lundi 1 juin 2020

Mensuel Juin 2020 / N°330


Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,
les conteurs et les raconteurs.
juin 2020 – N°330



P 912122 Bureau de dépôt LIEGE 1–4000  
Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224  4053 Embourg



Au sommaire, ce mois-ci:
- Messages
- Nouvelles du monde du conte
- Livres de contes
- Rendez-vous contes
- 2 histoires
- Héros ?


Politique Butin du confinement n°2
Et la culture ?

1. D’un côté, le secteur culturel ne fait pas partie des décisions du CNS.  D’un autre, de nombreux articles relayant les problèmes des uns et des autres.  Tout comme, de la part de personnages politiques,  les propositions précises urgentes et les déclarations d’intention pour la fin de l’année.

2. Parmi les nombreuses demandes du secteur, le 2 mai, une lettre à la Première Ministre de 226 signataires des créateurs des arts de  la scène demandant les mesures nécessaires à leur sauvetage économique et un calendrier de déconfinement pour « leurs métiers essentiels à l’équilibre et au bien-être de la société ».

3. La Fédération Wallonie-Bruxelles a prévu un fonds d’urgence pour le secteur culturel, personnes et structures.  Le délai d’inscription sera dépassé quand vous recevrez ce Mensuel.

4. Le 12 mai, une réunion a eu lieu, la première qui ait jamais fait travailler ensemble les ministres de la culture des région et du fédéral.  Elle est programmée pendant une heure.  Sujets : accès au chômage temporaire, statut d’artiste, droits d’auteur. Financement de la culture ? Déconfinement et activités culturelles ? Les décisions seront soumises au CNS et ensuite  au GEES.  Dans sa déclaration du 13 mai, la Première ministre a annoncé que les décisions prises à cette réunion seraient annoncées à la fin de la semaine.

5. Le 15 mai, le CA de la RTBF a décidé d’un plan Restart et consacrera 8.000.000€ à la promotion des artistes belges.

6. Le 22 mai, impression du Mensuel.  Compte-rendu de la réunion des ministres de la culture, CNS, GEES ?
rien, rien, rien, Rien, Rien, RIEN, R I E N

Et pour le prochain Mensuel, envoyez-nous vos expériences de confinement, de contefinement.
Pour le 15 juin, ce serait sympa.  Déjà merci, la rédaction.
Edito Butin du  confinement n°2
Mensuel 330
           

Pour cause de confinement, les Mensuels 328 et 329 ont été virtuels sur notre blog.  Beaucoup de nos abonnés les ont consultés et … appréciés. Le Mensuel 329 sera encore in extenso sur notre blog jusqu’au 29 à minuit.  Après le 1er juin, vous y trouverez les articles et les histoires.  Et le numéro 330.
Pour ne pas léser nos abonnés, nous prolongeons les abonnements de deux mois.   
            Enfin, voici le Mensuel en papier.  Il est riche des messages de nos amis.  Riche aussi des conteries sur Internet.  Toujours à cause de l’Ogresse Pandémia et son âme damnée Virus couronné.  Riche aussi de projets et d’espoir.  Conterons-nous masqués à des masqués ?  Où ? Quand ?
            Mensuel riche aussi d’histoires que nous ont envoyées d’aimable correspondants.
            Avec nos rubriques habituelles.  La sélection bienvenue de la Bibliothèque de Florenville.  Les nouvelles du monde du conte.
            Le Mensuel vit, grâce à vous.  Marie-Claire

           
Message n°1 du président Butin du confinement n °2:

  « C’est donc le début d’une autre vie pour des millions de personnes. »
 Les gouvernements de la moitié de la planète imposent le « Confinement ».
Vivre autrement … partager,   parler,   écouter,   apprendre,   rire,  lire,  se détendre,  se retrouver,   ressentir,  se rassurer,  sourire  
Pour nous y aider, dans les réseaux sociaux et ailleurs, des dizaines, des centaines de conteuses, de conteurs, de chanteuses, chanteurs danseuses, danseurs,  de comédiens,  de musiciens,  de poètes, de marionnettistes … bénévolement …  se sont mis à notre disposition.
C’est avec grande joie qu’en famille nous les écoutons, les regardons, les admirons. Quel plaisir !
La Maison du Conte et de la parole a retrouvé toutes ses valeurs humaines, éducatives, de thérapie. Toute sa raison d’être et de persévérer dans son action, ses motivations, ses ambitions, ses créations.
Plus que jamais les « Veillées du 7 »  ressentent leur mission culturelle et avec un plaisir nouveau, retrouvé, amélioré, attendent avec impatience le moment où elles pourront à nouveau vous accueillir au Théâtre A Denis.
                                                                                                                                                   Roger

Message n° 2 du président Butin du confinement n°2:

Comment allez-vous?  C'est le mot de passe de toute connexion à l'heure actuelle.
Bonjours chères amies et chers amis,
Voici encore un 7 sans 7.
Sans cesse nous attendons d'autres 7
Mais malgré tout, hier soir quelle soirée
CON  tent,  FI  er ,  NE  erveux d'imaginer notre prochaine prestation ... peut-être le 7 du 7 ?
Il ne faut pas s'en laisser CONTER, non restons réalistes, positifs, dynamiques.
C'est pourquoi je vous dis préparez-vous pour le grand jour ... il viendra un jour.
Surtout prenez bien soin de vous.
A très bientôt. Bisous à toutes et tous.                                                                                    Roger
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UN MOIS, DES CONTES A LA BIBLIOTHEQUE DE FLORENVILLE


Le saviez-vous ?
La bibliothèque de Florenville, en partenariat avec l’Asbl Chiny Cité des contes, abrite un Fonds spécialisé « contes » très étoffé. Des albums, recueils, anthologies, théories du conte, quelques revues, des CD,… destinés aux adultes comme aux enfants. Une collection riche de près de 1900 ouvrages, l’une des plus importantes en Communauté française. La diversité des ouvrages permettra par exemple d’alimenter la hotte d’un conteur, d’animer un après-midi récréatif, de servir le travail d’un étudiant, d’animer une journée auprès des aînés, de nourrir l’imaginaire avant d’aller dormir.
Chaque mois de cette année 2020, nous vous proposerons une sélection de 4 ouvrages :




JUIN : CONTES INITIATIQUES A L’HONNEUR

RECUEILS :
ü  Idries Shah, Contes initiatiques des soufis, Monaco, Edition du Rocher, 2004. Ces récits et histoires qui s’adressent à l'esprit intérieur sont interactifs, ouverts. Ils réveillent, chez celui qui les lit, la faculté peu exercée de revenir toujours au point de départ, l'aptitude à percevoir ce qui est là. Ils dessinent un chemin.

ü  Jani Pascal, La belle jarretière verte, Québec, Planète rebelle, 2014. Mue par la passion et son attachement profond pour le conte traditionnel, Jani Pascal nous offre l’histoire d’un Ti-Jean adolescent, arrivé à une étape décisive de sa vie : celle de sa prise d’indépendance à l’égard de ses parents et de la découverte de l’amour et de la sexualité.


ALBUM :
ü  Charles Perrault, Clémentine Sourdais, Le très grand Petit Poucet, Paris, Hélium, 2015. Le texte de Perrault et l’histoire sont connus. Mais cet album est remarquable par ses illustrations, ses pliages accordéon et les découpes du dessin.
CD :
ü  Pépito Matéo, Sans les mains et en danseuse, Ouï-dire éditions, 2013. À l’aube, j’ai dû quitter une fois pour toute l’enfance et m’engager sur mon chemin de Compostelle... À l’heure qu’il est je n’en suis toujours pas revenu... Faut dire qu’entre temps on m’a piqué mon vélo... Du grand Pépito Matéo, drôle, tendre, foutraque…

Infos :
Bibliothèque : rue de l’Eglise, 13 – 6820 Florenville
061/ 32 03 40 - www.bibliotheque-florenville.be bibliotheque.locale.florenville@province.luxembourg.be

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Nouvelles du monde du conte

·      Contes et musée ?  Un directeur de musée a annoncé  vouloir faire appel à des musiciens et des acteurs.  Pourquoi pas des conteurs ?

·      Postillons. Les postillons sont un problèmes pour les acteurs qui sont à plusieurs sur une scène.  Ils n’en sont pas un pour le conteur seul en scène et qui peut s’éloigner suffisamment de son public pour ne pas le mettre en danger.  Conter avec un masque ?  Chiche !  Le conte, bouée de secours des arts vivants ?

·      Les chèques « culture » sont prolongés jusqu’en décembre. Entendu à la radio
.
·      Organisation des ASBL et sociétés culturelles. Un arrêté royal prévoit trois options :1. Le CA peut décider de maintenir l’AG tout en respectant les mesures prises en réponse à la pandémie. 2. Reporter l’AG jusqu’à la levée du confinement. Il est possible au CA de prendre des décisions par écrit ou tout autre moyen de communication.

·      La réunion de FEST. 58 conteurs européens sur Zoom.
Très belle orchestration de la réunion :  4 temps de parole d’intervenants choisis à l’avance et ensuite questions et discussions. Utilisation du chat pour déterminer les questions et l’ordre des question.
Gratuité des prestations, car cette période est une période de remise en cause des valeurs, mais c’est temporaire.
Terroir pour de nouveauté, rester à l’écoute... et importance des histoires en cette période.
Se faire payer moins cher des formations  ou des  spectacle sur le net ? Non pas question ! car plus de travail et d’énergie. On peut juste enlever les prix et temps de transport.
Comment être payé ?  par paypall et teepee.
La vidéo permet de faire découvrir le conte à de nouvelles audiences et de rassembler un public worldwide. Problème de qualité des prestations. A surveiller pour ne pas que ça déforce le conte plutôt que le renforcer... Véronique de Miomandre

·      Réunion Cont’Acte du 14 mai. (  extraits) Ordre du jour :
1. Présentation de la réunion de coordination avc le Réseau des Arts à Bruxelles. 2. Organisation du déconfinement - réactions suite à la réunion du CNS + Projet de soutien aux artistes conteur.se.s en difficulté
3. Gestion à long terme : programmation des mois à venir - Quid comme mode de fonctionnement
si annulations futures ? 4. Quel mode de communication adapter entre nous ? Mandats pour porte-parole ?? Méthode de fonctionnement..
Les enjeux suivants ont été soulevés : Parler d’une seule voix au nom du secteur culturel, comment
faire ? La question du territoire, la question du plan de relance, la question des données (comment
les centraliser ?), la question du pont avec les autres secteurs, du soutien à la création et aux artistes…
Fonds « Sparadrap » Fonds d’urgence et de solidarité artistique.  (extraits) Ce fonds vise à aider certaines personnes physiques fragilisées par la crise sanitaire Covid-19, suite à l’arrêt ou au report de leurs activités de création et/ou d’exécution ou d’interprétation dans le cadre de spectacles vivants ou enregistrés.
Le fonds viendra en aide à des personnes physiques. Le fonds ne viendra pas en aide à des personnes morales.
Le secteur culturel est considéré comme le secteur professionnel le plus touché par la crise sanitaire Covid-19. Certaines aides sont prévues ou en attente de la part des pouvoirs publics (communauté et (fédéral) mais beaucoup d’artistes et de travailleurs des arts ne sont parfois pas concernés par ces indemnités ! Il suffit qu’ils n’entrent pas dans certaines « cases » requises pour se retrouver sans aucun revenus, même de chômage pour certain.e.s et ce, depuis la mi-mars 2020 !
Pour faire un don au fonds, il faut envoyer un courriel à sparadrap@uniondesartistes.be et virer le montant du don sur le compte bancaire du fonds. Compte bancaire BE95 3771 2042 7658.  A voir également sur Internet.

·      Mémoire du confinement. Le monde d’après le coronavirus sera celui de la mémoire collective et des traces laissées dans l’Histoire par notre lutte contre la pandémie.  Il faut documenter la crise sanitaire, en conserver les traces, faire le tri entre l’essentiel et l’anecdotique, tenter de dresser le profil d’un moment inédit.  L’intérêt est planétaire. En un mot : archiver.  L’association Musées et Sociétés en Wallonie  recherche des témoignages sur le vécu des Belges et des contributions sur les bouleversements généré par la crise.  081/42.0056.
L’Association des archivistes francophones et le Vlaamse Vereniging voor Bibliotheek, Archief & Documentatie ont un site https://archivesquarantainearchief.be/fr/.  Il s’adresse au grand public et aux professionnels.  Egalement : l’Institut d’histoire ouvrière économique et sociale (Ihoes) basé à Seraing.  Plusieurs villes ont activé des dispositifs pour recueillir les témoignages, photos, dessins,

·      Le langage miroir de la crise. Le néerlandais encourage la formation de mots composés.  La rédaction du dictionnaire Dikke Van Daele a désigné un rédacteur pour se tenir au courant des mots de la crise du corona.  Il contient déjà plus de 300 mots.  Des évidents comme « coronacrisis » ou « coronakilo’s ».  Plus amusants : « coronakapsel », coiffure corona.  « hamsterschammte » honte d’avoir stocker des rouleaux de papier WC.  « huidhonger », faim de peau ou la solitude du célibataire.  Ivan De Vadder, journaliste
« Coiffinement », inventé par un coiffeur français qui diffuse sur les réseaux sociaux un tutoriel pour aider les gens à se coiffer seuls  Il faut prendre rendez-vous et mai est plein.
En français, confinement et déconfinement. Confnement a été utilisé à la fin du XVième siècle et plus tard, enregistré par le Littré et Larousse.  Le sens est de forcer quelqu’un à rester dans un endroit clos, les prisonnier, les malade, les poulets ( !)
Par contre, les mots « déconfinement », « déconfiner » et « déconfiné » sont ignorés par tous les dictionnaires.  Les francophones ne se sont pas laissés prendre à utiliser un anglicisme et on propose déjà « déconfinement » comme nouveau mot pour 2020. Michel Francart
Les conteurs ont l’habitude de jouer avec les mots, avec les son : noms des personnages, formules magiques.
A vos imaginations.

·      8ième rencontre internationale des arts de l’Oralité, Riao-2021 en novembre-décembre 20121 Organisé Par Katoulati, Iminrio du Bénin, Téré Culure du Togo et  AMAC, France lancent un appel international  à candidatures. katoulati@gmail et riaobenin@gmail.com
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Rendez-vous contes



Confinement oblige et à notre grand regret 

Les Veillées du 7 – scène ouverte
organisées par la Maison du Conte et de la Parole de Liège-Verviers
des 7 mai et des 7 juin ( ?) 2020 sont supprimées

A Liège tous les rassemblements sont interdits jusqu’au 30 juin. Avec espoir, nous vous donnons rendez-vous le 7 juillet pour une veillée extraordinaire.  Soignez-vous bien. 

? Vivre, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à chanter sous la pluie. Sénèque
Chiny, cité des contes                 CraXX               les Raconteurs d’histoires                               RadioSud. 

Festival du Conte de Chiny avec les conteurs et les techniciens radio volontaires

quand ? les 10, 11 et 12 juillet de14hà 24h
               le 11 juillet entre 0h00 et 14h
où ? sur 48FM, Campus, Air Libre, Alma, Libellule, Panik, Passion, YouFM, Run, Radio Sud… et d’autres qui s’ajoutent d’un peu partout, www.radiosud.be
Une question ? radio@conte.be .  Voir p. 6.


Racontance


Bibliothèque des Chiroux
Contes pour adultes par Jeanne Godenne

Six contes de tradition adultes aux Chiroux sur https://fr-fr.facebook.com/bibliothequechiroux/
Infos : jeanne.godenne@provincedeliege.be  Voir p. 7.

La Maison du Conte de Charleroi

4ème FESTIVAL CAROLO DU CONTE le samedi 29 août 2020.

où ? Théâtre Marignan, boulevard Tirou, 63, 6000 Charleroi                                infos, réservation : 0475/649.538
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Messages Butin de confinement :

Maison du Conte de Charleroi

Bientôt de nouvelles aventures. Mesdames, Messieurs, chers amis de la Maison du Conte de Charleroi,
On avance comme vous tous, masqués  (ou pas) et quelques lueurs positives viennent éclairer le chemin d'une reprise potentielle. On espère en savoir un peu plus vers la mi-juin...
En collaboration avec l'asbl Cont'acte, la Maison du Conte de Charleroi a participé à l'élaboration de quelques pistes ''techniques'' pour une éventuelle reprise.
Pour les vacances, peut-être pourrons-nous proposer en toute sécurité, des rencontres contées, des stages, des ateliers ? On peut rêver... Nous vous tiendrons au courant !
N'hésitez pas à partager nos capsules contées pour petits et grands et à vous abonner à notre chaîne 
Youtube
Vivement vous revoir ! L'équipe de la Maison du Conte de Charleroi : Pascale, Raphaëlle, Sylvianne, Julie, Carine, Christophe, Jacky, Nicole, Manola
Festival du Conte de Montréal

Notre série Contes qui font du bien s’est achevée le 24 avril. Merci à toutes celles et ceux qui nous ont écrit et qui ont partagé les contes avec leurs réseaux. En l’absence de rassemblement physique l’équipe du festival a senti votre soutien et votre enthousiasme et cela nous a beaucoup motivés et encouragés.  Merci aussi aux artistes qui ont accepté de se filmer devant un téléphone. Ils ont fait preuve de beaucoup de générosité et d’humilité parce que l’expérience, je vous le dis en connaissance de cause, est nouvelle pour la plupart des conteurs et le risque de ridicule est grand….Le FICM étant un diffuseur de contes professionnels, les artistes qui ont participé l’ont fait dans le cadre d’une entente contractuelle et non sur une base volontaire, c’est important de le mentionner alors que pullulent en ce moment les demandes de participation bénévole et que les artistes n’ont justement plus aucun revenu.
Attention, dès que Montréal sera déconfiné nous allons enlever les contes en ligne, alors profitez-en pendant que vous pouvez si vous en avez manqué dans la série!  Revoir les contes.
Nous avons concocté une petite surprise pour vous en ce joli mois de mai que, nous espérons, verra un petit desserrement des règles de confinement : un dixième et dernier Conte qui fait du bien! Nous en voulions dix à l’origine et voilà que notre souhait se réalise. Allez dès jeudi le 7 mai sur le site du Festival et vous verrez la belle surprise que nous vous offrons, car la dixième artiste est elle-même une légende !
Notre initiative a reçu énormément d’attention des médias. Entre autres le site Lien Multimédia  http://www.lienmultimedia.com/  , le portail des professionnels du numérique, a fait un reportage sur le projet. La journaliste Marie-Hélène Brosseau a interviewé la directrice du FICM ainsi que les deux artistes Olivier de Robert et Renée Robitaille, qui ont tous les deux à leur façon commencé à intégrer le numérique dans leur pratique professionnelle. Les articles associés ne sont pas encore en ligne mais vous pouvez dès maintenant aller écouter le très intéressant reportage, qui dure 40 minutes.
Une pensée spéciale à toutes celles et ceux qui souffrent en ce moment.  Nous avons perdu trop tôt des hommes et des femmes que nous pleurerons longtemps, tout particulièrement l’anthropologue Sylvie Vincent, une grande amie du FICM depuis ses tout débuts. Nos plus sincères condoléances à ses proches.
Espérons que les inégalités que révèle cette pandémie nous donnerons encore plus de feu pour continuer notre mission artistique et humaine.    Stéphanie Bénéteau, Directrice

madannie.conteuse

Bonjour ! 
La période de confinement prophylactique «  coroonavirus Covid-19 «  affecte le monde culturel du monde entier. Contrainte et même drame pour d’innombrables artistes et techniciens, mais ce temps peut être aussi une opportunité pour de nombreux artistes et programmateurs qui ont la possibilité ou l’obligation de revoir leurs programmes en fonction du temps et des artistes disponibles, des décalages de programmation ( effet domino des déplacements de dates, par exemple ) sans souffrir des multiples contraintes de la présence au bureau. Opportunité aussi de découvrir de nouvelles têtes.
Quatre spectacles de contes de Madannie sur https://madannieconteuse.wixsite.com/website
Par téléphone : 0032 479 37 62 29 ( ou 0476 37 62 29 à partir de la Belgique )  
Annie vande Veegaete  madannie.conteuse@gmail.com
Affectueuses pensées à tous les acteurs du monde culturel. Madannie

S’écouter, ça conte !

 La bouteille jetée au ruisseau voici à peine 2 semaines (1) a été repêchée déjà par plus de 90 artistes, 10 radios de la CraXX et une trentaine d’intervenant-e-s de tous poils.
 L’événement radiophonique proposé aura donc bien lieu.
Mélanger l’éveil à l’imaginaire de l’univers de la radio à celui de l’art du conte... Susciter la narration du monde, le réenchantement des histoires partagées...
 Le projet de la CraXX, coordination des radios associatives et d’expression (de Wallonie- Bruxelles) et des partenaires qui s’y s’ont immédiatement rallié-e-s prend forme : créer les 10, 11 et 12 juillet un bel événement radio fondé sur 30 heures de vrai direct.
 Il est articulé sur des interventions contées depuis les lieux de vie des raconteur-se-s, mais comportera aussi des moments plus rassembleurs dans des studios de radios qui se partageront le temps d’antenne.
 Le direct est fixé de 14h00 à 24h00 (heure belge), vendredi, samedi et dimanche.
Les conteuses et conteurs pourront y raconter une histoire «courte », être interviewé-e-s, même brièvement, et proposer une plage musicale. Une programmation spécifique sera diffusée entre entre 0h00 et 14h00 pour assurer une radio non-stop du vendredi 14h00 au dimanche minuit.
Nous prévoyons aussi de diffuser des enregistrements et d’autres formats radiophoniques.
Des discussions et des réflexions autour de la pratique de l’oralité́ seront également proposées. Et une belle place est aussi prévue pour d’autres artistes, ami-e-s.
 Sur cette base, nous continuons à̀ récolter les propositions les plus diverses qui viendront en appui au projet.
 Nous avons identifié́ 6 « catégories » de participation possibles :
1.      artiste, conteur-se,musicien-ne ayant des récits ou des émotions à partager
2.      expert-e, observateur-trice, organisateur-trice du monde du conteanimateur-trice radio
3.      animateur-trice radio
4.      opérateur-trice technique
5.      radio de Wallonie, de Bruxelles ou de partout ailleurs intéressée par le conte
6.      communicant-e ou découvreur-euse enthousiaste
 Si tu souhaites y participer, fais-toi connaître au moyen de ce formulaire
Et si tu n’as pas de disponibilités ou d’apports particuliers à proposer, merci déjà, en tout cas, de préparer avec tes publics la mobilisation des auditeur-trice-s qui seront à l’écoute les 10, 11 et 12 juillet
Le cap est résolument mis sur l’univers du conte, du récit oral, du racontage.
L’objectif est d’embarquer des auditeur-trice-s radio qui ne sont pas des habitué-e-s des veillées contées ni des salles. De casser l’image du conte illustré, de la littérature construite. D’emporter les oreilles et les têtes dans l’imaginaire de récits et histoires simplement racontées, sans autre support.
 Bref, trois jours pour révéler tout un art auprès de citoyen-ne-s qui n’attendent peut-être qu’un déclic pour se plonger, dès que les salles seront à nouveau ouvertes, à l’écoute de créations qui font bouger l’imaginaire.
Festival du Conte de Chiny, Radio Sud, Raconteurs d’Histoires, CraXX Benjamin, Annick, Patrick, Fred
Et puis aussi, dès à présent : Pierrot, Jeanine, Marc, Pascal, Catherine, Georges, Nicolas, Bertrand, Jean-Marie, Thomas, Hans, Carine ...
Plus d’infos :


Six contes de tradition orale, en vidéo

Je souhaite à toutes et tous le premier de tous les biens, une bonne santé !
Comme beaucoup d'autres activités, les contes pour adultes de la Bibliothèque Chiroux sont actuellement suspendus. Afin de garder un lien avec les participants habituels, la Province de Liège a permis l’enregistrement de six contes de tradition orale, destinés à être diffusés sur la page Facebook de la Bibliothèque Chiroux et celle du Château de Jehay. 
Contes de tradition orale, que beaucoup de conteurs et conteuses reconnaitront, ils sont accessibles autant aux adultes qu'aux plus jeunes.
Pour moi, ces contes « en boîte » sont une chouette opportunité, même si la saveur n’est pas la même  que celle des contes en « live » avec leur public, les échanges de regards, les blagues d’actualité, les rires contagieux …
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Contes et histoires Butin du confinement

Les yeux d'Ariane
                                                                                              conte écrit par Fabienne Lorant. Tous droits réservés.


Ma grand-mère est d'ici, mon arrière-arrière-grand-mère aussi. Tu peux remonter ainsi le fil de dizaines de milliers de générations. Nous avons, pour la plupart, à peine bougé de quelques kilomètres. Discrètes, dans notre coin, rarement aimées, nous avons certes été amenées à plier plusieurs fois bagage. Mais, chassées par les balais, écrasées par les talons, happées par des fauves ou des aspirateurs, nous avons tenu bon pour conserver, finalement, à peu près le même territoire. Ce n'est pas un hasard si tu  me qualifies de 'domestique' : c'est ici que je suis née. J'y vis, relativement à l'abri. Le vent me berce. J'ai de quoi me nourrir – du reste, je peux me passer facilement de manger. Je continuerai ainsi, quasi immobile sauf sous la contrainte, jusqu'à ce que je meure, de mort naturelle ou sous une pluie de poisons. Je n'ai pas à m'en faire : mes nombreuses descendantes trouveront et prendront, aux alentours de ma dépouille, la place qui leur convient. Et, si pas tout autour, un peu plus loin.

Nous sommes relativement petites et, le plus souvent, solitaires. Nos vies sont brèves et notre périmètre limité. Mais nos effectifs sont tels qu'ils dépassent ton entendement. A l'abri de tes regards mais toutes écoutilles ouvertes, je suis équipée pour te surveiller jour et nuit : mon odorat est féroce, je suis ultrasensible aux vibrations et mes yeux me dotent d'une vision panoramique. Depuis mon coin, je te regarde et je te sens. Je te détaille à chaque instant. Je consigne tout ce que tu fais, ce que tu dis, ce que tu manges, qui tu fréquentes, ainsi que l'ont fait mes ancêtres. Chaque soir, je transmets mes résultats comme on me l'a enseigné. Il est temps que tu le saches : nous communiquons et accumulons des connaissances à ton propos. Ne me demande pas comment : cela ne te regarde en rien.

Mon ordre et moi étudions le genre humain depuis la nuit des temps : nous sommes là pour ça, ce n'est pas une mission, c'est une raison d'exister. « A quelle fin », te demandes-tu ? Tout ce que je peux t'en dire est que ta prolifération et ta relative prospérité ont permis à notre espèce de conquérir de nouveaux territoires et de se multiplier parallèlement. Ton essor a effectivement favorisé le nôtre. Au fil de tes migrations, et plus encore depuis que tu te répands à la faveur de tes moyens de transport ultra-rapides, nous avons pu nous implanter, moyennant quelques adaptations, dans de nouveaux biotopes. Tu nous offres de nouveaux habitats confortables, parfois des plus inattendus. Bien plus important encore : ta conquête nous a permis de nouer des relations suivies entre les communautés de notre ordre au niveau planétaire. Notre potentiel d'acquisition de connaissance s'en est forcément trouvé boosté et s'enrichit encore de manière exponentielle à la faveur de cette interconnexion universelle. Cependant, notre mode de vie, en regard du tien, a très très peu évolué. Nous avons conservé les mêmes coutumes en termes d'habitat et d'alimentation. Nous n'étouffons pas la biosphère sous une gigantesque toile : les nôtres demeurent, en termes de dimensions, conformes à nos besoins élémentaires qui sont, je le répète, frugaux.

Ce que je peux te dire aussi, c'est que nos toutes premières observations remontent à plusieurs millions d'années, lorsque nos ancêtres ont remarqué l'habileté particulière de certains primates qui figurent parmi tes aïeux. Ce qui a surtout piqué notre curiosité, c'est un comportement singulier de ces mammifères primitif. Ils se sont mis à se déplacer sur deux pattes pour pouvoir utiliser leurs membres antérieurs comme des outils, à l'instar de ce que nous faisons. Je peux tisser, comme me l'ont transmis mes ancêtres, tisser infatigablement et tirer des fils d'un coin à l'autre. Ce qui est à l'origine de notre intérêt est que ta lignée se développait à la faveur d'une faculté rare du vivant qui est aussi nôtre : la dextérité. Nous avons donc poursuivi notre surveillance rapprochée. Ta lignée s'est avérée redoutablement habile. Vous avez cueilli, vous avez chassé. Vous avez créé des outils pour ce faire, puis cultivé, bâti, tissé ! Devant nos yeux écarquillés, vous avez construit des engins de toutes sortes, grâce auxquels certaines d'entre nous ont vécu dans l'espace et sous les océans. Mais ceux de ta lignée ont aussi joué avec le feu, avec les armes, avec des produits létaux, avec l'atome. Si bien que le constat est unanimement partagé aujourd'hui : l'évolution de notre objet de recherche devient fortement critique.

Désormais, l'espèce humaine constitue, en l'état, plus une menace qu'une opportunité pour nous. Les derniers développements de l'expérimentation sur le long terme que nous menons montrent que le danger porte bien plus largement que sur le périmètre d'un laboratoire et de ses occupants ou voisins, que c'est la totalité de notre habitat qui est en péril. Notre milieu de vie est menacé. Nos soeurs agonisent de faim jusqu'à l'extinction sous les pulvérisations, d'autres meurent par millions dans des cataclysmes climatiques. Nos toiles périssent parmi les cendres, à cause de la déforestation et des incendies. Il va falloir reprendre la situation en mains. Nous devons mettre un terme à cette fuite en avant. Notre expérience nous échappe ! Conscientes que la mobilisation de tous nos venins n'y suffira pas, nous avons largement consulté les membres de notre espèce. Les acariens nous ont exposé leur stratégie, ainsi que les tiques. Mais il nous a semblé que leurs pratiques très spécifiques pouvaient difficilement être transposées au sein de tout notre ordre.

Aussi avons-nous également écumé nos registres jusqu'aux plus anciens : ils font état de milliers de zoonoses, parmi lesquelles la peste, transmise par les puces des rats. Nos recueils plus récents attestent de la recrudescence et de la diversification de pathologies mortelles transmissibles par contagion. Elles résultent tout autant de la cohabitation entre animaux sauvages et humains que de la mobilité galopante de ces derniers. Notre dernière observation se mène à une très large échelle et est collective : nous sommes mobilisées à l'échelon planétaire pour nous focaliser sur la contamination de la population humaine par un virus inconnu, qui aurait pour origine un animal sauvage non encore clairement identifié. En dépit des difficultés que nous éprouvons à pénétrer et à nous établir dans des locaux d'expérimentation étanches et des salles de soins régulièrement assainies de fond en comble, il va sans dire que nous suivons l'évolution de cette pandémie de très près, dans la mesure où elle semble en tous points concourir à nos objectifs.

L'arsenal viral paraît se déployer en toute efficacité. Il est établi que le virus ne nous affecte pas. Puisque d'autres espèces semblent se charger à notre place du boulot, nous avons décidé de surseoir à notre propre stratégie d'armement. Nous poursuivons donc simplement nos observations, comme nous l'avons toujours fait. C'est notre raison d'exister. Je suis là, au poste. Et toi, alors que tu es confiné, prisonnier dans ton propre habitat, tu me facilites grandement la tâche. Toutes mes paires d'yeux sont braquées sur toi.


Malaïka
                                                                                                   Histoire originale de Lubangi Aminata Fatouma


« À toi j'ai écrit, toi qui as ignoré mes alertes.  Garde ma mort sur la conscience. »
Sur le sol mon sang coule ! Et pourtant, j'ai toujours détesté ce maudit parquet ! Mais aujourd'hui, il me réconforte.

Tout avait commencé après le départ de ma mère. Il y a un mois, mon père et moi avions décidé qu'il était temps de déménager puisque, comme je venais de passer en secondaire, je devais quitter l'école du village.
Nous avions donc opté pour le monde urbain, pour se rapprocher de l'aéroport. Nous vivions dans une maison mitoyenne, ma chambre était éloignée de toutes les autres et se trouvait au fond du couloir. Mais dans ce nouvel environnement, le calme était devenu un trésor rare.

            Tous les matins, il fallait réveiller la petite et lui faire sa toilette. Notre père vérifiait toujours la météo pour être sûr que son vol serait sans danger. Il est toujours occupé et très pressé mais au moins il n'oublie jamais de prier. Aisha est la prunelle de ses yeux, tout l'amour qui lui reste ne lui est dédié qu'à elle seule et personne d'autre. Malgré ça, je tuerais pour elle s'il le fallait puisqu'elle est la dernière chose que Maman ait laissée.

Ce jour-là, une pluie terrible s’était abattue sur la ville, la communication était compliquée avec l'extérieur. Ma mère venait de perdre les eaux dans les escaliers. Nous n'étions que toutes deux à la maison. Pendant notre chemin vers la voiture, elle s’arrêta brusquement. C’était trop tard ! Elle s’était allongée sur le sol et s’était mise à pousser. Tout s'était passé si vite !  Dans cette joie, j’avais oublié d'appeler les secours. Pendant ce temps, elle se vidait de son sang. (Elle avait nommé Aisha.) Quand je les avais enfin contactés, il était trop tard.
Après cela, mon père ne m'a jamais plus montré d’affection et peut-être même qu'il me haïssait, mais Aisha porte bien son nom car cela signifie « elle est en vie. »

Si l'on regardait ma vie dans les grandes lignes, elle ressemblerait à une vie tout à fait banale, même si je passais la plupart de mes journées à m'occuper de la maison, d’Aisha mais aussi à nourrir tout le monde. Mais durant la nuit, il m'arrivait d'entendre des murmures venant du couloir, je n’y prêtais guère attention au départ. Puis un jour, décidée de découvrir ce que c'était, je me suis approchée de la porte de la salle de bain car les chuchotements semblaient d’y provenir. J'entrai avec précaution, j'ouvris tout doucement la porte et tendis la main à la recherche de l'interrupteur. La pièce enfin éclairée, je m'y introduisis prudemment. Je m’approchai du miroir mystérieusement brisé, j’examinai les fissures de tous les côtés puis je me rendis compte d'une chose. Prise de peur, je reculai et je tendis ma main droite vers le haut.
« J'ai dû l'inventer pour ne pas avoir à me subir
Elle est ma seule amie
La seule qui m’écoute et s'inquiète
La seule qui sait
Car elle est moi
J'ai peur de les entendre les pensées morbides 
Elles les bloquaient par sa présence
Mais ça ne marche pas à chaque fois »
C'était mon image à peu de chose près, je voyais mon visage, inexpressif et froid, mais aussi le corps d’un homme, immobile. Prise de peur, je pris la porte. Ce jour-là, je ne le vis qu’une seule fois, alors j’avais choisi de ne pas en parler.
Plus le temps passait, plus on se voyait.
Parfois, j'avais l'impression qu’il me méprisait.
Il y a deux semaines, un soir, après avoir mis Aisha au lit, j'entrai dans ma chambre et pour la première fois, il s’y trouvait. Alors, je me rapprochai du miroir de la garde-robe. Il prit enfin la peine de se présenter. Il me dit qu’il n’avait pas de nom, sa vie avait commencé lorsque j’étais au plus bas et qu’il était cette amie que j’avais créée pendant mon enfance. Quand il s’avança vers le miroir, sa peau avait l’air si vraie que je voulus la toucher. Mais sa peau n’était pas aussi douce que je me l’imaginais car ma main venait de traverser le miroir. A ce stade plus rien ne pouvait m’étonner.
Après cela, il me demanda de le laisser sortir. Il disait que s’il entrait dans ma réalité, il lui serait impossible de revenir en arrière. A vrai dire, je pris à peine le temps de réfléchir et j’acceptai parce que qu’il était la pire chose qui pouvait m’arriver. A sa sortie du miroir, je le reconnus enfin, il ressemblait à Malaïka, la guerrière des contes que ma mère me racontait. Nous avons passé la nuit à nous parler. Mais durant cette nuit, j'eus le pressentiment d'avoir ouvert la boîte de Pandore. Ce ressentiment était justifié.
Les journées suivantes, j’aidai Malaïka à s’adapter à ce nouveau monde. Pour tout dire elle s’y était faite assez vite.
Vendredi dernier, j’ai cassé un verre. Blessée à la main, j’ai rougi le sol avec mon sang.  Malaïka avait pris mon doigt, elle le tournait sans cesse. Son regard était comme absorbé par la plaie, ses yeux brillaient de fascination mais je me sentis mal à l'aise car j'avais l'impression de voir une sorte d'excitation malsaine dans ce regard.
Elle me dit qu’elle ne saignait pas, elle, son regard toujours absorbé par mon saignement. Elle le trouvait tellement beau et pur, elle mourait d’envie d’essayer.
Le feu aussi la fascinait car c’était comme si les flammes lui parlaient.

Plus le temps passait, plus son comportement devenait étrange. Il lui arrivait de sortir sans ma permission et de se faire passer pour moi. Elle commença aussi à mettre le feu à des objets dans la maison. Une nuit, pendant que je dormais, elle me coupa les cheveux. Mais le jour où j'ai commencé à vraiment me méfier d'elle, c’est le jour où elle essaya de me noyer.
Ce matin, elle avait un air d’en avoir deux. Je venais du salon et je me dirigeais vers ma chambre. Elle était là, dans le couloir. Elle s’approcha de moi, négligemment, d’une démarche dansante, la tête baissée tout en me regardant par en dessous. Brusquement, elle m'attrapa les cheveux et voulu m'envoyer de l'autre côté du miroir. De toute mes forces, je m'y opposai. Sous le stress et la douleur, je cherchai un moyen pour m'échapper. Je ne voyais pas du tout comment m’en sortir, alors, en espérant être entendue, j’ai hurlé de toute mon âme. A ce moment-là, elle m'asséna un coup à la poitrine puis posa sa main sur ma bouche pour me bâillonner.
La clinche de la porte d’entrée venait d’être agitée. Je profitai de ce moment d'inattention, je n'avais pas une seconde à perdre et je pris mes jambes à mon cou. Je me précipitai dans ma chambre en fermant la porte. Mais la porte résistait ! Malaïka poussait avec une puissance monstrueuse, je lâchai et couru pour attraper une paire de ciseaux sur le buffet.
Elle s'engouffra dans la pièce tel un être maléfique.
« Je n’en pouvais plus, je devais la tuer »
Je lui paie sa présence d'une mort stupide, tuée par le désespoir dû à ma solitude.
Ciseaux à la main, je décidai d’y mettre fin !
Je me mis face à elle et, dans les yeux, je lui dis :
- C'est fini, je ne veux plus te voir souffrir par ma faute ! Je ne peux t'empêcher de me faire souffrir. Donc, je vais y mettre fin une bonne fois pour toutes.
- Incapable un jour, lâche toujours, dit-elle.
- Alors je te laisse apprécier le spectacle.
Mon cœur s'affolait, « lâche toujours » mais pas cette fois !

Tout était si blanc, si immaculé, d'un blanc  parfait que j'ai cru en avoir enfin terminé.
Au-dessus de mon corps presque sans vie, elle hurlait, m'engueulait avec ses dernières forces.
La fin approchait, elle s'allongea et son regard froid et méprisant s'adoucit.

Avec mon sang, j'ai écrit. Toi qui as ignoré mes appels, sache qu'elle compte s'en prendre à ceux que j'aime




Texte inédite d’Yves Jeunehomme
Des Héros de fumée


Dans le mensuel de janvier 2020, notre rédactrice en chef nous posait en quelques lignes la question « nos héros sont-ils irréprochables ? », en prenant comme point de départ l’attentat au couteau qui s’est produit à Londres le 29 novembre 2019.
Dans les semaines qui ont suivi la lecture de cet entrefilet, le collège de France — qui fait le travail de rendre ses cours disponibles sur son site internet — diffusait deux leçons que l’helléniste Vinciane Pirenne-Delforge consacrait au statut des héros, ainsi qu’un cours de Patrick Boucheron, historien du Moyen Âge et de la Renaissance, sur l’exemple en histoire (1).
Vinciane Pirenne-Delforge utilise des sources poétiques et archéologiques pour éclairer l’histoire les cultes que les Grecs vouaient aux héros. Dans l’Iliade, elle découvre une septantaine de mentions du mot héros. Il s’agit dans la plupart des cas d’humains mortels du présent de l’intrigue, souvent des guerriers achéens et parfois de mortels du passé. Dans l’Odysée, la quarantaine de mentions concernent un poète-chanteur, un devin, les hommes d’Ithaque ayant le droit de participer au conseil royal, le père d’Ulysse, ou Télémaque lui-même : des mortels, donc, mais d’aucune figure de servitude. Le mot « héros » désigne des hommes — pas des femmes — qui exercent une forme de pouvoir, soit celui qui trouve son origine dans la propriété terrienne, soit dans la maitrise d’un art divin.
La constitution des deux épopées remonte au IXe ou au VIIIe siècle. Ni l’une ni l’autre ne disent nulle part que les héros fassent après leur mort l’objet de quelque culte que ce soit. Cependant, l’archéologie a découvert des tombes mycéniennes — la période mycénienne, 1650-1100, est celle de la guerre de Troie — auprès desquelles un hommage a été déposé, sous forme d’objets de métal et de céramique contemporains de la constitution des deux épopées (à la fin de la période géométrique et durant la période archaïque, du Xe au VIIe siècle).
Après avoir procédé à l’examen de nombreuses sources, Vinciane Pirenne-Delforge conclut qu’il a existé dès la période archaïque des cultes voués à des défunts, à qui les vivants reconnaissaient un pouvoir d’action leur vie actuelle. Ce n’est que suite à la circulation des épopées homériques que les sociétés grecques ont endossé l’idée qu’il s’agissait de cultes conférés à des héros.
Cette analyse ne manquera pas d’encourager la conteuse et le conteur : la circulation des récits peut avoir des effets sociaux. Par contre, il n’est pas question d’exemple à suivre.
Cette question fait l’objet du cours de Patrick Boucheron. Il nous parle de l’assassinat du duc de Milan Galeazzo Maria Sforza, dans une église le 26 décembre 1476. Sous la torture, le plus jeune des trois assassins, Girolamo Ogliatti, a expliqué avoir été animé par idéal républicain, qui lui était venu de la lecture de la Conjuration de Catilina.
Patrick Boucheron nous dit que cette époque était encore celle des analogies : la vision du monde était faite d’innombrables correspondances entre êtres et objets de formes identiques. Dans un tel régime des connaissances, le récit n’enseigne pas seulement le passé. Il augure également du futur en démontrant que telle décision prise dans telle situation a telles conséquences inévitables. L’exemple guide ainsi les comportements. La condition est qu’il soit considéré comme probant. C’est le cas, affirme Patrick Boucheron, dès lors que le récit est diffusé par un livre. Tout le monde a lu la Conjuration de Catilina (2).
Dans le cours du XVIIe siècle, les sociétés européennes ont quitté le régime analogique de représentation du monde, dans lequel elles avaient trempé depuis au moins l’antiquité classique. C’est peut-être pour cela que, lorsque j’étais enfant, le mot héros n’était utilisé que pour désigner les protagonistes d’un livre ou d’une bande dessinée.
Dans mon souvenir, une exception est advenue en 1978 avec la sortie du Merdier, film réalisé par Ted Post. L’action se déroule au début de la guerre américaine du Viêtnam. Vers la fin du film, le major Barker (Burt Lancaster) annonce qu’il vient de réaliser pourquoi un de ses subordonnés (Craig Wasson) s’est porté volontaire pour cette guerre : Je sais maintenant ce qui est spécial chez vous, Coursey… j’aurais dû comprendre immédiatement… c’est écrit en grosses lettres sur votre fichu front… H-E-R-O-S, héros… Vous êtes un putain de héros. Le titre anglais du film faisait référence à la Grèce classique et au sacrifice volontaire de 300 spartiates lors de la bataille des Thermopyles : Go Tell the Spartans. Je me souviens qu’un des critiques de la RTB — était-ce Sélim Sasson, Dimitri Balachov ou un autre ? — avait marqué sa désapprobation à propos du ton héroïque : sans doute partageait-il l’idée que les guerres comme celle du Viêtnam ne méritaient pas une épopée, mais un regard ironique ou dépité — j’invite le lecteur à comparer le Merdier avec les films MASH et Voyage au bout de l’enfer.
Début juillet 2003 disparaissait dans le Kent Amanda Champion, 21 ans, souffrant d’arriération mentale. Le 26 juillet, un promeneur découvrait sur un terrain situé à Ashford le corps de la jeune femme, qui avait été étranglée et égorgée.
En avril 2004, James Ford, 26 ans, ouvrier d’usine, était présenté au tribunal de la Couronne de Maidstone pour répondre de cet homicide. Il plaidait coupable. Le procès n’a pas permis d’expliquer la motivation du crime. Le tribunal a prononcé une condamnation à la prison à vie, avec une durée incompressible de 15 ans (3). Durant cet emprisonnement, James Ford a suivi une psychothérapie intensive.
Dans le cadre d’un programme baptisé Learning Together, l’université de Cambridge organise en prison des cours auxquels assistent à la fois des prisonniers et des étudiants de l’université. Le 29 novembre 2019, une journée de conférences marquait le 5anniversaire du programme, au Fishmongers’ Hall de Londres. James Ford y participait — ici, les journalistes donnent des versions contradictoires, il avait été récemment libéré pour bonne conduite ou était en semi-liberté. Un autre participant était un homme de 28 ans, Usman Khan, en libération conditionnelle après avoir été condamné en 2012 à 8 ans de détention pour participation à un complot terroriste. Vers 14 h, Usman Khan, armé d’un couteau, assassinait deux personnes : Saskia Jones, bénévole auprès de Learning Together et Jack Merrit, coordinateur au sein de ce programme. Trois autres personnes ont été blessées. Plusieurs hommes, armés d’objets hétéroclites, sont intervenus pour empêcher l’agresseur de faire d’autres victimes. Ils l’ont forcé à sortir du bâtiment, l’ont poursuivi sur le trottoir du pont de Londres, l’ont désarmé et plaqué à terre. L’histoire a une facette poétique : comme armes, deux des opposants ont saisi des défenses de narval qui décoraient l’intérieur du Fishmongers’ Hall ; le lecteur sait à quel point cette dent torsadée a fait penser à la licorne. La suite est plus moche. Un policier est intervenu et, présumant qu’Usman Khan était sur le point de déclencher un gilet explosif, l’a tué de deux coups de pistolet.
Très vite, l’opinion a qualifié de héros les quelques hommes qui ont tenté de maitriser l’attaquant, depuis Amy Coop, une twitteuse témoin de la scène, jusqu’à Sadiq Khan, le maire de Londres (4).
Angela Cox est une des tantes d’Amanda Champion, la victime de James Ford. Le 29 novembre 2019, un coup de téléphone de la police apprenait à cette dame de 65 ans que le meurtrier de sa nièce était un de ceux qui avaient désarmé Umar Khan. Dans un interview au Daily Mail (5), Angela Cox s’est dite furieuse. Ils l’ont laissé sortir sans même nous prévenir. Quelqu’un de ma famille aurait pu être à Londres et le rencontrer juste par hasard !
Quant au fait de l’appeler un héros, ajoutait Angela Cox, il ne l’est pas ! Il est un tueur de sang froid ! Sans aucune raison, il s’est mis en route et il a tué une handicapée ! Je me moque de ce qu’il a fait aujourd’hui, il est un meurtrier. Il est une ordure. Ma nièce Amanda était vulnérable et il lui a volé la vie. En étant conscient de ce qu’il faisait. On ne se change pas.
Réponse à la question posée, les héros sont-ils parfaits ? Non. Personne n’a jamais annoncé qu’ils l’étaient, contrairement aux saints, autres figures de défunts célébrés par des cultes.
Les héros sont-ils exemplaires ? Non. Leur mention provoque de désir de prendre de la distance. Je me veux étranger aux sociétés guerrières, esclavagistes et sexistes dans lesquelles les hommes des élites étaient appelés héros. Je me sens étranger à une vision du monde où les héros du passé pourraient servir d’exemple. Ce que certains qualifient de conduite héroïque est la résultante des peurs, du narcissisme, des générosités, de l’indifférence à la mort de soi ou à celle de l’autre, de l’entrainement ou de l’absence d’entrainement au combat, du travail sur soi, d’une bonne part de hasard, etc. Décerner la qualité de héros, c’est occulter cette complexité et s’empêcher de la penser.
Postscriptum. Je pense au personnel des hôpitaux. Je lis que les gestionnaires ont tout fait pendant des années pour compresser les effectifs et les augmentations de rémunération. Quand j’entends parler de l’héroïsme des soignants, je me demande s’il ne s’agit pas aussi de les rétribuer sans un sou payer.



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Evidence ! amis conteurs, c’est à nous !  C’est le moment ! Les postillons sont un danger pour les acteurs qui sont plusieurs en scène et qui interagissent.  Nous les conteurs, nous sommes souvent seuls en scène.  Même si nous contons à plusieurs, nous n’interagissons pas entre nous comme de acteurs.  Pas de problème à observer une distance de sécurité entre nous et le public.  Nous pourrions même conter masqués, chiche !
Les théâtres, musées, Maisons de la Culture et autre lieux sont pauvres.  Nous sommes beaucoup moins chers qu’un troupe ou un orchestre.  Nous n’avons pas besoin de dispositif scénique onéreux.
Nous en avons des choses à dire.
Le public a pu voir et entendre certains d’entre nous sur Internet.  C’est le moment pour lui de nous voir et entendre en life.
Nous sommes la chance des arts vivants !  A nous de saisir le moment, la chances, les possibilités.
Je suis sûre que j’enfonce une porte ouverte, que vous avez déjà agi et réagi.  Marie-Claire