Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,
les conteurs et les raconteurs.
septembre 2020 – N°333
P 912122 Bureau de dépôt
LIEGE 1–4000
Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224 4053 Embourg
Au sommaire, ce mois-ci:
- Un mois, des contes
- Nouvelles du monde du conte, ….
- Spectacles – Balades –Veillées
- 2 histoires – 1 article
- 1 poème
Les conteuses et les conteurs de la Maison du
Conte de Liège seront présents.es à
Retrouvailles,
le rendez-vous des associations culturelles
et de loisirs de la Ville de Liège,
les 5 et 6
septembre 2020, au Parc de la Boverie à Liège.
A notre tonnelle, vous trouverez une abondante documentation sur ce que
nous sommes et sur nos projets.
Conteront dans le Musée le 5 et/ou le 6 (préciser)
à 15h, 16h, 17h (à préciser) :
Laure Cech, M-Cl Desmette, Cécile Didelot, Marino, Roger
Janssen,
Michelle Troupin, Gaëtane Windels.
Pour
infos : voir page 12.
Il n’y
aura pas de Veillée-scène ouverte le 7 septembre 2020. Voir p. 2.
Les conteuses et les conteurs de la Maison du
Conte de Liège seront présents.es à
Les conteurs de la Maison du
Conte de Liège seront présents à
La fête du pain
organisée par Aquilone, 25, boulevard Saucy à
Liège, le 27 septembre de 10h à 15h
Conteront :
Belgazou, M-Cl Desmette, Cécile Didelot, Roger Janssen, Marino,
Michelle Troupin, Gaëtane Windels
Infos sur le site de l’Aquilone
Veillées du 7 – scène ouverte
Edito
Les veillées du 7 de la Maison du Conte de
Liège se déroulent imperturbablement mois après mois, le 7 de chaque mois,
juillet et août compris ? On
pourrait le croire mais ce n’est pas tout à fait vrai.
Fouillant
les archives, j’en retire que les veillées de Parole active ont commencé en
1992. Elles avaient lieu souvent le
vendredi, dans des endroits divers. Les
veillées du 7 ont trouvé leur nom et leur date le 7 novembre 97. Elles ont eu presque tous les mois, avec des exception
comme pour les 7 Heures du conte ou Contes sur la Meuse.
Tour
près de nous, l’actualité covidienne nous a été obstacle absolu en avril, mai
et juin 2020. Nous avons repris, en
changeant les dates et les lieux. Nous
avons investi la nature pour le 11 juillet et le 8 août. Et voilà que nous supprimons celle de
septembre parce que toutes nos énergies seront consacrées à notre présence
active à Retrouvailles (voir p. 1.)
Qu’en
sera-t-il de l’avenir ? Difficile
de le dire maintenant. Malheureusement,
notre bergerie, le Théâtre à Denis, n’est pas assez grand pour pouvoir observer
la distanciation sociale. Nous cherchons
donc un local plus vaste. Qui a une
proposition à nous faire ?
UN MOIS, DES CONTES A LA BIBLIOTHEQUE DE FLORENVILLE
Le saviez-vous ? La bibliothèque de Florenville, en partenariat avec
l’Asbl Chiny Cité des contes, abrite un Fonds spécialisé « contes » très étoffé. Des albums, recueils,
anthologies, théories du conte, quelques revues, des CD,… destinés aux adultes
comme aux enfants. Une collection riche de près de 1900 ouvrages, l’une des
plus importantes en Communauté française. La diversité des ouvrages permettra
par exemple d’alimenter la hotte d’un conteur, d’animer un après-midi
récréatif, de servir le travail d’un étudiant, d’animer une journée auprès des
aînés, de nourrir l’imaginaire avant d’aller dormir.
Chaque mois de cette année 2020, nous vous proposerons une sélection de
4 ouvrages :
SEPTEMBRE :
L’ART DU CONTE ET DU CONTEUR A L’HONNEUR
THEORIE :
ü Elena
Balzamo, Autour du conte, Paris, Flies France, 2016. L'auteure
analyse les modalités de passage du conte populaire, issu de la tradition
orale, au conte littéraire en interrogeant la façon dont procèdent les
écrivains des XIXe et XXe siècles pour réécrire le conte traditionnel. Elle se
fonde sur les ouvrages destinés au jeune public et accorde une place centrale à
la littérature de l'Europe du Nord et de la Scandinavie.
ü
Nicole Belmont, Poétique du conte, Paris,
Gallimard, 1999. L'auteure, ethnologue, nous fait découvrir les mécanismes d'élaboration du
conte, leur poétique, qui constituent des processus de création analogues à
celui des rêves, où l'inconscient tient une place importante. Le conte
"prend forme et vie en même temps" qu'il est conté; c'est aussi ce
qui l'éloigne de l'œuvre littéraire écrite.
PEDAGOGIE :
ü Jean-Paul
Gourevitch, Explorer et enseigner les
contes de fées, Paris. Belin, 2016. Un guide pour accompagner
l'enseignement du conte de fées en primaire : un panorama historique, un
lexique, 15 textes à étudier de manière approfondie et de nombreuses pistes
d’exploitation pédagogique.
ü Gianni
Rodari, Grammaire de l’imagination, Paris,
Rue du Monde, 1997, Un classique ! Gianni Rodari, prix Andersen 1970
reste un des maîtres de la créativité grâce à l'éventail très large et
diversifié de techniques d'invention d'histoires qu'il propose.
Infos :
Bibliothèque : rue de l’Eglise, 13
– 6820 Florenville
061/ 32 03 40 - www.bibliotheque-florenville.be
bibliotheque.locale.florenville@province.luxembourg.be
Nouvelles du monde du conte, des arts vivants, de la
politique… et réflexions
· La technologie et les
associations à but non lucratif. Une enquête critique pour les organisations à but non lucratif en
réponse aux défis et aux changements de 2020.
Nous avons besoin d'entendre
votre voix: page.techsoup.org/en/2020-survey
Les organisations à but non lucratif, comme nos
entreprises, sont confrontées à un moment unique de l'histoire. Les défis
intenses de 2020 changent tout dans la façon dont nous collectons des fonds,
adaptons et utilisons la technologie pour servir nos communautés, fournissons
nos services. Ce point d'inflexion aura une incidence sur tout ce que nous
ferons au cours de la prochaine décennie - et au-delà.
En pleine crise mondiale, TechSoup travaille avec un groupe de nos partenaires
philanthropiques et technologiques sur un projet de recherche mondial afin de
comprendre les véritables obstacles à l'adoption des technologies par les
organisations à but non lucratif.
Nous devons remettre en question la notion dépassée selon laquelle "les
organisations à but non lucratif sont lentes ou inadéquates dans leur
utilisation de la technologie". La vérité est que les organisations à but
non lucratif sont habituées à faire plus avec moins. Et en ce moment même, les
organisations à but non lucratif du monde entier innovent avec la technologie
en temps réel pour continuer à répondre aux besoins humains les plus critiques
- tout en faisant face à une combinaison sans précédent de défis pour leurs opérations.
Nous avons besoin d'une compréhension plus
profonde et plus moderne des obstacles à l'adoption des technologies par les
organisations à but non lucratif. Et en ce moment même, les principaux
bailleurs de fonds du monde entier sont à l'écoute pour obtenir des réponses à
cette question. Ils veulent aider. Et nous devons leur dire comment.
Il s'agit de la première enquête entièrement
mondiale de TechSoup depuis près de dix ans. Grâce à vos réponses, nous pouvons
dresser la carte des opportunités et des obstacles actuels à l'adoption des
technologies, afin que les éducateurs, les prestataires de services, les
fondations et les donateurs sachent par où commencer et comment avoir le plus
d'impact possible.
Alors que nous essayons de planifier
l'avenir, la technologie joue un rôle clé pour rester en contact avec nos
équipes et aider nos communautés à se remettre sur pied. Il est
essentiel que nous comprenions à la fois les besoins technologiques individuels
de notre organisation et nos défis technologiques collectifs afin de pouvoir
créer la formation, les services et le soutien nécessaire.
En tant que TechSoup, en comprenant mieux les
obstacles et les opportunités auxquels vous êtes confrontés, nous pouvons vous
aider à organiser vos efforts pour vous soutenir. Nous pouvons mieux cibler les
dons philanthropiques et commerciaux de nos partenaires, et nous pouvons aider
d'autres organisations comme la vôtre à relever des défis similaires dans le
monde entier.
Nous vous demandons simplement de prendre
quelques minutes pour répondre à l'enquête. Le voyage de chacun d'entre
nous pour apporter le soutien dont nous avons besoin pour tirer le meilleur
parti de la technologie dans les mois et les années à venir commence ici,
avec vous.
Chris Worman - Vice President Alliances and Program
Development TechSoup Global
|
|
·
Annulation. Lors du dernier Conseil national de sécurité, les autorités avaient demandé aux communes de ré-envisager chaque événement prévu sur leur
sol, en vue d'une éventuelle annulation ou adaptation sanitaire. L'inquiétude
était en effet grande au vu du nombre croissant de contaminations au coronavirus à
travers le pays. Dans le même temps, le CNS avait revu à la baisse le nombre
maximum de présences à des événements, à 100 en intérieur et 200 en extérieur
(avec masque).
Sur le plan économique
cependant, le secteur culturel et de l'événementiel est lourdement touché. Les annulations
s'enchaînent, et les acteurs
du secteur appellent à l'aide.
Plus tôt dans la semaine, le
ministre-président flamand Jan Jambon, compétent pour la Culture, avait fait un appel aux autorités
locales, à ne pas annuler
les événements par principe, mais à plutôt envisager un déroulement qui permet de veiller à la
santé de tous.
Le président du
CD&V Joachim Coens fait la même remarque, observant que de nombreuses
manifestations sont annulées "sans concertation".
"Profitons
ensemble d’événements à petite échelle, de quoi soutenir malgré tout le secteur culturel. Il a besoin de nous", lance-t-il.
·
Centres
culturels. En Belgique francophones, 43 communes, sur
272, bénéficient de l’action d’un centre culturel. Le sud de la Wallonie est
moins bien servi. Le financement est le
problème. De l’argent a été promis mais
n’a pas été confirmé
·
Ras-le-bol. Une lettre ouverte conjointe des arts du spectacle et de
l’événementiel demande des décisions claires les concernant, compare la
situation dans les avions, bus ou trains où l’on voyage côte à côte sans limite
de nombre et les salles de spectacles soumises à des règles plus sévères et
mieux respectées. Nombre réduit de
spectateurs, distanciation, port du masque.
De plus, les autorités communales sont libres d’accepter ou d’interdire
on ne sait suivant quels critères telle ou telle manifestation. Toutes ces décisions du Conseil National de
Sécurité du 27 juillet 2020 plongent les opérateurs culturels dans une impasse. Les opérateurs culturels demandent de pouvoir
accueillir les spectateurs au départ d’une jauge à 60% de la jauge réelle de
chaque salle et 80% pour les salles de moins de 200 places. D’avoir le choix entre imposition du port du
masque tout au long de la représentation ou distanciation physique de 1,50m.
·
Conseil
national de sécurité du 20 août 2020. A partir de
septembre, pour le secteur culturel, le nombre de spectateurs en intérieur sera
de 200, 400 en extérieur. A partir de
septembre ! Alors que, pour les magasins, des mesures assouplies seront
d’application à partir du 24
août !
Cependant, il est interdit aux étrangers d’intervenir auprès du
secondaire. Ce qui supprime de facto les activités culturelles à l’école. C’était la condition sine qua non pour
redémarrer en code jaune. Les activités
culturelles sont maintenues pour le primaire et le maternel.
·
La
culture entre-soi ? A propos du Grand
Tour, que nous avons renseigné en juillet et en août, Philippe Kaufmann,
un des organisateurs s’interroge : « C’est clair qu’on n’est pas pris
au sérieux, la culture n’est pas considérée comme un bien de première
nécessité. Peut-être qu’on a développé
trop d’entre-soi. … Nous devons changer nos habitudes, apprendre de la crise
actuelle à aller voir ailleurs, à donner la parole aux invisibles, remettre en
question nos pratiques et moins ronronner dans des systèmes fermés sur
eux-mêmes. » Le conte, les
conteurs et les conteries ont-elles les défauts évoqués plus haut ? Ne sommes-nous pas souvent là où cette
culture n‘entre pas. Faire un
manifeste ?
·
Confinement ? Confinement ! Harem. Gynécée. Tour dans la
réalité (voir p. 6.). Tour dans les
contes (voir pp. 7 et 10 ). Combien de
femmes confinées ?
_______________________________________________________________________________________
.Message important à
nos amis conteurs et organisateurs de spectacle
·
Envoyez-nous vos informations avant le 14 du mois précédant la
publication,
·
un mois plus tôt pour les formations,
·
complètes et lisibles,
·
par poste à Marie-Claire Desmette, av. Eugène Ysaÿe,
32/224 4053 Embourg. Tel : 04/367.27.06.
·
ou par courriel à maisonconteparole.liege@gmail.com
·
Ne comptez pas sur
les organisateurs de spectacle. Envoyez-nous vous-mêmes vos infos.
Idéalement,
vos informations comportent:
organisateur, titre,
genre d'activité, artiste(s),
date et heure, lieu,
prix, public
cible, coordonnées
pour infos et réservations, max. deux lignes de commentaire
N.B. Aucune
mention tout en majuscules, svp.
C'est vous qui nous
envoyez vos informations.
Veuillez ne pas les
noyer dans une mise en page compliquée Epargnez-nous les recherches,
l'exploration.
Merci d'épargner le travail bénévole de toute l’équipe
___________________________________________________________________________________________
? Dans de nombreuses
traditions chamaniques, si vous alliez voir un(e) chaman ou un(e) homme/femme
médecine pour vous plaindre d’être découragé, abattu, ou déprimé, ils
poseraient une de ces quatre questions. Quand avez-vous arrêté de danser ?
Quand avez-vous arrêté de chanter ? Quand avez-vous cessé d’être enchanté par
les histoires ? Quand avez-vous arrêté de trouver le réconfort dans le doux
territoire du silence ? Car lorsque nous avons arrêté de danser, chanter, être
enchanté par les histoires, ou de trouver un réconfort dans le silence, c’est
là que nous avons l’expérience de la perte de l’âme. La danse, le chant, les
contes et le silence sont les quatre baumes de guérison universels. » (Gabrielle Roth)
Spectacles – Balades
Conte en
balade
Mots et merveilles
La rentrée de Conte en balade – Insolite
- le 12
septembre à 15h, Rentrée wallonne avec Katischa de Halleux et Corrinne Pire.
Le Courlieu, rue du Grand Philippe, 1490
Court St Etienne
Accessible
au PMR sauf toilettes
- le 13 septembre à 5h, Rentrée bruxelloise avec Ludwine Deblon, Marie-Claire Desmette, David Giuliano
& l’accordéoniste Marinette Bonnert
Centre scolaire du Sacré-Cœur
de Jette, avenue du Sacré-Coeur, 8, 1090 Bruxelles
L’odeur des fournitures neuves nous
emplit les narines et les doigts seront bientôt tâchés d’encre. Entre le regret
des vacances et l’excitation de cette page blanche qui bientôt s’écrira, nos
artistes égrèneront souvenirs tendres ou drôles, récits nostalgiques ou
toniques pour célébrer le renouveau de la rentrée.
__________________________________________________________________________________________________________________________________
combien ? 7/4€ infos,
réservations :
infos, réservation indispensable : 0497/78.20.75 infos@conteenbalade.be
Balade en intérieur et en extérieur. Repli en cas de pluie.
Théâtre
de la Parole
Rouge-cloître en
fête, balades contées par Alice Beaufort, Ummée Shah et Stéphanie Witta
quand ?
le 13 septembre à 14h et 16h où ? 7d, rue du Rouge
Cloître, 1160 Auderghem.
combien ?
gratuit
pour qui ? + 6 ans
infos, réservations : 02/736.69.50 ;. info@maisonducontebxl.be.
Le visible et l’invisible s’étreignent, se mêlent et se confondent, aucun amour n’est
impossible. Le lac murmure des rêves de
bateaux, de voyages. Le vrai ne se perçoit qu’avec le cœur.
Maison du Conte de Charleroi
Du bout des lèvres par Ria Carbonez
quand ? le 24 septembre à
20h00 où ?
Théâtre du Marignan, Boulevard Tirou, 63, 6000 Charleroi
combien ? 9€ pour
qui ? + 16 ans.
infos, réservation indispensable : 0475/64.95.38.
En 1ère partie de cette soirée aura
lieu la présentation de la nouvelle saison de la Maison du Conte de Charleroi.
L'occasion pour nous, de dévoiler nos prochaines activités. Masque obligatoire.
Retrouvailles.
Contes autour du feu par les conteurs de Tous
contes fées
quand ? le 25 septembre à 20h30 où ? au
Terrain d’aventure du Pérî, Au Perî 115 4000 Liège
combien ?
4€
réservation recommandée : 0476 68 00 73 . Tina
Dans le
respect des gestes barrières, la troupe des Tous Contes Fées
mettra la flamme au bois résineux pour que dansent les histoires à
écouter les yeux dans les étoiles et le cœur en bandoulière.
Veillée – Scène
ouverte
v
Pas de Veillée - scène
ouverte le 7 septembre. Voir p. 2.
v
Contes
du dixième jour. Le jeudi 10 septembre à 20H -
réouverture de la saison avec notre soirée du 10eme mois pour le plaisir
d'écouter ou pour s'essayer à conter, que l'on soit conteur amateur ou
confirmé.
Ambiance conviviale assurée. En fin de soirée, nous offrons le
rafraîchissement.
Pour raconter, une seule façon : s'inscrire au 0489 933 548 Nous devrons très
certainement nous conformer aux règles de sécurité, aussi venez avec votre
masque et votre mètre ruban.
Texte original de Geneviève Desmette, confinée dans une chambre
d’hôpital en mars 99
A perte de toits
5ième étage, vue magique, vue
magnifique
Toits à perte de vue
Sensation d’évasion, d’éternel, de pureté
Illusion voyage
Soleil
levant, soleil couchant
Toits argile, toits chauds, camaïeu de brun
d’ocre
Toits acier, toits glacés, du gris au bleu
Toits souvenirs, toits de mon enfance, toits
de vacances
Toits marée, toits vagues, toile d’araignée
Géométrie variée
Toits vieillots, chaleureux, rassurants
Toit style, toits élégance, très vieille
ville
Jardin d’ardoise, de tuile de zinc
Aussi beau qu’un jardin de verdure
Ville d’en-bas ville briques, vivante,
grouillante
Ville d’en-haut, ville toits, calme, sereine,
couleur de ciel
Parfum d’infini
Toits brillants, toits mouillés, toits
brûlants
Toits-terrasse, toit oasis, toits refuge
Toits vertes et mousse
Toits lisse, toits ondulants
Toits volière, toits vivants
Toits du bout de ma fenêtre
Toits du rêve, de l’espoir
Toits de beauté, toits de vie, toits d’amour
Et tout en haut, la lumière
______________________________________________________________________________
Texte original de Marino
Un long confinement
Aigues-Mortes, charmante petite ville médiévale, à l’est
de Montpellier.
Saint-Louis, Louis IX, est désireux de se doter d’un
débouché dans la Méditerranée. Ce fut le point de départ, par deux fois, pour
les Croisades.
Plus tard, il a fait ériger la Tour Constance afin d’y
abriter sa garnison.
Quelques années plus tard, son fils ordonne la poursuite
de la construction des remparts afin de ceinturer complètement la ville.
Ensuite, au fil des ans, la tour Constance est devenue
une prison. On y jeta des templiers et après la révocation de l’Edit de Nantes,
des protestants, des huguenots, comme on les appelait à l’époque.
Marie Durand, née en juillet 1711, était la sœur d’un
pasteur clandestin.
Arrêtée après avoir reçu une assemblée interdite dans sa
maison, elle est enfermée, avec une vingtaine d’autres femmes, à la Tour
Constance à Aigues Mortes.
Elle avait 19 ans. Sa captivité a débuté en 1730 pour
s’achever en 1768.
38 longues années de confinement dans des conditions
déplorables : la promiscuité, le froid, les privations, la pauvreté …
Sur la margelle du puits de la prison : une
inscription est gravée : « Résister ».
Est-ce Marie qui l’a gravée ? Impossible de le
savoir, mais cette inscription est devenue le symbole de son attitude.
De forte personnalité, elle soutient les plus découragées,
refuse d’abjurer sa foi, encourage ses compagnes d’infortune et écrit de
nombreuses lettres de suppliques ou de remerciements à ceux qui leur envoyaient
des secours.
Après une visite à la Tour Constance, révolté par le sort
de ces femmes, le gouverneur du Languedoc les fait libérer, sous la menace de
démissionner de son poste en cas de refus, en 1768.
Marie retourne alors dans sa maison natale où elle
décédera, amoindrie par toutes ces années de privations, en 1776.
La solidarité, la patience, le courage, la foi pour
certains, rien n’a changé.
Mais qu’y a-t-il de changé en nous ?
Qu’avons-nous perdu ? Qu’avons-nous retrouvé ?
Marie-Noëlle HERBIET
Un
souvenir de lecture « La Tour de Constance » d’André Chamson paru en
1970. Le livre est-t-il encore
disponible ?
________________________________________________________________________________
Il était une fois un roi. Il a
un fils qui a demandé la main de la fille d'un roi puissant. Elle s'appelle
Méline et est admirablement belle. Mais son père refuse la demande du prince,
car il avait déjà décidé de donner la main de sa fille à un autre prince. Or,
les deux jeunes gens s'aiment d'un amour tendre. "Je ne veux que
lui," déclare Méline, "et je n'en épouserai aucun autre." dit le
Prince. Le père se fâche et fait construire une tour à l'intérieur de laquelle
pas un seul rayon de soleil ni la lueur de la lune ne peut passer. Et il dit:
- Tu seras enfermée dans cette tour pendant sept ans; ensuite, je viendrai,
pour voir si ton obstination et ton entêtement ont été brisés.
On apporte dans la tour à manger et à boire pour sept ans et Méline et sa femme
de chambre y sont emmenées et emmurées. Coupées de la terre et du ciel, elles
doivent rester là, dans l'obscurité totale. Le prince vient souvent près de la
tour et appelle Méline par son nom, mais le mur épais ne laisse pas passer sa
voix.
Et le temps passe et selon la quantité de nourriture et d'eau qui reste, Méline
et sa femme de chambre devinent que les sept années touchent à leur fin. Elles
pensent que leur libération est déjà proche, mais aucun bruit de l'extérieur ne
leur parvient. Elles n'entendent pas des coups de marteau, pas la plus petite
pierre du mur ne tombe. Elles n'ont plus que très peu de nourriture et une mort
atroce les attend. Méline dit alors:
- Il n'y a pas d'autre moyen: nous devons tenter de percer le mur.
Elle prend le couteau à pain et commence à gratter et à fouiller le mortier
pour essayer de dégager une pierre; lorsqu'elle est fatiguée, sa femme de
chambre la remplace. Elles travaillent ainsi longtemps, jusqu'à ce qu'elles
arrivent à détacher une pierre, puis une deuxième, puis une troisième et au
bout de trois jours elles peuvent percevoir le premier rayon de soleil.
Finalement, la brèche est suffisamment grande pour qu'elles puissent voir
dehors. Le ciel est d'un bleu magnifique et une brise fraîche les salue. Mais
quel spectacle s'offre à leurs yeux! Du palais lui-même il ne reste que des ruines,
la ville et les villages à l'entour sont brûlés et les champs en friche. Et on
ne voit pas âme qui vive!
Lorsqu'elles ont agrandi la brèche dans le mur, suffisamment pour pouvoir se
glisser à travers, elles sautent à terre. Mais maintenant, que faire? L'ennemi
a dévasté tout le royaume, et massacré toute la population. Elles se mettent à
marcher, au hasard, pour trouver un autre pays. Mais elles ne trouvent ni un
toit pour se réfugier, ni une seule personne qui leur tende un morceau de pain.
Tout va si mal qu'elles finissent par arracher des orties pour se nourrir.
Après une longue marche, elles arrivent dans un autre royaume. Elles offrent
leurs services partout mais où qu'elles frappent, personne n'en veut et
personne n'a pitié d'elles. Finalement, elles arrivent dans une grande ville et
se dirigent vers le palais royal. Mais de là aussi, elles se font chasser. Un
jour, tout de même, un cuisinier a pitié d'elles et leur permet de rester pour
l'aider à la cuisine.
Il arrive que le fils du roi de ce royaume est justement le prince qui,
autrefois, a demandé la main de Méline. Son père lui a choisi une fiancée laide
et au cœur dur. Le mariage approche inexorablement, la fiancée est déjà là mais à cause de sa laideur elle ne s'est
jamais montrée. Elle s'est enfermée dans sa chambre et Méline lui porte à
manger directement de la cuisine.
Le jour des noces arrive et la mariée doit accompagner son futur époux à
l'église. Consciente de sa laideur, elle a honte de se montrer en public elle
dit alors à Méline:
- C'est ton jour de chance! je me suis tordu le pied et je ne peux pas bien
marcher; tu mettras ma robe et tu me remplaceras lors du mariage.
Mais Méline refuse:
- Je ne veux pas être honorée par ce qui ne m'est pas dû de bon droit.
La mariée lui offre même de l'or, mais rien n'y fait. Voyant que la jeune fille
ne cède pas, elle se met à la menacer:
- Si tu ne m'obéis pas, tu le paieras de ta vie.
Méline est forcée d'obéir. Elle doit se vêtir de la magnifique robe de mariée
et se parer de ses bijoux. Lorsqu'elle entre dans la salle royale, tout le
monde est frappé par sa beauté. Le roi dit à son fils:
- C'est la mariée que je t'ai choisie et que tu conduiras à l'autel. Le marié
est frappé d'étonnement.
- C'est le portrait même de Méline, pense-t-il. Si je ne savais pas que ma bien
aimée est enfermée depuis des années dans sa tour et qu'elle est peut-être même
déjà morte, je croirais, ma foi, que je l'ai devant moi.
Il offre son bras à la mariée et la conduit à l'église. Des orties poussent
près de la route et Méline leur dit:
Ortie, petite plante gracieuse, tu m'as l'air bien soucieuse!
Ne t'inquiète pas, je n'ai pas oublié le temps du chagrin refoulé,
Le temps où tu fus ma seule pitance, peu douce et crue, mais en abondance.
- Qu'est-ce que tu dis? demanda le prince.
- Rien, rien, répondit-elle, je pensais seulement à la princesse Méline.
Le marié est surpris que sa fiancée connût Méline, mais il se tait.
Ils passent près du cimetière et lorsqu'ils arrivent devant l'escalier de
l'église, Méline dit:
Supportez-moi, les marches, souffrez que je vous emprunte,
De la mariée qui n'en est pas une, écoutez la complainte.
- Que disais-tu? demanda le prince.
- Rien, je pense seulement à la princesse Méline.
- La connais-tu?
- Mais non, rétorque-t-elle, comment pourrais-je la connaître? Mais j'ai
entendu parler d'elle.
Ils s'arrêtent devant la porte de l'église et Méline dit:
Ô toi, la grande porte! Que je passe, supporte!
De la mariée qui n'en est pas une, écoute la demande infime.
- Et maintenant, qu'est-ce que tu viens de dire? s'étonne le prince.
- Oh, Je pensais encore à la princesse Méline, répond-t-elle.
Le marié prend un collier de très grande valeur et le lui passe au cou.
Ils entrent dans l'église et devant l'autel le prêtre lie leurs mains et les
marie. Sur le chemin de retour, Méline ne prononce pas un mot. De retour au
palais, elle court aussitôt dans la chambre de la mariée, ôte la belle robe,
range les bijoux et remet sa chemise grise. Elle ne garde que le collier que le
marié lui a passé autour du cou devant l'église.
La nuit tombe et la mariée doit être conduite dans la chambre du prince.
Elle voile son visage pour que le prince ne s'aperçoive pas de la supercherie.
Dès que tous furent partis, le prince demande:
- Qu'as-tu dit aux orties près de la route?
- À quelles orties? s'étonne la mariée. je ne parle pas aux orties.
- Si tu ne leur as pas parlé, tu n'es pas la vraie mariée, dit le prince.
Mais la mariée trouve la parade.
- Attends! s'écria-t-elle:
Ma femme de chambre, j'appelle, car dans mes pensées lit-elle.
Elle sort de la chambre et s'en prend à Méline:
- Servante! Qu'as-tu dit aux orties près de la route?
- je n'ai dit que cela:
Ortie, petite plante gracieuse, Tu m'as l'air bien soucieuse!
Ne t'inquiètes pas, je n'ai pas oublié Le temps du chagrin refoulé,
Le temps où tu fus ma seule pitance, Peu douce et crue, mais en abondance.
La mariée retourne dans la chambre du prince.
- Ça y est, crie-t-elle, je me rappelle maintenant de ce que j'ai dit aux
orties. Et elle répète les paroles qu'elle vient d'entendre.
- Et qu'as-tu dit aux marches de l'église lorsque nous les montions? demande à
nouveau le prince.
- Aux marches de l'église? s'étonne la mariée. je ne parle jamais aux marches.
- Tu n'es donc pas la vraie mariée.
Et la mariée dit promptement:
Ma femme de chambre, j'appelle, car dans mes pensées lit-elle.
Elle sort par la porte en courant et s'en prit de nouveau à Méline:
- Servante! Qu'as-tu dit aux marches devant l'église?
- je leur ai dit simplement:
Supportez-moi, les marches, souffrez que je vous emprunte,
De la mariée qui n'en est pas une, écoutez la complainte.
- Cela te coûtera la vie, l'avertit la mariée, mais elle retourne vite auprès
du prince pour lui expliquer:
- Ça y est, je sais ce que j'ai dit à l'escalier!
Et elle répète ce que la jeune fille lui avait dit.
- Et qu'as-tu dit à la porte de l'église?
- À la porte de l'église? s'affole la mariée. je ne parle pas aux portes.
- Tu n'es donc pas la vraie mariée.
Elle sort en courant et elle harcèle Méline à nouveau:
- Servante! Qu'avais-tu à raconter à la porte de l'église?
- Je ne lui ai rien raconté, j'ai dit seulement:
Ô toi, la grande porte! Que je passe, supporte!
De la mariée qui n'en est pas une, écoute la demande infime.
- Tu me le paieras, tu auras la tête coupée, dit la mariée, folle de rage; mais
elle se dépêche de revenir auprès du prince pour lui dire:
- Je me souviens maintenant ce que j'avais dit à la porte.
Et elle répète les paroles de Méline.
- Et où est le collier que je t'ai donné devant la porte de l'église?
- Quel collier? dit-elle. Tu ne m'as pas donné de collier.
- Je te l'ai moi-même passé autour du cou. Si tu ne le sais pas, tu n'es pas la
vraie mariée.
Il lui arrache son voile et vit son visage incroyablement laid. Effrayé, il
fait un bond en arrière.
- Comment es-tu arrivée là? Qui es-tu?
- Je suis ta fiancée promise, mais j'avais peur que les gens se moquent de moi
en me voyant dans la rue. C'est pourquoi j'ai ordonné à la petite souillon de
mettre ma robe et d'aller à l'église à ma place.
- Où est cette fille? demande le prince. Je veux la voir. Va la chercher!
La mariée sort de la chambre et dit aux serviteurs que sa femme de chambre est
une faussaire, et qu'il faut sans tarder l'amener dans la cour et lui couper la
tête. Les serviteurs attrapent Méline et veulent l'emmener. Mais Méline se met
à crier et à appeler au secours si fort que le prince entend sa voix et arrive
en courant. Il ordonne qu'on relâche la jeune fille sur-le-champ. On apporte la
lumière et le prince peut voir que la Jeune fille avait autour du cou le
collier en or qu'il lui avait donné.
- C'est toi la vraie mariée, dit-il, c'est toi que j'ai amenée à l'autel. Viens
dans ma chambre.
Et une fois seuls, le prince demande:
- Pendant le trajet vers l'église, tu as parlé de la princesse Méline à laquelle
j'ai été fiancé. Si Je pouvais espérer que cela fût possible, je penserais
qu'elle est devant moi; tu lui ressembles tant!
Et la jeune fille répondit:
- Je suis Méline, celle qui, par amour pour toi, fut emprisonnée pendant sept
ans dans un cachot obscur, celle qui a souffert de faim et de soif et qui a
vécu si longtemps dans la misère et la détresse. Mais aujourd'hui enfin le
soleil a de nouveau brillé pour moi. On nous a mariés à l'église et je suis ta
femme légitime. Ils s'embrassèrent et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs
jours.
D’après Demoiselle
Méline, princesse, conte de Grimm. Mais pourquoi n’ont-elles pas commencé à
gratter plus tôt ? Les pères n’ont
vraiment pas le beau rôle !
? Narrer le passé (on narre toujours le passé),
c’est adhérer dans notre présent, avec tout notre corps à l’époque où le passé
était lui-même présent. Elena
Ferrante
La
fille du soleil
Un roi et une reine qui espéraient depuis
toujours avoir un enfant, voilà que cet enfant, finalement va bientôt leur
échoir.
Ils mandent les astrologues afin de savoir si
ce sera un garçon ou une fille et quelle va être sa planète. Les astrologues examinent les étoiles et
disent que ce sera une fille, qu’elle est destinée avant même ses vingt ans à
captiver les sentiments du Soleil et que le Soleil lui fera à son tour une
fille. Le Roi et la Reine apprenant que
leur propre fille en aura une du Soleil, lequel tient domicile dans le ciel et
ne saurait se marier, ils en sont on ne
peut plus désappointés.
Pour neutraliser ce mauvais sort, ils font
bâtir une tour avec des fenêtres si haut placées que le Soleil lui-même n’y
peut pas se faufiler jusqu’en bas. Ils y enferment le nouveau-né avec sa
nourrice, de manière que leur fille y demeure cachée jusqu’à sa vingtième année
sans voir le Soleil et sans que celui-ci l’aperçoive.
La
nourrice avait une fillette du même âge que la fille du Roi, et les deux enfants
vont grandir ensemble dans la tour.
Elles
approchaient l’une et l’autre leurs vingt ans quand, certain jour, causant de
belles choses qui doivent se trouver dans le monde hors de cette tour, la fille
de la nourrice dit : « Si on mettait nos chaises l’une sur l’autre,
nous pourrions bien grimper jusqu’à ces fenêtres. On verrait ce qu’il y a dehors. »
Aussitôt
dit, aussitôt fait et il en résulte une petite montagne de chaises, grâce à
quoi elles parviennent à mettre leur nez à la fenêtre. Elles s’y penchent, voient les arbres et la
rivière avec des hérons en plein ciel, puis les nuages et enfin le Soleil.
Celui-ci,
le Soleil, il lui suffit d’aviser la fille du Roi pour en tomber
amoureux. : il lui envoie sans tarder un de ses rayons. A partir du moment
où ce rayon atteint la jeune fille, celle-ci se trouve en condition de donner
le jour à une enfant du Soleil.
Cette
fille du Soleil naît donc dans la tour, et la nourrice, redoutant la colère du
Roi, l’enveloppe bien soigneusement dans des langes d’or de reine, l’emporte
dans un champ de fèves et l’y laisse.
A
quelques jours de là, la fille du Roi atteignant sa vingtième année, son père
lui fait quitter la tour, persuadé qu’elle ne court plus aucun danger : il
ignorait que la prophétie s’était bel et bien avérée, et que l’enfant du Soleil
et de sa fille, à cet instant même, gisait en pleurnichant dans le champ de
fèves où l’on avait abandonnée.
Le roi d’un pays
voisin passe, entend les vagissements de la petite et prend pitié de cette créature
mignonne lâchée parmi les fèves. Il la
prend et l’emporte chez sa femme. On lui
déniche une nourrice, et l’enfant sera élevée au palais royal, tout comme si
elle était fille de ce Roi et de cette Reine, en compagnie de leur propre fils,
lequel est un brin plus âgé mais de fort peu.
Le
garçon et la fille grandissent ensemble et, le moment venu, ils finissent par
s’amouracher l’un de l’autre.
Le
fils du Roi voulait absolument l’épouser, mais son père n’entendait gère que
son rejeton se marie avec une enfant trouvée,
si bien qu’il fait quitter à celle-ci le palais, pour la reléguer dans
une maisonnette lointaine et isolée, dans l’espoir que son héritier finira par
l’oublier.
Il (le
roi) ne se doutait nullement que la jeune personne était la fille du
Soleil, qu’elle était de ce fait enchantée et connaissait d’innombrables
artifices que les hommes ignorent.
La
jeune fille aussitôt éloignée, ce Roi s’empresse de chercher, à l’intention de
son rejeton, une fiancée de sang royal, et l’on arrange sur le champ le mariage. Le jour de la noce, on envoie les dragées à
tous les parents, amis et connaissances, et comme dans la liste de ces parents,
amis et connaissances figurait aussi la fille trouvée dans le champ de fèves, les Ambassadeurs se rendent avec leurs
dragées jusqu’à chez elle.
Les
Ambassadeurs frappent à la porte. La
fille du Soleil descend leur ouvrir, et elle n’a point de tête sur son cou.
« Ah, s’exclame-t-elle, mille pardons,
j’étais en train de me coiffer et j’ai oublié ma tête sur ma coiffeuse. Je cours la chercher. » Elle monte avec
les Ambassadeurs à l’étage, remet la tête sur son cou et leur sourit
aimablement.
« Que m’en vais-je vous donner pour le
cadeau de noce ? » dit-elle, et elle les entraîne à la cuisine.
« Four, ouvre-toi ! »
commande-t-elle, et le four de s’ouvrir.
Nouveau sourire de la fille du Soleil aux Ambassadeurs. « Allez,
bois, va dans le four ! » Et
le bois de s’enflammer, puis de s’introduire dans le four. La fille du Soleil adresse derechef un
sourire aux Ambassadeurs, puis : « Four, allume-toi et tu
m’appelleras dès que tu seras bien en feu ! » puis, se tournant vers
les Ambassadeurs, elle leur dit : « Alors, mes amis, quoi de
neuf ? »
Les
cheveux hérissés sur leur crânes, blêmes comme des morts, les Ambassadeurs en
ont le souffle coupé, et c’est le moment où on entend la voix du four :
« Ça y est, la patronne ! »
La
fille du Soleil dit : « Attendez une minute », et, comme
plongeant dans l’eau, elle se jette tout entière dans les flammes du four, s’y
roule de bout en bout, puis ressort en tenant entre ses bras un magnifique pâté
doré, parfaitement à point. « Tenez, vous allez l’apporter au Roi pour le
banquet nuptial. »
Quand
les Ambassadeurs retournent au palais, les yeux encore hors de la tête et
qu’ils racontent avec un filet de voix ce qu’ils ont vu, personne ne leur donne
créance. Mais la promise, jalousant
cette fille (tout le monde savait bien qu’elle avait été l’amoureuse du
Prince),
la princesse s’écrie : « Oh, il s’agit là de choses que j’ai
toujours su faire moi-même à la maison ! » - « Parfait, dit le
Prince, tu vas pouvoir les faire ici aussi. »
- « Mais oui, mais oui, on verra »,
atermoyait la promise, mais le Prince l’emmène dare-dare à la cuisine.
« Bois, va dans le four », dit la
promise, mais le bois ne bouge guère.
« Four allume-toi » mais le four n’obéit nullement. Il faudra que les valets s’y mettent, et dès
que les flammes s’élèvent, la fille, outrant son orgueil, cherche à s’y
jeter : à peine a-t-elle approché le feu que la voilà qui meurt, brûlée
comme un tison.
Passe
un petit laps de temps, et le fils du Roi se laisse persuader d’accorder sa
main à une autre princesse. Le jour de
la noce, les Ambassadeurs retournent chez la fille du Soleil avec leurs
dragées.
Ils frappent, et la fille du Soleil, au lieu
de leur ouvrir la porte, passe à travers le mur et se présente à leur vue.
« Excusez-moi, dit-elle, ma porte s’ouvre mal depuis l’intérieur. Je suis obligée de passer à travers le mur et
de l’ouvrir du dehors. Voilà, vous pouvez
entrer. »
Elle
les emmène à la cuisine et dit : « Alors, que vais-j lui préparer de
bon, au fils du Roi qui se marie ? »
Allez, bois, file sous le fourneau ! Et toi, feu,
allume-toi ! » Tout cela se
fait en un instant, sous les yeux des Ambassadeurs, qui en ont des sueurs
froides.
« Toi, la poêle, saute sur le feu !
Et toi, huile, vite dans la poêle ! Alerte-moi dès que tu seras
prête ! » L’instant d’après,
la voix de l’huile : « Ça y est, la patronne, je suis à point pour la
friture ! »
- « Me voilà, dit en souriant la fille
du Soleil, après quoi, elle fourre carrément ses doigts dans l’huile bouillante
et ses doigts se muent en poissons : dix doigts, dix magnifiques poissons
frits, dont la fille du Soleil va faire un paquet – ses doigts ayant repoussés
entre-temps – qu’elle tend en souriant aux Ambassadeurs.
Au
récit que les Ambassadeurs abasourdis vont faire à leur retour, la nouvelle
promise, elle-même ambitieuses et envieuse, se met à dire :
« Bah ! Trois fois rien !
Si vous voyiez les poissons que je fais frire
moi-même ! »
Prince
et Princesse sont dans le petit salon pour faire connaissance. Le Prince la
prend au mot et fait apprêter une poêle avec de l’huile bouillante : la
fille trop orgueilleuse y fourre ses doigts et s’y brûle à tel point qu’elle
meurt sur l’instant.
Pour le coup, la Reine mère s’en prend aux
Ambassadeurs : « Vous, avec vos histoires idiotes ! Vous nous
faites mourir toutes nos fiancées. ! »
Toujours
est-il qu’on découvre une promise nouvelle au Prince et que, le jour de cette
troisième noce, on envoie derechef les Ambassadeurs avec leurs dragées.
« Hou ! Hou ! Me
voilà ! », crie la fille du Soleil quand ils frappent à la
porte. Ils la cherchent de tous côtés et
finissent par la voir qui planent au-dessus d’eux. « Je me baladais un peu sur les toiles
d’araignée. Je descends. », et la
voilà qui se laisse glisser le long d’un fil invisible pour venir chercher ses
dragées.
« Voyons, cette fois-ci, je ne sais
vraiment pas quelle espèce de cadeau choisir », dit-elle. Elle y réfléchit un court moment, puis :
« Couteau, viens ici ! », lance-t-elle. Un coutelas d’accourir, et elle s’en saisit
pour se couper net une oreille. Collée à
cette oreille, toute une dentelle d’or commence à se dérouler, qui sort de sa
tête et qu’on dirait pelotonnée dans sa cervelle : elle n’en finit plus de
sortir. Finalement, le dentelle prend
fin, la fille du Soleil remet son oreille en place, donne une petite tape
dessus et tout redevient comme avant.
Cette
dentelle était si merveilleuse que tout le monde à la cour s’enquiert de sa
provenance : malgré l’interdiction de la Reine mère, les Ambassadeurs ne
peuvent pas s’empêcher de raconter leur histoire.
« Bof ! s’écrie la troisième
promise, moi, tous mes vêtements, je les ai garnis de dentelles que je
déroulais de la même manière ! »
« Tiens, attrape ce couteau, montre-nous
cela ! », dit le fiancé.
Et la jeune écervelée de se couper une
oreille : il n’en sort pas la moindre dentelle mais une mare de sang, à la
suite quoi elle meurt.
Le
fils du Roi continuait de la sorte à perdre toutes ses épouses la veille même
de la noce mais, en vérité, il était toujours amoureux de sa camarade
d’enfance. Il finit par tomber
malade : il ne riait plus, ne mangeait plus, on ne savait plus comment le
conserver en vie.
On
envoie chercher une vieille magicienne et celle-ci dit : « Il faut
lui donner un bouillie d’orge : seulement, celle orge doit avoir été
semée, et qu’elle pousse, qu’elle soit cueillie, qu’elle soit réduite en
bouillie en l’espace d’une heure et rien que d’une heure. »
Le
Roi était au désespoir : on n’avait jamais vu une orge de cette
espèce. Et c’est alors qu’on songe à la
fille qui savait faire des choses si prodigieuses : on l’envoie chercher.
« Mais oui, l’orge comme-ci et comme ça,
j’ai bien compris », dit-elle et, l’instant d’après, elle sème l’orge,
l’orge pointe et pousse, elle la cueille et en fait une bouillie avant même que
l’heure se soit écoulée.
Elle
demande à aller porter elle-même la bouillie au fils du Roi, lequel gisait les
yeux clos sur son lit. Or, cette
bouillie était parfaitement affreuse : il lui suffit d’en avaler une
cuillérée pour aussitôt la recracher, et son crachat aboutit en plein dans
l’œil de la fille.
« Quoi ? Tu me craches dans l’œil
ta bouillie d’orge ? A moi qui suit
la fille du Soleil et la petite-fille d’un Roi !»
« Toi, fille du Soleil ? »,
questionne le Roi qui se trouve présent.
« Moi, oui. »
« Et tu es la petite-fille d’un
Roi ? »
« Moi, oui. »
« Et nous, on te croyait une enfant
trouvée ! Mais alors tu peux épouser notre enfant ! »
« Bien sûr que je peux
l’épouser ! »
Le
fils du Roi guérit séance tenante et se marie avec la fille du Soleil,
laquelle, à partir de ce jour, devient une femme comme toutes les autres et ne
se livre plus à des opérations extravagantes.
Zut alors (MCD)
D’après Italo Calvino Contes populaires
italiens, deuxième tome, traduit de l’italien par Nino Frank, Denoël 1981.
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Pour infos :
? En parlant
incidemment des fées, je remplis mon devoir de propagandiste du sens poétique,
aujourd’hui presque perdu par la faute des hommes de lettres et des
intellectuels qui ont levé contre lui les armes humaines et puissantes de
l’ironie et de l’analyse. » (Federico Garcia
Lorca dans sa conférence sur les berceuses)