vendredi 1 décembre 2023

Mensuel Décembre 2023 - Numéro 372

 

Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,

les conteurs et les raconteurs.

décembre  2023 – N°372

P 912122 Bureau de dépôt CHAUDFONTAINE 4050  

 

Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224

 

Au sommaire, ce mois-ci:

- Animation

- Nouvelles du monde du conte

- Entretien avec Gaëlle Comas

- Spectacles – Veillées – Balades - Emission

- Formations

- 5 histoires



La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

372ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

  quand ? le vendredi 12 janvier 2024 à 20h                          où ? Théâtre à Denis, rue Ste Marguerite, 302, 4000 Liège

  combien ? 4€                                                                           pour qui ? tout public

infos, inscription pour conter : réservationmaisonconteliege@gmail.com; 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

           pas d’inscription pour assister.

Se souhaiter une bonne année en dégustant une galette des rois.  Voilà le programme prévu pour notre veillée de janvier.  Nous serons heureux de vous accueillir nombreux.

  

…..bonne volonté

Édito

 

Dans le récit traditionnel de Noël, nous lisons : … et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

Et notre terre est en guerres. Notre terre est en chagrin.  Nous, les conteurs, pouvons-nous faire quelque chose ?  Oui, humblement.  Plus que jamais les contes peuvent être des raccommodeurs de vie, peuvent soigner la vie.  Je vous renvoie aux contes « La grosse pierre et le vieux caroubier », publié dans le Mensuel de novembre, « Le Prince Sixarmes » dans celui d’octobre, « La clé » p. 9, « L’eau de Paradis », p.10.

Il y en a bien d’autres sur le vivre ensemble.

Il y a aussi l’innombrable foule de contes qui concluent que la force n’est pas toujours la plus forte, que le puissant, le cruel, le méchant ne triomphe par toujours, que l’ogre ne mange pas les enfants.  Sans message prêchi-prêcha.  Seulement des histoires d’où la sagesse percole.

Dans l’actualité cinématographique, je relève deux films qui côtoient mon sujet.  Je ne les ai pas vus, je me fie à la critique du Mad du 15 novembre.  « Augure » de Baloji, belgo-congolais. …. Voyage sensoriel inattendu, parfois déroutant, souvent envoûtant….  Seule l’entraide et la réconciliation leur permettront de s’extirper de la malédiction qui les accable …. Nous amène dans une autre dimension qui nous font voir les choses sous un autre angle.

« La fiancée du poète « de Yolande Moreau. … Un conte loufoque, plein de fantaisie, de mélancolie et de petits arrangements avec la réalité ….. rappelle le pouvoir des mots et invite au petit mensonge pour mieux rêver la vie en couleurs.

Belle parole pour terminer cet édito.

 

                                   Bafouille d'animation de la veillée  du 10 novembre

 

Pour animer cette veillée, je décide de créer un instantané d'écriture orale plongeant dans l'énergie du moment et du lieu.

« Faisons donc ensemble, public et animatrice, une prose poétique indisciplinée. »

 Je propose le cadre :

    La conteuse est... donnez-moi des qualificatifs

    -Le public est... même démarche

    Le théâtre à Denis est  idem

    Après la veillée, je vais...donnez-moi des verbes

    Avant de venir, j'ai mangé...donnez-moi des plats

    Je suis venu au théâtre … donnez-moi des moyens de transport

    Si je devais écrire une histoire, elle dirait … donnez-moi des mots.

    ( Le but est de libérer l'imaginaire)

                                Voici le résultat de cette écriture participative, animatrice-public, en version spontanée

                

                            Pour éclabousser la grisaille de novembre, je décide d'aller traficoter la lumière à la veillée  de   la Maison du Conte au théâtre à Denis.

                     Avant d'avaler des histoires creuses, je me nourris d'un gros pois chiche, d'une demi tartine, d'un quart de quiche et d'un plat complet de Romertopf.

                     Je m'en vais à cette soirée avec un ami mendiant, à dos d'âne. Il m'avait promis une lévitation mais nous sommes arrivés à pied . Il a prétendu que nous effectuerions le retour à dos de licorne.

                      J'attends de voir.

                     Le théâtre à Denis est un lieu chaleureux, coloré, surprenant. On le sent habité.

                     Il est somptueux et miraculeux, à ce qu'on m'a assuré.

                     Le public y est particulier. On le dit extasié, précieux ; ahuri ! Je jugerai sur place.

                     Il faut dire qu'il n'y a que des conteuses. Le féminin pluriel s'impose. Elles paraissent énigmatiques,

                     inquiètes, silencieuses. Qu'importe, la parole peut être muette si elle est bien dite.

                     Après le spectacle, requinquée, j'irai courir sous la pluie liégeoise, j'allumerai le four pour cuire les

                     hot-dog. Je monterai sur la grande roue de la foire pour m'y pavaner en déshabillé face à la baraque

                     de lacquemants.

                     L'envie d'écrire me titille le poignet. Je vais dire des aventures de gourmandises, de visages

                     expressifs d'héroïnes intrépides ( on a trop de héros, il nous faut des femmes héroïnes)

                     Je prendrai un vieux parchemin, j'y dessinerai l'échappée belle et j'y conterai la vie des canards

                     sauvages dans l'hiver sibérien.

 

                     Fin de soirée.

 

                     Ce processus est librement inspiré des ateliers d'écriture  créative d'écrévolutions de Josette Carpentier. 

                                                                                                                                    Michelle Troupin

 

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Conteuse et pas que, Gaëlle Comas

Le livre, le conte et les balades


 


La question rituelle pour commencer notre entretien : quand, où, comment avez-vous rencontré le conte ?

Chez ma grand-mère, enfant, j’écoutais des 45 tours de contes.  Les contes classiques, Perrault, Andersen.  Barbe Bleue me fascinaient, ils tournaient en boucle. Sœur Anne…  Ils font donc partie de mon bagage d’enfance.  Je ne contais pas au début de ma vie de bibliothécaire.

Je lisais à haute voix des albums lors d’animations dans les écoles, les visites de classe - je le fais encore. Quand je lis un album, je suis très attachée au texte. Je cite systématiquement le nom de l’auteur et de l’illustrateur, le traducteur. Il m’a toujours paru primordial que les enfants sachent que derrière le livre, il y a des hommes, des femmes, qui ont réfléchi, écrit, dessiné, travaillé, inventé. Le respect de la propriété intellectuelle m’a toujours paru important.

 

Comment choisissez-vous les livres que vous lisez ?

L’histoire doit me plaire. Ce sont toujours des coups de cœur. Parfois, le coup de cœur se fait au niveau de l’illustration. Parfois, c’est l’enseignant qui demande un thème, ça permet des découvertes.

 

Quelle différence voyez-vous entre la bibliothécaire et la conteuse ?

Si je suis très attachée à la propriété intellectuelle quand je lis un livre, la démarche est différente quand il s’agit du conte.  C’est ce qui me plaît le plus, cette liberté d’adapter à mes goûts une trame existante.

 

Reprenons votre parcours.

Il y a une dizaine d’années, j’ai eu envie de raconter sans support, avec mes mots, mais je ne m’en pensais pas capable. Le déclic s’est produit lors d’une balade contée menée par une conteuse renommée.  En l’écoutant, je me suis dit qu’en travaillant un peu, c’était possible.

Très peu de temps après, une connaissance m’a demandé de raconter la légende des Massottais de Baclain lors de la fête du village. J’ai accepté en dernière minute, pour dépanner. La trame de cette légende est commune à beaucoup d’endroits mais à Baclain, elle est ancrée dans un rocher, un lieu-dit. Cette fois, j’avais mis le pied dedans, concrètement.

 

Quelle a été l’étape suivante ?

J’avais travaillé au feeling, sans méthode.  J’ai eu envie de me former, de garder ce côté spontané et naturel, tout en m’appuyant sur des techniques éprouvées par des professionnels. Je savais que je ne pourrais pas en vivre, je ne le souhaitais d’ailleurs pas.  C’était un bonheur, une récréation, un moyen d’expression personnel, un pendant à mon métier de bibliothécaire. Dans les années qui ont suivi, je me suis inscrite à différentes formations courtes d’initiation ou de pratique du conte, données par trois conteurs, Chantal Dejardin, Dominique Brynaert, Paul Fauconnier)

 

Parlons donc de ce métier qui se marie si bien au conte.

Je suis bibliothécaire depuis 2003 et cela fait 16 ans que je travaille à Aywaille, terre riche de légendes s’il en est.

 

Cela nous amène-t-il à évoquer Marcellin Lagarde ?

Oui , mais pas que.  Marcellin Lagarde a intelligemment collecté les légendes. Avec un grand talent de raconteur, il les a habilement ancrées dans des endroits précis de la région Ourthe-Amblève, ce qui a contribué à son succès.  Ses personnages ont des noms courants dans la région. Il existe toutefois d’autres recueils d’auteurs de la région, aussi riches.

 

Voilà une, des sources d’inspiration.  En avez-vous d’autres ?

J’aime découvrir des contes de toutes origines, particulièrement d’Afrique du Nord et d’Afrique Noire. Je puise également régulièrement dans le Cercle des Menteurs., de J.-C. Carrière. J’y trouve toujours de l’inspiration. Je n’ai jamais inventé d’histoires.  Actuellement, mettre mes mots sur une histoire intemporelle me suffit.

 

Quelles sont vos activités contées préférées ? Votre public favori ?

Les balades contées, avec un public divers, souvent intergénérationnel. C’est une tradition ancienne et universelle de se rassembler, jeunes et vieux, autour d’histoires qui parlent à tous. J’aime l’idée de la faire perdurer. Les balades sont ma forme préférée de porter le conte.

J’aime aussi les scènes ouvertes qui donnent la place à chaque conteur. Je n’ai pas l’ambition de présenter un spectacle complet.

 

Quand vous animez seule une balade contée, n’est-ce pas là l’équivalent d’un spectacle complet ?

Mon problème, ce sont les transitions. Dans une balade, c’est facile, il y a une alternance entre marche et conte, les transitions entre les histoires viennent d’elles-mêmes.

 

Parlons maintenant d’une balade contée importante pour la bibliothèque d’Aywaille.

La bibliothèque d’Aywaille, avec le soutien de l’échevinat de la Culture, organise une balade contée à travers le château de Harzé et son parc. Cette balade a lieu annuellement le 27 septembre, jour de la fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle connaît un succès grandissant et rassemble plus de 300 participants, qui viennent écouter les Conteurs de Paradis, dont je fais partie, soit 7 conteurs et 7 musiciens.  Elle inaugure l’exposition annuelle de la bibliothèque, qui dure jusqu’au mois de janvier suivant et qui présente un conte classique dans un maximum de versions, y compris détournées. Le Chaperon Rouge, Hänsel et Gretel, Boucles d’Or ont déjà fait l’objet de ces expositions les années précédentes. Cette année, c’est Cendrillon.

 

Comment les conteurs sont-ils inspirés par le thème ?

Le conte-thème de l’exposition sert de fil rouge, mais les conteurs proposent des histoires différentes lors de la Balade contée de Harzé : pour Boucles d’or, des histoires d’ours ; pour Cendrillon, des princesses et des princes rebelles.

 

A quel public s’adresse cette balade et quel est l’impact dans la région ?

A un public familial, à partir de 6 ans, avec une tolérance à 4 ans. Le jeune public réagit parfaitement, les yeux écarquillés. Le public est venu d’abord de la région et maintenant de toute la province. Une partie du succès tient au duo des conteurs-musiciens.

 

Comment sont constitués ces duos ?

Les contes choisis sont courts pour laisser la place à la musique.

Suivant les années et les disponibilités de chacun, nous avons travaillé avec différents musiciens. La base est plutôt amicale, l’envie de travailler ensemble. En 2022 et 2023, ce sont les mêmes personnes qui nous ont accompagnés. Avec eux, nous avons trouvé une réelle complicité, j’espère que nous travaillerons encore ensemble l’année prochaine.

 

Une telle activité demande certainement de la préparation.

Oui ! Le château est réservé un an à l’avance. Nous réfléchissons au conte-thème de l’année dès le mois de janvier et dès le printemps, les conteurs se penchent sur le fil rouge à suivre et les contes qu’ils vont choisir. Puis on se voit chaque mois, on teste, on répète. C’est une organisation conséquente pour les bibliothécaires qui ne sont pas des pros de l’organisation d’événements : cela ne fait pas partie de notre travail quotidien et s’ajoute à celui-ci.

Le jour même, il faut accueillir le public, constituer les groupes, s’occuper de l’intendance. Toute l’équipe de la bibliothèque est mobilisée, plus des amis bienveillants.

Nous avons l’habitude de donner au public une gâterie sucrée à la fin de la balade : du pain d’épices après Hänsel et Gretel, une galette pour le Chaperon Rouge… Les premières éditions, nous avons bénéficié de la collaboration du Musée de la Boulangerie.  Actuellement, le musée est fermé, mais nous avons gardé contact avec le boulanger, qui a accepté de nous confectionner des chaussons, pour Cendrillon.

 

Quels sont vos projets ?

Je participe souvent aux veillées contées de la Maison du Conte de Liège, dont je fais partie depuis 2022. J’apprends l’accordéon en vue de sonoriser mes contes.  Je voudrais retourner au festival de Chiny l’été prochain, et continuer à me former. Un jour, inventer mon conte. Je voudrais aussi organiser d’autres balades contées, indépendamment de la bibliothèque au sein de laquelle je travaille.

 

Comment peut-on prendre contact avec vous ?

Ce que je préfèrerais ?  Par le site de la Maison du Conte : www.maisonconteliege.be

 

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 Nouvelles du monde du conte, des arts vivants, de la politique, des projets…

 

Fais-moi un conte, 30ième concours d’expression organisé par le Centre Culturel de Philippeville et la Surizée. Pour ceux qui ont des choses à dire, des idées à transmettre.  Démarche d’oralité moins que d’écriture.

Inscription et envoi des textes pour le 31.01.24.  Finale 22 et/ou 23 mars

Texte dactylographié en 6 exemplaires, une enveloppe timbrée à son adresse, formulaire d’inscription (un par conte) à Fais-moi un conte, rue de France, 1a, 56  Philippeville. 

071/66.23.01 ; info@culture-philippeville.be 

 

Rémunération des conteurs.  Mise au point pratique de Cécile Didelot.

Ce qui change en 2024 :

. Les RPI deviennent des AAI (Indemnité des Arts Amateurs (IAA)

. Cette indemnité ne sera applicable que pour les artistes amateurs

. Les IAA devront désormais être enregistrées par l’employeur

. L’indemnité ne pourra pas dépasser 70 € par jour et 30 jours par an.

. Le/la demandeur.euse ne pourra pas travailler plus de 7 jours pour un même employeur

 

Aides structurelles. Le gouvernement a pris sa décision concernant les montants octroyés pour les aides structurelles 24-28.  Vous pouvez les retrouver via ce lien : https://www.culture.be/hors-menu/detail-article/?no_cache=1&tx_cfwbarticlefe_cfwbarticlefront%5Baction%5D=show&tx_cfwbarticlefe_cfwbarticlefront%5Bcontroller%5D=Document&tx_cfwbarticlefe_cfwbarticlefront%5Bpublication%5D=4484&cHash=a05d7bc0e1f086be3240cfe3c69db12b

Bravo à toutes celles et ceux qui obtiennent leurs premiers contrats !

Pour celles et ceux qui n'ont pas obtenu, au vu du faible budget disponible, des déceptions étaient prévisibles. Mais ne vous découragez pas, les aides ponctuelles restent accessibles !!

Laura et Camille restent disponibles pour répondre aux questions concernant les modalités et le calendrier des dépôts des aides au projet à venir. Pour la Fédération de Conteurs Professionnels

6 place de l'Amitié 1160 Bruxelles. 0477 75 75 07.  (Permanences téléphoniques : mardi de 10h à 16h30 et jeudi de 10h à 13h).  www.conteurs.be

 

Financement des arts de la scène. Le 17 novembre, la Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie Bruxelles a pris les décisions finales concernant les demandes de subventions des contrats-programme quinquennaux des arts de la scène.  La totalité des demandes de subventions sont examinées en même temps.  542 demandes par 436 opérateurs ont été acceptées pour un budget de 142 millions d’euros, en augmentation de 15% par rapport à l’année dernière.  Un dispositif de transition est prévu pour accorder à tous les opérateurs, même les perdants, un montant forfaitaire de manière qu’ils puissent adapter ou clôturer leur projet dans des conditions dignes et respectueuses.  D’après Financement des arts de la scène : le gouvernement dévoile les chiffres, par Catherine Makereel du Soir du 19 novembre 2023.

 Message important à nos amis conteurs et organisateurs de spectacle

 

·      Envoyez-nous vos informations avant le 14 du mois précédant la publication,

·      un mois plus tôt pour les formations,

·      complètes et lisibles,

·      par poste à Marie-Claire Desmette, av. Eugène Ysaÿe, 32/224  4053 Embourg.  Tel : 04/367.27.06.

·      ou par courriel à maisonconteparole.liege@gmail.com                                         

·    Ne comptez pas sur les organisateurs de spectacle. Envoyez-nous vous-mêmes vos infos.

 

Idéalement, vos informations comportent:

organisateur,                           titre,                        genre d'activité,                       artiste(s),

date et heure,                          lieu,                        prix,                                       public cible,

coordonnées pour infos et réservations,                    max. deux lignes de commentaire

N.B. Aucune mention tout en majuscules, svp. Ni en PDF.  L’idéal : prêt à copier-coller. Merci.

C'est vous qui nous envoyez vos informations.

Veuillez ne pas les noyer dans une mise en page compliquée Epargnez-nous les recherches, l'exploration.

         Merci d'épargner notre travail bénévole

 

 

Spectacles – Veillées - Balades

Emission

 

 

 

Veni, vedi, semi…, spectacle de récits et parole chantée par Semi d’Italia, Tina Gentile et Leo Dolcimascolo

avec Sylvie Grandchamps

 

quand ? le vendredi  1er décembre à 19h30                      où ? Leonardo Da Vinci, rue Cockerill, 86, 4100 Seraing

combien ? au chapeau                                                      infos, réservation : 0476/68 00 73  Tina

Ils sont venus d’Italie avec une valise trop petite pour y mettre le soleil de leur terre . Une valise lourde de nostalgie.

Semant dans la terre d’ici des graines de là-bas, ils sont devenus jardiniers d’une autre vie pour leurs enfants.

 

Racontance

 

- le vendredi 1er décembre à 20h, Les Zapéro-contes Charleroi, animé par Pascale Pezzotti et Ahmed Hafiz

      au Livre ou Verre Au 6 passage de la Bourse - 6000 Charleroi  

Cette soirée scène ouverte aux conteurs. Participation au chapeau.

infos au 0470/23.67.01. Réservation non obligatoire.  Inscriptions pour conter : racontancecarolo@gmail.com

 

-le vendredi  15 décembre à l' Ultieme Hallucinatie à 20h, Les Zapéro-contes Bruxelles

      Au 316 Rue Royale – 1210 Bruxelles.

Cette soirée scène ouverte aux conteurs est animée par Dominique Brynaert. Participation au chapeau.

Infos et réservations conseillées via le site : www.racontance.be

 

 

Maison du Conte de Charleroi

 

-le samedi 2 décembre à14h, Contes de St Nicolas . Enfants : à partir de 4 ans.

      Théâtre Marignan (Salle Quinze100Guinzes). Rés. : https://www.billetweb.fr/contes-de-st-nicolas
Au grand St Nicolas, patron des écoliers ...  Eh oui, St Nicolas sera là le samedi 2 décembre, au Théâtre Marignan !  

-le samedi 9 décembre à 10h00 et 11h00, Contes et lecture pour les 0/5 ans avec Pascale Baeyens

      bibliothèque de Pont-à-Celles.  Rue de l'Eglise, 2, Pont-à-Celles. Inscription souhaitée  bibliotheque@pontacelles.be

 

-le mercredi 13 décembre à 16h00 et 17h00, P'tit 4 heures pour les petits de 4 à 10 ans avec Pascale Baeyens

       Bibliothèque A. Henin de Gembloux. 

      Gratuit sur réservation : bibliotheque@gembloux.be ou par téléphone au 081/616 360

  

-le samedi 16 décembre à 16h00 Noël des mômes - Théâtre Marignan (Hall Rouge)

      En partenariat avec Charleroi centre-ville

-le lundi 18décembre Emission Raconte & Nous

Thème : fêtes de fin d’année

A écouter sur Buzz Radio 94.3 & 97.8 FM et sur No Radio 101.9 FM
Pour écouter nos émissions précédentes :
https://soundcloud.com/buzzrb/sets/raconte-nous

 

 

-le mercredi 27 novembre à 16h00. Noël ça sent le sapin  enfants > 4 ans. 10 euros (enfants - 12 ans : 8 euros)
      Rés. : 
https://www.billetweb.fr/a-sent-le-sapin  Théâtre Marignan (Salle Quinze100Guinzes)
Un voyage amusant et féérique dans l'univers tendre et réconfortant du bonhomme hiver, du père Noël et de nos lutins conteurs.

-le mercredi 27 novembre à 20h00  Ça sent le sapin... Adultes. 10€. Rés. : https://www.billetweb.fr/a-sent-le-sapin
Vous n'aimez pas Noël ?  Alors, ce spectacle est fait pour vous !
Humour noir et décalé dans l'esprit café-théâtre, où les histoires drôles et les contes traditionnels de Noël seront

revisités à la sauce Grinch et les dindes retrouveront de drôles de couleurs....

 

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Théâtre Marignan, 53, Boulevard Joseph Tirou,  6000 Charleroi.

infos, inscription: nicole.maisonducontecharleroi@gmail.com  www.contecharleroi.be     

 

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-les mercredi 29 novembre, samedi 9 décembre, mercredi 13 décembre, mercredi 20 décembre à 14h30, 15h30 et 18h00

Contes de Noël en partenariat avec Charleroi Centre-Ville

-le samedi 23 décembre Le Père Noël raconte

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Village de Noël, Place de la Digue, Charleroi

 

La Maison du Conte et de la Parole de Liège

 

372ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

  quand ? le vendredi 8 décembre à 20h                                  où ? Théâtre à Denis, rue Ste Marguerite, 302, 4000 Liège

  combien ? 4€                                                                            pour qui ? tout public

infos, inscription pour conter : réservationmaisonconteliege@gmail.com; 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

           pas d’inscription pour assister.

L’hiver, le temps des contes au coin de l’âtre.  La fête de Noël, le Nouvel-An qui se préparent.  Voilà deux bons thèmes suggérés avec insistance pour le programme de cette soirée.  Et une surprise à la fin.

 

 

Hiver fantasque par Annik Pirlot

 

quand ? vendredi 8 décembre à 18h30                                    où ?  3, rue des casernes, 5024, Gelbressée

               samedi 9 décembre à 18h30                                       pour qui ? famille, enfants dès 5 ans

               dimanche décembre à10 à 16h

               vendredi 15 décembre à 18h30

               samedi 16 décembre à 18h30

               dimanche 17 décembre à 16h

combien ? 8 euros/ adulte-6 euros/moins de 18 ans (le paiement se fait en liquide sur place) 

réservations : 0487 425 129 ;  www.la-caverne-de-melusine.be

Adaptation du conte Casse-Noisette et le roi des rats de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, dans la Caverne de Mélusine transformée pour l'occasion en grenier de grand-mère. 

 

Maison du Conte de Namur

 

-le dimanche 10 décembre à 20h30, le 10 du mois - Soirée porte ouverte. Public familial. 3€.

      Maison du Conte, 170/2, rue des Brasseurs, 5000 Namur.  Pour raconter, s'inscrire au 0489 933 548 

      Si vous souhaitez un retour sur votre prestation, n'hésitez pas à le demander à un membre de l'équipe.
Venez (re)découvrir le plaisir d'écouter ou pour s'essayer à conter, que vous soyez conteur amateur ou confirmé.
Ambiance conviviale assurée. Le verre de l'amitié est offert à la fin de la soirée.

-le jeudi 28 décembre à 15H00, Contes et goûter de Noël avec Thérèse et Pascale. à partir de 5 ans. 6€

Maison du Conte, 170/2, rue des Brasseurs, 5000 Namur.

Il faut s'emmitoufler ! Laine, fourrure ou bien coton, faisons ensemble notre cocon. Une veillée familiale de contes et de chansons.

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infos, réservation : 0489/93 35 48 ou par mail maisonduconte.namur@gmail.com

 

Volubilis asbl                                                                                                  

 

-le mardi 12 décembre à 12h, Voyager léger, concert conté. Le Delta à Namur.  Gratuit. Tout public  

      par Julie Renson (conte), Matthieu et Simon Widart (violoncelle et flûte)

      Infos/réservation : info@ledelta.be ou 081/776773.

Glisser sur l’eau,, aller à vol d’oiseau… Et voir où ça nous mène ?  Voyage en mots-musiques l'embarquement est immédiat.  Voyageons légères, légers au gré des mélodies choisies.  Le conte va son chemin, il saura nous guider.

 

-le mardi 19 décembre à 19h30, Poucet va semant, Samba va devant. Centre Culturel de Rochefort.

     Par Caroline Etienne (univers sonore), Jacinthe Mazzocchetti (récits), Julie Renson (conte).    

     Public : ados/adulte (dès 12/14 ans).  PAF : 6/7€. Infos/réservation : 084/221376

Un trio inédit, un spectacle sur les chemins de l’exil à vivre et à partager.

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infos : www.volubilisasbl.be  https://volubilisasbl.be/2021/11/24/semerdeschemins/

Julie Renson coordinatrice : (0032)474/434152

 

La force ou la ruse ?  par Jeanne la contesse

 

quand ? le 16 décembre à 14h                                          où ? Centre de Ressources B3 | Place des arts, 1 - 4020 Liège

combien ? gratuit                                                              pour qui ? enfants et grands enfants

info, réservation souhaitée :  04 279 52 73 ; Jeanne.godenne@provincedeliege.be

Dans les contes humains, comme dans leur pendant animalier, le propre du héros, de l’héroïne, c’est de savoir quand utiliser la force, et quand contourner le problème par la ruse. Certes, le héros aime remporter une bataille, mais parfois, il préfère ensuite cacher son identité sous un déguisement de pouilleux, jusqu’à ce que son heure soit venue.

 

Formations – Ateliers


Maison du Conte de Charleroi

 

Atelier conte avec Sylvianne Piéfort et Jacky Druaux

 

quand ? le  9 décembre à 14h00 à 16h00            où ?  Théâtre Marignan53, Boulevard Joseph Tirou,  6000 Charleroi.

iInfos : https://www.contecharleroi.be/ateliers-conte/

 

Formation longue au conte par Dominique Brynaert

 

quand ? les 17 septembre, 22 octobre, 19 novembre, 17 décembre 2023 - 21 janvier, 18 février 2024

où ? 1030 Bruxelles, près de la place Dailly

combien ? 235 euros                                                                             pour qui  ?  Aucun prérequis préalable

infos et inscriptionshttps://www.racontance.be/formation_conte.html  - racontance@hotmail.com

Objectifs : Vous donner tous les outils pour conter avec talent et efficacité, offrir une méthode de travail qui évite de devoir apprendre un texte de mémoire.  

 

Maison du Conte de Namur

Atelier de lecture par Chantal Nève-Hanquet, psychanalyste jungienne.

 

quand ? le samedi 09 décembre à 14H30            où ? Maison du Conte, 170/2, rue des Brasseurs, 5000 Namur.

combien ? 8 €                                                       pour qui ? adultes
Une lecture collective pour découvrir en quoi les récits anciens nous interpellent encore aujourd’hui.
Un échange libre et détendu entre les participants, qui explorent ainsi les sens du conte.

 

Clown avec fenêtre sur le clown par Odile Burley

 

quand ? du 10 au 17 janvier de 10 à 18h                       où ? Théâtre de la Parole, rue du Rouge Cloître, 1160 Bruxelles

combien ? 180€

infos, réservations : https://www.theatredelaparole.be

Comment l’art du conte et du clown peuvent-ils se nourrir, se compléter, se provoquer ? L’art du clown éclaire le conte, l’art du conte éclaire le clown.  Agrandir sa présence à soi-même, aux autres, à l’histoire

   

Laboratoire de l’oralité par Don Fabulist

 

quand ? du mercredi 24 à14h au dimanche 28 janvier à 10h                                          où ? Oignies-en Thiérache

combien ? 500€ : laboratoire, hébergement, repas, zakouskis, boissons, nettoyage

infos, inscription : 060/39.9199 ; infodonfabuliste.be  infomadametout.be

Bilingue, français néerlandais. Recherche de différentes formes de « neutralité » état favorable pour conter.  Travail de la langue,, le silence, l’expression du corps, la puissance de l’imagination.

  

Les trois magiciens


Il était une fois, trois magiciens, trois sorciers, qui sont obligés de faire un long trajet à pied dans la savane.
Ils sont accompagnés d’un de leurs élèves, qui les suit avec admiration, dans l’espoir d’apprendre de nouvelles chose.
Chemin faisant, ils s’approchent d’un endroit où ils découvrent les os d’un animal éparpillés.

Le premier magicien s’arrête et dit :

-        Ces os, mes chers confrères, je vous le dis, sont ceux d’une lionne. Moi, je suis un magicien puissant, croyez-moi, je suis capable de remettre tous ces os à leur place et de reconstituer tout le squelette de l’animal !

Le magicien lève le bras, il marmonne une formule magique : et voilà que tous les os s’envolent pour se redéposer exactement à la bonne place ! Le squelette est entier et parfaitement reconstitué. L’élève magicien ouvre de grands yeux.

Le deuxième magicien dit :

-        Moi aussi, je suis un mage très puissant ! Tu as peut-être remis les os de ce squelette en place, mais moi, je suis capable de reformer le corps de cette lionne !

Le 2e magicien lève les deux bras, il prononce une formule magique et voilà que les muscles, la chair et la peau de la lionne se reforment, avec la queue, les griffes et les dents !

L’élève magicien retient son souffle.

Le troisième magicien dit :

-        Moi, je suis sans doute le plus grand sorcier d’entre vous. Cette lionne, vous allez voir, moi je suis capable de lui redonner vie, oui oui, vous allez voir, je vais la ressusciter !

L’élève se précipite devant lui :

-        Maître ! Maître ! On connait tous l’étendue de ton talent. Personne ici ne doute de des compétences ! Mais de grâce, laisse cette lionne où elle est !

Le 3e magicien lève les bras, se retrousse les manches, il déclame une formule magique et voilà la lionne qui bondit sur ses pattes et ouvre grand la gueule. Elle saute sur les trois sorciers qui s’empêtrent dans leurs longues manches et leurs grandes capes. En quelques minutes, elle a dévoré les trois maîtres magiciens !

L’élève, lui, il a juste eu le temps de se mettre à l’abri en grimpant dans un arbre qui était tout près.

Quand la lionne a fini son repas, elle s’éloigne tranquillement sans se retourner. L’apprenti magicien descend prudemment de l’arbre et contemple les os éparpillés. Puis il reprend sa route.

Alors, entre les magiciens et l’élève, qui est le maître ?

 

D’après un conte traditionnel raconté par Souleymane Mbodj in Contes et sagesses d'Afrique (éd. Milan) 

La clé


Dans le train entre Francfort et Vienne.

 

Il va à Vienne voir son vieux rabbin de père. Il est petit et gros. Il a une peau blême, de petites boucles rousses et porte un long pardessus de serge et un chapeau de castor. Il est très timide. Si timide qu’il est dans l’impossibilité de se déshabiller parce que quelqu’un d’autre se trouve dans le compartiment. L’employé des wagons-lits lui avait assuré qu’il serait seul.

Je lui propose de sortir dans le couloir. Le train traverse une forêt. J’ouvre la fenêtre et respire l’odeur des pins. Lorsque je rentre dix minutes plus tard, il est allongé sur la couchette supérieure, détendu et prêt à engager la conversation.

Depuis seize ans il étudie dans une académie talmudique de Brooklyn. Il n’a pas revu son père depuis. Le matin suivant verrait leurs retrouvailles.

Avant la guerre, sa famille a vécu à Sibiu en Roumanie et, lorsque la guerre éclate, ils pensent être en sécurité. Puis, en 1942, les nazis peignent une étoile sur leur maison.

Le rabbin rase sa barbe et coupe ses boucles Sa domestique goy lui apporte un costume de paysan, chapeau de feutre, tunique et ceinturon, veste en peau de mouton et bottes. Il embrasse sa femme, ses deux filles est le petit dernier. : tous les quatre devaient mourir à Birkenau. Il prend son fils aîné dans les bras et s’enfuit dans les bois.

Le rabbin traverse à pied les forêts de bouleau des Carpates en compagnie de son fils. Les bergers les hébergent et leur donnent de la viande. Leur manière d’abattre les moutons ne choque pas ses principes. Le père et le fils  parviennent enfin à franchir la frontière turque  et à gagner l’Amérique.

 

Le rabbin ne se sent jamais à l’aise aux États-Unis. Ses sympathies vont naturellement au sionisme, mais il ne peut se résoudre à adhérer au mouvement. Israël est une idée, pas un pays. Le Royaume se trouve partout où est la Thora. Désespéré, il revient en Europe.

 

A présent le père et le fils retournent en Roumanie car, quelques semaines auparavant, le rabbin a reçu un signe. Un soir, tard, dans son appartement de Vienne, il va à contre-cœur répondre à un coup de sonnette. Sur le palier se tient une vieille femme, un panier à provisions à la main. Elle a les lèvres bleuâtres et de fins cheveux blancs. Vaguement il reconnait les traits de sa domestique goy.  

« Je vous ai retrouvé, dit-elle. Votre maison est sauvée, vos livres aussi, même vos vêtements. Pendant des années j’ai fait croire que cette maison n’appartenait plus à des juifs. Voici la clef. »

 

D’après un extrait du livre LE CHANT DES PISTES de Bruce Chatwin.     Pages 266-267, Le Livre de Poche, 1988.  Envoi de Perle Adler.


 

 

L’eau du Paradis

  


Harith le Bédouin et sa femme vivent des bontés du désert, autant dire de presque rien. Ils plantent leur tente fanée où quelques palmiers égarés veulent bien leur faire de l’ombre, ils subsistent de peaux de rats et de beaux cailloux de rencontre qu’ils vendent aux caravaniers. Bref, sous leur ciel sans bonne étoile ils se meurent de pauvreté.

 

Or, un jour semblable à la veille, comme Harith cherche sans espoir dans le sable brûlant des dunes un oiseau blessé à rôtir, une source nouvelle, à trois pas de ses pieds, jaillit d’un roc fendu réveillé en sursaut. Il en tombe sur les genoux, rend grâce à Allah, son prophète et ses saints, remplit le creux de ses mains jointes, tend ses lèvres, s’abreuve. « Merveille des sacrées merveilles ! pense le bonhomme ébloui. De l’eau, cela ? Oui, si l’on veut, mais sortie droit du paradis ! » De fait, pour dire vrai, elle est imbuvable, elle pue la mauvaise humeur, mais pour le pauvre errant habitué aux flaques dont il faisait sa soupe à l’os, elle est digne d’honorer le gosier entre tous sensible du calife Haroun al-Rachid. « Il faut qu’il goûte sans tarder cet incomparable nectar, se dit-il en lissant sa barbe ruisselante. Il m’en sera reconnaissant, et peut-être m’offrira-t-il le rêve de ma vie bédouine : une tente neuve à deux mâts ! » Le lendemain, à l’aube rouge, deux outres d’eau autour du cou, il prend le chemin de Bagdad.

Voilà le voyageur parvenu sans encombre devant la porte du palais. Chance pour lui, elle est ouverte. C’est le matin béni où selon la coutume, Haroun le Bienveillant accorde à ses sujets un jour d’audience publique. Harith entre, courbé sous ses outres gonflées, se mêle à la foule patiente, attend son tour, époustouflé par les ors inimaginables qui environnent ses haillons. Le voici enfin à genoux devant le roi des rois du monde.

- Commandeur des croyants, dit-il, je ne suis qu’un pauvre Bédouin ignorant des beautés du monde. Le désert seul m’est familier, et rien n’y fait aimer la vie. Il se trouve pourtant que dans mes sables tristes j’ai découvert, ces jours derniers, une merveille sans pareille : une source d’une eau si parfaitement pure qu’elle ne pouvait venir d’ailleurs que du saint Paradis d’Allah. Voici ce que j’ai pu porter, sans rien en perdre, jusqu’à toi.

Haroun remercie le brave homme et se fait servir une coupe du breuvage malodorant. Il le boit sans frémir du nez, hoche la tête, noblement, comme l’on fait quand on savoure, ordonne qu’on mène son hôte à l’ombre d’un salon fermé, appelle enfin auprès de lui le capitaine de sa garde. Il lui dit :

- A la nuit tombée, mène cet homme hors de la ville. Évite les rives du fleuve, il pourrait vouloir s’y baigner. Interdis-lui surtout de goûter la belle eau des puits et des fontaines. Escorte-le jusqu’au désert. Alors assure-le de ma reconnaissance, donne-lui mille pièces d’or et dis-lui que son roi le nomme gardien des eaux du Paradis.

Il soupire, puis dit encore :

- Comment vivre, sans illusions ? Il a les siennes, j’ai les miennes. Elles sont les ailes qui nous portent, elles rendent vivable le temps que nous traversons ici-bas. 

Le jour pâlit. Haroun se tait. Harith a retrouvé sa femme. Il est content. Le conte aussi.

 

D’après L’eau de Paradis, cadeau d’Henri Gougaud dans ma boîte mail du 15 novembre 2023.


 

La grenouille

 

Une grenouille vivait au bord d'un trou rempli d'eau, près d'un ruisseau.

C'est une petite grenouille verte, discrète, ordinaire. Elle a envie de devenir extraordinaire et réfléchit au moyen de se faire remarquer. À force d'y penser, elle a une idée. Elle se met à boire l'eau de son trou, à boire, à boire…, et elle la boit jusqu'à la dernière goutte ! Et elle commence à grossir. Ensuite elle se met à boire l'eau du ruisseau, à boire, à boire…, et elle la boit jusqu'à la dernière goutte ! Et elle grossit de plus en plus. En suivant le lit du ruisseau, elle arrive à la rivière, et elle se met à boire l'eau de la rivière, à boire, à boire…, et elle la boit jusqu'à la dernière goutte ! Et comme la rivière se jette dans le fleuve, elle va près du fleuve, et elle se met à boire l'eau du fleuve, à boire, à boire…, et elle la boit jusqu'à la dernière goutte !
Et la grenouille gonfle, gonfle !

Comme le fleuve se jette dans la mer, la grenouille va jusqu'au bord de la mer, et elle se met à boire l'eau de la mer, à boire, à boire…, et elle la boit jusqu'à la dernière goutte qui est la dernière goutte d'eau de toute la terre. Son ventre, ses pattes, sa tête sont gorgés d'eau, et même ses yeux, qui deviennent tout globuleux. La petite grenouille est maintenant extraordinaire, gigantesque ; sa tête touche le ciel !
Les plantes ont soif, les animaux ont soif, et les hommes aussi ont terriblement soif. Alors tous se réunissent pour chercher un moyen de récupérer l'eau de la terre.

- Il faut qu'elle ouvre sa large bouche afin que l'eau rejaillisse sur la terre.
– Si on la fait rire, dit quelqu'un, elle ouvrira la bouche, et l'eau débordera.
– Bonne idée, disent les autres.
Ils préparent alors une grande fête, et les animaux les plus drôles viennent du monde entier. Les hommes font les clowns, racontent des histoires drôles. En les regardant, les animaux oublient qu'ils ont soif, les enfants aussi. Mais la grenouille ne rit pas, ne sourit même pas. Elle reste impassible, immobile. Les singes font des acrobaties, des grimaces, dansent, font les pitres. Mais la grenouille ne bouge pas, ne rit pas, ne fait même pas l'esquisse d'un sourire.
Tous sont épuisés, assoiffés, quand arriva une petite créature insignifiante, un petit ver de terre, qui s'approche de la grenouille. Il se met à se tortiller, à onduler. La grenouille le regarde étonnée. Le petit ver se démène autant qu'il peut. Il fait une minuscule grimace, et… la grenouille éclate de rire, un rire énorme qui fait trembler tout son corps ! Elle ne peut plus s'arrêter de rire, et les eaux débordent de sa bouche grande ouverte. L'eau se répand sur toute la terre, et la grenouille rapetisse, rapetisse.

La vie peut recommencer, et la grenouille reprend sa taille de grenouille ordinaire. Elle garda juste ses gros yeux globuleux, en souvenir de cette aventure.

 

Une des multiples versions d’un conte traditionnel.  Origine : tiroir.  Référence perdue.


 

Pieds nus sur la terre sacrée

 

« Nous disparaissons de  la terre, pourtant je n’arrive pas à croire que nous sommes devenus inutiles, sinon Usen (nom apache pour Dieu) ne nous aurait pas créés…… »

Pour chaque tribu qu’il a créé, il a fait aussi une terre.  Sur chaque pays créé pour une tribu, Il a placé tout ce qu’il fallait pour son bien-être.

Lorsque Usen créa les Apaches, Il créa aussi leurs terres de l’Ouest.  Il leur donna autant de grain, de fruits et de gibier dont ils avaient besoin pour se nourrir. Pour restaurer leur santé quand la maladie les terrassait, Il leur apprit où trouver les herbes et à  les préparer pour en faire des remèdes.  Il leur donna un climat agréable, et tout ce dont ils avaient besoin pour se vêtir et s’abriter était à portée de leur main.

C’était ainsi au commencement : les Apaches et leurs terres créées les uns pour les autres par Usen lui-même.  Lorsque les Apaches sont chassé de leurs terres, ils s’affaiblissent et meurent.  Combien de temps faudra-t-il encore jusqu’à ce qu’on dise qu’il n’y a plus d’Apaches ? »

Goyathlay, dirigeant  apache in Pieds nus sur la terre sacrée

 

La lionne du Paraguay

 

C’était en 1536, Buenos Ayres était assiégée par des indiens révoltés et le gouverneur de la ville avait défendu à qui que ce fût de sortir de la place, en dépit de la famine qui commençait à se faire cruellement sentir. 

Une vieille femme enfreint cette défense et se sauve dans la forêt voisine à la recherche de fruits et de baies sauvages.

Dans une caverne, elle rencontre une lionne malade qui, à sa vue, se met à gémir comme pour la supplier de lui venir en aide.  La vieille, qui est courageuse, s’en approche, la soigne et dès lors, la lionne lui apporte chaque jour le gibier nécessaire à sa nourriture, la partageant avec elle et ses petits.

Cependant, la malheureuse veut revenir parmi les hommes.  Comme elle essaie de rentrer furtivement dans la ville, elle est saisie par une patrouille de soldats.  Elle est condamnée à mort par le gouverneur et attachée à un arbre dans cette même forêt où elle s’était enfuie, afin d’être dévorée par les bêtes féroces.

Deux jours après, on va voir ce qu’elle était devenue ; on la retrouve toujours vivante, sous la protection de la lionne, qui était accourue à ses cris de détresse. Elle était venue avec ses lionceaux se coucher devant elle.

 

D’après Anonyme, Cent contes de bêtes d’ici et d’ailleurs, Gründ 1957


 

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 ? Le fait de tomber amoureux d’un livre ou d’une histoire nous transforme d’une certaine manière l’histoire que nous aimons devient une part de l’image que nous nous faisons du monde, de notre façon de comprendre les choses, d’émettre des jugements et de faire des choix dans la vie quotidienne. 

Salman Rushdie

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