samedi 1 août 2020

Mensuel Août 2020 / N°332

Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,

les conteurs et les raconteurs.

août 2020 – N°332

 

P 912122 Bureau de dépôt LIEGE 1–4000  

Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224  4053 Embourg

 

Au sommaire, ce mois-ci:

- Un mois, des contes

- Nouvelles du monde du conte, ….

- Still standing

- Spectacles – Balades –Ateliers - Veillées

- 3 histoires

- 1 poème

  

la Maison du Conte et de la Parole de Liège-Verviers asbl 

 

vous invite à vous déCONTEfiner

à  sa 

Scène ouverte

 

 

quand ? le samedi 8 août à 19h30                où ? château de Colonster, près du parking, 4000 Liège

pour qui ? tout public                                      animation : Philippe Noël                          

infos : 04/367.27.06 ; 0497 61 51 05 ; 0476 65 37 83 ; ; www.maisonduconteliege.be

 

réservation obligatoire pour assister et conter : reservationmaisonconteliege@gmail.com

A circonstances exceptionnelles, veillée du 7 exceptionnelle, à la fois par la date, le lieu, la distanciation physique et le port du masque fortement recommandé.

La scène ouverte de juillet a rassemblé public sympathique et conteurs.  Nous remettons cela, tout en risquant la soirée.  Munissez-vous de lampes de poche.

Le plaisir de conter,  de retrouver le conte, de découvrir ce que les conteurs vont nous présenter, dans une ambiance de musique et de chanson.

 

 

UN MOIS, DES CONTES A LA BIBLIOTHEQUE DE FLORENVILLE

Le saviez-vous ? La bibliothèque de Florenville, en partenariat avec l’Asbl Chiny Cité des contes, abrite un Fonds spécialisé « contes » très étoffé. Des albums, recueils, anthologies, théories du conte, quelques revues, des CD,… destinés aux adultes comme aux enfants. Une collection riche de près de 1900 ouvrages, l’une des plus importantes en Communauté française. La diversité des ouvrages permettra par exemple d’alimenter la hotte d’un conteur, d’animer un après-midi récréatif, de servir le travail d’un étudiant, d’animer une journée auprès des aînés, de nourrir l’imaginaire avant d’aller dormir.

Chaque mois de cette année 2020, nous vous proposerons une sélection de 4 ouvrages :

AOÛT : CONTES DES MILLE ET UNE NUITS A L’HONNEUR

 RECUEILS :

  • André Miquel et Jamel Eddine Bencheickh – édition et traduction, Les Mille et Une Nuits, Paris, Gallimard, 1991. Après Antoine Galland ou encore Mardrus, cette traduction se revendique comme intégrale et exacte, fondée sur l’édition de Boulaq, du nom de la ville égyptienne où le texte a été imprimé pour la première fois en 1835.

 

  • Margaret Sironval, Les Mille et Une Nuits, Paris, Citadelles-Mazenot, 2011.Cette chercheuse au CNRS a étudié la transmission des textes écrits des Mille et Une Nuits à travers les traductions françaises et anglaises. Un ouvrage richement illustré. 

ALBUM : 

  • Sabine Du Faÿ et Sébastien Mourrain, Le petit bossu, Paris, Le Sorbier, 2010. Un album couronné par le Prix Versele, qui raconte un épisode moins connu des Mille et une nuits. Et pourtant, cela vaut la peine : un conte rocambolesque, tragi-comique où un mort passe de main en main jusqu’à ce qu’un coupable soit enfin désigné.

CD :

  • Nacer Khémir, raconte 1001 nuits, Forcalquier, L’Autre label, 1996. Laissez-vous bercer par ce conteur tunisien, qui a participé au renouveau du conte…

 

Infos :

Bibliothèque : rue de l’Eglise, 13 – 6820 Florenville

061/ 32 03 40 - www.bibliotheque-florenville.be bibliotheque.locale.florenville@province.luxembourg.be

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Nouvelles du monde du conte, des arts vivants … et de la politique

 Quatre mesures fédérales ponctuelles d’aide aux artistes. Finis les trucs pour retarder.  Plus de Conseil d’Etat ni de Cour des comptes.  Autorisation temporaire du cumul d’allocations de chômage et de droits d’auteur, prolongation pendant sept mois du dispositif de non-dégressivité du chômage, délai pendant lequel un artiste peut refuser un emploi hors secteur, assouplissement pour l’accès au statut d’artiste.  Tout s’achèvera le 31 décembre 2020.  La NVA culturophobe a repoussé la loi, le CD&V, culturo-couillon s’est courageusement abstenu.  Les autres partis ont voté pour.  A remarquer un article 7 : le Roi peut compléter ou prolonger les dispositions de la présente loi. D’autre part, une multitude de partis se sont engagés sur la réforme structurelle du statut d’artiste.  A suivre donc.  Toujours « sur le métier remettez votre ouvrage … »

 v Futur de la culture.  La Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie Bruxelles a lancé le groupe d’étude, sur le redéploiement de la culture après la crise du Covid19.  Travail à très court terme pour accompagner la culture à la rentrée, tirer les leçons de la crise pour lancer des changements structurels, permettre son redéploiement. « que des éléments concret puissent être mis à l’agenda » pour répondre à la temporalité immédiate d’un secteur en crise.

Le groupe a rendu son rapport le 14 juillet. Priorités et pistes opérationnelles : soutien à la création, médiation, participation de tous à la vie culturelle.  Entre autres, une meilleure articulation à la création culturelle et la RTBF et les autres média, aux outils numériques et à la formation professionnelle.  A court terme, deux mesures concrètes : bourses de recherche pour des produits risqués et résidence d’artistes.

Ce rapport sera soumis aux instances d’avis et aux fédérations professionnelles.

 v Statut d’artiste – Guichet/Office culture. Les ministres de la Culture des différentes entités compétentes ont convenu mardi 7 juillet de veiller à mettre en place de la manière la plus coordonnée possible les directives du Conseil national de sécurité (CNS) à propos de la lutte contre le coronavirus. Ils ont émis l'intention d'apporter des solutions conjointes à la situation socio-économique des artistes. Avec la ministre fédérale de l'Emploi, Nathalie Muylle (CD&V), les ministres de la Culture veulent saisir l'occasion de la crise pour procéder à une analyse approfondie du système et chercher des solutions aux points névralgiques existants. 

Les ministres soulignent que tous les gouvernements ont déjà pris de nombreuses mesures temporaires pour soutenir le secteur artistique et le secteur de l'événementiel. Ils veulent installer un groupe de travail technique qui démarrera après l'été pour examiner si des mesures structurelles sont nécessaires pour l'avenir, et lesquelles, par exemple à travers la question du statut de l'artiste.

En outre, les ministres ont discuté de la stratégie de sortie de crise pour le secteur de la culture. Le 24 juin, le Conseil national de sécurité a annoncé un certain nombre de mesures de déconfinement pour ce secteur.

Les ministres ont par ailleurs jugé opportun, histoire d'éviter toute confusion dans l'opinion publique et le secteur, que les différentes autorités interprètent les mesures de manière uniforme, en particulier celles prises récemment par le comité de concertation. L'existence de protocoles divergents pourrait créer des incohérences, notamment en Région bruxelloise, ont-ils admis.

Les directives du CNS de mercredi 15 juillet* seront appliquées de façon coordonnée, ont-ils assuré: les ministres se sont engagés à aligner tous les protocoles le plus étroitement possible afin que les organisations culturelles de tout le pays reçoivent les mêmes directives. Il en va, selon eux de la protection des spectateurs et il s'agit d'éviter la reprise de la pandémie.

Le Covid Event Risk Model (CERM) sera promu comme un outil d'aide à la décision permettant à toutes les autorités de statuer sur l'autorisation ou non d'événements.

Enfin, les ministres ont convenu de mettre en place un groupe de travail en vue d'une étude sur un guichet/office culture, qui constituerait un point d'accès centralisé à l'information pour tout acteur ou actrice du monde culturel.

* Après le Conseil National de Sécurité du 15 juillet, aucune modification vu l’augmentation des cas de covid19.  Rappel des gestes barrières : port du masque, distanciation sociale ( la mesure prioritaire).

 v Aide aux opérateurs culturels. Le 17 juillet, la Fédéra Wallonie-Bruxelles a voté une aide de 8,12 millions d’euros pour les opérateurs culturels pour leur manque de recettes, en les obligeant de payer les artistes pour des prestations qu’ils ne peuvent réaliser pour cause sanitaire.  C’est la rémunération des prestataires finaux que le gouvernement sauve.

 v Le Jardin Suspendu (à Mons) est un parc public géré par des citoyens depuis sa réouverture pour les festivités de Mons 2015. C'est un lieu atypique ouvert tous les dimanches de 10h à 18h de mars à septembre. Une série d'activités, initiées par les uns et les autres, y prend place. La porte est ouverte, entrez, vous aussi, y voir ce qui s'y passe et venez nous écouter.  Voir p. 9.

 v Envie de vous retrouver dans un coin de verdure tout en partageant un moment privilégié avec des conteuses et des conteurs, des artistes de la parole et musiciens ? Le Théâtre de la Parole vous propose pendant l'été des bulles contées à vivre entre amis ou en famille.

Les vendredis soirs, des apéros contés seront programmés quant aux dimanches ce seront des goûters contés. Alors? On s'y retrouve?

Sur notre site Internet, vous pourrez prendre connaissance de toutes les informations supplémentaires. Pour rendre ce moment encore plus convivial vous aurez la possibilité de réserver des paniers "apéros" ou paniers "goûters" directement sur le site de l’Harmonium (petite restauration comme à la maison – www.lharmonium.be )

Notez que les places sont limitées, il est donc impératif de réserver au Théâtre de la Parole ( www.theatredelaparole.be - info@theatredelaparole.be - 02 736 69 50 - Rue du Rouge Cloître 7d - 1160 Bruxelles)

Vous assistez au spectacle ? Commandez votre panier apéro ou goûter à partager directement sur le site Internet de L’Harmonium. Il vous sera livré sur place, une heure avant le spectacle (pas de nourriture ou boisson pendant le spectacle). Voir p. 7.

 

v Culture qui es-tu ? Une marche citoyenne, poétique et philosophique hors des idées battues.

Dans ce contexte sociétal particulier de “l’après Covid”, alors que le secteur culturel tente de retrouver des repères pour renaître après le confinement, le Festival de Chassepierre, Latitude 50-pôle des arts du cirque et de la rue et Mars-Mons arts de la scène, nous invitent à un moment suspendu, à pas lents, hors des idées balisées, pour interroger la place de la culture dans nos vies.

Du 22 août au 4 septembre, de Chassepierre à Marchin et de Marchin à Mons, 200 km de rando-débat, 12 jours de dialogue ouvert à toutes et tous, marcheurs et marcheuses de tous horizons, citoyen.ne.s et philosophes du quotidien… A chaque étape, un.e artiste complice. Chaque matin, une question à détricoter en marchant et chaque soir, une halte chaleureuse, une proposition artistique et une mise en commun festive de nos réflexions

            16 mars 2020: “Restez chez vous”. Le mot d’ordre est d’une simplicité implacable, pour un temps vertigineusement indéfini: adieu spectacles, concerts et festivals. Alors que la planète se retranche derrière ses écrans, le monde des arts vivants est ébranlé dans ses fondements, subitement privé de la rencontre et du partage qui font son essence et son économie. Stupeur et foisonnement: les uns restent cois, immobiles, tandis que d’autres multiplient les cartes blanches, exhortent aux politiques ou virtualisent  diverses propositions artistiques. Dans cette mer houleuse, Jacques Livchine, pionnier du théâtre de rue, dépose sur les réseaux sociaux cette question insolente: “Au fait, à qui manque-t-on ?”.

Dans les salles de concerts, les théâtres, les musées ou les chapiteaux; à l’école, dans la rue, sur nos écrans, sur nos tables de chevet, dans nos assiettes; dans nos fêtes et nos plus beaux souvenirs… La culture essaime dans nos vies un peu, beaucoup, passionnément. Pour l’Unesco, elle est un droit humain fondamental. Mais qu’est-ce que la culture pour vous ?

Le Grand Tour. Une marche de 12 jours pour questionner, échanger et réinventer.  Un projet du Festival International des Arts de la rue de Chassepierre, de Latitude 50-pôle des arts du cirque et de la rue à Marchin et de MARS-Mons arts de la scène en partenariat avec le Théâtre National, Le Delta-Espace Culture Provincial, l’Eden-Centre Culturel de Charleroi et Picardie Laïque.

Participation gratuite.  Inscription à chaque journée à partir du 3 août.
Envoyez-nous votre contact, nous vous préviendrons quand le formulaire d’inscription sera en ligne ou revenez nous rendre visite à partir du 3 août.

Journée type : Matin : départ. Midi : pique-nique et réflexions/échanges. Fin d’après-midi : arrivée suivie d’un temps de réflexion et de synthèse. Soirée : souper et proposition artistique de l’artiste marcheur du jour.

Les horaires sont variables d’une étape à l’autre.

Tant que faire se peut, les départs et arrivées se font autour de gares SNCB. Il est donc possible de déposer votre voiture au lieu d’arrivée et nous rejoindre en train pour le départ, ou inversement. 
Pour les étapes ne disposant pas d’une gare au départ ou à l’arrivée, une navette Grand Tour assurera le retour au lieu de départ. Le covoiturage est évidemment possible, par exemple via le site 
www.togetzer.com.

Equipez-vous de bonnes chaussures de marche, de vêtements adaptés aux conditions météo et d’un crayon.

Les marcheurs emportent leur pique-nique du midi et leurs boissons. Le soir, un bar sera accessible à tous et un repas sera offert aux courageux marcheurs de la journée.  Voir p. 8. 

v Itinérance vélo-poétique. Comme d'autres avant, comme d'autres après, comme d'autres maintenant, En complicité et dans l'esprit de « La Marche des philosophes », Benoit Morren revêt la défroque d'un Conteur, Robin des Pommes Et s'en va déclarer sa poésie sur les routes ou chez l'habitant, Des plaines hesbignones aux vallées mosanes, du 16 au 22 août, de Waremme à Comblain, En peloton improvisé pour l'accompagner ou en solitaire, un périple en mode vélo-poétique, saupoudré de quelques notes et quelques Contes.

A chaque étape, à chaque intervention, mesures sanitaires de circonstances.  Voir p. 8. 

v Tous les samedis et dimanches, du 18 juillet au 30 août 2020, la Fédération de Conteurs Professionnels emmène petits et grands en promenade contée, à la découverte de trésors de notre belle Capitale.

Pour ceux qui restent à Bruxelles cet été, la Fédération de Conteurs Professionnels a concocté un programme de promenades contées. Une autre manière de réveiller vos imaginaires et de découvrir Bruxelles en famille.

A chaque promenade, quatre conteurs différents vous partageront leurs univers singuliers. Le samedi, ils vous emmèneront dans des lieux insolites des Marolles et le dimanche à la découverte de la faune et la flore secrètes de la réserve naturelle du Vogelzang.  Voir p. 6.

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Témoignages : Butin du confinement 4.

 Still Standing

Nom de code de l’action menée à  Antwerpen, Bruxelles, Charleroi, Gent, La Louvière, Leuven, Liège, 

Mons, Namur, Tournai, le 25 juin à 14h, avec le message : « Le monde recommence à bouger, la culture reste à l’arrêt, mais nous restons debout ! »  Les artistes sont restées figés pendant ¼ d’heure avec les attributs  de leur art.

 Ce jeudi 25 juin, une rumeur, une brise chaude est venue me chatouiller l’oreille

J’ai pris le train pour Charleroi

Un petit train qui s’arrête à 3 min de chez moi

Il y avait un plein soleil,

Je me sentais légère

Heureuse d’aller vers cette rencontre non prévue

Sans aucune intention si n’était celle d’être présente

D’exprimer avec d’autres présents l’urgence de cette présence.

Sous les arbres à la sortie de la gare mon cher ami Don buvait un café,

De loin j’ai repéré son bâton, quel bonheur,

Nous avons ouvert les bras, et fait un pied de nez à la distance imposée,

Nous avons marché et bu un café, le meilleur de Charleroi,

Avant de rejoindre à 14h

La Place Verte illuminée de lumière.

Nous étions debout, deux, trois,

Quatre autres hurluberlus y étaient

Guitare en main, rien en main, marionnette sur un globe terrestre,

Une fille s’est mise à chanter

Une autre s’est mise à danser,

Sur la place chauffée au soleil,

J’ai raconté le cachalot et la mouette au bord de la mer,

Un garçon lisait, un homme déclamait,

Je voyais Don déambuler et parler,

Nous ne comprenions pas ce qui se disait à voix haute ou basse,

Mais j’entendais ce que disaient nos âmes,

Elles disaient la vitalité de  l’inutilité de nos expressions

Elles disaient l’urgence du rêve

Elles disaient la gravité de la poésie 

Un étrange son s’est fait entendre et tout s’est tu, chacun est resté immobile,

Arrêt sur image,

De longues minutes

Nous sommes restés là en silence,

Comme dans ta vaste forêt, Don, le regard vers l'horizon.

Ce qui m'a frappé, c'est la même densité du vide, les bruits de la ville n'existaient plus,

Je sentais la solitude de chacune, chacun reliés dans ce silence,

Je devinais les passants immobiles nous rejoindre ;

Des photographes photographiaient, ils étaient contents je crois de cette immobilité.

Nous aussi,

Nous avons quitté la place au son de la Corne de brume,  sans commentaire, en échangeant des regards souriants et des saluts généreux.                               Charleroi, le 27 juin 2020 Françoise

 

            Je suis donc allée Place St Lambert  un peu avant 14h.  Il n'y avait pas grand monde, j'étais inquiète.  J'ai alors vu quelques jeunes avec l'inscription still standing sur leur vêtement.  J'étais bien au bon endroit. 

- Vous êtes sans doute des organisateurs.

- De gentils organisateurs ?

- Y en a-t-il de méchants ?  Cela augure bien de l’ambiance.

 Nous avons parlotté, attendu.  Les artistes ont commencé à arriver en rangs serrés.  Distanciation  Plus ou moins.  Certains faisaient visiblement partie d'un groupe travaillant ensemble comme des crobates.   Certains disaient des textes, d'autres chantaient.  Instrumentistes, danseurs et danseuses.  Pas vraiment de contact entre les participants.  Tout le monde masqué.  Répartition des participants pas vraiment organisée.  Combien étions-nous ?  J’avoue ne pas avoir compté.  La dalle était bien couverte de participants.

Un signal à la trompette pour commencer juste sur le coup de 14h00 au carillon du Palais de Justice.  

Un quart d'heure après, nouveau signal de la trompette.  Tout le monde se fige.  Je le redoutais, rester immobile pendant un quart d'heure, je me disais que ce serait long.  Est-ce que je résisterais avec mon bâton de pluie ?  Cela s'est très bien passé et au signal de fin, toujours la trompette, je me disais que ce n'était pas si long que cela et pas insupportable.

Beaucoup de photographes.  Des badauds, à pied, à vélo.  Je n’ai pas vu de journalistes interroger quelqu’un.  Aucun policier.  Il n’y avait pas non plus d’ados, souvent nombreux avec leur planche à roulettes sur la dalle. Marie-Claire

             25 juin à 14h. dans la ville chaleureuse de Charleroi, une vingtaine d’artistes sont rassemblés sur la Place Verte. Elles et ils se trouvent un peu en désordre et petit à petit chacun(e) s’enferme en soi-même. Un poème éclot, un chant se lève, une histoire naît, une flûte et une guitare commencent à semer de la musique. Les mains de m’amie Françoise caressent une parole qui papillonne dans l’air. Naturellement un cercle de corps en mouvement se forme. Une corne sonne. Soudain le silence règne et les mouvements se figent. Dans le cercle de statuts charnels le temps s’écroule et dans l’immobilité silencieuse l’horizon semble  s’ouvrir, comme du loin l’inattendu est prêt de venir à chaque instant. A 14h. 30 la corne brise les bulles. Des regards se croisent et la troupe extravagante se disperse dans les quatre directions du vent.

Françoise et moi commençons notre errance dans la ville. Après quelques passes, là, assis sur le trottoir, nous voyons le guitariste du cercle. Il joue sa guitare à la manche ; n’importe où et malgré tout, l’homme du béton continue sa vie d’artiste.

Nous sommes réunis sur la place de Charleroi, comme sur des places dans d’autres villes en Wallonie, Bruxelles et Flandre. Nous sommes là, entre 14h. 15 et 14h.30, silencieux en vagabondage dans nos rêveries. La ‘crise’ de Corona et le confinement pourraient donner aux conducteurs du pouvoir l’alibi idéal pour prendre des mesures contre les plus faibles, contre des pensées critiques, contre des arts libres et vivants,… Extrême droite et droite ont commencés une procédure auprès du Conseil d’État pour bloquer un petit soutien aux artistes ; c’est un mauvais signe et peut-être c’est juste le début… Il faut réagir et fermement continuer à défendre le métier d’artiste, évidemment, mais...

Nous sommes là, combatifs dans notre mouvement et ensuite contemplatifs dans l’immobilité ; derrière l’horizon monte la tête ambivalente de l’espoir… Plus qu’un métier, d’être artiste, d’être conteur.euse, c’est la raison d’exister… Oh femmes et hommes du béton qui ne sont jamais récupérables par des institutions, par le pouvoir .....Don Fabulist                                                                              

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 ?Artiste, une profession aussi essentielle que médecin. ….  L’art n’est pas seulement un secteur essentiel, il fait partie de l’essence de l’humain. …. Durant la crise du coronavirus, les responsables des coupes dans le budget des arts et de la culture ont soudain réalisé à quel point ceux-ci étaient importants pour les personnes confinées chez elles. …..  Aujourd’hui, plus aucun responsable politique ne plaide pour de nouvelles économies dans le secteur de la culture.  Il faudrait être fou ! Le secteur a plus que jamais besoin d’aide.  Sans un véritable esprit de solidarité et un soutien continu, les dégâts seront irréversibles.  Et toute la société en pâtirait.  Paul Dujardin

? C’est lorsqu’elle disparaît soudainement que l’on se rend compte que la culture a un coût, certes, mais qu’elle rapporte aussi énormément à une multitude d’autres secteurs. Jean-Marie Winants

 

Spectacles – Balades

 

 

Trésors contés de Bruxelles par des conteurs de la Fédération de Conteurs professionnels de Belgique

quand et où ? -les 1, 8, 15, 22, 29 août à 15h, Rv 65 rue des Tanneurs à 1000 Bruxelles.

                        - les 2*, 9, 16*, 23 et 30 août à 15h. Rv rue chant des oiseaux 195 à 1070 Anderlecht 

                        - *les 2 et 16 août à 11h au lieu de 15h)

infos : www.conteurs.be et facebook.com/Trésors-Contés

Les promenades contées durent de 1h30 à 2 heures. Elles sont gratuites et sans réservation et limitées à 40 personnes maximum. Voir pp. 4,5.

 

la Maison du Conte de Charleroi

Dimanches en balade

 

quand et où ? le 02/08/20 à 16h00 : Loverval                                          combien ? 9€/personne : 6€ à partir 2ième enfant

                        le 09/08/20 à 16h00 : Acoz (balade à vélo)                                                   

                        le 23/08/20 à 16h00 : Sart-Eustache

                        le 30/08/20 à 16h00 : Charleroi-Parenville                                       

 pour qui ? tout public. 20 participants                                  infos, inscription obligatoire :  www.contecharleroi.be

Des légendes locales, des contes de lutins, des histoires d'arbres et de forêt en se baladant. L'objectif est de faire (re)découvrir sous l'angle de l'imaginaire et du conte, des lieux différents où la nature s'exprime et se respire.

 

Conte en balade                                                                                                                                Mots et Merveilles

Contes d’été par

Céline Antoniucci, Philippe Baudot, Alice Beaufort, Luisa Bevilacqua, Valérie Bienfaisant, Nathalie Bloden, Marie Bylyna, Anne Borlée, Ria Carbonez, Emmanuel de Loeul, Appolinaire Djoumou, Julie Gaudier,

Anne Grigis, Aline La Sardine, Catherine Pierloz, Cindy Sneessens, Geneviève Wendelski

 

quand et où ? le 2 août à 15h, See U,  avenue de la Couronne, 227, 1050 Ixelles
                      
  - le 9 août à 15h, Parc Duden, avenue Victor Rousseau, 100, 1190 Forest
                         - 16 août à 15h, Parc de Bruxelles, place des Palais, 1000 Bruxelles
                         - le 23 août à 15h, See U
                         
- le 30 août à 15h, Parc Duden

combien ? au chapeau

infos, réservation : 0497/78 20 75 ; www.conteenbalade.be  info@conteenbalade.be

Accès PMR accompagné partout. Accessible à tous, à partir de 8 ans.   Merci de venir avec votre propre matériel (tabourets, coussins, etc.), car nous ne serons pas en mesure de vous les fournir. 

 

Théâtre de la Parole

 

- le 9 août à 16h , Un voyage fabuleux qui failli se réaliser par la Compagnie "Les Trois Points Rouges et un Rond"(Nina Eeklaer, Benoît Finschi, Valentin Gaillard et Michel Verbeek). Goûter Conte

L'aventure, le voyage comme c'est merveilleux mais attendez un peu avant de partir, il ne faut rien oublier, tout ranger chez soi, bien réfléchir, s'organiser et enfin finalement être bien sûr de vouloir partir.  

 

- le 14 août à 19h, Apéro Conte par Joy & Apollinaire Djouomou.

Energie solaire, regard vif et  gestuelle dans laquelle se mêlent toutes les cultures, bouquets de colères, de joie et d’idées! Itinéraire pluridisciplinaire au croisement du théâtre, de la musique et de la parole contée

 

- le 28 août à 19h, Amours de jeunesse par Christine Andrien et Magali Mineur et le quintette à cordes Bow,

Apéro Conte.  Souvenirs d'amours de jeunesse. A ces souvenirs des premiers battements de cœur se mêlent ceux des chansons populaires de l'époque, que tout le monde peut reprendre à l'unisson.

 

- le 30 août à 16h, Voyage autour du monde par Anne Romain.  Goûter Conte à partir de 6 ans

Voyager ! Partir à la découverte de nouveaux paysages aux quatre coins du monde. Se confronter à d’autres façons de penser, de s’exprimer. Découvrir des coutumes inconnues. Nouvelles saveurs, senteurs…

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où ? 7d, rue du Rouge Cloître, 1160 Auderghem. infos, réservations : 02/736.69.50 ;. info@maisonducontebxl.be.

Voir pp. 3,4.

 

Centre Culturel de Rebecq

Je te donnerai par Yves Deplasse

 

quand ? le 12 août à 14h30 et à 16h00       où ?  Parc de l’ancienne Maison communale, Grand Place 12 à 1430 Rebecq

combien ?  gratuit                                       pour qui ? : tous dès 9 an

La voix du conteur, les bourdons de la vielle à roue : une alternance d'airs et de contes qui se répondent. De petits liens secrets unissent les histoires et la musique, pour un voyage tantôt méditatif, tantôt jubilatoire.

 

 

Centre culturel d’Enghien

Les rendez-vous de l’été

 

- le 15 août de 14h à 21h, Dans l’ombre insoumise par les Semeurs de rêve.  8 à 12€.

      RV à l’entrée du Parc.

 

- le 30 août à 14h30 et 16h30.  L’homme qui n’avait pas d’histoire par Magali Mineur. 5 à 7€.

      RV au Château.

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où ? à Enghien                                                   infos, réservation indispensable: 02/396.37.87 ; info@ccenghien.org

Respect des mesures sanitaires, distanciation sociale + port du masque.

Spectacles familiaux et intimistes en extérieur ou intérieur en fonction de la météo.

 

Itinérance  vélo-poétique par Benoît Morren

             

quand et où ? – le 16 août à 16h16 àWaremme

                         - les 17 et 18 août à Haneffe

                         - le 19 août à Clermont sous Huy

                         - le 20 août à Hermalle sous Huy

                         - le 21 août à Amay

combien ? au chapeau                                                              infos : https://www.facebook.com/RobindesPommes/

Un périple en mode vélo-poétique, saupoudré de quelques notes et quelques Contes.  Voir p. 4.

 

le Festival de Chassepierre,         Latitude 50-pôle des arts du cirque et de la rue          Mars-Mons arts de la scène

 

Culture qui es-tu ?  Le Grand Tour

 

quand ? du 22 août au 4 septembre                                                                        où ? De Chassepierre à Mons

combien ? gratuit

infos, inscriptions : grand-tour.be/?utm_source=Latitude 50&utm_campaign=76aadd2b10-EMAIL_CAMPAIGN_2020_07_07_05_10&utm_medium=email&utm_term=0_298125770f-76aadd2b10-125274633

Une marche citoyenne, poétique et philosophique hors des idées battues. interroger la place de la culture dans nos vies.  Voir p.

  

Ateliers – Formations

 

la Maison du Conte de Charleroi

 

A la découverte du conte et du métier de conteur" par Sylvianne Piéfort et Jacky Druaux

 

quand ? Du 19 août au 21 août de 9h 30 à 16h (+ séance publique le 24/09/20)

où ? Théâtre Marignan 53, Boulevard Tirou ,6000 Charleroi

combien ? 150€                              pour qui ? apprentis conteurs et toute personne intéressée à raconter des histoires.

infos, inscriptions : 0472/59.14.09 ; maisonducontecharleroi@gmail.com www.contecharleroi.be

Volet théorique, pratique, critique, philosophique. Conter ? Comment à qui ?  Choisir une histoire, se l’approprier, placement scénique, diction, recevoir commentaires et applaudissements, …. Tenue décontractée.

 

? Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts.  Isaac Newton 

Maison du Conte de Charleroi

 

Apprendre à conter pour les enfants par Pascale Baeyens, Raphaëlle Bouillon , Sylviane Piedfort

 

 quand ? du 26 au 29 août de 9h30 à 16h                                  où ? 53, Boulevard Joseph Tirou - 6000 Charleroi

combien ? 150 €                                                                          pour qui ? conteurs en chemin
            infos, inscriptions : 0472/59.14.09 ;
maisonducontecharleroi@gmail.com www.contecharleroi.be

Comment apprivoiser l’attention  des enfants ? Quelles techniques pour démarrer ? Découverte du kamishibaï.  Comment leur lire une histoire ?  Expérience dans l’univers du conte, expérience artistique, attentes à communiquer.

 Veillée – Scène ouverte


v Zapéro-contes Charleroi, le 7 août à 20h.  devant Livre ou Verre, passage de la Bourse, Charleroi.  Au chapeau. infos, réservation obligatoire : 0470/70.62.99.     Pour conter : racontancecarolo@gmail.com      

 v Contes revenus au jardin avec l’équipe de la Scène ouverte de Mons, le dimanche 16 août  à 14h,  Au Jardin Suspendu, rue de la Boulangerie, 7000 Mons. Scène ouverte aux arts de l’oralité : contes, chansons, slam, poésie.  Voir p. 3.

 Contact et réservations pour les conteurs et artistes : Pierre de Landes pierredelandes@skynet.be

https://www.lejardinsuspendu.be/   https://www.facebook.com/sceneOuverteMons/

https://www.facebook.com/Le-jardin-suspendu-%C3%A0-Mons-893842260652543/

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 Texte original de Fabienne Lorant

Alexandrins

 

De signes tu n'as pas mais tu vois les JT

Le coronavirus s'est mis à te hanter

Confiné tu as peur même au chaud dans ton lit

Ce machin inconnu te coupe l'appétit

 

Le moment est venu de penser à sortir

Ta muselière à fleurs va les faire sourire

Profiter du grand air faire courir les chiens

Sniffant trottant crottant dans leur va-et-vient

 

Avec tes protections au dehors tu te risques

Affublé tel un clown aux deux lions de cirque

Mirza Médor ici tu ne peux pas les suivre

Avec le confinement ce grand air te rend ivre

 

Un filin de mucus tout à coup te surprend

Pendant au bout du nez comme une épée d'argent

Retour à la maison tu es contaminé

Tu malaxes et chiffonnes un mouchoir en papier

 

Tu éternues tu tousses tu a les yeux qui pleurent

Il est temps semble-t-il d'appeler le docteur

C'est un rhume des foins ce satané bouleau

En pleine pandémie a fait fortissimo

 

? Les contes sont peut-être les éveilleurs d'un savoir impossible à dire autrement. Henri Gougaud (envoyé par Gaëtane Windels).  Vous dénichez une belle phrase que vous avez envie de partager ?  Faites comme Gaëtane, envoyez-la nous.

Texte original de Michelle Troupin

                                                            Au Printemps 2020

 

- »Cinquante euros la séance, je vous jure, c'est exagéré ! »

Je claque la porte du psy. Je m'évade sur le boulevard. Je m'enfonce dans l'humeur sombre. Je crie mon désarroi aux herbes folles tapineuses des trottoirs saccagés.

Il  m'a conseillé « madame, trouvez la porte ».

Cinquante euros pour me dire de guetter un accès.

J'en ouvre des portes, toute la journée, quatorze par trajet. Je les ai comptées, répertoriées, numérotées, qualifiées... les lourdes, les doubles, les coincées, les évitables...

Naturellement, le chirurgien qui m'a restructuré n'a pas pensé aux portails à enfoncer. En fin de journée, mon sein reconstruit  me hurle que quatorze portes cinq fois par jour c'est de l'abus de pouvoir. Et il a raison mon sein !

Le psy, lui, c'est son obsession les portes. « Trouvez la bonne ! »

Comme l'a écrit Musset : Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Cela m'aide bien !

Je fais patienter ma colère.

L'hybridation des transports en commun n'entraîne pas leur exactitude. Il tarde. Une pluie à l'allure microbienne fait dégringoler une tristesse de fin du monde sur la ville. Le fantôme du bus se matérialise aux confins des véhicules embouteillés.

- »Où vont donc toutes ces personnes par un temps à faire pleurer un parapluie ? »

- »Sûrement chez le psy. »

Je monte, je paie, je m'installe. Très vite un paysage apparaît. Une Ecosse ombrageuse, des vallons verdoyants, des vergers renaissants, des vaches paisibles, des chevaux élégants.

Je rentre chez moi, enfin, j'accède à mon logis.

- »Cela s'est bien passé chez le psy ? »

- »Très bien, je dois ouvrir une porte. »

Au cœur du sommeil, je retrouve des portes, grillagées, en bois, ouvragées, avec tête de lion, bronze et fer forgé ou simple sonnette, portes à code, porte anti-feu, porte coulissante, double-porte, porte-fenêtre, porte de prison. Au matin de cette nuit menuisière, j'ai un arrière-goût amer de bois putréfié dans la bouche. Vite une tasse de café ! Ensuite, je pars me promener.

L'homme qui coupe du bois coupe, découpe comme chaque jour du mois. Son voisin scie, un autre peint une porte. Un quidam laborieux s'esquinte le dos sur un portique gigantesque. Toujours des portails !

- »Pardon monsieur, puis-je ouvrir votre porte, c'est mon psy qui me l'a conseillé. »

Non, non, je ne peux pas les aborder de cette façon, sinon je vais me faire... enfermer. Alors, ces hommes aux biceps triomphants, je les salue, je leur souris. Je passe pas à pas devant chez eux.

 Je fais du « porte à porte » en somme. Je continue l'exploration des rues et des gens.

Au matin suivant, retour dans la salle à patienter du psy. Un seul catalogue à visionner. Une analyse stratégique du Tour de France 2013. Mon téléphone s'est endormi. Les batteries de ces engins-là n'ont aucune complaisance face aux attentes... en salle d'attente.

La Fontaine a beau dire : Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

L'heure s'allonge, je compte les portes pour trahir la montre. Il y en a six. Sur chacune, le titulaire est identifié en lettres plastifiées.

Une collègue s'approche, je la reconnais. Poignardée à l'épaule, elle tente de réparer son cœur et son âme déchiquetés. C'est que de l'épaule au cœur, il n'y a qu'un jet d'hémoglobine.

- »Tu guettes ton psy ? »

- »Oui et toi ? »

- »Moi aussi ». Le sien arrive, le mien reste invisible.

Le silence et l'immobilité règnent.

Autre matin, autre détour des chemins campagnards aux villas insolentes. Le ciel est gai, le soleil s'amuse à cache-cache dans les prés fleuris.

Une silhouette se faufile à l'horizon. Je sais qui c'est, pas menu, un peu voûté, la casquette en guise de chevelure.

-  Moi  »Bonjour, comment vas-tu ? »

-  Lui   »Ca va, et toi ? »

- Moi   »Ca va. »

- Lui     »Tu sais, je me sens en prison.

- Moi    »Il n'y a ni barreau, ni barbelé, ni gardes armés.

- Lui     »Oui mais je ne suis pas libre. »

- Moi     Si tu l'étais, que ferais-tu ? »

- Lui     »Je resterais chez moi et j'irais me promener dans la cité ».

- Moi    »N'est ce pas ce que tu fais à l'instant ? »

- Lui     »Oui mais si j'étais libre, je le saurais, je pourrais m'envoler, me fourvoyer. »

- Moi    »Tu as déjà peur de partir en camping »

- Lui     »Oui mais si j'étais libre, je serais maître de la porte de ma vie. Cela n'a pas de prix ».

Il  a repris sa route sur un signe de la main. Il est rentré chez lui par l'entrée du jardin.

Il a raison le psy, il faut choisir la bonne voie.

La liberté est-elle acquise en naissant, comme le sexe ou la couleur des yeux ? Y a -t-il un gène libertaire perdu dans l'ADN humain?  Combien de vivants sont privés de liberté, de libre arbitrage pour manger, vivre, se reposer. Déjà, pas tous ces millions d'êtres soumis au servage au décompte de l'histoire... mais vite fermons cet accès. Il vaut mieux ne pas en parler. Cela pourrait fâcher, de quoi se faire déboulonner, quoique !

Et la guerre ? Et le couvre-feu ? Et les bombes « V avec numéro » qui piquent du nez ?

Plus une once, pas un grain ni même un souffle d'autonomie.

Confiner-déconfiner , c'est juste une notion de porte ouverte ou fermée, c'est juste une notion de liberté qu'on choisit de rétrécir pour nous sauver d'une chiquenaude tueuse d'humanité.

L’oiseau en cage    


Il était une fois un roi heureux.  Il a dans son palais un trésor vivant.  Dans une cage en or, il a un oiseau.  L’oiseau a des plumes de toutes les couleurs du monde.  L’oiseau connaît toutes les langues du monde.  Chaque jour, le roi vient s’asseoir à côté de l’oiseau, l’écoute chanter, parler toutes les langues du mondes.

            Chaque jour, l’oiseau demande au roi :

- « Roi, tu dis que je suis ton trésor le plus précieux.  Je te demande une faveur.  Accorde-moi la liberté. »

Le roi est gêné, regarde par erre, se met en colère.

- « Mais qu’est-ce que tu crois ?  Tu crois que je vais laisser s’envoler mon plus grand trésor ?  Tu n’es pas bien ici ? »

L’oiseau n’aime pas de voir son roi en colère, il parle d’autre chose.

            Le roi va partir pour un grand voyage.  Il va trouver l’oiseau.

- « Demain, je ne viendrai pas m’asseoir à côté de toi.  Je serai loin.  Dans un pays que tu connais, ton pays.  Que veux-tu que je te rapporte ? »

- « S’il te plaît, rapporte-moi ma liberté »

Le soi se met en colère.

- « Demande-moi ce que tu voudras mais pas ça ! »

L’oiseau aussi se met en colère.

- « Va dans la forêt où je suis né. Au plus profond, il y a un arbre blanc.  Dans cet arbre, tu verras des milliers d’oiseaux aux mille couleurs.  Va dire à ces oiseaux que tu me retiens prisonnier dans ton palais.  Que je suis en bonne santé, que je pense à eux et que j’aimerais avoir de leurs nouvelles.  Tu veux bien faire cela pour moi ? »

- « D’accord. »

            Le roi est parti, est arrivé au pays du bout du monde, a fait ses affaires de roi.  Après, il a demandé qu’on le conduise dans la forêt, près de l’arbre blanc.  Dans l’arbre blanc, il y a des milliers d’oiseaux aux plumes de mille couleurs.  Le roi s’arrête au pied de l’arbre :

- « Dans mon pays, un de vos frère est prisonnier chez moi.  Il est en bonne santé et pense souvent à vous.  Il aimerait avoir de vos nouvelles. »

            Un des oiseaux tombe de sa branche, comme une pierre.  Le roi ramasse l’oiseau, le retourne, le secoue.  L’oiseau est mort.

- « C’est de ma faute.  Il n’a pas supporté d’apprendre que son frère était prisonnier.  Mes paroles l’ont tué. »

Le roi le dépose au pied de l’arbre et s’en va.

            Rentré dans son palais, il court près de l’oiseau, toujours bien vivant.

- « Alors, Roi, tu as fait bon voyage ?  Quelles sont les nouvelles ? »

Le roi raconte.  L’oiseau tombe au fond de la cage, comme une pierre, comme l’autre là-bas.  Le roi n’a plus entre les mains qu’un oiseau mort.  Il va vers la fenêtre, dépose le corps de son trésor.  L’oiseau se réveille, s’envole, se pose sur le plus grand arbre du jardin.

- « Merci, Roi.  Rassure-toi.  L’oiseau que tu as cru mort dans la forêt de mon pays, a fait semblant.  Il m’a simplement dit ce que je devais faire pur recouvrer ma liberté. Aujourd’hui est une belle journée, tu ne trouves pas ?  Tu as appris qu’un messager ne dois pas comprendre le message qu’il apporte.  Moi, j’ai appris que la liberté ne se demande pas, elle se prend.  Je te souhaite longue vie, Roi. »

            Le roi a refermé la fenêtre, a regardé son trésor disparaître.  Tout étonné de se sentir illuminé par un sourire nouveau.

 

D’après L’oiseau en cage in Contes et légendes de l’oiseau.   De Michel Bournaud  Aux éditions Hesse.

 

Distanciation

Le Tour de la Madeleine à Jumet est une procession folklorico-religieuse vieille de plus de 700 ans.  En 1932, Grèves et mouvements sociaux ont secoué le pays.  Tout rassemblement de plus de 5 personnes a été interdit.  Ce qui rendait impossible la procession de la Madeleine.  Les « madléneux » font des démarches.  En vain.  Un des organisateurs prend conseil d’un avocat, rassemble les fidèles en uniformes mais sans leur arme.  Le groupe d’une cinquantaine de personnes se heurte au commandant de gendarmerie.  Violation de la loi !

Que dit la loi ?  « sont considérés rassemblements de plus de cinq personnes, les groupes d’individus se trouvant à moins de 15 mètres les uns des autres. »

Le gendarme peut le constater, les groupes de 5 personnes sont tous distants de 15 mètre.  Il laisse passer le cortège avec la recommandation : « Veillez à respecter vos distances car les risques de contraventions sont permanents jusqu’à votre rentrée. »

 

D’après Léopold Bruyère in El Bourdon, juin 2020.


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 Conte et société dans Le Journal de Culture et démocratie. n°51, avril 2020.  Périodique gratuit de l’asbl Culture et Démocratie.  46 pages pour rendre compte du colloque organisé par la Fédération de Conteurs professionnels de Belgique à l’occasion de son quinzième anniversaire à la Maison de la Bellone à Bruxelles.

Quand une scribe glane à la volée la parole d’or des conteurs.ses, la littérature orale, un continent poétique, vivre et rêver avec le conte, l’art du conte en Fédération-Wallonie-Bruxelles, de la transmission au spectacle : le devenir du conte au Togo, quand le conte se balade, le conte dans l’éducation permanent, les contes ne font pas de politique, questionner les imaginaires collectifs, je veux une histoire, penche-toi, société et bois à la source du conte, la transmission des contes : un modèle de démocratie paisible, entre collecte et semailles, …

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m  Ce rond est-il rouge ?  Alors ceci vous concerne :

 

Si vous voulez (continuer à) recevoir ce  Mensuel d’Informations sur l’Oralité, les Conteurs et les Raconteurs:

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Patrimoine & Nature.  Parcs, jardins, espaces verts et naturels, le 12 et 13 septembre 2020. Infos : www.journeesdupatrimoine.be