Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,
les conteurs et les raconteurs.
juin 2020 – N°330
P 912122 Bureau de dépôt
LIEGE 1–4000
Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224 4053 Embourg
Au sommaire, ce mois-ci:
- Messages
- Nouvelles du monde du conte
- Livres de contes
- Rendez-vous contes
- 2 histoires
- Héros ?
Politique Butin du confinement n°2
Et la culture ?
1. D’un côté, le secteur culturel ne fait pas partie des décisions du
CNS. D’un autre, de nombreux articles
relayant les problèmes des uns et des autres.
Tout comme, de la part de personnages politiques, les propositions précises urgentes et les
déclarations d’intention pour la fin de l’année.
2. Parmi les nombreuses demandes du secteur, le 2 mai, une lettre à la
Première Ministre de 226 signataires des créateurs des arts de la scène demandant les mesures nécessaires à
leur sauvetage économique et un calendrier de déconfinement pour « leurs
métiers essentiels à l’équilibre et au bien-être de la société ».
3. La Fédération Wallonie-Bruxelles a prévu un fonds d’urgence pour le
secteur culturel, personnes et structures.
Le délai d’inscription sera dépassé quand vous recevrez ce Mensuel.
4. Le 12 mai, une réunion a eu lieu, la première qui ait jamais fait
travailler ensemble les ministres de la culture des région et du fédéral. Elle est programmée pendant une heure. Sujets : accès au chômage temporaire,
statut d’artiste, droits d’auteur. Financement de la culture ?
Déconfinement et activités culturelles ? Les décisions seront soumises au
CNS et ensuite au GEES. Dans sa déclaration du 13 mai, la Première
ministre a annoncé que les décisions prises à cette réunion seraient annoncées
à la fin de la semaine.
5. Le 15 mai, le CA de la RTBF a décidé d’un plan Restart et consacrera
8.000.000€ à la promotion des artistes belges.
6. Le 22 mai, impression du Mensuel.
Compte-rendu de la réunion des ministres de la culture, CNS, GEES ?
rien, rien, rien, Rien, Rien,
RIEN, R I E N
Pour le 15 juin, ce serait sympa.
Déjà merci, la rédaction.
Edito Butin du
confinement n°2
Mensuel 330
Pour cause de confinement, les Mensuels 328 et 329 ont été virtuels sur
notre blog. Beaucoup de nos abonnés les
ont consultés et … appréciés. Le Mensuel 329 sera encore in extenso sur notre
blog jusqu’au 29 à minuit. Après le 1er
juin, vous y trouverez les articles et les histoires. Et le numéro 330.
Pour ne pas léser nos abonnés, nous prolongeons les abonnements de deux
mois.
Enfin, voici le Mensuel
en papier. Il est riche des messages de
nos amis. Riche aussi des conteries sur
Internet. Toujours à cause de l’Ogresse
Pandémia et son âme damnée Virus couronné.
Riche aussi de projets et d’espoir.
Conterons-nous masqués à des masqués ? Où ? Quand ?
Mensuel riche aussi
d’histoires que nous ont envoyées d’aimable correspondants.
Avec nos rubriques
habituelles. La sélection bienvenue de
la Bibliothèque de Florenville. Les
nouvelles du monde du conte.
Le Mensuel vit, grâce à
vous. Marie-Claire
Message n°1 du président Butin du confinement n °2:
« C’est donc le début d’une autre vie pour des millions de
personnes. »
Les gouvernements de la moitié de la planète
imposent le « Confinement ».
Vivre autrement … partager, parler,
écouter, apprendre, rire,
lire, se détendre, se retrouver, ressentir,
se rassurer, sourire …
Pour nous y aider, dans les réseaux
sociaux et ailleurs, des dizaines, des centaines de conteuses, de conteurs, de
chanteuses, chanteurs danseuses, danseurs,
de comédiens, de musiciens, de poètes, de marionnettistes … bénévolement
… se sont mis à notre disposition.
C’est avec grande joie qu’en famille
nous les écoutons, les regardons, les admirons. Quel plaisir !
La Maison du Conte et de la parole a
retrouvé toutes ses valeurs humaines, éducatives, de thérapie. Toute sa raison
d’être et de persévérer dans son action, ses motivations, ses ambitions, ses
créations.
Plus que jamais les « Veillées du
7 » ressentent leur mission
culturelle et avec un plaisir nouveau, retrouvé, amélioré, attendent avec
impatience le moment où elles pourront à nouveau vous accueillir au Théâtre A
Denis.
Roger
Message n°
2 du président Butin du confinement n°2:
Comment
allez-vous? C'est le mot de passe de toute connexion à l'heure actuelle.
Bonjours
chères amies et chers amis,
Voici
encore un 7 sans 7.
Sans cesse
nous attendons d'autres 7
Mais malgré
tout, hier soir quelle soirée
CON
tent, FI er , NE erveux d'imaginer notre prochaine
prestation ... peut-être le 7 du 7 ?
Il ne faut
pas s'en laisser CONTER, non restons réalistes, positifs, dynamiques.
C'est
pourquoi je vous dis préparez-vous pour le grand jour ... il viendra un
jour.
Surtout
prenez bien soin de vous.
A très
bientôt. Bisous à toutes et tous. Roger
_______________________________________________________________________________________
UN
MOIS, DES CONTES A LA BIBLIOTHEQUE DE FLORENVILLE
La bibliothèque de Florenville, en partenariat avec
l’Asbl Chiny Cité des contes, abrite un Fonds spécialisé « contes » très étoffé. Des albums, recueils,
anthologies, théories du conte, quelques revues, des CD,… destinés aux adultes
comme aux enfants. Une collection riche de près de 1900 ouvrages, l’une des
plus importantes en Communauté française. La diversité des ouvrages permettra
par exemple d’alimenter la hotte d’un conteur, d’animer un après-midi
récréatif, de servir le travail d’un étudiant, d’animer une journée auprès des
aînés, de nourrir l’imaginaire avant d’aller dormir.
Chaque mois de cette année 2020, nous vous proposerons une sélection de
4 ouvrages :
JUIN : CONTES
INITIATIQUES A L’HONNEUR
RECUEILS :
ü
Idries Shah, Contes initiatiques des soufis,
Monaco, Edition du Rocher, 2004. Ces récits et histoires qui s’adressent à l'esprit intérieur sont interactifs,
ouverts. Ils réveillent, chez celui qui les lit, la faculté peu exercée de
revenir toujours au point de départ, l'aptitude à percevoir ce qui est là. Ils
dessinent un chemin.
ü
Jani Pascal, La belle jarretière
verte, Québec, Planète rebelle, 2014. Mue par la passion et son attachement profond pour le conte traditionnel,
Jani Pascal nous offre l’histoire d’un Ti-Jean adolescent, arrivé à une étape
décisive de sa vie : celle de sa prise d’indépendance à l’égard de ses parents
et de la découverte de l’amour et de la
sexualité.
ALBUM :
ü
Charles Perrault, Clémentine Sourdais, Le très grand
Petit Poucet, Paris, Hélium, 2015. Le texte de Perrault et l’histoire
sont connus. Mais cet album est remarquable par ses illustrations, ses pliages
accordéon et les découpes du dessin.
CD :
ü
Pépito Matéo, Sans les mains et en danseuse,
Ouï-dire éditions, 2013. À l’aube, j’ai dû
quitter une fois pour toute l’enfance et m’engager sur mon chemin de
Compostelle... À l’heure qu’il est je n’en suis toujours pas revenu... Faut
dire qu’entre temps on m’a piqué mon vélo... Du grand Pépito Matéo, drôle,
tendre, foutraque…
Infos :
Bibliothèque : rue de l’Eglise, 13
– 6820 Florenville
061/ 32 03 40 - www.bibliotheque-florenville.be
bibliotheque.locale.florenville@province.luxembourg.be
______________________________________________________________________________________________
Nouvelles du monde du conte
·
Contes et musée ? Un directeur de musée a annoncé vouloir faire appel à des musiciens et des
acteurs. Pourquoi pas des conteurs ?
·
Postillons. Les postillons sont
un problèmes pour les acteurs qui sont à plusieurs sur une scène. Ils n’en sont pas un pour le conteur seul en
scène et qui peut s’éloigner suffisamment de son public pour ne pas le mettre
en danger. Conter avec un
masque ? Chiche ! Le conte, bouée de secours des arts
vivants ?
·
Les chèques
« culture » sont prolongés jusqu’en décembre. Entendu à la radio
.
·
Organisation
des ASBL et sociétés culturelles. Un arrêté royal
prévoit trois options :1. Le CA peut décider de maintenir l’AG tout en
respectant les mesures prises en réponse à la pandémie. 2. Reporter l’AG jusqu’à
la levée du confinement. Il est possible au CA de prendre des décisions par
écrit ou tout autre moyen de communication.
·
La
réunion de FEST. 58 conteurs
européens sur Zoom.
Très belle
orchestration de la réunion : 4 temps de parole d’intervenants
choisis à l’avance et ensuite questions et discussions. Utilisation du chat
pour déterminer les questions et l’ordre des question.
Gratuité des prestations,
car cette période est une période de remise en cause des valeurs, mais c’est
temporaire.
Terroir pour de
nouveauté, rester à l’écoute... et importance des histoires en cette période.
Se faire payer moins cher des formations ou des spectacle
sur le net ? Non pas question ! car plus de travail et d’énergie. On peut
juste enlever les prix et temps de transport.
Comment être payé ? par paypall et teepee.
La vidéo permet de
faire découvrir le conte à de nouvelles audiences et de rassembler un public worldwide.
Problème de qualité des prestations. A surveiller pour ne pas que ça déforce le
conte plutôt que le renforcer... Véronique de Miomandre
·
Réunion Cont’Acte du 14 mai. ( extraits) Ordre du jour :
1. Présentation de la réunion de coordination avc le Réseau des Arts à
Bruxelles. 2. Organisation du déconfinement - réactions suite à la réunion du
CNS + Projet de soutien aux artistes conteur.se.s en difficulté
3. Gestion à long terme : programmation des mois à venir - Quid comme
mode de fonctionnement
si annulations futures ? 4. Quel mode de communication adapter entre
nous ? Mandats pour porte-parole ?? Méthode de fonctionnement..
Les enjeux suivants ont été soulevés : Parler d’une seule voix au
nom du secteur culturel, comment
faire ? La question du territoire, la question du plan de relance,
la question des données (comment
les centraliser ?), la question du pont avec les autres secteurs,
du soutien à la création et aux artistes…
Le fonds viendra en aide à des personnes physiques. Le fonds ne viendra
pas en aide à des personnes morales.
Le secteur culturel est considéré comme le secteur professionnel le plus
touché par la crise sanitaire Covid-19. Certaines aides sont prévues ou en
attente de la part des pouvoirs publics (communauté et (fédéral) mais beaucoup
d’artistes et de travailleurs des arts ne sont parfois pas concernés par ces
indemnités ! Il suffit qu’ils n’entrent pas dans certaines « cases » requises
pour se retrouver sans aucun revenus, même de chômage pour certain.e.s et ce,
depuis la mi-mars 2020 !
Pour faire un don au fonds, il faut envoyer un courriel à
sparadrap@uniondesartistes.be et virer le montant du don sur le compte bancaire
du fonds. Compte bancaire BE95 3771 2042 7658.
A voir également sur Internet.
·
Mémoire du confinement. Le monde d’après le
coronavirus sera celui de la mémoire collective et des traces laissées dans
l’Histoire par notre lutte contre la pandémie.
Il faut documenter la crise sanitaire, en conserver les traces, faire le
tri entre l’essentiel et l’anecdotique, tenter de dresser le profil d’un moment
inédit. L’intérêt est planétaire. En un
mot : archiver. L’association
Musées et Sociétés en Wallonie recherche
des témoignages sur le vécu des Belges et des contributions sur les
bouleversements généré par la crise.
081/42.0056.
L’Association des archivistes francophones et le Vlaamse Vereniging voor
Bibliotheek, Archief & Documentatie ont un site https://archivesquarantainearchief.be/fr/. Il s’adresse au grand public et aux
professionnels. Egalement :
l’Institut d’histoire ouvrière économique et sociale (Ihoes) basé à Seraing. Plusieurs villes ont activé des dispositifs
pour recueillir les témoignages, photos, dessins,
·
Le langage miroir de la crise. Le néerlandais
encourage la formation de mots composés.
La rédaction du dictionnaire Dikke Van Daele a désigné un rédacteur pour
se tenir au courant des mots de la crise du corona. Il contient déjà plus de 300 mots. Des évidents comme « coronacrisis »
ou « coronakilo’s ». Plus
amusants : « coronakapsel », coiffure corona. « hamsterschammte » honte d’avoir
stocker des rouleaux de papier WC. « huidhonger »,
faim de peau ou la solitude du célibataire.
Ivan De Vadder, journaliste
« Coiffinement », inventé par un coiffeur français qui diffuse
sur les réseaux sociaux un tutoriel pour aider les gens à se coiffer seuls Il faut prendre rendez-vous et mai est plein.
En français, confinement et déconfinement. Confnement a été utilisé à la
fin du XVième siècle et plus tard, enregistré par le Littré et Larousse. Le sens est de forcer quelqu’un à rester dans
un endroit clos, les prisonnier, les malade, les poulets ( !)
Par contre, les mots « déconfinement »,
« déconfiner » et « déconfiné » sont ignorés par tous les
dictionnaires. Les francophones ne se
sont pas laissés prendre à utiliser un anglicisme et on propose déjà
« déconfinement » comme nouveau mot pour 2020. Michel Francart
Les conteurs ont l’habitude de jouer avec les mots, avec les son :
noms des personnages, formules magiques.
A vos imaginations.
·
8ième rencontre
internationale des arts de l’Oralité, Riao-2021 en novembre-décembre
20121 Organisé Par Katoulati, Iminrio du Bénin, Téré Culure du Togo et AMAC, France lancent un appel
international à candidatures.
katoulati@gmail et riaobenin@gmail.com
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Rendez-vous contes
Confinement oblige et à notre grand regret
Les Veillées du 7 – scène ouverte
organisées par la Maison du Conte et de la Parole de Liège-Verviers
des 7 mai et des 7 juin ( ?) 2020 sont supprimées
A Liège tous les
rassemblements sont interdits jusqu’au 30 juin. Avec espoir, nous vous donnons
rendez-vous le 7 juillet pour une veillée extraordinaire. Soignez-vous bien.
? Vivre, ce n’est pas attendre
que l’orage passe, c’est apprendre à chanter sous la pluie. Sénèque
Chiny, cité
des contes CraXX les Raconteurs d’histoires RadioSud.
Festival du Conte
de Chiny avec les conteurs et les techniciens radio
volontaires
quand ? les 10, 11 et 12 juillet de14hà 24h
le 11 juillet entre 0h00 et 14h
où ? sur 48FM, Campus, Air
Libre, Alma, Libellule, Panik, Passion, YouFM, Run, Radio Sud… et d’autres qui
s’ajoutent d’un peu partout, www.radiosud.be
Des récits et des ondes :
Bibliothèque
des Chiroux
Contes pour adultes par Jeanne
Godenne
La Maison du Conte de Charleroi
4ème FESTIVAL CAROLO DU CONTE le samedi 29 août
2020.
où ? Théâtre
Marignan, boulevard Tirou, 63, 6000 Charleroi infos,
réservation : 0475/649.538
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Messages Butin de confinement :
Maison
du Conte de Charleroi
On avance comme vous tous, masqués (ou pas) et quelques lueurs positives viennent éclairer le chemin d'une reprise potentielle. On espère en savoir un peu plus vers la mi-juin...
En collaboration avec l'asbl Cont'acte, la Maison du Conte de Charleroi a participé à l'élaboration de quelques pistes ''techniques'' pour une éventuelle reprise.
Pour les vacances, peut-être pourrons-nous proposer en toute sécurité, des rencontres contées, des stages, des ateliers ? On peut rêver... Nous vous tiendrons au courant !
N'hésitez pas à partager nos capsules contées pour petits et grands et à vous abonner à notre chaîne Youtube
Vivement vous revoir ! L'équipe de la Maison du Conte de Charleroi : Pascale, Raphaëlle, Sylvianne, Julie, Carine, Christophe, Jacky, Nicole, Manola
Festival
du Conte de Montréal
Notre série Contes
qui font du bien s’est achevée le 24 avril. Merci à toutes celles et
ceux qui nous ont écrit et qui ont partagé les contes avec leurs réseaux. En
l’absence de rassemblement physique l’équipe du festival a senti votre soutien
et votre enthousiasme et cela nous a beaucoup motivés et encouragés.
Merci aussi aux artistes qui ont accepté de se filmer devant un téléphone. Ils
ont fait preuve de beaucoup de générosité et d’humilité parce que l’expérience,
je vous le dis en connaissance de cause, est nouvelle pour la plupart des
conteurs et le risque de ridicule est grand….Le FICM étant un diffuseur de
contes professionnels, les artistes qui ont participé l’ont fait dans le cadre
d’une entente contractuelle et non sur une base volontaire, c’est important de
le mentionner alors que pullulent en ce moment les demandes de participation
bénévole et que les artistes n’ont justement plus aucun revenu.
Attention, dès que Montréal sera déconfiné nous allons enlever les
contes en ligne, alors profitez-en pendant que vous pouvez si vous en avez
manqué dans la série! Revoir les contes.
Nous avons concocté une petite surprise pour vous en ce joli mois de mai
que, nous espérons, verra un petit desserrement des règles de
confinement : un dixième et dernier Conte qui fait du bien! Nous en
voulions dix à l’origine et voilà que notre souhait se réalise. Allez dès jeudi
le 7 mai sur le site du Festival et vous verrez
la belle surprise que nous vous offrons, car la dixième artiste est elle-même
une légende !
Notre initiative a reçu énormément d’attention des médias. Entre autres
le site Lien Multimédia http://www.lienmultimedia.com/ , le
portail des professionnels du numérique, a fait un reportage sur le projet. La
journaliste Marie-Hélène Brosseau a interviewé la directrice du FICM ainsi que
les deux artistes Olivier de Robert et Renée Robitaille, qui ont tous les deux
à leur façon commencé à intégrer le numérique dans leur pratique
professionnelle. Les articles associés ne sont pas encore en ligne mais vous
pouvez dès maintenant aller écouter le très intéressant reportage, qui dure 40
minutes.
Une pensée spéciale à toutes celles et ceux qui souffrent en ce
moment. Nous avons perdu trop tôt des hommes et des femmes que nous
pleurerons longtemps, tout particulièrement l’anthropologue Sylvie Vincent, une
grande amie du FICM depuis ses tout débuts. Nos plus sincères condoléances à
ses proches.
Espérons que les inégalités que révèle cette pandémie nous donnerons encore plus de feu pour continuer notre mission artistique et humaine. Stéphanie Bénéteau, Directrice
Espérons que les inégalités que révèle cette pandémie nous donnerons encore plus de feu pour continuer notre mission artistique et humaine. Stéphanie Bénéteau, Directrice
madannie.conteuse
Bonjour !
La période de confinement prophylactique « coroonavirus Covid-19
« affecte le monde culturel du monde entier. Contrainte et même drame
pour d’innombrables artistes et techniciens, mais ce temps peut être aussi une
opportunité pour de nombreux artistes et programmateurs qui ont la possibilité
ou l’obligation de revoir leurs programmes en fonction du temps et des artistes
disponibles, des décalages de programmation ( effet domino des déplacements de
dates, par exemple ) sans souffrir des multiples contraintes de la présence au
bureau. Opportunité aussi de découvrir de nouvelles têtes.
Par
téléphone : 0032 479 37 62 29 ( ou 0476 37 62 29 à partir de la Belgique
)
Annie vande Veegaete madannie.conteuse@gmail.com
Affectueuses
pensées à tous les acteurs du monde culturel. Madannie
S’écouter, ça conte !
La bouteille jetée
au ruisseau voici à peine 2 semaines (1) a été repêchée déjà par plus de
90 artistes, 10 radios de la CraXX et une trentaine d’intervenant-e-s de tous
poils.
L’événement
radiophonique proposé aura donc bien lieu.
Mélanger l’éveil à l’imaginaire de
l’univers de la radio à celui de l’art du conte... Susciter la narration du
monde, le réenchantement des histoires partagées...
Le projet de la CraXX, coordination des
radios associatives et d’expression (de Wallonie- Bruxelles) et des partenaires
qui s’y s’ont immédiatement rallié-e-s prend forme : créer les 10, 11 et 12
juillet un bel événement radio fondé sur 30 heures de vrai direct.
Il est articulé sur des interventions
contées depuis les lieux de vie des raconteur-se-s, mais comportera aussi des
moments plus rassembleurs dans des studios de radios qui se partageront le
temps d’antenne.
Le direct est fixé de 14h00 à 24h00
(heure belge), vendredi, samedi et dimanche.
Les conteuses et conteurs pourront y raconter une histoire «courte », être interviewé-e-s, même brièvement, et proposer une plage musicale. Une programmation spécifique sera diffusée entre entre 0h00 et 14h00 pour assurer une radio non-stop du vendredi 14h00 au dimanche minuit.
Les conteuses et conteurs pourront y raconter une histoire «courte », être interviewé-e-s, même brièvement, et proposer une plage musicale. Une programmation spécifique sera diffusée entre entre 0h00 et 14h00 pour assurer une radio non-stop du vendredi 14h00 au dimanche minuit.
Nous prévoyons aussi de diffuser des
enregistrements et d’autres formats radiophoniques.
Des discussions et des réflexions autour de la pratique de l’oralité́ seront également proposées. Et une belle place est aussi prévue pour d’autres artistes, ami-e-s.
Des discussions et des réflexions autour de la pratique de l’oralité́ seront également proposées. Et une belle place est aussi prévue pour d’autres artistes, ami-e-s.
Sur cette base, nous continuons à̀ récolter
les propositions les plus diverses qui viendront en appui au projet.
Nous avons identifié́ 6 « catégories »
de participation possibles :
1.
artiste,
conteur-se,musicien-ne ayant des récits ou des émotions à partager
2.
expert-e, observateur-trice,
organisateur-trice du monde du conteanimateur-trice radio
3.
animateur-trice radio
4.
opérateur-trice technique
5.
radio de Wallonie, de
Bruxelles ou de partout ailleurs intéressée par le conte
6.
communicant-e ou
découvreur-euse enthousiaste
Si tu souhaites y participer, fais-toi
connaître au moyen de ce formulaire
: https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdI6egS5MT64S_SUFFsIUBZ_KU9eT-
sBmleMipOBLjNx62zJg/viewform?usp=sf_link
ou par un message à radio@conte.be
ou par un message à radio@conte.be
Et si tu n’as pas de disponibilités ou
d’apports particuliers à proposer, merci déjà, en tout cas, de préparer
avec tes publics la mobilisation des auditeur-trice-s qui seront à l’écoute
les 10, 11 et 12 juillet
Le cap est résolument mis sur l’univers du
conte, du récit oral, du racontage.
L’objectif est d’embarquer des auditeur-trice-s radio qui ne sont pas des habitué-e-s des veillées contées ni des salles. De casser l’image du conte illustré, de la littérature construite. D’emporter les oreilles et les têtes dans l’imaginaire de récits et histoires simplement racontées, sans autre support.
L’objectif est d’embarquer des auditeur-trice-s radio qui ne sont pas des habitué-e-s des veillées contées ni des salles. De casser l’image du conte illustré, de la littérature construite. D’emporter les oreilles et les têtes dans l’imaginaire de récits et histoires simplement racontées, sans autre support.
Bref, trois jours pour révéler tout
un art auprès de citoyen-ne-s qui n’attendent peut-être qu’un déclic pour se
plonger, dès que les salles seront à nouveau ouvertes, à l’écoute de
créations qui font bouger l’imaginaire.
Festival du Conte de Chiny, Radio Sud,
Raconteurs d’Histoires, CraXX Benjamin, Annick, Patrick, Fred
Et puis aussi, dès à présent : Pierrot, Jeanine, Marc, Pascal,
Catherine, Georges, Nicolas, Bertrand, Jean-Marie, Thomas, Hans, Carine ...
Plus d’infos :
https://craxx.be/2020/04/26/le-festival-du-conte-de-chiny-sera-radiophonique/ événement facebook à partager : https://www.facebook.com/events/1506808929496763/ (1) https://www.radiosud.be/teasers/51/s-ecouter-ca-conte/
Six contes de
tradition orale, en vidéo
Je souhaite à toutes
et tous le premier de tous les biens, une bonne santé !
Comme beaucoup
d'autres activités, les contes pour adultes de la Bibliothèque Chiroux
sont actuellement suspendus. Afin de garder un lien avec les participants
habituels, la Province de Liège a permis l’enregistrement de six contes de
tradition orale, destinés à être diffusés sur la page Facebook de la
Bibliothèque Chiroux et celle du Château de Jehay.
Contes de tradition
orale, que beaucoup de conteurs et conteuses reconnaitront, ils sont
accessibles autant aux adultes qu'aux plus jeunes.
Pour moi, ces contes
« en boîte » sont une chouette opportunité, même si la saveur n’est pas
la même que celle des contes en « live » avec leur public,
les échanges de regards, les blagues d’actualité, les rires contagieux …
__________________________________________________________________________________________
Contes et histoires Butin du
confinement
Les yeux d'Ariane
conte écrit par Fabienne Lorant. Tous droits réservés.
Ma grand-mère est d'ici, mon arrière-arrière-grand-mère aussi. Tu peux
remonter ainsi le fil de dizaines de milliers de générations. Nous avons, pour
la plupart, à peine bougé de quelques kilomètres. Discrètes, dans notre coin,
rarement aimées, nous avons certes été amenées à plier plusieurs fois bagage.
Mais, chassées par les balais, écrasées par les talons, happées par des fauves
ou des aspirateurs, nous avons tenu bon pour conserver, finalement, à peu près
le même territoire. Ce n'est pas un hasard si tu me qualifies de 'domestique' : c'est ici
que je suis née. J'y vis, relativement à l'abri. Le vent me berce. J'ai de quoi
me nourrir – du reste, je peux me passer facilement de manger. Je continuerai
ainsi, quasi immobile sauf sous la contrainte, jusqu'à ce que je meure, de mort
naturelle ou sous une pluie de poisons. Je n'ai pas à m'en faire : mes
nombreuses descendantes trouveront et prendront, aux alentours de ma dépouille,
la place qui leur convient. Et, si pas tout autour, un peu plus loin.
Nous sommes relativement petites et, le plus souvent, solitaires. Nos
vies sont brèves et notre périmètre limité. Mais nos effectifs sont tels qu'ils
dépassent ton entendement. A l'abri de tes regards mais toutes écoutilles
ouvertes, je suis équipée pour te surveiller jour et nuit : mon odorat est
féroce, je suis ultrasensible aux vibrations et mes yeux me dotent d'une vision
panoramique. Depuis mon coin, je te regarde et je te sens. Je te détaille à
chaque instant. Je consigne tout ce que tu fais, ce que tu dis, ce que tu
manges, qui tu fréquentes, ainsi que l'ont fait mes ancêtres. Chaque soir, je
transmets mes résultats comme on me l'a enseigné. Il est temps que tu le
saches : nous communiquons et accumulons des connaissances à ton propos.
Ne me demande pas comment : cela ne te regarde en rien.
Mon ordre et moi étudions le genre humain depuis la nuit des
temps : nous sommes là pour ça, ce n'est pas une mission, c'est une raison
d'exister. « A quelle fin », te demandes-tu ? Tout ce que je
peux t'en dire est que ta prolifération et ta relative prospérité ont permis à
notre espèce de conquérir de nouveaux territoires et de se multiplier
parallèlement. Ton essor a effectivement favorisé le nôtre. Au fil de tes
migrations, et plus encore depuis que tu te répands à la faveur de tes moyens
de transport ultra-rapides, nous avons pu nous implanter, moyennant quelques
adaptations, dans de nouveaux biotopes. Tu nous offres de nouveaux habitats
confortables, parfois des plus inattendus. Bien plus important encore : ta
conquête nous a permis de nouer des relations suivies entre les communautés de
notre ordre au niveau planétaire. Notre potentiel d'acquisition de connaissance
s'en est forcément trouvé boosté et s'enrichit encore de manière exponentielle
à la faveur de cette interconnexion universelle. Cependant, notre mode de vie,
en regard du tien, a très très peu évolué. Nous avons conservé les mêmes
coutumes en termes d'habitat et d'alimentation. Nous n'étouffons pas la
biosphère sous une gigantesque toile : les nôtres demeurent, en termes de
dimensions, conformes à nos besoins élémentaires qui sont, je le répète,
frugaux.
Ce que je peux te dire aussi, c'est que nos toutes premières
observations remontent à plusieurs millions d'années, lorsque nos ancêtres ont
remarqué l'habileté particulière de certains primates qui figurent parmi tes
aïeux. Ce qui a surtout piqué notre curiosité, c'est un comportement singulier
de ces mammifères primitif. Ils se sont mis à se déplacer sur deux pattes pour
pouvoir utiliser leurs membres antérieurs comme des outils, à l'instar de ce
que nous faisons. Je peux tisser, comme me l'ont transmis mes ancêtres, tisser
infatigablement et tirer des fils d'un coin à l'autre. Ce qui est à l'origine
de notre intérêt est que ta lignée se développait à la faveur d'une faculté
rare du vivant qui est aussi nôtre : la dextérité. Nous avons donc
poursuivi notre surveillance rapprochée. Ta lignée s'est avérée redoutablement
habile. Vous avez cueilli, vous avez chassé. Vous avez créé des outils pour ce
faire, puis cultivé, bâti, tissé ! Devant nos yeux écarquillés, vous avez
construit des engins de toutes sortes, grâce auxquels certaines d'entre nous
ont vécu dans l'espace et sous les océans. Mais ceux de ta lignée ont aussi
joué avec le feu, avec les armes, avec des produits létaux, avec l'atome. Si
bien que le constat est unanimement partagé aujourd'hui : l'évolution de notre
objet de recherche devient fortement critique.
Désormais, l'espèce humaine constitue, en l'état, plus une menace qu'une
opportunité pour nous. Les derniers développements de l'expérimentation sur le
long terme que nous menons montrent que le danger porte bien plus largement que
sur le périmètre d'un laboratoire et de ses occupants ou voisins, que c'est la
totalité de notre habitat qui est en péril. Notre milieu de vie est menacé. Nos
soeurs agonisent de faim jusqu'à l'extinction sous les pulvérisations, d'autres
meurent par millions dans des cataclysmes climatiques. Nos toiles périssent
parmi les cendres, à cause de la déforestation et des incendies. Il va falloir
reprendre la situation en mains. Nous devons mettre un terme à cette fuite en
avant. Notre expérience nous échappe ! Conscientes que la mobilisation de tous
nos venins n'y suffira pas, nous avons largement consulté les membres de notre
espèce. Les acariens nous ont exposé leur stratégie, ainsi que les tiques. Mais
il nous a semblé que leurs pratiques très spécifiques pouvaient difficilement
être transposées au sein de tout notre ordre.
Aussi avons-nous également écumé nos registres jusqu'aux plus anciens :
ils font état de milliers de zoonoses, parmi lesquelles la peste, transmise par
les puces des rats. Nos recueils plus récents attestent de la recrudescence et
de la diversification de pathologies mortelles transmissibles par contagion.
Elles résultent tout autant de la cohabitation entre animaux sauvages et humains
que de la mobilité galopante de ces derniers. Notre dernière observation se
mène à une très large échelle et est collective : nous sommes mobilisées à
l'échelon planétaire pour nous focaliser sur la contamination de la population
humaine par un virus inconnu, qui aurait pour origine un animal sauvage non
encore clairement identifié. En dépit des difficultés que nous éprouvons à
pénétrer et à nous établir dans des locaux d'expérimentation étanches et des
salles de soins régulièrement assainies de fond en comble, il va sans dire que
nous suivons l'évolution de cette pandémie de très près, dans la mesure où elle
semble en tous points concourir à nos objectifs.
L'arsenal viral paraît se déployer en toute efficacité. Il est établi
que le virus ne nous affecte pas. Puisque d'autres espèces semblent se charger
à notre place du boulot, nous avons décidé de surseoir à notre propre stratégie
d'armement. Nous poursuivons donc simplement nos observations, comme nous
l'avons toujours fait. C'est notre raison d'exister. Je suis là, au poste. Et
toi, alors que tu es confiné, prisonnier dans ton propre habitat, tu me
facilites grandement la tâche. Toutes mes paires d'yeux sont braquées sur toi.
Malaïka
Histoire originale de Lubangi Aminata Fatouma
« À toi j'ai
écrit, toi qui as ignoré mes alertes.
Garde ma mort sur la conscience. »
Sur le sol mon sang coule ! Et pourtant, j'ai toujours détesté ce maudit parquet ! Mais aujourd'hui, il me réconforte.
Sur le sol mon sang coule ! Et pourtant, j'ai toujours détesté ce maudit parquet ! Mais aujourd'hui, il me réconforte.
Tout avait commencé
après le départ de ma mère. Il y a un mois, mon père et moi avions décidé qu'il
était temps de déménager puisque, comme je venais de passer en secondaire, je
devais quitter l'école du village.
Nous avions donc opté pour le monde urbain, pour se rapprocher de l'aéroport. Nous vivions dans une maison mitoyenne, ma chambre était éloignée de toutes les autres et se trouvait au fond du couloir. Mais dans ce nouvel environnement, le calme était devenu un trésor rare.
Tous les matins, il fallait réveiller la petite et lui faire sa toilette. Notre père vérifiait toujours la météo pour être sûr que son vol serait sans danger. Il est toujours occupé et très pressé mais au moins il n'oublie jamais de prier. Aisha est la prunelle de ses yeux, tout l'amour qui lui reste ne lui est dédié qu'à elle seule et personne d'autre. Malgré ça, je tuerais pour elle s'il le fallait puisqu'elle est la dernière chose que Maman ait laissée.
Nous avions donc opté pour le monde urbain, pour se rapprocher de l'aéroport. Nous vivions dans une maison mitoyenne, ma chambre était éloignée de toutes les autres et se trouvait au fond du couloir. Mais dans ce nouvel environnement, le calme était devenu un trésor rare.
Tous les matins, il fallait réveiller la petite et lui faire sa toilette. Notre père vérifiait toujours la météo pour être sûr que son vol serait sans danger. Il est toujours occupé et très pressé mais au moins il n'oublie jamais de prier. Aisha est la prunelle de ses yeux, tout l'amour qui lui reste ne lui est dédié qu'à elle seule et personne d'autre. Malgré ça, je tuerais pour elle s'il le fallait puisqu'elle est la dernière chose que Maman ait laissée.
Ce jour-là, une pluie
terrible s’était abattue sur la ville, la communication était compliquée avec
l'extérieur. Ma mère venait de perdre les eaux dans les escaliers. Nous
n'étions que toutes deux à la maison. Pendant notre chemin vers la voiture,
elle s’arrêta brusquement. C’était trop tard ! Elle s’était allongée sur
le sol et s’était mise à pousser. Tout s'était passé si vite ! Dans cette joie, j’avais oublié d'appeler les
secours. Pendant ce temps, elle se vidait de son sang. (Elle avait nommé
Aisha.) Quand je les avais enfin contactés, il était trop tard.
Après cela, mon père
ne m'a jamais plus montré d’affection et peut-être même qu'il me haïssait, mais
Aisha porte bien son nom car cela signifie « elle est en vie. »
Si l'on regardait ma vie dans les grandes lignes, elle ressemblerait à une vie tout à fait banale, même si je passais la plupart de mes journées à m'occuper de la maison, d’Aisha mais aussi à nourrir tout le monde. Mais durant la nuit, il m'arrivait d'entendre des murmures venant du couloir, je n’y prêtais guère attention au départ. Puis un jour, décidée de découvrir ce que c'était, je me suis approchée de la porte de la salle de bain car les chuchotements semblaient d’y provenir. J'entrai avec précaution, j'ouvris tout doucement la porte et tendis la main à la recherche de l'interrupteur. La pièce enfin éclairée, je m'y introduisis prudemment. Je m’approchai du miroir mystérieusement brisé, j’examinai les fissures de tous les côtés puis je me rendis compte d'une chose. Prise de peur, je reculai et je tendis ma main droite vers le haut.
« J'ai dû
l'inventer pour ne pas avoir à me subir
Elle est ma seule amie
La seule qui m’écoute et s'inquiète
La seule qui sait
Car elle est moi
J'ai peur de les entendre les pensées morbides
Elle est ma seule amie
La seule qui m’écoute et s'inquiète
La seule qui sait
Car elle est moi
J'ai peur de les entendre les pensées morbides
Elles les bloquaient
par sa présence
Mais ça ne marche pas à chaque fois »
Mais ça ne marche pas à chaque fois »
C'était mon image à
peu de chose près, je voyais mon visage, inexpressif et froid, mais aussi le
corps d’un homme, immobile. Prise de peur, je pris la porte. Ce jour-là, je ne
le vis qu’une seule fois, alors j’avais choisi de ne pas en parler.
Plus le temps passait, plus on se voyait.
Parfois, j'avais l'impression qu’il me méprisait.
Il y a deux semaines, un soir, après avoir mis Aisha au lit, j'entrai dans ma chambre et pour la première fois, il s’y trouvait. Alors, je me rapprochai du miroir de la garde-robe. Il prit enfin la peine de se présenter. Il me dit qu’il n’avait pas de nom, sa vie avait commencé lorsque j’étais au plus bas et qu’il était cette amie que j’avais créée pendant mon enfance. Quand il s’avança vers le miroir, sa peau avait l’air si vraie que je voulus la toucher. Mais sa peau n’était pas aussi douce que je me l’imaginais car ma main venait de traverser le miroir. A ce stade plus rien ne pouvait m’étonner.
Plus le temps passait, plus on se voyait.
Parfois, j'avais l'impression qu’il me méprisait.
Il y a deux semaines, un soir, après avoir mis Aisha au lit, j'entrai dans ma chambre et pour la première fois, il s’y trouvait. Alors, je me rapprochai du miroir de la garde-robe. Il prit enfin la peine de se présenter. Il me dit qu’il n’avait pas de nom, sa vie avait commencé lorsque j’étais au plus bas et qu’il était cette amie que j’avais créée pendant mon enfance. Quand il s’avança vers le miroir, sa peau avait l’air si vraie que je voulus la toucher. Mais sa peau n’était pas aussi douce que je me l’imaginais car ma main venait de traverser le miroir. A ce stade plus rien ne pouvait m’étonner.
Après cela, il me
demanda de le laisser sortir. Il disait que s’il entrait dans ma réalité, il
lui serait impossible de revenir en arrière. A vrai dire, je pris à peine le
temps de réfléchir et j’acceptai parce que qu’il était la pire chose qui
pouvait m’arriver. A sa sortie du miroir, je le reconnus enfin, il ressemblait
à Malaïka, la guerrière des contes que ma mère me racontait. Nous avons passé
la nuit à nous parler. Mais durant cette nuit, j'eus le pressentiment d'avoir
ouvert la boîte de Pandore. Ce ressentiment était justifié.
Les journées
suivantes, j’aidai Malaïka à s’adapter à ce nouveau monde. Pour tout dire elle
s’y était faite assez vite.
Vendredi dernier,
j’ai cassé un verre. Blessée à la main, j’ai rougi le sol avec mon sang. Malaïka avait pris mon doigt, elle le
tournait sans cesse. Son regard était comme absorbé par la plaie, ses yeux
brillaient de fascination mais je me sentis mal à l'aise car j'avais
l'impression de voir une sorte d'excitation malsaine dans ce regard.
Elle me dit qu’elle ne saignait pas, elle, son regard toujours absorbé par mon saignement. Elle le trouvait tellement beau et pur, elle mourait d’envie d’essayer.
Elle me dit qu’elle ne saignait pas, elle, son regard toujours absorbé par mon saignement. Elle le trouvait tellement beau et pur, elle mourait d’envie d’essayer.
Le feu aussi la
fascinait car c’était comme si les flammes lui parlaient.
Plus le temps passait, plus son comportement devenait étrange. Il lui arrivait de sortir sans ma permission et de se faire passer pour moi. Elle commença aussi à mettre le feu à des objets dans la maison. Une nuit, pendant que je dormais, elle me coupa les cheveux. Mais le jour où j'ai commencé à vraiment me méfier d'elle, c’est le jour où elle essaya de me noyer.
Plus le temps passait, plus son comportement devenait étrange. Il lui arrivait de sortir sans ma permission et de se faire passer pour moi. Elle commença aussi à mettre le feu à des objets dans la maison. Une nuit, pendant que je dormais, elle me coupa les cheveux. Mais le jour où j'ai commencé à vraiment me méfier d'elle, c’est le jour où elle essaya de me noyer.
Ce matin, elle avait
un air d’en avoir deux. Je venais du salon et je me dirigeais vers ma chambre.
Elle était là, dans le couloir. Elle s’approcha de moi, négligemment, d’une
démarche dansante, la tête baissée tout en me regardant par en dessous.
Brusquement, elle m'attrapa les cheveux et voulu m'envoyer de l'autre côté du
miroir. De toute mes forces, je m'y opposai. Sous le stress et la douleur, je
cherchai un moyen pour m'échapper. Je ne voyais pas du tout comment m’en
sortir, alors, en espérant être entendue, j’ai hurlé de toute mon âme. A ce
moment-là, elle m'asséna un coup à la poitrine puis posa sa main sur ma bouche
pour me bâillonner.
La clinche de la porte d’entrée venait d’être agitée. Je profitai de ce moment d'inattention, je n'avais pas une seconde à perdre et je pris mes jambes à mon cou. Je me précipitai dans ma chambre en fermant la porte. Mais la porte résistait ! Malaïka poussait avec une puissance monstrueuse, je lâchai et couru pour attraper une paire de ciseaux sur le buffet.
Elle s'engouffra dans la pièce tel un être maléfique.
« Je n’en pouvais plus, je devais la tuer »
Je lui paie sa présence d'une mort stupide, tuée par le désespoir dû à ma solitude.
Ciseaux à la main, je décidai d’y mettre fin !
Je me mis face à elle et, dans les yeux, je lui dis :
- C'est fini, je ne veux plus te voir souffrir par ma faute ! Je ne peux t'empêcher de me faire souffrir. Donc, je vais y mettre fin une bonne fois pour toutes.
- Incapable un jour, lâche toujours, dit-elle.
- Alors je te laisse apprécier le spectacle.
Mon cœur s'affolait, « lâche toujours » mais pas cette fois !
La clinche de la porte d’entrée venait d’être agitée. Je profitai de ce moment d'inattention, je n'avais pas une seconde à perdre et je pris mes jambes à mon cou. Je me précipitai dans ma chambre en fermant la porte. Mais la porte résistait ! Malaïka poussait avec une puissance monstrueuse, je lâchai et couru pour attraper une paire de ciseaux sur le buffet.
Elle s'engouffra dans la pièce tel un être maléfique.
« Je n’en pouvais plus, je devais la tuer »
Je lui paie sa présence d'une mort stupide, tuée par le désespoir dû à ma solitude.
Ciseaux à la main, je décidai d’y mettre fin !
Je me mis face à elle et, dans les yeux, je lui dis :
- C'est fini, je ne veux plus te voir souffrir par ma faute ! Je ne peux t'empêcher de me faire souffrir. Donc, je vais y mettre fin une bonne fois pour toutes.
- Incapable un jour, lâche toujours, dit-elle.
- Alors je te laisse apprécier le spectacle.
Mon cœur s'affolait, « lâche toujours » mais pas cette fois !
Tout était si blanc,
si immaculé, d'un blanc parfait que j'ai
cru en avoir enfin terminé.
Au-dessus de mon corps presque sans vie, elle hurlait, m'engueulait avec ses dernières forces.
La fin approchait, elle s'allongea et son regard froid et méprisant s'adoucit.
Au-dessus de mon corps presque sans vie, elle hurlait, m'engueulait avec ses dernières forces.
La fin approchait, elle s'allongea et son regard froid et méprisant s'adoucit.
Avec mon sang, j'ai
écrit. Toi qui as ignoré mes appels, sache qu'elle compte s'en prendre à ceux
que j'aime
Texte inédite d’Yves
Jeunehomme
Des Héros de fumée
Dans
le mensuel de janvier 2020, notre rédactrice en chef nous posait en quelques lignes la
question « nos héros sont-ils irréprochables ? », en prenant
comme point de départ l’attentat au couteau qui s’est produit à Londres le
29 novembre 2019.
Dans
les semaines qui ont suivi la lecture de cet entrefilet, le collège de France —
qui fait le travail de rendre ses cours disponibles sur son site internet —
diffusait deux leçons que l’helléniste Vinciane Pirenne-Delforge consacrait au
statut des héros, ainsi qu’un cours de Patrick Boucheron, historien du Moyen
Âge et de la Renaissance, sur l’exemple en histoire (1).
Vinciane
Pirenne-Delforge utilise des sources poétiques et archéologiques pour éclairer
l’histoire les cultes que les Grecs vouaient aux héros. Dans l’Iliade, elle
découvre une septantaine de mentions du mot héros. Il s’agit dans la plupart
des cas d’humains mortels du présent de l’intrigue, souvent des guerriers
achéens et parfois de mortels du passé. Dans l’Odysée, la quarantaine de
mentions concernent un poète-chanteur, un devin, les hommes d’Ithaque ayant le
droit de participer au conseil royal, le père d’Ulysse, ou Télémaque
lui-même : des mortels, donc, mais d’aucune figure de servitude. Le mot
« héros » désigne des hommes — pas des femmes — qui exercent une
forme de pouvoir, soit celui qui trouve son origine dans la propriété
terrienne, soit dans la maitrise d’un art divin.
La
constitution des deux épopées remonte au IXe ou au VIIIe siècle. Ni l’une
ni l’autre ne disent nulle part que les héros fassent après leur mort l’objet
de quelque culte que ce soit. Cependant, l’archéologie a découvert des tombes
mycéniennes — la période mycénienne, 1650-1100, est celle de la guerre de Troie
— auprès desquelles un hommage a été déposé, sous forme d’objets de métal et de
céramique contemporains de la constitution des deux épopées (à la fin de la
période géométrique et durant la période archaïque, du Xe au VIIe siècle).
Après
avoir procédé à l’examen de nombreuses sources, Vinciane Pirenne-Delforge
conclut qu’il a existé dès la période archaïque des cultes voués à des défunts,
à qui les vivants reconnaissaient un pouvoir d’action leur vie actuelle. Ce
n’est que suite à la circulation des épopées homériques que les sociétés
grecques ont endossé l’idée qu’il s’agissait de cultes conférés à des héros.
Cette
analyse ne manquera pas d’encourager la conteuse et le conteur : la
circulation des récits peut avoir des effets sociaux. Par contre, il n’est pas
question d’exemple à suivre.
Cette
question fait l’objet du cours de Patrick Boucheron. Il nous parle de
l’assassinat du duc de Milan Galeazzo Maria Sforza, dans une église le
26 décembre 1476. Sous la torture, le plus jeune des trois assassins,
Girolamo Ogliatti, a expliqué avoir été animé par idéal républicain, qui lui
était venu de la lecture de la Conjuration de Catilina.
Patrick
Boucheron nous dit que cette époque était encore celle des analogies : la
vision du monde était faite d’innombrables correspondances entre êtres et
objets de formes identiques. Dans un tel régime des connaissances, le récit
n’enseigne pas seulement le passé. Il augure également du futur en démontrant
que telle décision prise dans telle situation a telles conséquences
inévitables. L’exemple guide ainsi les comportements. La condition est qu’il
soit considéré comme probant. C’est le cas, affirme Patrick Boucheron, dès lors
que le récit est diffusé par un livre. Tout le monde a lu la Conjuration de
Catilina (2).
Dans
le cours du XVIIe siècle, les sociétés européennes ont quitté le régime
analogique de représentation du monde, dans lequel elles avaient trempé depuis
au moins l’antiquité classique. C’est peut-être pour cela que, lorsque j’étais
enfant, le mot héros n’était utilisé que pour désigner les protagonistes d’un
livre ou d’une bande dessinée.
Dans
mon souvenir, une exception est advenue en 1978 avec la sortie du Merdier,
film réalisé par Ted Post. L’action se déroule au début de la guerre américaine
du Viêtnam. Vers la fin du film, le major Barker (Burt Lancaster) annonce qu’il
vient de réaliser pourquoi un de ses subordonnés (Craig Wasson) s’est porté
volontaire pour cette guerre : Je sais maintenant ce qui est spécial
chez vous, Coursey… j’aurais dû comprendre immédiatement… c’est écrit en
grosses lettres sur votre fichu front… H-E-R-O-S, héros… Vous êtes un putain de
héros. Le titre anglais du film faisait référence à la Grèce classique et
au sacrifice volontaire de 300 spartiates lors de la bataille des
Thermopyles : Go Tell the Spartans. Je me souviens qu’un des
critiques de la RTB — était-ce Sélim Sasson, Dimitri Balachov ou un
autre ? — avait marqué sa désapprobation à propos du ton héroïque :
sans doute partageait-il l’idée que les guerres comme celle du Viêtnam ne
méritaient pas une épopée, mais un regard ironique ou dépité — j’invite le
lecteur à comparer le Merdier avec les films MASH et Voyage au
bout de l’enfer.
Début
juillet 2003 disparaissait dans le Kent Amanda Champion, 21 ans, souffrant
d’arriération mentale. Le 26 juillet, un promeneur découvrait sur un
terrain situé à Ashford le corps de la jeune femme, qui avait été étranglée et
égorgée.
En
avril 2004, James Ford, 26 ans, ouvrier d’usine, était présenté au
tribunal de la Couronne de Maidstone pour répondre de cet homicide. Il plaidait
coupable. Le procès n’a pas permis d’expliquer la motivation du crime. Le
tribunal a prononcé une condamnation à la prison à vie, avec une durée
incompressible de 15 ans (3). Durant cet emprisonnement, James
Ford a suivi une psychothérapie intensive.
Dans
le cadre d’un programme baptisé Learning Together, l’université de
Cambridge organise en prison des cours auxquels assistent à la fois des
prisonniers et des étudiants de l’université. Le 29 novembre 2019, une
journée de conférences marquait le 5e anniversaire du
programme, au Fishmongers’ Hall de Londres. James Ford y participait — ici, les
journalistes donnent des versions contradictoires, il avait été récemment
libéré pour bonne conduite ou était en semi-liberté. Un autre participant était
un homme de 28 ans, Usman Khan, en libération conditionnelle après avoir
été condamné en 2012 à 8 ans de détention pour participation à un complot
terroriste. Vers 14 h, Usman Khan, armé d’un couteau, assassinait deux
personnes : Saskia Jones, bénévole auprès de Learning Together et
Jack Merrit, coordinateur au sein de ce programme. Trois autres personnes ont
été blessées. Plusieurs hommes, armés d’objets hétéroclites, sont intervenus
pour empêcher l’agresseur de faire d’autres victimes. Ils l’ont forcé à sortir
du bâtiment, l’ont poursuivi sur le trottoir du pont de Londres, l’ont désarmé
et plaqué à terre. L’histoire a une facette poétique : comme armes, deux
des opposants ont saisi des défenses de narval qui décoraient l’intérieur du
Fishmongers’ Hall ; le lecteur sait à quel point cette dent torsadée a fait
penser à la licorne. La suite est plus moche. Un policier est intervenu et,
présumant qu’Usman Khan était sur le point de déclencher un gilet explosif, l’a
tué de deux coups de pistolet.
Très
vite, l’opinion a qualifié de héros les quelques hommes qui ont tenté de
maitriser l’attaquant, depuis Amy Coop, une twitteuse témoin de la scène,
jusqu’à Sadiq Khan, le maire de Londres (4).
Angela
Cox est une des tantes d’Amanda Champion, la victime de James Ford. Le
29 novembre 2019, un coup de téléphone de la police apprenait à cette dame
de 65 ans que le meurtrier de sa nièce était un de ceux qui avaient
désarmé Umar Khan. Dans un interview au Daily Mail (5), Angela Cox
s’est dite furieuse. Ils l’ont laissé sortir sans même nous prévenir.
Quelqu’un de ma famille aurait pu être à Londres et le rencontrer juste par
hasard !
Quant
au fait de l’appeler un héros,
ajoutait Angela Cox, il ne l’est pas ! Il est un tueur de sang
froid ! Sans aucune raison, il s’est mis en route et il a tué une
handicapée ! Je me moque de ce qu’il a fait aujourd’hui, il est un
meurtrier. Il est une ordure. Ma nièce Amanda était vulnérable et il lui a volé
la vie. En étant conscient de ce qu’il faisait. On ne se change pas.
Réponse
à la question posée, les héros sont-ils parfaits ? Non. Personne n’a
jamais annoncé qu’ils l’étaient, contrairement aux saints, autres figures de
défunts célébrés par des cultes.
Les
héros sont-ils exemplaires ? Non. Leur mention provoque de désir de
prendre de la distance. Je me veux étranger aux sociétés guerrières,
esclavagistes et sexistes dans lesquelles les hommes des élites étaient appelés
héros. Je me sens étranger à une vision du monde où les héros du passé
pourraient servir d’exemple. Ce que certains qualifient de conduite héroïque
est la résultante des peurs, du narcissisme, des générosités, de l’indifférence
à la mort de soi ou à celle de l’autre, de l’entrainement ou de l’absence
d’entrainement au combat, du travail sur soi, d’une bonne part de hasard, etc.
Décerner la qualité de héros, c’est occulter cette complexité et s’empêcher de
la penser.
Postscriptum.
Je pense au personnel des hôpitaux. Je lis que les gestionnaires ont tout fait
pendant des années pour compresser les effectifs et les augmentations de
rémunération. Quand j’entends parler de l’héroïsme des soignants, je me demande
s’il ne s’agit pas aussi de les rétribuer sans un sou payer.
1 http://www.college-de-france.fr/site/vinciane-pirenne-delforge/course-2020-03-05-11h00.htm
et
http://www.college-de-france.fr/site/patrick-boucheron/course-2020-01-28-11h00.htm
2 MACHIAVEL,
Discours sur la première décade de Tite-Live
Pour la Maison du Conte et de la Parole
de Liège-Verviers:
Téléphone:
0486/21.87.62 de Philippe Noël
Pour le Mensuel:
Téléphone:
04/367.27.06 de Marie-Claire Desmette
Courriel:
maisonconteparole.liege@gmail.com
Sites Internet
Evidence ! amis
conteurs, c’est à nous ! C’est le
moment ! Les postillons sont un danger pour les acteurs qui sont plusieurs
en scène et qui interagissent. Nous les
conteurs, nous sommes souvent seuls en scène.
Même si nous contons à plusieurs, nous n’interagissons pas entre nous
comme de acteurs. Pas de problème à
observer une distance de sécurité entre nous et le public. Nous pourrions même conter masqués,
chiche !
Les théâtres, musées, Maisons
de la Culture et autre lieux sont pauvres.
Nous sommes beaucoup moins chers qu’un troupe ou un orchestre. Nous n’avons pas besoin de dispositif
scénique onéreux.
Nous en avons des choses à
dire.
Le public a pu voir et
entendre certains d’entre nous sur Internet.
C’est le moment pour lui de nous voir et entendre en life.
Nous sommes la chance des
arts vivants ! A nous de saisir le
moment, la chances, les possibilités.
Je suis sûre que j’enfonce
une porte ouverte, que vous avez déjà agi et réagi. Marie-Claire