Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,
les conteurs et les raconteurs.
janvier 2021 – N°337
P 912122 Bureau de dépôt
LIEGE 1–4000
Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224 4053 Embourg
Au sommaire, ce mois-ci:
- Des vœux
- Un mois, des contes
- Nouvelles du monde du conte, ….
- Spectacles – Formations
- 3 articles – 2 contes
Les contes venus du fond des âges et les techniques d’aujourd’hui
Tout au long de son histoire séculaire, le conte a connu de multiples
péripéties. Y compris des
pandémies. Des esprits chagrins ont
prédit sa désaffectation. Le conte est toujours là.
Conteurs
et conteuses ont transmis le flambeau depuis la nuit des temps. Nous l’avons repris et nous continuerons. Quand ce n’est plus possible par notre
présence, nous utilisons d’autres moyens : le téléphone, la radio, Zoom. Nous ne nous laissons pas vaincre par la
peste actuelle. Nous renversons
les ?.
Nous vous souhaitons une bonne année 2021
en compagnie des contes, des conteurs et des conteuses.
Maison du
Conte et de la Parole de Liège-Verviers asbl
Contes à la maison avec des
conteurs Maison du Conte
quand ?
le 8 janvier 2021 à 20h où ? chez vous,
où vous voulez
combien ?
gratuit animation :
Laure Cech et Cécile Didelot
réservation
obligatoire pour
obtenir le lien: reservationmaisonconteliege@gmail.com
infos :
Laure Cech:
0497/61.51.05; Cécile Didelot: 0476/65.37.83
04/367.27.06 ;
0476 65
37 83 ; www.maisonduconteliege.be Facebook
Pour fêter nos
retrouvailles, la Maison vous offre une soirée de contes, conviviale et sans façon,
portée par les ondes jusqu’à vous. En
toute sécurité.
Vœux
Nos veillées jusque mars se sont déroulées normalement au Théâtre A.
Denis, avril, mai, juin chacun est resté confiné chez lui. Heureusement notre
équipe « GA » nous ont programmé
en juillet, août et septembre des
veillées de rêves en extérieur à Colonster. La Maison du Conte s’est également
produite à Trooz et à Nandrin. Depuis
octobre, nous sommes à l’arrêt, non sans
avoir prévu des veillées mais chacune annulée au dernier moment.
Un tout grand coup de chapeau à l’équipe « Groupe Activités »
pour tout le travail fourni dans des conditions difficiles. Merci !
Nous pouvons être fiers de notre
parcours à travers cette période sanitaire en danger. Dès maintenant nous
devons envisager comment vivre cette nouvelle ère.
Ce 21ième siècle est
historique. Cette folie de passer en
l’an 2000 qui date déjà de 20 ans. Ce déchainement de la nature, incendies,
inondations, volcans, villages engloutis, guerres, des millions de morts. Et
cerise sur le gâteau pour terminer l’année, le covid 19.
Mais pour nos enfants, nos petits-enfants, nos arrières petits-enfants
nous devons garder le moral, la volonté de faire face, l’espoir d’un changement
que nous devons construire ensemble.
Ici, je ne vous raconte pas des histoires. C’est la réalité, elle me
donne envie de me battre, de tenir tête, de se serrer les coudes. Oui, nous
allons ensemble construire un siècle historique.
C’est avec un moral d’acier que je
vous souhaite mes meilleurs vœux pour 2021.
Et avec toute l’équipe de la
Maison du Conte, nous espérons très bientôt vous retrouver pour partager à
nouveau ensemble nos belles histoires.
Bonne année à toutes
et tous.
Prenez bien soin de
vous, le monde à besoin de vous.
Roger
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« En avant y a pas d’avance » était la devise d’un groupe de
poète surréalistes belges. Comme la
phrase commence et finit par un « e », j’en ai fait le dessin
ci-dessus. C’est mon souhait. Que vous alliez de l’extérieur vers votre
cœur-centre. Que vous alliez de votre cœur-centre
vers votre liberté. Que vous alliez de
l’avant. Marie-Claire
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D’ici là, nous vous souhaitons d’excellentes
fêtes de fin d’année, même si elles n’auront sans doute pas le goût du bonheur
et de l’insouciance des précédentes. Dominique Brynaert
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graine de conte : Un vendeur
d’aspirateur fait du porte-à-porte un peu avant Noël. Il sonne à une porte et une petite fille
vient lui ouvrir. Il demande : -
« Bonjours, Mademoiselle, je pourrais voir ta maman ? »
- « Non, maman, elle fait le
tapin. »
- « Ah bon ! Et il y a quelqu’un
d’autre chez toi ? »
- « Il y a ma grande sœur mais elle
aussi, elle fait le tapin. »
- « Et ton papa ? »
- « Lui aussi, il fait le tapin. »
- « Quelle famille ! Et ils le font où, le tapin ?
- « Dans le talon. »
UN MOIS, DES CONTES A LA BIBLIOTHEQUE DE FLORENVILLE
Le
saviez-vous ?
La bibliothèque de
Florenville, en partenariat avec l’Asbl Chiny Cité des contes, abrite un Fonds
spécialisé « contes » très étoffé. Des
albums, recueils, anthologies, théories du conte, quelques revues, des CD,…
destinés aux adultes comme aux enfants. Une collection riche de près de 1900
ouvrages, l’une des plus importantes en Communauté française. La diversité des
ouvrages permettra par exemple d’alimenter la hotte d’un conteur, d’animer un
après-midi récréatif, de servir le travail d’un étudiant, d’animer une journée
auprès des aînés, de nourrir l’imaginaire avant d’aller dormir.
Chaque mois de cette année 2020, nous vous
proposerons une sélection de 4 ouvrages.
JANVIER : A L’HONNEUR, MURIEL BLOCH
Voilà un nom qui compte ! Collectionneuse, conteuse-voyageuse,
auteure de recueils. Elle a publié près d'une
quarantaine de livres, surtout des contes, et un essai : La sagesse de la conteuse. Elle a
également enregistré des cd et des livres-cd.
RECUEILS : 365 contes de la tête aux
pieds, avec Mireille Vautier. Paris, Gallimard Jeunesse, 2000. Des contes pour tous les jours, pour
raconter le corps humain, ses sortilèges et ses métamorphoses. Une série,
avec les contes des pourquoi, incontournable !
Contes insolites et insolents. Avec Aurélia Grandin. Paris, Syros, 2000. Contes juifs, contes diaboliques ou
extravagants, richement illustrés.
ALBUM : Coyote et le chant des
larmes, avec Marie Novion, Paris, Seuil jeunesse, 2018.
Une colombe se blesse
à la patte. Alors qu’elle pleure de douleur, Coyote vient à passer. Charmé par
ce qu’il croit être un chant, il veut absolument l’apprendre…
CD : Contes d’amour autour du
monde. Paris, Didier Jeunesse, 2007. Derrière le destin de personnages très variés, c’est
toute la palette des sentiments amoureux que la conteuse évoque : une jeune
nomade fuyant les siens à cause d’un baiser volé, un petit chameau blanc prêt à
tout pour retrouver sa mère, une jeune mariée risquant sa vie le soir de ses
noces, deux enfants qui s’aiment malgré les interdits…
Infos :
Bibliothèque : rue de l’Eglise, 13 – 6820 Florenville. 061/ 32 03 40
www.bibliotheque-florenville.be bibliotheque.locale.florenville@province.luxembourg.be
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Nouvelles du monde du conte, des arts vivants, de la
politique, des projets…
Fais-moi un Conte, 27e concours
d’expression. Fragilités. Fragilités… C’est dans l’air du temps.
Dimension fondamentale
de la condition humaine, la fragilité est cette aptitude à être endommagé… ou anéanti.
La brisure peut survenir tout à coup et de façon inattendue : en l’espace
d’une fraction de seconde, tout peut basculer. Nous pouvons devenir…
dépendants, handicapés, amoindris, anéantis… La notion de fragilité est aux
antipodes des certitudes, de la stabilité ou de la solidité.
La fragilité est
multiple et omniprésente. Fragilité d’un système. économique, politique.
Fragilité de la paix, du pouvoir. Fragilité des liens (amoureux, familiaux), de
l’amitié. Fragilité d’une vérité, d’une imposture. Fragilité d’un individu ou
d’un monde. Fragilité d’un raisonnement, d’une idéologie, d’un système.
Fragilité de la santé…
Les finales des 19 et 20 mars 2021 ponctueront
cette 27e campagne. Finales… mais aussi nouveau départ
artistique pour d’aucuns. Car l’itinéraire qui passe par Surice conduit
régulièrement à Chiny. Rappelons encore que Fais-moi un Conte braque avant tout
les projecteurs sur l’oralité et que l’écriture reste en toile de fond. Infos au
071-66.23.01.
La Surizée asbl & Centre Culturel de Philippeville
Envoi des textes pour le 29.01.2021 ;
Présélections connues pour le 21.02.2020 (indicatif)
Formations individuelles les 28.2, 7.3. et 14.3.2021 (modifications
possibles) ; Finales : 19 et 20.3. 2021
LALELA, c’est une voix et vous à l’autre bout du fil. LALELA, ce sont des
artistes de la parole au téléphone qui offrent gratuitement des lectures, des
histoires à tout un chacun.
Début du mois de novembre, nous avons relancé
notre projet d'histoires par téléphone, Lalela - l'appel des mots. Quelle ne
fut pas notre surprise de voir l'engouement autour de ce projet ! Vous avez
effectivement été nombreux à vous offrir ou à offrir à vos proches quelques
instants d'évasion au cœur de leur imaginaire et des histoires. Plus de 136 récits ont déjà
été contés, cela fait autant de personnes sorties de l'isolement pour quelques
minutes, autant de liens pour recréer le temps de cet échange, autant de perles
de bonheur distribuées, autant d'évasions au cœur des contes, des poèmes, des slams
ou encore des récits de vie.
Si vous n'avez pas encore eu l'occasion
d'écouter votre Lalela, n'hésitez pas, nos liseurs et liseuses de Lalela sont
toujours disponibles ! Rendez-vous sur le site www.lalela.art et attendez votre coup de fil ! Et n'oubliez pas, c'est
toujours entièrement
gratuit ! Découvrez aussi les portraits des artistes qui
se cachent derrière les Lalela sur la page Facebook du projet !
·
Et la culture ? …. Salmigondis
d’extraits d’articles de sources variées.
La culture emploie 250.000 personnes. Je rappelle que le cadastre de l’emploi
du secteur culturel est encore à faire en Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous n’avons donc là qu’une estimation.
Le secteur génère 5%
du PIB. La réalité méconnue du grand
public, est que les artistes en Belgique travaillent bien plus de jours que
ceux pour lesquels ils sont rémunérés : conception, écriture, préparation,
…
Le secteur fait donc cadeau d’une grande
partie de son temps au secteur culturel.
Donc, 5% du PB est largement sous-estimé si les artistes étaient
rémunérés pour leur activité réellement prestée.
Il y a la pointe de
l’iceberg : les institutions culturelles subventionnées. Et puis, il y a la partie immergée, noyée
dans des eaux gelées. Les artistes
seraient donc peinards, passant la crise sanitaire bien au chaud. Allez raconter ça aux nombreux artistes qui
n’ont eu d’autre choix que de s’inscrire au CPAS. Tous ceux qui ont bien peu d’accéder au
statut d’artistes tant les conditions d’accès se sont durcies.
Pas un mot pour la
culture au dernier Comité de Concertation.
Nous sommes sidérés du silence du gouvernement fédéral. Même les médias parlent très peu de la
culture
Une ministre de la
culture, pas l’actuelle, a parlé d’un « combat de pauvres ». Comment faut-il le prendre ?
En France, la Culture
représente 670.000 emplois directs et ceux-ci contribuent sept fois plus au PIB
que l’industrie automobile.
·
Budget de la culture en
Fédération Wallonie-Bruxelles. 44 millions d’euros. Je pointe l’aide à la création, le
financement des centres culturels, des bibliothèques. 850.000 euros pour l’Acsdas, diffusion des
arts de la scène et l’action culturelle de base. Importance des « tiers lieux »,
endroits alternatifs où la culture vient au-devant des publics qui ne
franchissent jamais les portes d’un théâtre.
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.Message important à
nos amis conteurs et organisateurs de spectacle
·
Envoyez-nous vos informations avant le 14 du mois précédant la
publication,
·
un mois plus tôt pour les formations,
·
complètes et lisibles,
·
par poste à Marie-Claire Desmette, av. Eugène Ysaÿe,
32/224 4053 Embourg. Tel : 04/367.27.06.
·
ou par courriel à maisonconteparole.liege@gmail.com
·
Ne comptez pas sur
les organisateurs de spectacle. Envoyez-nous vous-mêmes vos infos.
Idéalement,
vos informations comportent:
organisateur, titre,
genre d'activité, artiste(s),
date et heure, lieu,
prix, public
cible, coordonnées
pour infos et réservations, max. deux lignes de commentaire
N.B. Aucune
mention tout en majuscules, svp.
C'est vous qui nous
envoyez vos informations.
Veuillez ne pas les
noyer dans une mise en page compliquée Epargnez-nous les recherches,
l'exploration.
Merci d'épargner le travail bénévole de toute l’équipe
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Spectacles
Maison du Conte et de la Parole de
Liège-Verviers asbl
Contes en Zoom avec les Conteurs Maison
quand ? le 8 janvier 2021 à
20h où ?
chez vous, où vous voulez
combien ? gratuit infos,
inscription obligatoire pour obtenir le lien
Voir p. 1.
Maison du Conte et de la Littérature
du Brabant Wallon
Initiative privée
Lalela, conte par téléphone par des artistes de
la parole
quand ? quand vous
voulez où ? chez vous
combien ? gratuit
pour qui ? pour tous
infos, inscription : www.lalela.art
Signifie « écouter » en zoulou, c’est tendre l’oreille pour entendre,
redonner du sens et du lien entre celui qui dit et celui qui écoute. C’est une
voix et vous à l’autre bout du fil. Voir
p.3 et 6.
Racontance
Stoempstory
Soudain une femme… avec Muriel
Durant, Ria Carbonez, Cindy Sneessens.
quand ? le
28 janvier 2021 à 20h15 où ?
Le
TRAC - 110, Rue Albert Meunier-1160 Bruxelles
combien ? Entrée libre. Au
chapeau. réservations : www.letrac.be
Osons une bonne dose d’héroïnes !
Parlons de ces femmes qui n’ont rien à envier aux héros qui peuplent tant
d’histoires avec leur testostérone. Elles aussi, jeune filles, épouses, mères,
guerrières ou subtiles charmeuses franchissent les épreuves les plus
difficiles. Un spectacle au féminin pluri-elles.
La Maison du Conte de Charleroi
Raconte & Nous, émission radio bi-mensuelle
quand ? les 11 et 25 janvier 2021 de 18h à 19h où ? www.buzzradio.be ou sur 94.3
& 97.8 FM
rediffusion le
dimanche de 13h à 14h
http://www.buzzradio.be/podcasts/
infos : nicole.maisonducontecharleroi@gmail.com www.contecharleroi.be
Siège
social : 53, Boulevard Joseph Tirou, 6000 Charleroi
Formation – atelier
Théâtre de la Parole
Initiation à l’art du conte par Marie-Noëlle Baquet et Luisa
Bevilacqua
quand ? les 23
et 24 janvier, et 6 et 7 février 2021 où ?
Théâtre de la Parole, rue du Rouge Cloître, 7d, 1160 Bruxelles
combien ? non
communiqué
pour qui ? tou.tes sans
pré-requis
infos,
inscription : 02/736.69.50 ; info@theatredelaparole.be
Différence
entre l’oralité et l’écriture, passage de l’écrit à l’oral, relation contée, mise
en images du récit, différence entre la narration et le dialogue. Puis en février, mars, avril, mai et juillet
2021.
La Maison du Conte et de la
Littérature en Brabant wallon
Le corps en expansion atelier avec Csilla Kemenczei et Vi
Indigaïa le 13 février
Christine Horman et Vi Indigaïa le 14 février
quand ? les 13 et 14 février,
de 9h30 à 18h où ? Les
Bruyères, Avenue des Arts, 11 - 1348 Louvain-La-Neuve
combien ? 160 euros
infos,
réservation : 010/81 41 47 ; reservations@conteetlitterature.be
Exploration du corps autour des
figures de Frida Kahlo, Mélusine et autres corps blessés. Comment avec nos
corps éphémères entrevoir l’éternité ? Invitation par le mouvement et
l’immobilité dans l’intimité du corps. Entraves, des besoins, des blessures,
des exigences, du rythme, des limites, de la beauté, de la grâce, du
rayonnement du corps.
La
gardeuse d’oies près de la fontaine
Chaque matin la vieille prend sa béquille et
s’en va au bois d’un pas branlant. Elle ramasse de l’herbe pour ses oies,
cueille des fruits sauvages et rapporte tout cela sur le dos. Quand elle
rencontre quelqu’un, elle le salue très amicalement : « Bonjour, cher
voisin, il fait beau aujourd’hui. Cela vous étonne sans doute que je traîne
cette herbe, mais chacun doit porter sa charge sur son dos. » Pourtant les
gens n’aiment pas à la rencontrer ; « c’est une sorcière. »
Un matin, un beau jeune homme traverse la
forêt. Le soleil brille, les oiseaux chantent, un vent frais souffle dans le
feuillage, et le jeune homme est joyeux. Tout à coup il aperçoit la vieille
sorcière accroupie sur ses genoux et coupant de l’herbe avec sa faucille. Elle
en a déjà amassé toute une charge dans son sac, et à côté d’elle il y a deux
grands paniers tout remplis de poires et de pommes sauvages.
- « La mère, lui dit-il, comment pensez-vous
emporter tout cela ?
- « Il faut que je le porte, mon cher
monsieur, répond-elle ; les enfants des riches ne connaissent pas ces
fatigues-là. Mais au paysan on lui dit : Il ne faut voir que devant soi quand
on est bossu comme toi. Voulez-vous
m’aider ? Vous avez encore les épaules droites et les jambes
solides ; ce sera peu de chose pour vous. D’ailleurs ma maison n’est pas
loin d’ici : elle est dans une bruyère, là derrière la colline. Vous aurez
grimpé là-haut en un instant. »
Le jeune homme se sent touché de compassion pour la
vieille : « Il est vrai que mon père n’est point un paysan, mais un riche
comte ; pourtant, afin que vous voyiez que les paysans ne sont pas les
seuls qui sachent porter un fardeau, je me chargerai du vôtre. »
- « Si vous le voulez bien, cela me fera
plaisir. Il y aura pour vous une heure à marcher ; mais que vous
importe ? Vous porterez aussi les poires et les pommes. »
Le jeune comte commence un peu à réfléchir quand on
lui parle d’une heure de marche ; mais la vieille ne lâche pas
prise : elle attache le sac à son dos et pend à ses mains les deux
corbeilles.
- « Vous voyez, dit-elle, cela ne pèse
pas. »
- « Cela pèse beaucoup ; votre sac est si
lourd qu’on dirait qu’il est rempli de pierres de taille ; et les pommes
et les poires sont pesantes comme du plomb ; c’est à peine si je me sens
la force de respirer. »
- « Voyez, je vous prie, ce jeune homme ne
peut pas porter ce que j’ai traîné souvent, vieille comme je suis. Ils sont
tout prêts à vous assister en paroles ; mais, si on en vient au fait, ils
ne demandent qu’à s’esquiver. Pourquoi restez-vous ainsi à barguigner ? En
marche ; personne maintenant ne vous délivrera de ce fardeau. »
Tant que l’on est en plaine, le jeune homme peut y
tenir : mais quand ils ont atteint la montagne la fatigue se trouve
au-dessus de ses forces.
- « La mère, dit-il, je n’en peux plus ;
je vais me reposer un peu. »
- « Non, dit la vieille ; quand nous
serons arrivés vous pourrez vous reposer ; maintenant il faut marcher. Qui
sait si cela ne vous sera pas bon à quelque chose ? » Le sac est
aussi bien attaché que s’il ne faisait qu’un avec son dos.
La vieille se met à rire et à sauter toute joyeuse
sur sa béquille.
- « Ne vous fâchez pas, mon cher monsieur,
dit-elle ; vous voilà en vérité rouge comme un coq ; portez votre
fardeau patiemment ; quand nous serons arrivés à la maison, je vous
donnerai un bon pourboire. »
Il fallait se soumettre et se traîner patiemment
derrière la vieille. Tout d’un coup elle prend son élan, saute sur le sac et
s’assied dessus. Les genoux du jeune homme tremblent ; mais, quand il
s’arrête, la vieille lui frappe les jambes avec une baguette et des chardons.
Il gravit tout haletant la montagne et arrive enfin à la maison de la vieille.
Quand les oies aperçoivent la vieille, elles étendent leurs ailes en haut, le
cou en avant, et courent au-devant d’elle en poussant leur cri :
« Houle, houle ! » Derrière le troupeau marche avec une baguette
à la main une vieille créature, grande et forte, mais laide comme la nuit.
- « Mère, dit-elle à la vieille, vous est-il
arrivé quelque chose ? vous êtes restée absente bien longtemps. »
- « Point du tout, mon enfant, il ne m’est
rien arrivé de fâcheux ; au contraire, ce bon monsieur que tu vois m’a
porté mon fardeau ; et encore, comme j’étais fatiguée, il m’a prise
moi-même sur son dos. Le chemin ne nous a point du tout paru long, nous étions
en bonne humeur, et n’avons cessé d’échanger de bons mots. »
Enfin la vieille se laisse glisser à terre
- « Maintenant asseyez-vous sur le banc devant
la porte, et reposez-vous. Vous avez loyalement gagné votre salaire :.»
Puis elle dit à la gardeuse d’oies :
- « Rentre dans la maison, mon enfant ;
il n’est pas convenable que tu restes seule avec ce jeune monsieur ; il ne
faut pas verser de l’huile sur du feu ; il pourrait bien devenir amoureux
de toi. »
Le comte ne sait s’il devait rire ou pleurer.
« Une mignonne de cette façon, pense-t-il tout
bas, eût-elle trente ans de moins, ne me chatouillerait pas le cœur. »
Cependant la vieille choie, caresse les oies comme
des enfants, puis rentre avec sa fille dans la maison. Le jeune homme s’étend
sur le banc, sous un pommier sauvage.
- « Cet endroit est délicieux, dit-il ;
mais je suis si fatigué que je ne puis tenir les yeux ouverts ; je veux
dormir un peu. Pourvu qu’un coup de vent ne vienne pas enlever mes
jambes ; car elles sont molles comme de l’amadou. »
Quand il eut dormi un instant, la vieille le
réveille en le secouant. « Lève-toi, dit-elle ; tu ne peux rester
ici. Je t’ai un peu tourmenté, il est vrai, mais il ne t’en a pourtant pas
coûté la vie. Maintenant je veux te donner ton salaire ; tu n’as pas
besoin d’argent ni de bien ; je t’offre autre chose. »
En disant cela, elle lui met en main une petite
boîte taillée dans une seule émeraude. « Garde-la bien, lui dit-elle, elle
te portera bonheur. »
Le comte se lève, et, sentant qu’il était frais et
avait repris ses forces, il remercie la vieille de son présent et se met en
route.
Le comte reste trois jours égaré dans la solitude
avant de pouvoir retrouver son chemin. Enfin, il arrive à une grande ville, et,
il se fait conduire au palais du roi. Le comte met un genou en terre, tire de
sa poche la boîte en émeraude et la dépose aux pieds de la reine. Mais à peine
l’a-elle ouverte et y a-t-elle regardé, qu’elle tombe à terre comme morte.
Quand la reine est seule, elle se met à pleurer
amèrement et dit : « A quoi me servent l’éclat et les honneurs qui
m’environnent ? tous les matins je m’éveille dans les soucis et
l’affliction. J’ai eu trois filles, dont la plus jeune était si belle que tout
le monde la regardait comme une merveille. Elle était blanche comme la neige,
rose comme la fleur du pommier, et ses cheveux brillaient comme les rayons du
soleil. Quand elle pleurait, ce n’était pas des larmes qui tombaient de ses
yeux, mais des perles et des pierres précieuses. Lorsqu’elle fut arrivée à
l’âge de quinze ans, le roi fit venir ses trois filles devant son trône. Il
aurait fallu voir comme on ouvrait les yeux quand la plus jeune entra ; on
croyait assister au lever du soleil. Le roi dit : « Mes filles, je ne
sais pas quand viendra mon dernier jour ; je veux régler dès aujourd’hui
ce que chacune de vous recevra après ma mort. Vous m’aimez toutes les trois,
mais celle de vous qui m’aime le mieux aura aussi la meilleure part. »
Chacune dit que c’était elle qui aimait le mieux son père. « Ne
pourriez-vous, reprit le roi, m’exprimer combien vous m’aimez ? Je saurai
ainsi quels sont vos sentiments. » L’aînée dit : « J’aime mon père
comme le sucre le plus délicieux. » La seconde : « J’aime mon
père comme le plus beau vêtement. » Mais la plus jeune garda le silence.
« Et toi, lui dit son père, comment m’aimes-tu ? — « Je ne sais
pas, répondit-elle, et ne puis comparer mon amour à rien. » Mais le père
insista pour qu’elle désignât un objet. Enfin elle dit : « Le
meilleur mets n’a pas de goût pour moi sans sel ; eh bien ! j’aime
mon père comme le sel. » Quand le roi entendit cela, il entra en colère et
dit : « Puisque tu m’aimes comme le sel, c’est avec du sel aussi que
je récompenserai ton amour. » Il partagea donc son royaume entre les deux
aînées ; mais pour la plus jeune, il lui fit attacher un sac de sel sur le
dos, et deux serviteurs eurent ordre de la conduire dans une forêt sauvage.
Nous avons tous pleuré et prié pour elle, dit la reine ; mais il n’y a pas
eu moyen d’apaiser la colère du roi. Comme elle a pleuré, quand il lui a fallu
nous quitter ! Toute la route a été semée de perles qui étaient tombées de
ses yeux. Le roi n’a pas tardé à se repentir de sa dureté, et a fait chercher
la pauvre enfant dans toute la forêt, mais personne n’a pu la trouver. Quand je
pense que les bêtes sauvages l’ont mangée, je n’en puis plus de
tristesse ; souvent je me console par l’espérance qu’elle vit encore,
qu’elle s’est cachée dans une caverne ou qu’elle a trouvé une retraite chez des
gens charitables. Mais imaginez que, quand j’ai ouvert votre boîte d’émeraude,
elle renfermait une perle toute semblable à celles qui coulaient des yeux de ma
fille, et alors vous pouvez comprendre combien à cette vue mon cœur a été
touché. Il faut que vous me disiez comment vous êtes arrivé à posséder cette
perle. »
Le comte
lui apprend qu’il l’a reçue de la vieille de la forêt, qui devait être une
sorcière, mais qu’il n’avait rien vu ni entendu qui eût rapport à sa fille. Le
roi et la reine prennent la résolution d’aller trouver la vieille ; ils
pensent que là où s’était rencontrée la perle, ils obtiendront aussi des
nouvelles de leur enfant.
La
vieille, dans sa solitude, est assise à la porte près de son rouet et file.
Tout à coup on entend les oies qui reviennent de la bruyère au logis, en
poussant leur cri le plus enroué. Bientôt après la fille entre à son tour. La
fille s’assied près d’elle, prend son rouet et tourne le fil. Elles restèrent
ainsi assises pendant deux heures, sans dire un seul mot. La vieille dit :
-
« Il est temps, ma fille, que tu sortes pour aller faire ta tâche. »
La fille
sort. Elle va loin. Enfin elle arrive au bord d’une fontaine, près de laquelle
se trouvent trois chênes. La lune luit. La fille enlève une peau qui couvre son
visage, se penche vers la fontaine et se lave. Mais comme la fille est
changée ! Ses cheveux dorés étincellent comme des rayons de soleil et
s’étendent comme un manteau sur toute sa personne. Ses yeux luisent comme les
étoiles au ciel, et ses joues ont l’éclat doucement rosé de la fleur du
pommier.
Mais la
belle jeune fille est triste. Elle pleure amèrement. Les larmes tombent l’une
après l’autre de ses yeux et roulent entre ses longs cheveux jusqu’à terre.
Elle entend des branches qui craquent.
Elle bondit comme un chevreuil. En un instant la jeune fille se trouve
recouverte de la vieille peau et disparait comme une lumière soufflée par le
vent.
Tremblant
comme la feuille du peuplier, elle court vers la maison. La jeune fille veut
lui conter ce qui lui était arrivé ; mais la vieille sourit de bonne grâce
et dit : « Je sais tout déjà. » Elle la conduit dans la chambre
et allume quelques copeaux. Elle prend un balai et commence à balayer et à
épousseter. « Tout doit être propre et net ici, dit-elle à la jeune fille.
-
« Mais, ma mère, reprit celle-ci, pourquoi commencer ce travail à une
heure si avancée ? »
-
« Sais-tu quelle heure il est ? demanda la vieille.
-
« Il n’est pas encore minuit, répondit la jeune fille ; mais onze
heures sont passées.
-
« Ne songes-tu pas, continua la vieille, qu’il y a aujourd’hui trois ans
que tu es venue chez moi ? Ton temps est fini ; nous ne pouvons plus
rester ensemble. »
-
« Ah ! bonne mère, voulez-vous me chasser ? Où irai-je ? Je
n’ai point d’amis, point de patrie où je puisse chercher un asile. J’ai fait
tout ce que vous avez voulu, et vous avez toujours été contente de moi ; ne
me renvoyez pas. »
-
« Je ne peux rester ici plus longtemps mais, quand je quitterai ce logis,
il faut que la maison et la chambre soient propres ; ne m’arrête donc
point dans mon travail. Pour toi, sois sans inquiétude ; tu trouveras un
toit où tu pourras habiter, et tu seras contente aussi de la récompense que je
te donnerai. »
-
« Mais dites-moi ce qui va se passer. »
-
« Je te le répète, ne me trouble pas dans mon travail. Ne dis pas un mot
de plus ; va dans ta chambre ; quitte la peau qui couvre ta figure,
et prends la robe de soie que tu portais quand tu es venue chez moi ; puis
reste dans ta chambre jusqu’à ce que je t’appelle. »
Mais il faut que je revienne à
parler du roi et de la reine, qui sont partis avec le comte pour aller trouver
la vieille dans sa solitude. Le comte s’est séparé d’eux pendant la nuit. Le
lendemain, il lui semble qu’il est dans le bon chemin ; il marche donc
jusqu’à l’approche des ténèbres ; alors il monte sur un arbre pour y
passer la nuit, car il craint de s’égarer. Il aperçut une personne qui descend
la montagne. Elle n’a point de baguette à la main ; pourtant il croit
reconnaître que c’est la gardeuse d’oies qu’il avait vue dans la maison de la
vieille, « Oh ! dit-il, elle vient, et je vois ici une des deux
sorcières ; l’autre ne peut pas non plus m’échapper. »
Mais quel
est son étonnement, quand il la voit s’approcher de la fontaine, se dépouiller
de la peau pour se laver, quand ses cheveux dorés se déroulent sur elle, et
qu’elle se montre belle plus qu’il n’a vu aucune femme au monde ! A peine
ose-t-il respirer, mais il allonge le cou à travers le feuillage autant qu’il
peut, et il la regardait sans détourner les yeux ; une branche craque tout
à coup, et au même instant la jeune fille se trouve cachée sous la peau ;
elle bondit comme un chevreuil.
Le comte
descendit de l’arbre et se met à la poursuivre. Il n’a fait que quelques pas,
lorsqu’il voit dans le crépuscule deux personnes qui marchent à travers la
prairie. Ce sont le roi et la reine. Le comte leur raconte quelles merveilles
il a vues près de la fontaine, et ils ne doutent point que celle dont il parle
ne soit leur fille perdue. Ils avancent tout joyeux, et arrivent bientôt à la
maison. Les oies sont rangées alentour ; elles dorment la tête cachée sous
les ailes, et aucune ne bouge. Ils regardent en dedans du logis par la fenêtre,
et aperçoivent la vieille qui est assise tranquillement et file. Enfin ils prennent courage et frappent
doucement à la fenêtre.
-« Entrez,
je vous connais. Vous auriez pu vous épargner cette longue route, si vous
n’aviez pas, il
y a trois
ans, renvoyé injustement votre fille, qui est si bonne et si gracieuse. Elle
n’y a rien perdu, car elle a pendant trois ans gardé les oies ; durant
tout ce temps-là, elle n’a rien appris de mauvais et a conservé la pureté de
son cœur. Mais vous êtes suffisamment punis par l’inquiétude où vous avez
vécu. Sors, ma chère enfant. »
La porte
s’ouvre, et la fille du roi sort vêtue de sa robe de soie, avec des cheveux
dorés et ses yeux brillants ; on aurait dit un ange qui descend du ciel.
Elle court vers son père et sa mère, s’élance à leur cou et les embrasse ;
tous pleurent de joie. Le jeune comte se tient près d’eux, et, quand elle le
voit, son visage devient rouge comme une rose mousseuse ; elle-même ne
savait pas pourquoi. Le roi dit : « Chère enfant, j’ai partagé mon
royaume, que pourrai-je te donner ?
-
« Elle n’a besoin de rien, dit la vieille, je lui donne les larmes qu’elle
a versées pour vous ; ce sont autant de perles plus belles que celles
qu’on trouve dans la mer, et elles sont d’un plus grand prix que tout votre
royaume. Et pour récompense de ses services, je lui donne ma petite
maison. »
A ces
mots, la vieille disparait. La petite
maison se trouve changée en un palais superbe ; une table royale est
servie et des domestiques vont et viennent.
L’histoire continue encore ;
mais ma grand’mère, qui me l’a racontée, avait un peu perdu la mémoire :
elle avait oublié le reste. Je crois pourtant que la fille du roi se maria avec
le comte, qu’ils restèrent ensemble dans
le palais, et qu’ils y vécurent dans la plus grande félicité aussi longtemps
que Dieu voulut. Si les oies blanches, qui étaient gardées près de la maison,
étaient autant de jeunes filles (ne vous avisez point d’y entendre malice), que
la vieille avait recueillies près d’elle, si elles reprirent leur figure
humaine et restèrent en qualité de suivantes près de la jeune reine, c’est ce
que je ne sais pas bien, mais je le conjecture. Ce qui est certain, c’est que
la vieille n’était point une sorcière, mais une bonne fée qui ne voulait que le
bien. Probablement c’était elle aussi qui avait accordé à la fille du roi, dès
sa naissance, le don de pleurer des perles au lieu de larmes. Cela ne se voit
plus aujourd’hui ; sans cela les pauvres seraient bientôt devenus riches.
D’après La gardeuse d’oies à la fontaine, in Grimm, Contes Märchen, traduits de l’allemand,
préfacés et annotés par Marthe Robert.
Gallimard. Il y en aurait à dire sur ce conte !
L’équipe Grimm
« On pense aussi à la jeune
sœur des frères Grimm, Lotte, qui rassemble autour d’elle un cercle de jeunes
gens et de jeunes filles en quête de contes pour les deux aînés, Jacob et
Willem. Une médiation féminie semble
nécessaire à cette époque entre l’œuvre « virile » du chercheur et la
collecte des matériaux sur lesquels il travaille. Le conte est déjà féminisé, tombé quasiment
en quenouille pour ce qui est de sa pratique, mais il retrouve sa noblesse et
son intérêt grâce à l’homme de science. »
(Nicole Belmont, dans la préface de « Contes » d’Emmanuel
Cosquin, que nous avons présenté le mois passé). J’ai écrit à Nicole Belmont pour avoir des
précisions. A-t-elle reçu ma lettre, je
n’en sais rien ?
Je cherche en vain des précisions
sur le rôle de Lotte Grimm et ses amis.
Aucune des éditions des contes de Grimm n’en fait mention. La rubrique en français sur Internet est
laconique :
Charlotte Amalie Grimm
(1793 – 1833) Charlotte Amalie Grimm, la seule
sœur des frères Grimm, a tenu le ménage de la famille à Cassel après la mort de
la mère en 1808. En 1822, elle se maria au juriste Ludwig Hassenpflug qui fut
par la suite ministre d’état électeur de la Hesse.
La rubrique en allemand (traduction
Patrick De Tender) est plus explicite, tout en ne nous renseignant pas sur son
rôle dans le collectage des contes publiés par ses frères.
Après la mort de sa mère, Charlotte
Grimm, qui vient d’avoir15 ans, est le seul membre de la famille à gérer le
ménage, ce qui la surchargeait. Jacob
écrit : « le ménage est devenu désagréable parce qu’aucun ne
s’attache à l’autre et qu’il n’y a plus d’ordre, ni en mangeant ni
ailleurs. » Heureusement, la tante
Henriette vint à la rescousse.
Charlotte, Jacob, Willem et Ludvig Grimm forment désormais un foyer
harmonieux.
En 1822, elle épouse Ludvig
Hassenplug, avec qui elle aura 6 enfant.
Son mari a des opinions politiques différentes de celles de ses frères
mais ils s‘entendent sur le plan privé, jusqu’à la rupture définitive.
Lotte ne se remet pas de la
naissance de son dernier enfant. Willem
la soigne jusqu’à sa fin en 1833.
Cela
ferait un bon sujet pour une biographie romancée. Cela ne nous dit rien sur son rôle dans le
collectage de contes.
Note d’Isabelle, bibliothécaire
à Florenville :
En effet, compliqué de trouver des infos sur
Charlotte Grimm. Si j’en trouve pour notre fonds, je t’en ferai part. Par
ailleurs, nous accueillerons justement une expo et si c’est possible à ce
moment-là, des animations autour des Grimm en juin-juillet-août.
Je ne te joins pas la liste des ouvrages sur les Grimm que nous avons à
la bibliothèque, parce qu’il y en a vraiment beaucoup (80 en comptant recueils,
albums, etc) mais tu peux signaler en effet ce nombre et le fait que cela
encore s’étoffer et signaler l’expo, si tu veux bien.
Les Grimm et la
politique
« Ce type de récit (le conte) est également travaillé de
l’intérieur par la politique, qui en est un élément constitutif
Bien que les frères Grimm prétendent recueillir avec exactitude des
récit inventés avec une imagination poétique, issue en particulier du monde de
la magie, une histoire qui n’est pas liée aux conditions de l’existence réelle,
les hommes de toute condition les écoutent avec plaisir, même s’ils la trouvent
incroyables
Gardeuse d’oie à la fontaine, Les douze frères, et Le Genévrier, trois
oeuvres issues des Contes pour les enfants et le foyer (1812-1815) de Jacob et
Wilhelm Grimm. Il s’agit d’œuvres politiques non pas dans le sens premier du
mot politique, qui désigne l’art du gouvernement ainsi que l’exercice du pouvoir
– quoique les contes des frères Grimm mettent en scène des personnages (rois,
reines) et des situations (prises, abandons de pouvoir) d’ordres politique, et
qu’ils s’adressent entre autre aux hommes de pouvoir de leur époque.
les contes travaillent esthétiquement les éléments du politique : le
pouvoir et sa représentation, les formes de gouvernement, la parole, la morale,
les valeurs, la séparation des couches sociales. »
D’après Dramaturgie de la
politique dans trois contes de Grimm de Marius Mûller, sur Academia.
Les frères Grimm ont une vie politique.
Ils sont présents au Congrès de Vienne, Jacob Grimm est nommé en 1808
bibliothécaire de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, puis auditeur au conseil
d’État, il sera membre du Parlement de
Westphalie.
Ils sont partisans de l’unité allemande, alors que l’empire germanique
est morcelé entre un grand nombre de petits états. La langue commune est le français et le
culture est française. Ils travaillent à
une grammaire et un dictionnaire communs.
Ils prônent une culture germanique authentique. Ils la trouve dans le conte populaire.
En 1812 et 1815 paraissent les deux premiers tomes des Kinder- und
Hausmärchen, les Contes pour l’enfance et le foyer. Un troisième tome traite d’études et de
considérations. Il n’est pas traduit en
français.
___________________________________________________________________________________________
Réaction à l’article
sur Cosquin (voir Mensuel de décembre 2020)
Je voudrais réagir à l'article "l'équipe
Cosquin" paru dans le mensuel de décembre. Il y est écrit que "pour
Cosquin, les contes occidentaux proviennent tous des Indes qui possèdent depuis
de nombreux siècles une littérature écrite compilant des récits".
Cela pourrait surprendre plus d'un. Et pourtant. Il est effectivement vrai que
Cosquin était un grand défenseur de la théorie qui veut que les contes de chez
nous trouvent leurs origines en Inde. Il a d'ailleurs défendu cette théorie à
plusieurs reprises aux travers d'articles dans différentes revues. L'un d'eux
m'a titillé l'esprit lors d'une recherche.
Je faisais quelques fouilles sur le conte
bien connu des deux bossus (AT 503 ). Dans la revue Mélusine n° 5 (recueil de
mythologie, littérature populaire, traditions et usages) parue en 1878, Mr.
Henri Carnoy publiait un conte intitulé "Les fées et les deux bossus"
et et lui donnait pour origine la Picardie. E. Cosquin avait réagi à cela en
citant un conte d'origine japonaise et en insistant une fois de plus sur
l'origine des contes venus d'Extrême-Orient.
Je joins le scan de cet article.
Peut-être que cela intéressera les lecteurs du mensuel. Jean-Claude Van Assche
Messieurs,
Permettez-moi de vous communiquer un conte
qui me paraît offrir la plus curieuse ressemblance avec le conte picard les Fées
et les deux Bossus, publié par M. Henri Carnoy, dans le n° 5 de Mélusine
(col. 113). C’est un conte de l’Extrême-Orient, recueilli chez un peuple de
race aussi peu aryenne que possible, chez les Japonais. Le voici :
Les Lutins et le Voisin envieux:
Un jour, un homme se trouvant surpris par
l’obscurité au milieu des montagnes, fut obligé de chercher un refuge dans le
tronc d'un arbre creux.
Au milieu de la nuit, il se rassembla près de
là une grande troupe de lutins, et l’homme, les apercevant de sa cachette, eut
une peur épouvantable. Cependant, au bout de quelque temps , les lutins
commencèrent à festoyer et à boire du vin, à chanter et à danser, si bien qu'à
la fin l’homme se sentit lui aussi pris de gaîté, et, oubliant sa frayeur, il
sortit de son arbre pour se joindre à leurs ébats. Quand le jour fut au moment
de poindre, les lutins dirent à l’homme: « Vous êtes un gai compagnon; il faut
que vous reveniez pour danser encore avec nous. Promettez-le nous et tenez-nous
parole. » Puis, croyant obliger l’homme à revenir, ils lui enlevèrent une
grosse loupe qu'il avait sur le front et la gardèrent en gage; après quoi ils
quittèrent cet endroit et retournèrent chez eux. L'homme revint à la maison
fort content d'avoir passé une si joyeuse nuit et d’être par-dessus le marché
débarrassé de sa loupe.
Il raconta l'histoire à ses voisins, qui lui
firent leurs compliments. Or cet homme avait un voisin qui, de longue date,
était lui aussi affligé d'une loupe; quand il apprit la bonne chance de son
ami, il en conçut de l’envie et il s'en alla chercher l’arbre creux; l’ayant
trouvé, il s'y blottit.
Vers minuit, les lutins arrivèrent, ainsi
qu'il s’y attendait; ils commencèrent à festoyer et à boire, chantant et
dansant selon leur coutume. Dès qu’il les vit, l’homme sortit de son arbre
creux et se mit à danser et à chanter, comme avait fait son voisin. Les lutins,
le prenant pour leur joyeux compagnon de l'autre nuit, furent ravis de le voir
et lui dirent: « Vous êtes un brave
garçon de vous rappeler votre promesse; nous allons vous rendre votre
gage ». Et l’un des lutins, tirant la loupe de sa poche, la mit sur le
front de l'autre par-dessus celle qu'il avait déjà. Ainsi. le voisin envieux
s'en retourna chez lui en pleurant, avec deux loupes au lieu d'une. Voilà une
bonne leçon pour les gens qui ne peuvent voir sans la convoiter la bonne chance
des autres (1).
On le voit, dans les traits essentiels, la
ressemblance est frappante; et ce n'est pas le seul récit qui, dans le
très-petit nombre de contes japonais connus en Europe, soit au fond identique à
tel ou tel de nos contes européens. Du reste, - et j'en vois à chaque instant
de nouvelles preuves, - nos contes prétendus âryens existent dans bien d'autres
nations n’appartenant pas plus que les Japonais à la souche âryenne ou
indo-européenne.
Ainsi, sans parler des Arabes, on en a
retrouvé chez les Tartares de la Sibérie, les Kalmoucks, les Avares du Caucase,
les Kariaines de la Birmanie, les Siamois, les Cambodgiens, les habitants de
Pile de Zanzibar, etc.
Cette idée de contes âryens, - dernier terme,
à ce qu’on prétend, de la transformation de mythes jadis communs à toutes les
nations indo-européennes, - cette idée n’aurait jamais, ce me semble, été
émise, ni même conçue par les frères Grimm, si ces savants avaient eu sous les
yeux la masse de documents qui, depuis eux, va tous les jours s'augmentant.
Mais je ne veux pas traiter ici un sujet sur
lequel j'ai eu déjà plusieurs fois l’occasion d'exposer ce qui me paraît le
point de vue véritable (2). Qu'il me suffise du dire que, si l'on trouve les
mêmes contes chez tant de nations différentes de race, de mœurs et de langage,
c'est tout bonnement parce que ces nations ont puisé plus ou moins directement
à la même source ces récits merveilleux ou plaisants, à cause de l’agrément
qu'elles y trouvaient; les recherches de M. Théodore Benfey démontrent que
l’immense majorité de ces contes se sont formés dans l’Inde, d’0ù ils ont
rayonné dans tous les sens, à des époques parfaitement historiques, se
répandant de peuple à peuple et par voie d'emprunt. […].
(1) Tales of Old
Japan, by A. B. Mitford (London, 1871) L1, p. 276.
(9) Par exemple, dans le Correspondant
du 25 juin 4873, et dans le Français du 5 janvier
_______________________________________________________________________________________
? Quand ils sortiront de ma hutte, que le
bien les accompagne. Qu’aux lieux d’où ils viennent, ils portent tous la bonne
fortune. Que tous leurs parents
reçoivent le bien. Qu’ils embrassent
leurs enfants dans la joie. Que leur
chemin suivent celui du bonheur. (Prière
cheyenne) Craig Jonhson
Dominiqualu
Si l’art du conte est avant un art de
l’oralité, il y a aussi une grande joie à retrouver des histoires déjà
entendues ou nouvelles dans les livres. Conteur membre de Racontance depuis
plusieurs années, Philippe Baudot publie dans la collection
« Bruxelles se conte » aux Editions Maëlstrom, un bookleg contenant
trois courtes histoires qui témoignent d’une bruxellitude pleinement assumée.
Car son travail de conteur est pour lui l’occasion de mettre une lumière
joyeuse sur un terroir bruxellois un peu oublié, sans tomber toutefois dans le
piège de la nostalgie ou du folklorisme.
La première histoire « L’épicière de la
rue Bodeghem », qui est aussi le titre de l’ouvrage, nous explique comment
et par qui ce virus lui a été transmis. Un récit où souvenirs personnels,
anecdotes historiques et imaginaire se mêlent habilement.
Un second récit, « Le Chapeau de Léon
Vandersteen », est une adaptation bruxelloise truculente d’un célèbre
conte traditionnel «Les Babouches d’Abou Kacem ».
Le troisième conte « Le Secret de
l’Archiviste » nous conte l’histoire d’Alphonse Boudinet, sous-directeur
des Archives de la Ville de Bruxelles, à la recherche désespérée de la recette
des choesels au Madère, plat typiquement bruxellois que l’Unesco a décidé de
classer sur sa liste du patrimoine mondial.
Voilà donc un petit livre que vous pourrez
vous procurer à tout petit prix (3 euros) lors d’une prochaine animation contée
de Philippe Baudot, façon agréable de prolonger le plaisir après un moment
conté en sa compagnie.
Mais si vous êtes pressés de l’obtenir (une
idée de petit cadeau de Noël sympa) vous pouvez déjà l’obtenir à la
librairie-boutique Maëlstrom, au 364 chaussée de Wavre. à Etterbeek.
L’impérieuse
nécessité de fabuler par Pierre Bayard,
Editions de Minuit, 176 p. 16,50€. Le
droit inaliénable à raconter des histoires ou comment parler des faits qui ne
se sont pas produits.
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m Ce
rond est-il rouge ? Alors ceci vous
concerne :
Si
vous voulez (continuer à) recevoir ce
Mensuel d’Informations sur l’Oralité, les Conteurs et les Raconteurs:
En
Belgique:
il vous suffit de verser 14€
au compte BE 75 5230 8016 8151, identification BIC TRIOBEBB de la
Maison du Conte et de la Parole de Liège-Verviers, asbl. Vous serez assuré de recevoir
prioritairement, pendant douze mois, un maximum d’informations sur le conte :
spectacles, animations, repas contés, formations, balades, ... en provenance non seulement de notre asbl,
mais aussi de bien d’autres associations et d’autres conteurs.
Pour
tous renseignements : 04/367.27.06.
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et Europe: A
cause de frais de port plus élevés, l’abonnement à notre Mensuel vous coûtera
23€.
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BIC TRIOBEBB Banque Triodos, 139/3, rue Haute, B 1000 Bruxelles de la Maison du
Conte et de la Parole de Liège-Verviers, 32/224, avenue Eugène Ysaÿe, B 4053
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Pour
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Courriel:
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