégeois. Si elle a gardé de magnifiques témoins de son évolution au Grand Curtius, elle se perpétue encore aujourd'hui, grâce à son enseignement à l'école d'armurerie Léon Mignon créée à la fin du 19ème siècle.

Au 18ème siècle, Liège devint une ville d’horlogers hors pair, tombés dans l’oubli mais dont les créations inventives et leurs astucieuses trouvailles, visibles au Musée Curtius, forcent notre admiration.

 

Comment ne pas parler des cristalleries du Val-Saint-Lambert, créées en 1826 sur le site d'une ancienne abbaye à Seraing, un des fleurons de l’artisanat haut de gamme dont la renommée a franchi nos frontières.

 

Depuis des siècles et au travers des civilisations, les artisans font partie intégrante de nos vies dans bien des domaines pour notre confort mais aussi pour le plaisir des yeux !

 

Marie-Noëlle HERBIET, d’après des sources diverses.


Le potier

Je vous emmène dans l’empire perse, au temps de sa splendeur.  En ce temps-là, à Bassorah, habitait Ousta Kacem. Ousta Kacem est potier, un potier renommé.  Pot, cruche, vase, coupe, bol, écuelle, plat, assiette, tout ce qui sort de ses mains est de belle forme.  De plus, il émaille certaines de ses productions pour, comme il dit « apporter du bonheur dans les maisons. »  De son pinceau habile naissent les souples entrelacs de feuillage, des fleurs.  Boutons de rose, pivoines épanouies, bleuets, coquelicots et tant d’autres.

Ousta Kacem a un apprenti, Nouréddine.  Il en a eu d’autres avant lui.  Des gamins qui profitaient de toutes les occasions pour s’esquiver et aller jouer ou dormir dans un coin.  Enfin est arrivé Nouréddine, un garçon efflanqué de 12 ans, chien battu.  Nouréddine, orphelin, recueilli, si l’on peut dire, par un oncle.

- « Ousta Kacem, tu pourras peut-être apprendre quelque chose à ce chien stupide.  Et toi, tu travailles, sinon (geste de gifle).  Je vous laisse, adieu. »

- « Nouréddine, As-tu envie d’apprendre ? »

- « Oui, Maître. »

- « Moi, j’ai envie de t’apprendre.  Nous allons faire une bonne équipe. »

- « Oui, Maître. »

Evidemment, Nouréddine doit ranger, balayer l’atelier, aller chercher du bois pour le four, faire les livraisons.  Cela fait partie du métier.  Mais, plus passionnant, Ousta Kacem lui enseigne à choisir la bonne terre, la travailler pour en extraire les impuretés, les bulles d’air.  La rendre souple, docile à la main.  Il l’initie au maniement du tour.  Il faut d’abord dissocier les mouvements des pieds et ceux des mains.  Ce n’est pas rien.  Les pieds font tourner le tour, les mains montent la pièce.  Fascinant à observer.  Difficile et fascinant à faire.  Ousta Kacem lui apprend aussi à chauffer le four, choisir la température, le temps de cuisson. 

Tout cela ne s’est pas fait en un jour ni en un mois.  Application, persévérance, patience, encouragements.  Les années ont passé.  Ousta Kacem est maintenant un vieil homme à la barbe blanche.  Nouréddine est un jeune homme bien campé.  Arrive le moment où il voudrait voler de ses propres ailes.  Il a justement une occasion.

Le potier d’une localité voisine vient de mourir.  Sa veuve cherche à louer l’atelier, avec le matériel, les fournitures.  Nouréddine a des économies.  Il peut payer trois mois de loyer.  Pour la suite, il y aura le fruit de son travail.  Il signe.

Il doit maintenant prévenir son vieux maître.  Pas facile.

- « Maître, je vais vous quitter …. »

- « Oh ! Non, Nouréddine.  Je suis vieux, fatigué.  Mon intention était de faire de toi mon héritier et de te donner l’atelier.  J’aurais dû t’en parler plus tôt. Reste, le temps de faire les démarches officielles. »

- « Je regrette, Maître, je me suis engagé ailleurs. »

 

Dans SON atelier, Nouréddine se met au travail.  Suivant la demande, il fabrique des cruches.  Honnêtement, les siennes sont plus belles que celles de son prédécesseur.  Les clients sont nombreux et contents.

Après un temps, Nouréddine a envie de se lancer dans l’émail.  Il ne l’a jamais pratiqué mais a bien observé son maître.  Il se procure des pigments.  Ils sont chers.  Il choisit le vert et blanc.  Commence modeste, un bol.  Délaye les pigments, comme faisait son maître.  Sur le fond vert, il sème de petites fleurs blanches, une prairie émaillée de pâquerettes.  Passage au four.  Attente cœur qui bat.

Catastrophe !  Le blanc est gris, le vert terne.  Il y a des coulures.  A jeter ! A détruire !

- « Je ne vais pas rester sur un échec. »

Nouréddine récapitule ses observations, s’applique.  Le résultat est encore pire !

Il prend la pièce ratée, retourne chez Ousta Kacem.

- « Maître, je …. »

- « Je sais, Nouréddine.  Tu as raté l’émaillage.  Tu voudrais connaître mon secret.  Voilà ce que je te propose.  Tu reprends ta place à l’atelier.  Tu observes.  Tu découvriras peut-être mon secret. »

Ils font comme cela.  Nouréddine aide Ousta Kacem, observe attentivement.  Après quelques jours :

- « Alors, tu as trouvé ? »

- « Non, Maître. »

- « Prends encore du temps. Il n’y a rien de sorcier. »  Quelques jours passent.

- « Nouréddine, tu as été patient, tu as admis ne pas tout savoir.  Je vais te montrer mon secret.  Dans l’atelier, la poussière vole, se dépose sur les pièces en attente d’émaillage.  Si on applique l’émail sur la poussière, on obtient ce que tu as obtenu : des pièces ratées.  Regarde. »

Ousta Kacem prend une pièce, souffle dessus soigneusement, partout.

- « Voilà, maintenant, je peux appliquer les pigments. »

 

Voilà pourquoi, en Perse, on ne dit pas le savoir-faire mais le souffle du potier.

 

Marie-Claire Desmette d’après Le souffle du potier, de Claire Jobert, conte traditionnel persan, in Les contes des quatre Vents, Edition l’Hamattan.  Aimable autorisation de l’auteur de reproduire et retravailler ce conte.


                                      Et que font les femmes pendant ce temps-là.

 Mariette habite une toute petite maisonnette sous un petit pont du centre de Spa.

« Les hommes vont au café pour discuter, les femmes vont papoter au lavoir. »

C'est ce qu'on dit, mais la comparaison s'arrête là.

Mariette est veuve avec cinq enfants. Elle est lavandière. Dans une ville d'eau et de villégiature, le travail ne manque pas. Les bourgeois de Liège ou de Bruxelles viennent y prendre les eaux.

Il faut dire que chez ces gens-là, il y a du beau linge.

On peut souvent y répertorier pas moins de 108 draps, 24 taies, 400 serviettes, moulte culottes et chemises. Le linge est signe d'aisance.

Chaque semaine, on la voit en train de brouetter sa « bouée ».

D'abord le trempage en eau froide puis on enlève les taches de graisse, enfin on va au lavoir pour attaquer les taches les plus résistantes avec savon, battoir en bois et planche en bois. On frappe le linge avec le battoir, on agite l'eau jusqu'à obtenir un linge propre.

Il est propre mais il est terne. On le met donc à verger dans les prés. L'eau, le soleil et l'herbe vont blanchir le linge. Le voilà donc propre et d'un blanc éclatant.

On le rince au bac pour éliminer toute trace de savon.

Il faut maintenant le sécher, au grenier s'il fait laid, au dehors si le temps le permet.

On le plie puis on le repasse.

Au 19ième siècle, avec l'industrialisation et les mauvaises conditions de travail des ouvriers, apparaissent les épidémies de choléra, dysenterie, diphtérie. C'est aussi à ce moment de l’histoire que Pasteur découvre la rage et Koch le bacille de la tuberculose. L'hygiène s'impose, on lessive plus et à l'eau très chaude. Il faut tuer les bactéries !

En hiver, la lessive devient plus pénible encore. Il faut casser la glace, faire un trou assez large et y plonger les deux mains. Celle-ci sont pleines de crevasses. Il n'est pas rare que les sabots de Mariette restent pris dans la glace. Elle revient pieds nus à la maison avec « l'ouvrage ».

C'est un travail de femmes. Tâche domestique, corvée ou artisanat. Chacun son choix.

Pour moi, c'est un travail d'artisane qui rend la beauté aux vêtements et au linge de maison.

 

Michelle Troupin, d'après le dossier pédagogique de l'excellent musée de la Lessive de Spa.


 Le miracle de la dentelière

 

L’histoire se passe au 17ième siècle à Gosselies, dans le Pays de Charleroi.

A Gosselies, des dames de la bourgeoisie fondent un ordre religieux destiné à apprendre à lire et écrire aux filles pauvres « Les sœurs de la Providence. »  La Maison-Mère est à Gosselies.  Très rapidement, des écoles essaiment dans les villes et les villages du Hainaut.

 

En 1688, l’Abbé Herbet est nommé curé de la paroisse principale de Gosselies.  Il fait des visites protocolaires chez les autorités politiques.  Il se présente aussi auprès de la Prieure Générale des Sœurs de la Providence, à la Maison-Mère.  Après les échanges de politesse, il ne peut pas s’empêcher de présenter le projet qui lui tient à cœur, autant dire son obsession.

- « Révérende Mère, permettez-moi de vous entretenir d’un projet qui me tient à cœur. »

- « Je vous en prie. »

- « La paroisse où j’étais avant de venir ici est proche de Valenciennes.  J’ai ainsi eu connaissance de l’école de dentelières des Ursulines.  Leur but est de fournir aux femmes et aux jeunes filles un moyen de subsistance pour elles-mêmes, pour participer aux dépenses de leur ménage mais surtout pour ne pas gueuser leur vie » 

- « C’est -à-dire ? »

- « Pour ne pas tomber dans la prostitution. »

Les ouvriers ne gagnent pas lourd.  Pour donner à manger à leurs enfants, certaines femmes se prostituent et ce, avec l’approbation de leur mari.  Elles gagnent en une nuit autant que lui en une semaine.

- « Je forme le vœu que les religieuses de votre Ordre fondent une telle école ici, à Gosselies.  Les Ursulines seraient d’accord de vous aider, je me suis informé. »

- « Vous me prenez de court, laissez-moi du temps pour réfléchir. »

 

La Prieure réfléchit, elle est tentée mais une telle école ne se fonde pas d’un coup de cuillère à pot !  Elle prend contact avec les Ursulines de Valenciennes, elle en parle au Conseil.

- « Cela signifierait former des enseignantes, avoir un local, investir dans des carreaux, des fuseaux, des épingles en laiton et autre matériel, des sièges appropriés, des patrons, des fournitures et que sais-je encore.  Voici un projet de budget. Qu’en pensez-vous ? »

Les religieuses réfléchissent, discutent et décident :

- « Un tel projet concernent toutes nos religieuses. « 

Les religieuses sont rassemblées.  La prieure expose le projet :

- « Nous souhaitons avoir votre avis.  Soyez totalement sincères, l’ordre hiérarchique n’intervient pas. »

Silence, les religieuses ne parlent pas à tort et à travers !

- « J’ai fait de la dentelle aux fuseaux avec ma grand-mère.  Je trouve que ….. » Sœur Marie-Josèphe, la plus jeune religieuse, se rassied, rouge de son audace. 

 

Pour faire court, le projet est accepté, Sœur Marie-Josèphe et une religieuse plus âgée vont à Valenciennes où elles se forment.  Un local est trouvé, le matériel et les fournitures sont achetées.  L’inauguration officielle de l’Ecole de dentelière est prévue le 15 septembre à deux heures de relevée.  Le public est invité.  Les réactions sont diverses :  elles feraient beaucoup mieux de leur apprendre à bien tenir leur ménage et à s’occuper de leur mari.  Des maris, des pères, ne voient pas d’un bon œil une certaine indépendance de leur épouse, de leurs filles.  En sous-main, les souteneurs luttent contre le projet.  Heureusement, il y a des réactions favorables.  Le jour de l’inauguration, il y a foule.

A la fin de la journée, les douze places sont réservées.

 

L’Ecole a du succès.  Comme pour les écoles primaires, très vite, les classes se multiplient, les écoles de dentellière essaiment dans les villes et les villages de la région. Il y a souvent une liste d’attente. Les enseignantes sont de plus en plus nombreuses.  Sœur Marie-Josèphe devient la directrice.

 

Le temps passe, Sœur Marie-Josèphe a septante ans, elle prend sa retraite.  Pendant ses temps libres, elle fait de la dentelle.  Ses réalisations ont beaucoup de succès, travail impeccable, créations originales.  Elle aide ainsi les finances du couvent.

Le temps passe, Sœur Marie-Josèphe a quatre-vingts-ans.  Ses yeux aussi, son acuité visuelle diminue, ses doigts deviennent raides, malhabiles.

Aujourd’hui, à la récréation du soir, elle s’énerve, elle se trompe, défait, recommence, se trompe encore plus.

Elle se lève, va au réfectoire.  Dans le fond du réfectoire, il y a une belle statue de Notre-Dame, objet de la vénération des religieuses.  Sœur Marie-Josèphe plante son carreau aux pieds de la statue.

- « Voilà !  Moi, je n’en sors plus.  Vous ferez peut-être mieux. »

La cloche sonne pour le coucher.  Les religieuses vont en procession au dortoir.  Sœur Marie-Josèphe gagne sa cellule.  Elle se couche en craignant une nuit blanche.  En réalité, elle dort à poings fermés, n’entend pas la cloche pour l’office de la nuit.  Indulgence pour sa vieillesse.  Elle se réveille le matin.  Office du matin, messe.

Les religieuses entrent au réfectoire pour le déjeuner, les plus jeunes sont les premières.  Elles vont saluer la statue.

- « Sœur Marie-Josèphe, venez vite voir ! »

La dentelle est terminée, belle et fine, la plus belle jamais réalisée.

 

Marie-Claire Desmette, d’après La Vierge à la dentelle, in légendes et contes du pays de Charleroi par Emile Lempereur et Michel Carly, éditions Paul Legrain, Bruxelles.209 pages. 1986.                                     

                                                           Les lutins cordonniers

 

Les lutins, les nutons, les sotès ont bel et bien existé, même si certains en doute aujourd'hui.

Petit peuple des grottes, il suffisait de déposer l'ouvrage avec quelques piécettes ou un pain et, au matin, le travail était réalisé. Malicieux, travailleurs, d'excellents artisans.

Un conte classique de la famille Grimm nous le rappelle.

Un cordonnier du quartier si pauvre, si pauvre. Il lui reste un demi-pain pour manger et une demi-pièce de cuir pour faire une dernière paire de chaussures.

- Bonjour cordonnier. Ma petite fille aura 10 ans demain. Je voudrais lui offrir une jolie paire de souliers. Peux-tu les réaliser ?

 - Bien sûr, monsieur. Ils seront prêts pour midi sonnant.

 

Il taille avec soin la peau pour faire les souliers. Il va se coucher, il est si fatigué.

Au matin, il se dirige vers son atelier. Sur le plan de travail, les chaussures sont prêtes, cousues avec art. Elles sont magnifiques. A midi, le client vient les chercher.

- Elles sont. . . parfaites. Vous êtes un artisan de talent, mieux, vous êtes un artiste.

Combien vous dois-je ? Dix sous, en voilà vingt. Elles en valent le double. Mille mercis.

Le client s'en va le sourire aux lèvres.

Notre cordonnier sent la chance revenir. Il achète une belle pièce de cuir pour faire deux paires de chaussures.

Deux clientes s'en viennent passer commande l'après-midi même.

Il taille avec soin la peau pour faire les souliers. Il va se coucher, il est si fatigué.

Au matin, il se dirige vers son atelier. Sur le plan de travail, les chaussures sont prêtes, cousues avec art. Elles sont magnifiques. A midi, les clientes viennent chercher leur commande.

- C'est superbe. Quel beau travail. Je n'ai jamais vu plus belles chausses.

Elles paient bien et repartent le sourire aux lèvres.

Notre cordonnier sent la chance revenir. Il achète une belle pièce de cuir pour faire quatre paires de chaussures.

Les clients se pressent. Il faut dire que le bouche à bouche a fonctionné.

Deux paires de bottines de dame et deux paires de chaussures d'homme. Il taille avec soin la peau pour faire les souliers. Il va se coucher, il est si fatigué.

Au matin, il se dirige vers son atelier. Sur le plan de travail, les chaussures sont prêtes, cousues avec art. Elles sont magnifiques. Pour midi, les clients sont tous repartis, heureux, le sourire aux lèvres.

Le temps s'écoule. La pauvreté a fui le foyer du cordonnier. Tous les soirs il y à manger. Le foyer est alimenté en bois. L'hiver qui arrive ne fait plus peur. Décembre pointe le nez.

Ce soir-là, le cordonnier et sa femme ont fait un bon repas soupe, pain et même un morceau de viande.

- Mon mari, il nous faut rencontrer les personnes qui nous ont délivré de la misère. Il nous faut les remercier.

-Tu as raison, ma femme. Il est grand temps de s'inquiéter de voir tout ce talent d'artisan à mon service.

- Mon mari, j'ai une idée. Nous allons veiller pour savoir. Nous allons attendre dans le placard.

La nuit avance. Ils sont cachés dans l'armoire. A minuit, un bruit de porte. Deux nutons entrent.

Ils sont nus comme des vers de terre. Ils se dirigent vers l'atelier et commencent à travailler en silence.

Leurs outils semblent danser. Leurs mains s'envolent. Les chaussures prennent forme.

Lorsque l'ouvrage est bel et bon, ils disparaissent.

- Les pauvres petits, ils doivent mourir de froid. Je vais coudre, pour chacun, une chemise, une veste, un pantalon. Je vais leur tricoter une paire de chaussettes bien chaudes. Toi, mon mari, tu leur fais de bons et solides souliers.

 

Un soir avant Noël, à la place du travail à faire, sur l'établi en bois, les cadeaux sont déposés.

Le cordonnier et sa femme sont cachés dans le placard pour tout bien voir.

A minuit, un bruit de porte. Les nains arrivent. Ils voient les paquets, les ouvrent, essaient les vêtements.

- Fini le cuir et les souliers. Fini le froid cinglant. Nous voilà bien habillés.

Ils ont dansé, chanté. Ils sont joyeux et rient à pleine gorge.

Ils sont partis. Ils ne sont jamais revenus. Le cordonnier a continué à travailler, seul.

Il avait bien observé leur habileté, leur savoir-faire. Il est devenu le meilleur artisan de la ville.

On vient de loin pour avoir de belles et bonnes chaussures de sa facture.

Le bonheur n'a jamais quitté le foyer du cordonnier.

 

Michelle Troupin, d'après le conte « le lutin cordonnier » de la famille Grimm.

Le troisième souhait

 Depuis la très ancienne tradition de l’Inde, les contes de souhaits suivent le même schéma. Des humains, souvent un couple, peuvent faire trois souhaits.  Le premier souhait est stupide ou de peu d’envergure.  Le deuxième souhait est encore plus stupide.  Le troisième souhait : retrouver la situation de départ.  Trois souhaits pour rien.  Le conte de Perrault le dit bien : les souhaits ridicules.  Plus méprisant que ce conte-là, …..

                             

Pour le troisième souhait, la très courte fable de La Fontaine, une pépite,  tranche sur la stupidité.  Voilà pourquoi je l’aime.  Voilà pourquoi elle a lancé mon imagination.

 

Aux Indes, les "follets" sont de petits personnages qui prennent soin des maisons, de l'élevage, du jardin, à condition qu'on observe leurs conditions.  Sinon, ils se fâchent et c'est la catastrophe.  Rien là pour nous étonner, nous avons, nous, nos nains, lutins, mutons, sottais.

Un follet travaille pour un bon bourgeois et son épouse, qui le traitaient bien.  Le jardin était magnifiquement entretenu.  Ces bourgeois sont des commerçants.  Ils tiennent une petite épicerie de village, nous dirions une supérette.  Ils ne sont ni riches, ni pauvres, mais d'une bonne moyenne.

Leurs relations avec le follet sont devenues de l’amitié.  Le follet travaille pendant la nuit.  Ils ne l’ont jamais vu.  Tous les soirs, avant d’aller se coucher, les épiciers apportent de la bonne nourriture pour leur « Petit Ami ».  Ils arrangent une belle table et s’en vont en lui disant merci.  Le lendemain matin, ils trouvent légumes, fleurs, fruits, suivant la saison.  Ils vendent ce qu’ils ne consomment pas.  La vie va ainsi pendant longtemps.

Un soir, surprise.  Le follet les attend.

 - N’ayez pas peur, mes bons amis.  Je dois hélas vous dire au revoir.  Mon chef m’ordonne de partir en Norvège aider une famille en difficultés.  Malgré ma peine de vous quitter, je dois obéir à mon chef.  Pour vous remercier de vos bons soins et de votre amitié, je vous offre trois vœux, ils seront exaucés.

Tristes adieux.  Trois vœux, cela vaut la peine d’y réfléchir.

- Nous n’aurons plus les légumes, les fleurs et les fruits du follet, ce qui faisait l’originalité de notre boutique et nous amenait des clients.  Demandons un riche magasin, avec des marchandises nombreuses et variées.

- Bonne idée.

Vœu exprimé.  A côté de leur maison, un magasin avec des rouleaux de tissu de soie, des jarres pleines d’huile, de vin, des sacs de riz, de farine, de café, des marchandises dont ils n’avaient même idées qu’elles existaient.  Les marchands parcourent leur nouveau magasin avec satisfaction, l’ouvrent aux clients.

Premier client, bien étonné.  La nouvelle se répand, les clients affluent.  Le marchand n’arrive pas à suivre, à les servir tous.  A la caisse, la marchande est submergée.  On se sert sans précaution, on part sans payer.  Le percepteur les taxe : une pièce de soie.

Les jarres sont brisées, les sacs crevés, les rayons vides, renversés. Les marchands contemplent le désastre.  C’était si bien avant.

- Ma femme que faire ?

- Mon mari que faire ? 

- Il nous reste un vœu.  Demandons la sagesse.  La sagesse, un trésor qu'on ne vole pas, ne taxe pas et dont on n'a jamais trop.

 

Marie-Claire Desmette, d'après La Fontaine, Livre septième, fable VI.


 

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